les petits avis, épisode 12

les petits avis, épisode 12

Dès le départ, Scan-R essaye de donner la parole à chacune, à chacun, à tout le monde ! Parmi les textes que nous recevons, certains sont trop brefs pour faire l’objet d’un témoignage. On a donc décidé d’en rassembler plusieurs. Voici donc les témoignages d’Agami, Jeanne, Lasius et Gaëlle.

Je suis une rêveuse par Agami, 16 ans, Barvaux-sur-Ourthe

Je suis une constante rêveuse depuis presque toujours. Je rêve de tout mais surtout du futur et plus précisément du mien. Cela me coupe du stress que peut apporter le quotidien. Vous voulez savoir quelles sont mes évasions ? Vous allez être servi·e·s ! D’abord, je voudrais être cadreuse pour des documentaires animaliers, cela me donnerait la possibilité d’entendre des choses que les autres n’entendent pas, de voir des choses que les autres ne voient pas. Mais aussi d’en apprendre tous les jours sur un sujet qui me passionne depuis toute petite. Ce qui m’intéresserait le plus, c’est de filmer des animaux carnivores : les loups, les lynx ou les carcajous.

Je rêve de commencer ma vie indépendante dans un petit appartement, avec un chat de la race sphynx. Il s’appellera Kasumi, ça veut dire nuit rosée en japonais. Je veux vivre dans un autre pays que la Belgique, le Canada ou les Etats-Unis. De cette manière, je pourrais voir mes animaux préférés et me faire plus d’ami·e·s. J’ai aussi un autre rêve, encore plus ambitieux. Je veux créer une chaîne YouTube sur laquelle je publierai des musiques que j’aurai créées de A à Z : musique, paroles, clips,tout ! Cette chaîne me permettra d’exprimer les émotions que je n’arrive pas à montrer.
Je me rends compte que cela pourrait paraitre paradoxal et bizarre de vouloir faire tout ça, pour une fille comme moi, qui se met à chaque fois dans son coin. Mais, justement, je veux réaliser tous ces rêves juste pour apprendre à vaincre ma timidité et mes peurs sociales.

La musique par Jeanne, 22 ans, Ixelles

La musique a toujours joué un rôle dans ma vie ! Tout cela à force d’écouter toutes sortes de musique, mais surtout le rap dans toute sa variété. J’ai fini par faire un constat. La musique que j’écoute le plus souvent est en décalage avec ce que l’industrie propose au grand public, je parle ici de l’industrie en France. Car oui, j’aurais beau me réfugier dans la musique « cainri » (ricain = américain) et ses innovations musicales, mon artiste préféré se doit d’être francophone. Je me suis donc penchée sur la scène underground afin d’écouter des artistes indépendants, soumis à aucune loi et encore moins à l’industrie qui, souvent, dicte les tendances à l’artiste. Le rap français que j’écoute étant signé chez aucun label, il est plus libre, mais moins accessible. Pourtant, à mes yeux, il est plus honnête car il est souvent créé par passion de la musique plutôt que par ses avantages financiers. Ayant moi-même recours à cet art lors de mes occupations j’aime explorer les possibilités et appliquer ce qui me vient naturellement plutôt que recopier une tendance à laquelle je ne connais rien. Ce que j’aime également, c’est que la musique underground se renouvelle plus rapidement et offre plus de directions que la musique dite commerciale malgré le fait qu’elle a encore du mal à s’imposer et à se faire connaitre de tous et toutes.

Le football par Lasius, 16 ans

Dans la vie, rien n’est facile. Il faut s’accrocher, se dépasser et évoluer. Mon moyen à moi, c’est la coopération. Prenons l’exemple du sport, et plus précisément mon sport : le football. Dans le foot, il y a des moments difficiles : on est mené au score, on s’est blessé, ou simplement, on a perdu. Dans ces moments-là, l’équipe, le groupe sera là pour toi. Pour te réconforter, te consoler et te redonner la pêche. Je me rappelle d’une fois où, on jouait contre une équipe de catégorie presque nationale. Nous étions menés, on souffrait mais on se serrait les coudes et on n’a pas abandonné. Perso, je me vois dans ma façon d’être avec les gens, comme cette équipe de foot : quand quelqu’un va mal, je l’écoute et je le fais rire. Quand une personne, proche ou pas, se fait discriminer ou autre, l’esprit d’équipe qui est en moi ressort et je vais la protéger, l’aider, me dépasser pour elle et avec elle. Comme tout le monde, j’ai déjà vécu la situation inverse, être même juste un instant la victime de l’histoire.

