Harcèlement, de l’ombre à la lumière

Harcèlement, de l’ombre à la lumière

Pour Chloé, c’est parfois plus facile d’écrire sur le harcèlement scolaire que d’en parler à ses proches. Voici ce qu’elle a vécu et comment, voici les différentes pistes ou moyens qu’elle propose pour en sortir !

L’enfer en primaire

Le harcèlement est un sujet qui me touche énormément. Je l’ai subi pendant mes années à l’école primaire. Heureusement pour moi, tout cela s’est arrêté une fois que je suis entrée en secondaire. Le harcèlement peut avoir beaucoup de conséquences : le manque de confiance en soi, le manque d’amour propre. Il peut aussi avoir des impacts sur la sociabilité, entrainer une grande solitude … Pendant que j’étais harcelée, on me disait que j’étais amoureuse d’une personne ou, comme la plupart de mes ami·e·s étaient des garçons, on me disait que j’étais un garçon manqué. Cela peut paraitre débile, mais à la longue ça me faisait tellement de mal que, plusieurs fois, j’ai pensé à mettre fin à mes jours. Tout s’est arrêté en secondaire, le groupe qui me harcelait s’est séparé dans différentes écoles.

Silencieuse dans ma bulle

Je n’en ai parlé à personne autour de moi, je ne voulais pas les ennuyer avec mes problèmes, je ne voulais pas avoir l’air d’être faible aux yeux des autres. Seulement, il faut savoir que, forcément, un jour, notre entourage le découvre… Un moment, on craque à cause de la pression ou dans des cas extrêmes et trop fréquents, on décide de mettre fin à ses jours. Pour moi, ce sont mes ami·e·s du secondaire qui l’ont découvert. Quand on harcelait ma meilleure amie, je m’étais identifiée à elle. Un jour, on en a parlé toutes les deux et je me suis confiée à elle. Parfois, j’étais vraiment pas bien en écoutant ce qu’elle vivait. Pendant et même après, le harcèlement, je devenais moins sociable par peur du jugement des autres, de leurs réactions. Moins j’étais sociable, plus grande était la solitude que je ressentais. Je m’enfermais dans ma bulle. Cette bulle où je me sentais bien, invincible et protégée. Sans cette bulle, j’étais confrontée aux remarques et aux jugements. Cloitrée dans ma bulle, je perdais mes ami·e·s et je restais tout le temps chez moi, sans être invitée aux anniversaires.

Les solutions

Je vais maintenant vous parler des solutions qui m’ont aidée à sortir de ma bulle. La première, c’est d’en parler à une personne qu’on ne connait pas forcément très bien. Cela va aider à ne pas se sentir jugé·e, et même si on a ce sentiment-là, il faut se dire qu’ il y a peu de chances de revoir cette personne. Après, on se sent soulagé, on ne porte plus ce lourd secret tout·e seul·e. La deuxième, c’est d’en parler à ses parents par des moyens implicites, par exemple une poésie ou leur faire regarder un film qui traite de ce sujet pour essayer de faire passer un message subliminal aux parents.

Une association pour aider

L’association qui m’a permis d’en parler, c’est l’asbl Sors de ta bulle. Cette année, elle est passée à l’école pour nous sensibiliser au harcèlement moral, physique, ou encore le cyber harcèlement. C’est seulement à ce moment-là que j’en ai parlé à une autre personne que mes amies. Aujourd’hui, j’avoue ne pas encore avoir trouvé le courage d’en parler à mes parents.

Plus facile à dire …

Pour conclure, je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais il faut en parler à des personnes en qui on a confiance et essayer d’en parler à des personnes qui ont aussi vécu le harcèlement. Si jamais vous ne vous sentez pas encore prêt·e, ce n’est pas grave, prenez juste votre temps. Dans mon cas, cela m’a permis de regagner un peu de confiance en moi, de sortir de ma bulle et de me faire de vrai·e·s, de véritables ami·e·s.

Auteure : Chloé, 16 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Lueur d’espoir

Lueur d’espoir

Même si les beaux jours s’annoncent, c’est parfois compliqué de percer le marasme et de trouver la lumière. Chez Wafae pourtant, brille une petite mais indéfectible lueur d’espoir qui flingue tous les brouillards !

