Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J’aide à charger la voiture pour que le départ soit plus rapide. Je leur dis toujours « Profitez bien, je prendrai soin du basilic frais ». Je leur fais coucou par la fenêtre pendant dix minutes en me disant « Mais c’est quand qu’il va démarrer la voiture ?! » tout en ayant un sourire figé. Ils sont enfin partis, je suis enfin seule. La liste des choses à faire est délicatement posée sur la table de la salle-à-manger avec un « Je t’aime, signé Maman ». Je lis cette liste interminable en me disant que je le ferai demain parce que de toute manière, j’ai la semaine pour accomplir toutes mes tâches.
Il est 11H du matin, je me pose devant « Petits secrets entre voisins » sur AB3. Avachie de tout mon long dans le grand canapé qui est d’habitude toujours squatté par Papou. Le plaid est bien posé, la boîte de céréales dans une main, l’autre qui pêche de grosses poignées.
L’après-midi arrive et je n’ai pas bougé. Je me fais la réflexion que je me lèverais bien, mais je suis si bien dans ce canapé. Alors je reste allongée, avec la bouteille d’Iced Tea à côté, le paquet de cookies sur la table.
22H00, je me dis que ce serait bien de manger un vrai repas, mais le plus simple possible. Alors je décongèle la pizza et reviens me vautrer sur René. Parce que, oui, j’ai trouvé le temps de donner un prénom à mon canapé. Sans savoir comment, René m’a gardée toute la nuit. Il est maintenant 10H00 du matin, je regarde mon téléphone : quatre appels manqués. C’est Maman. Maman a laissé un message vocal « J’espère que tu ne te sens pas trop seule, n’oublie pas que c’est le jour des poubelles. »
Je me parle à moi-même : Et merde, le camion est déjà passé !
La liste de tâches à accomplir est toujours posée sur la grande table, elle m’appelle. Mais René est chaud, douillet : il gagne la bataille. Les jours passent et se ressemblent. A quelques différences près : les mouchettes commencent à tourner autour de moi, la vaisselle s’entasse et le stock de pizzas surgelées diminue à vue d’oeil.
Nous sommes maintenant vendredi, Maman appelle vers 18H : « Coucou ma chérie ! Nous rentrons demain matin pour finir, tu nous manques trop. » La réalité me rattrape. Je cours à la salle-de-bain pour me décrasser, je prends la liste de maman et fais mes tâches toute la nuit durant. Il est 10H00 du matin quand j’ai fini.
10H10, j’entends la voiture se garer et je suis ravie : ma vie de dépressive est enfin derrière moi.
Auteure : Mathilde
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.
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