Ce trait de caractère se voit aussi chez les scouts. Dans les jeux, je vais faire attention à tout le monde, faire attention à ce que personne ne soit rejeté. J’ai beau avoir l’âme du meneur, l’envie de gagner et de vaincre, je sais aussi être solidaire. Car comme on nous l’a appris aux louveteaux, c’est dans le clan que l’on trouve la force.

S’évader par les lettres et les mots par Gaëlle, 14 ans

Si on devait trouver l’une de mes plus grandes qualités, je pense que ça serait le fait que je suis très à l’écoute des problèmes des autres. Je prodigue de bons conseils et je sais garder secrètes les confidences qu’on me fait. Mais je conserve aussi mes problèmes à moi. Je suis bavarde, certes, mais je ne parle pas de mes soucis ou de ce que je pense. Je préfère écrire. Depuis toujours, la lecture et l’écriture occupent une grande place dans ma vie. Elles sont mes refuges dans ces moments où j’ai besoin de m’exprimer. Je lis pour rêver et me matérialiser dans un monde tout droit sorti de mon imagination. J’écris pour me détendre, laisser s’exprimer ma créativité et faire le point sur mes émotions et sentiments. Petite déjà, quand quelque chose n’allait pas et que je n’arrivais pas à le faire comprendre oralement à mes parents, je leur écrivais une lettre. Pour qu’ils puissent savoir ce que je ressentais. Quand je me disputais avec ma sœur, je lui écrivais une lettre d’excuses.

J’ai parfois du mal à être moi-même. Pourtant, j’ai trouvé le moyen pour laisser la vraie moi prendre sa place. Je fais du théâtre. Comme je joue un personnage, j’arrive à décompresser et à prendre du plaisir. Je rends mon personnage attrayant et plein de vie. Ça peut paraître étrange, mais pour être moi-même, je joue à être quelqu’un d’autre. A travers une Joconde des temps modernes, un garagiste ou dans le rôle d’une bourgeoise du 17e siècle, je peux m’éclater et me laisser emporter par mes personnages. Ceux-ci étant irréels, je peux les imaginer vivre dans un monde parfait. Je peux rêver que je suis avec eux, loin des injustices et du non-respect qui me scandalisent.

Le théâtre, la lecture et l’écriture me permettent de devenir une version fictive de moi-même tout en faisant ressortir celle que je suis. Si mon rêve est de devenir écrivain, c’est peut-être parce qu’inconsciemment, je sais que l’écriture est ma manière personnelle de faire comprendre qui je suis et ce que je ressens.

Ces articles ont été écrits lors de différents ateliers Scan-R

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Foot

Foot

Nicolas est amoureux… Sa chérie est toute ronde, pèse environ 400 grammes et a une multitude de faces, 32 pour être précis. Elle le fait vibrer, sortir, s’amuser … Sa chérie, c’est une balle de football !

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Le foot, toi mon sport préféré, celui qui me fait vibrer quand je te regarde à la télé. Toi, qui me fais aussi pleurer de joie ou de tristesse, toi qui occupes mes journées que ce soit dehors ou sur la console. Toi, qui me donnes de la joie de vivre aux moments où je pensais qu’elle n’existait presque pas. Toi, qui rappelles qu’il ne faut pas grand-chose pour en faire de grandes. Toi, qui continues à me faire partager des moments exceptionnels avec mes ami·e·s. Toi, qui réveilles mon envie de gagner à chaque fois que je te pratique ou te regarde. Toi, le foot, tu es quelque chose de tellement vaste et en même temps quelque chose de si précis pour moi !

Les grandes émotions

Quand je me rappelle les meilleurs souvenirs de mon existence, tu en fais la majeure partie. Tu es une passion que n’importe quelle personne mériterait de vivre et de ressentir comme moi.
Mes meilleurs souvenirs ? Il y a d’abord le match Belgique-Japon. J’y ai vécu toutes les émotions : la peur, l’angoisse, la stupéfaction, l’espoir, la rage de gagner, et – enfin – la joie. Il y a aussi l’été de mes 13 ans, où tu m’as fait certainement vivre les meilleures vacances d’été de toute ma vie. Je me rappelle tous les jours où on se rejoignait sur un terrain, où il n’y avait qu’un seul but et où on construisait le deuxième avec des vélos. On a même réussi à construire un goal en bois qui n’a malheureusement pas tenu, tellement il a été mis à contribution, mais ce n’était pas grave car le plus important c’est qu’il nous a permis de nous rassembler pour vivre des soirées fantastiques avec une quinzaine d’amis.

Footbaleur depuis toujours

Depuis le primaire, toutes les récrés t’ont été entièrement consacrées, on faisait chanter le cuir ! Je me rappelle que je trouvais les récrés super longues quand aucun copain ne ramenait un ballon de chez lui. Tu étais tellement omniprésent qu’on a passé deux ans à jouer avec toi sur un terrain de basket. À chaque fois que j’avais de nouvelles chaussures, j’essayais de résister pour ne pas les abimer, mais toujours, tu les faisais craquer beaucoup trop facilement. Aujourd’hui encore, tu es l’une des principales passions dans ma vie et tu le resteras encore longtemps. J’espère que tu pourras amener aux autres ce que tu m’as apporté. À voir tes qualités, je n’en doute absolument pas. Toi, mon foot. Toi, ma passion. Toi, mon passetemps. Toi, ma raison de vivre… Sache que je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai.

Auteur : Nicolas, 18 ans, Banneux

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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Être ou que paraitre ? Telle est ma question

Être ou que paraitre ? Telle est ma question

Barek se et nous pose bien des questions … Qui est-il ? Qu’est-ce qu’il souhaite ? À toutes ces questions, on pourrait tenter de donner une seule réponse : une construction perpétuelle !

Je suis en-vie

Être, je le suis à chaque moment de ma vie, peu importe l’état dans lequel je me trouve. Paraitre, je le suis assurément. Paraitre, c’est parfois nécessaire ou obligatoire. Pourtant, à force de paraitre, nous risquons le piège d’être quelqu’un aux yeux des autres, mais pas le quelqu’un que nous sommes à l’intérieur : un par-être en somme, c’est à dire une création de substitution coupée des aspirations de notre être, une sorte d’imperméable sur lequel passe le temps de notre vie. Car oui, si je suis en vie, l’important n’est-il pas le degré de résonance entre ma vie intime et mes envies ? Est-ce que le paraitre n’entraine pas des envies périphériques ? Est-ce que s’y fier, ce n’est pas passer à côté de sa vie ? Si je ne fie pas à ce paraitre, mes envies me procurent une vie pleine et riche.

Le temps d’une question

Adolescent, j’ai eu la chance de m’arrêter sur quelques questions : qui suis-je, que veux-je, comment mettre en place ce que je veux ? Qui suis-je ? Les expériences de la vie donnent une multitude de réponses ; si je n’aime pas ces réponses, je change et voilà tout même si changer une habitude prend parfois plusieurs années. Que veux-je ? Difficile de le savoir… J’ai décidé de garder ce qui m’anime le plus : la beauté d’un nuage, comprendre la condition humaine, le plaisir du temps qui passe goutte après goutte, les relations humaines. Est-ce que ça donne un métier ? Oui, souvent. Est-ce que ça donne une vie ? Sans conteste !

Comment mettre en place ce que je veux ? Je me donne les moyens d’atteindre mes objectifs, méthodiquement. Une étape après l’autre en prenant soin qu’elles soient toujours à la limite de mes capacités. Les erreurs sont les jalons. Les lâchers-prises, les joies et la contemplation sont la persistance qui me permet d’atteindre mon but.

Dix années ont été nécessaires pour terminer certains de mes objectifs essentiels et puis ? Le vide, le néant, le silence. Heure fatidique où j’ai dû me réinventer, choisir de nouveaux objectifs à court, moyen et long terme. Somme toute le cycle de la vie intérieure composé de naissances, croissances, petites morts et d’attente.

Pour l’éternité

Ces questions ont-elles été nécessaires ? Oui, grâce à elles je ne suis pas resté statique et j’ai pu agrandir mon territoire intérieur. Sans but, la vie passe malgré nous. Vivre l’instant présent, c’est vivre éternellement ce moment. Selon moi, la vie est faite d’une multitude de moments assemblés. Vivre personnellement chacun d’eux donne du sens à l’ensemble, une esthétique de ce que le monde et moi devenons.

À la recherche d’authenticité

Et sinon quoi ? Sans cette authenticité, ma vie vaudrait-elle la peine d’être vécue ? Je ne sais pas, je sens que c’est comme mourir à petit feu, c’est me détester moi-même, ça me rend triste. L’authenticité est liée à l’instant, je reste cohérent, mais aussi libre d’être ce que je suis à chaque moment différent. À quoi bon donner l’image que les autres auraient voulu recevoir ? Offrons-nous nos authenticités comme un cadeau à partager, précieux, délicat et dans le respect de soi-même et des autres. La vie prend une saveur nouvelle et insoupçonnée. Je suis en-vie, le temps d’une question, pour l’éternité, à la recherche d’authenticité. Grâce au questionnement, je peux être sans par-être, connecté à mes aspirations.

Auteur : Barek, 34 ans, Tournai

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R 

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Je suis dépendante affective

Je suis dépendante affective

Quand Louisa aime, c’est fort, très fort, très très fort. Même si elle a appris à se méfier d’elle-même, elle souffre parfois de ce qui pourrait se passer bien plus tard …

Une définition, ma définition

J’ai décidé de parler de dépendance affective, chose qui me touche. Avant d’aller plus loin, voici une définition issue du Journal des femmes : “La dépendance affective désigne un phénomène d’incapacité psychologique à vivre par et pour soi-même. Dotés de peu de confiance en eux, les dépendants affectifs souffrent de ce manque dans tous les domaines de leur vie, et notamment dans le domaine amoureux.” De mon point de vue, la dépendance affective c’est être très attachée à des personnes, les aimer du plus profond de notre cœur, ne pas pouvoir vivre sans elles et ça peut même aller jusqu’à pouvoir mourir pour elles. Tellement on les aime, on les ferait passer avant nous-mêmes. On dit que ce comportement peut être dû au manque d’amour et d’attention durant l’enfance ou à un traumatisme. Cela peut exister en amitié comme en amour. Pour l’instant, je n’ai connu ça qu’en amitié. Cela peut être une grande souffrance pour les dépendants, par exemple, lorsque les gens dont ils dépendent s’éloignent, se disputent avec eux, lorsqu’ils les « remplacent », lorsqu’ils les quittent… Rien que d’imaginer la séparation peut faire souffrir. Plus le temps passe, plus la relation se renforce, et plus la dépendance est forte et donc, plus la séparation va être compliquée. Au moindre petit problème, on panique, se remet en question, s’imagine plein de scénarios dans lesquels on est fautif et où on se fait abandonner. On n’est jamais sûr de ce qu’on est aux yeux de l’autre, on pense toujours être moins que ce que l’autre est pour nous, beaucoup moins. On a toujours des doutes, on se demande si c’est vraiment sincère, s’ils ne sont pas en train de se moquer de nous, si on peut vraiment leur faire confiance… C’est dû à un manque de confiance en soi. Et ça aussi, ça fait beaucoup souffrir les dépendants.

Mathéo

Comme je le disais, j’ai vécu ça dans une de mes relations amicales. Cela s’est passé avec Mathéo (prénom modifié) et c’est la première personne avec qui j’ai eu une dépendance affective. J’avais 12 ans, je jouais à un jeu en ligne avec un ami et il a invité un ami à lui pour jouer avec nous. Il s’agissait de Mathéo. On a joué tous les trois jusqu’à la fin de l’après-midi, puis notre ami commun est parti, il ne restait plus que nous deux. Même si on ne se connaissait pas, on a continué à jouer et on a donc été “obligés” de faire connaissance, parce que jusqu’à présent, les seuls mots qu’on avait échangés étaient les communications pour le jeu. De là, on est devenus amis, on se retrouvait – tous les jours – pour jouer en ligne. Le temps passa, nous sommes devenus meilleurs amis, jusqu’à se considérer comme frère et sœur. J’étais très attachée à lui, c’était la première fois que j’avais une amitié si forte. On se disait des trucs que je n’avais dits à personne auparavant. On s’était promis de toujours être là l’un pour l’autre. On était très fusionnels, comme un grand frère et sa petite sœur. Il était mon numéro un, j’étais sa numéro un.

On se pardonne tout

La particularité de cette relation, c’est qu’elle était à distance. Il habitait en France à 400 km de chez moi. Cela ne nous empêchait pas d’être les meilleurs amis. Je l’aimais comme je n’ai jamais aimé personne, je ne pouvais pas voir ma vie sans lui. Je pouvais me mettre dans des états démesurés rien que pour une dispute, je pouvais pleurer jusqu’à ne plus savoir respirer, en me disant que c‘était la fin, que j’avais perdu la personne la plus importante de ma vie. Parce que oui, c’était vrai, c’était ce qu’il était. On finissait toujours par se réconcilier, s’excuser, se rappeler à quel point on s’aimait et se dire que nous n’allions pas recommencer. Même si c’était sa faute, que j’avais toutes les raisons de lui en vouloir, qu’il me faisait du mal, etc, je lui pardonnais toujours tout. Je l’aimais trop pour lui en vouloir. Après environ un an, j’ai compris que c’était mieux pour moi de me séparer de lui, de m’en éloigner. Mais, malgré ça, je restais quand même en contact avec lui.

C’est la fin

Ça arrivait qu’on se dispute et puis qu’on arrête de se parler pendant quelques jours, puis quelques semaines, et même plusieurs mois. Mais je revenais toujours vers lui pour lui dire à quel point il me manquait. Pour lui rappeler à quel point je l’aimais, à quel point je voulais que ça redevienne comme avant. En général, c’était juste une conversation sans grand intérêt, pour prendre des nouvelles, mais plus on passait de temps sans se parler, plus notre relation se dégradait. Cinq mois plus tard, je lui ai reparlé pour lui souhaiter un bon anniversaire, il m’a simplement remerciée, rien de plus. Ce fut notre dernier échange. J’ai eu beaucoup de mal à me séparer de lui, c’était mon meilleur ami, mon frère, celui qui avait toujours été là pour moi. Au fond, je savais très bien qu’il était toxique pour moi, mais j’étais incapable de vivre sans lui. J’étais littéralement dépendante de lui. J’aurais pu mourir pour lui, donc ça allait vraiment loin.

Naomi, Lisa, Alexandre, Maxence

Aujourd’hui, j’ai toujours l’impression d’être dans cette dépendance affective dans mes relations. Les personnes principalement concernées sont Naomi, Lisa, Alexandre, Maxence… (ces prénoms ont été modifiés) et il y en a d’autres. Au départ, elles et ils ont été ou sont dans ma classe, à l’arrivée ce sont mes meilleur·e·s ami·e·s que je vois presque tous les jours et auprès desquels, une fois de plus, je développe cette dépendance.

Les filles

Naomi et Lisa, je les aime vraiment beaucoup, j’y suis très attachée. Je les connais depuis presque trois ans, on s’est rencontrées à l’école, en première. Au début, nous étions juste camarades de classe, on restait ensemble pendant les récrés, on parlait et rigolait un peu, mais sans plus. En seconde année, il n’a fallu qu’un ou deux mois avant qu’on se rapproche. On était tout le temps collées à l’école, pendant les cours, en ville après les cours, on rigolait tout le temps, on se parlait beaucoup par message, on passait des heures au téléphone. On a appris à vraiment bien se connaitre, on se parlait de nos problèmes… Tout cela nous a beaucoup rapprochées et ça nous a fait nous voir différemment. Bref, on est devenues vraiment amies. Cette année, malgré des classes différentes, on continue à se voir. Au fil du temps, la relation a évolué, jusqu’à ce qu’elles fassent partie des personnes les plus importantes de ma vie. Le temps a fait que je me suis vraiment attachée à elles. Je ne sais pas comment je pourrais vivre sans elles, c’est comme si j’avais vraiment besoin d’elles. Je pourrais tout faire pour elles, pour qu’elles soient heureuses au point qu’elles me rendent heureuse.

Les garçons

Pour Alexandre, ce n’est pas aussi particulier, mais il y a quand même cette dépendance affective. Je l’ai rencontré cette année, il était nouveau à l’école et nous étions dans la même classe. Après quelques semaines, on était déjà très ami·e·s, après quelques mois, il faisait déjà partie des meilleur·e·s. Même si on ne se connait pas depuis longtemps, on se parle de nos problèmes, nous sommes proches. Maxence, je l’ai aussi rencontré dans la classe de première et, cette année, on est toujours dans la même. Au fil du temps, un lien s’est créé. On s’appelait, on parlait beaucoup et on rigolait énormément. Il est lui aussi devenu l’un de mes meilleur·e·s ami·e·s. Maintenant, on se rencontre moins parce qu’il ne vient plus à l’école mais on s’arrange quand même pour se voir, il vient le vendredi après-midi devant l’école pour nous voir et il vient aux sorties qu’on organise. Avec lui la relation est assez particulière, on ne se parle pas trop de nos problèmes personnels ou de sujets très sérieux. Lui, il est plutôt du genre renfermé mais malgré ça, on est toujours dans la rigolade et l’humour. Un lien assez fort nous unit. C’est comme s’il n’y avait pas besoin de parler de ce qui ne va pas, rire ensemble suffit.

Se séparer ?

Pour l’instant, être autant attachée à eux ne me dérange pas, sauf si on se “dispute”, parce que ça peut me rendre très triste. Le gros problème, c’est qu’un jour, à cause du choix des études ou d’un déménagement, on va forcément être amené·e·s à se séparer. Je sais que cette séparation va me faire très très mal, je vais surement beaucoup en souffrir. Ça m’arrive parfois de m’imaginer le moment où cette séparation aura lieu, et à chaque fois, je finis en pleurs, rien que de l’imaginer. J’essaie d’y penser le moins possible, je préfère profiter au maximum tant qu’elles et ils sont avec moi.

Dans la dépendance affective, on illustre souvent le fait d’être attaché de façon fusionnelle à des personnes, mais, et c’est mon cas, à un groupe. Je suis très attachée à chacun·e de nous et surtout au groupe lui-même. Je me rends vraiment compte de cette notion de dépendance quand je vois à quel point je suis attachée à elles et eux, à quel point ces personnes comptent pour moi, à quel point je les aime… Ensemble, elles et ils sont vraiment ma raison de vivre. Impossible d’être si “heureuse” si je ne les avais pas pour rire, avoir autant de “délires”, de fous-rires…

Le problème

Mon problème, c’est que cette dépendance me fait plus de mal que de bien. À dire vrai, je pense que ça ne me fait aucun bien, je pourrais très bien avoir des ami·e·s magnifiques et être heureuse sans elle. Ce que cela m’apporte, ce sont des inquiétudes, de l’anxiété, des problèmes, … Je sais, mais je ne fais rien, qu’en allant consulter un psychologue ou juste en travaillant sur moi, il est possible de mettre fin à ça. Aujourd’hui, j’essaye juste de vivre avec. Je souhaite m’en libérer, et si possible avant de devoir me séparer de mes amis, pour éviter les dégâts que la séparation causera. Même si je n’ai pas peur de revivre d’autres épisodes, comme celui avec Mathéo, je n’écarte pas la possibilité de vivre encore pas mal d’expériences par rapport à la dépendance affective, mais plus au point que ça l’était avec lui. Je l’espère en tout cas.

Auteure : Louisa, 14 ans, Spa

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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L’abandon m’a amené le soleil

L’abandon m’a amené le soleil

Shelsy a une histoire compliquée, une histoire brutale qui commence mal. Pourtant, au fil du temps, au fil des rencontres, grâce à sa famille, à ses ami·e·s, à son chéri, elle s’en sort très bien aujourd’hui.

Un toit

Depuis mon plus jeune âge, l’abandon est la chose qui m’a le plus détruite. Je n’ai que 16 ans et c’est pourtant la chose qui a été la plus présente dans ma vie. Le premier abandon est celui de mon père. Il parait anodin, pourtant c’est celui qui, aujourd’hui encore, est le plus difficile à vivre. C’est cet abandon qui a tracé le chemin sur lequel je suis. À son départ, je n’avais que deux ans et avoir mes parents réunis dans une même pièce n’est qu’un vague souvenir. Après son départ, la seule chose qu’il nous restait, c’était un toit. Nous n’avions plus de meubles, plus aucun objet de la vie quotidienne. Seul souvenir précis qui me reste de cette époque, c’est celui de ma mère et moi mangeant sur le sol et elle qui me faisait rire pour préserver ma jeune innocence. Nous vivions seules, nous n’avions presque plus rien et ma mère travaillait beaucoup pour nous sortir de là. C’est pour cela que ce sont mes grands-parents qui m’ont, en grande partie, élevée.

Daddy et maman

J’étais chez eux durant la semaine et le weekend aussi car ma mère avait besoin de sortir. À ce moment-là, elle était encore jeune et, suite à ses sorties, un homme est rentré dans nos vies. Celui qui, aujourd’hui, n’est pas seulement devenu un beau-père et a pris la place d’un véritable père. Cet homme que je surnomme Daddy est là depuis le début, il m’a aidée à devenir ce que je suis aujourd’hui. Il a rempli mon enfance de bons souvenirs, de beaucoup de bonheurs. Il m’a aussi apporté une famille, une vraie famille. Il était là quand tout le monde nous a tourné le dos à ma mère et moi. Ma mère… La femme que je trouve la plus forte au monde. Ma mère souhaitait simplement mon bonheur. Elle ne voulait pas que, comme elle, je subisse les coups d’un homme. Les coups qu’elle sentait s’écraser sur son corps à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, et ça, déjà bien avant ma naissance. Elle ne voulait pas que je subisse ça ! Mon Daddy est entré dans ma vie avec ses deux enfants qui sont aujourd’hui comme mes propres frère et sœur. Ils sont d’ailleurs bien plus importants que d’autres membres de ma famille qui sont pourtant du même sang que moi.

Du soleil et de l’ombre

Malheureusement du noir est quand même présent dans ce joli tableau. Mes deux parents travaillaient beaucoup et le premier enfant de leur union allait bientôt arriver… Et c’est donc encore une fois mes grands-parents qui se sont occupés de moi. Leur maison est le lieu où j’ai passé la plus grande partie de mon enfance. C’est un des seuls souvenirs que j’aimerais garder. J’ai eu la chance d’avoir le soutien et l’amour de mes grands-parents qui sont, pour moi, les personnes les plus importantes à ce jour. D’autres personnes qui vivent la même situation que moi n’ont pas toujours la chance d’avoir ce genre de personnes à leurs côtés. Vers mes six ans, mon père biologique a refait surface, mais les souvenirs sont brefs. Je me souviens juste des coups que me portait sa compagne alors que je n’étais qu’une enfant. J’ai compris par la suite qu’il était revenu parce qu’il s’opposait au mariage de ma mère et Daddy, qu’il ne voulait pas notre bonheur, qu’il ne voulait pas qu’on se reconstruise sans lui.

Cassée

L’abandon est la chose qui m’a le plus détruite. Cela m’a fait perdre toute confiance en moi. Je pensais que c’était de ma faute si on m’avait abandonnée, que c’était parce que j’avais fait quelque chose de mal. Je pensais même que tout ce qui s’était passé avait une seule et même cause : ma naissance. J’étais tellement mal que j’avais mal au ventre quand je rentrais chez moi. J’avais peur de croiser le regard de ma mère. Parfois, elle me regardait tellement mal que je ressentais toute la haine qu’elle avait pour lui. Elle le dénigrait tous les jours pour m’empêcher de l’aimer sans comprendre que j’avais tout simplement besoin de son réconfort. J’avais seulement besoin qu’elle me dise qu’on était mieux sans lui et qu’on avait juste besoin de mon beau-père pour être heureuses, ensemble.

Malade

À force d’être confrontée à cette haine, j’en ai développé une par rapport à moi-même et envers mon physique. C’est là que les mauvaises pensées m’ont traversé l’esprit et que les lames d’une paire de ciseaux ont – pour la première fois – touché et ouvert la peau de ma cuisse. Au fur et à mesure, les cicatrices étaient plus nombreuses sur mon corps. Cette douleur n’étant pas assez forte pour moi, le dégout de mon corps s’est ajouté et l’envie de ressembler à ces filles que l’on voit partout sur les réseaux était puissante. Eh oui, vous l’avez compris, je me suis réfugiée dans l’anorexie. J’ai commencé à vomir tout ce que je mangeais, mais cela n’a pas duré longtemps… Très vite ma forme physique a commencé à s’affaiblir. Comme je suis de nature très sportive, ma prof de sport et ma grand-mère s’en sont alors rendu compte. Suite à cela, elles m’ont aidée à reprendre gout à la vie. Mes ami·e·s m’ont aussi aidée à retrouver le sourire.

Je me relève

L’année de mes 14 ans est celle qui m’a le plus marquée, mais aussi la plus endurcie. C’était la période des garçons et du changement vers un corps de femme. Je venais de perdre une personne très chère à mes yeux et beaucoup de personnes ont profité de ma tristesse et de ma vulnérabilité. Il y avait un garçon, un peu plus vieux que moi, qui a essayé d’abuser de moi physiquement et mentalement. J’en ai eu marre. J’étais au bord du gouffre. Ne sachant plus quoi faire, mais ne voulant pas être un pantin toute ma vie, je me suis dit que j’étais la seule personne sur qui compter. Même si je n’étais pas toute seule, si je croyais en moi, la plus longue partie du chemin allait être accomplie. C’est à ce moment précis que j’ai commencé à muscler le mental, et même mon corps. Le sport était devenu comme une drogue, c’était ma seule échappatoire. Ma famille n’était pas beaucoup présente, mais mes ami·e·s sont devenu·e·s comme une seconde famille pour moi.

Je vais bien

Aujourd’hui, je suis très heureuse ; de jour en jour, mes relations familiales vont de mieux en mieux et mes relations amicales sont plus solides que jamais. Pour mon plus grand bonheur, cela fait bientôt un an que je suis en couple avec une personne qui me donne le sourire chaque jour, même quand je ne suis pas dans un bon mood. C’est pour ça que je remercie ma famille, mes ami·e·s et mon copain. Sans elles, sans eux, sans lui, je ne m’en serais jamais sortie, mais surtout je me remercie moi-même d’avoir voulu m’en sortir ! À partir d’aujourd’hui, je me promets de toujours vivre pour moi. Le seul conseil que j’ai à donner aux personnes dans ma situation, c’est que même si le monde parait parfois cruel, il y a des gens sur qui vous pouvez compter. Demander de l’aide est difficile, mais c’est le premier pas à faire. Il ne faut jamais douter de vous. Connaissez vos valeurs et vos principes et ne laissez personne les remettre en question ou vous faire douter de vous.

Auteure : Shelsy, 16 ans, Louveigné

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R 

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