C’est compliqué

En tant que jeune Bruxelloise, je m’informe assez régulièrement de l’actualité de notre belle capitale et j’accorde beaucoup d’importance au domaine social. Dans ce secteur, il est vrai que les nouvelles n’ont pas été très rassurantes… Épidémie, mesures sanitaires difficiles, violences policières, racisme, délinquance, précarité sociale, dépression chez les jeunes et les personnes âgées, harcèlement de rue, féminicides et bien d’autres thèmes encore plus durs les uns que les autres, ont été abordés dans les médias ces derniers mois.

Je fais quoi moi ?

La situation sanitaire que nous avons traversée – et traversons – a, réellement, mis en lumière les réalités difficiles de beaucoup de Bruxellois·e·s. Des réalités souvent peu abordées, négligées, voire, parfois, considérées comme socialement « taboues » ou inacceptables. En tant que jeune évoluant dans ce semblant de chaos social, je me suis posée les questions suivantes : comment tout ça a-t-il bien pu démarrer ? Comment arriverons-nous à rétablir un climat social serein ? Que puis-je faire en tant que jeune femme à l’identité multiculturelle ? Quel rôle pourrais-je jouer ? Et surtout comment pourrais-je rester optimiste pour l’avenir de la jeunesse et de la société ?

Une lueur

La situation sanitaire que nous traversons est une rude épreuve et plus encore pour les personnes déjà socialement défavorisées. Avec un peu de recul aujourd’hui, je réalise que ce qui m’a permis de résister dans ces moments difficiles, c’était, en réalité, une lueur d’espoir qui brillait dans mon for intérieur… Cette lueur, c’est peut-être celle qui a poussé de nombreux citoyens, dès le début du confinement, à créer rapidement des chaines de solidarité dans tous les coins de la ville. Jeunes et moins jeunes de tous horizons se sont associés pour proposer une aide aux Bruxellois en difficulté. De nombreux citoyens ont également ressenti le réel besoin et l’envie de se soutenir au mieux, face à certaines violences et injustices sociales. Ce qui a provoqué un foisonnement d’actions virtuelles, de mouvements et hashtags sur divers réseaux sociaux.

Rêver et construire ensemble

Cet espoir de pouvoir, toutes et tous ensemble, reprendre une vie sociale presque épanouie s’est révélé être notre plus grande force et certaines actions ont pu donner de véritables leçons d’humanité ! Cette expérience sociale nous a permis de faire jaillir cette belle capacité de résilience qu’est la nôtre et qui permet de continuer à espérer un avenir meilleur, même quand nos besoins les plus élémentaires sont mis à mal. Je rêve d’une société sereine où tou·te·s les citoyen·ne·s pourront voir leurs droits garantis. Une société où la justice serait davantage établie et où la multiculturalité sera considérée comme une véritable plus-value et non une tare. Comme le dit le proverbe, « l’espoir fait vivre ! » Et c’est dans l’attente de cet avenir social rêvé que je tenterai au mieux d’agir à mon échelle pour cultiver cette humanité parfois perdue. Mais aussi pour lutter contre toutes les formes de violence et préserver le vivre ensemble qui fait de notre Bruxelles, une ville riche et belle.

Auteure : Wafae, 24 ans, Bruxelles

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Être heureuse quand la famille va mal

Être heureuse quand la famille va mal

Parfois c’est compliqué, parfois, c’est bien pire que ça. Parfois, il y a des bobos et parfois il y a de gros dégâts, des choses qui se cassent, se brisent, ne se réparent pas… Pourtant, malgré tous ces parfois, on peut avancer, continuer à y croire et au bout du compte, après des mois ou des années, on peut trouver la sortie du tunnel. C’est ce tunnel et cette sortie du tunnel que nous raconte une jeune auteure anonyme

Les hommes autour de moi

Depuis ma naissance, j’ai majoritairement été entourée d’hommes et j’ai vite compris qu’ils avaient une grande influence sur moi, sur la manière de me comporter ou de parler, sur mon rôle ou ma position de fille puis de femme dans cette société bien compliquée. J’ai deux grands frères, un père bien présent. Pour moi, tout a commencé lorsque mon père s’est davantage occupé de Nicolas, mon frère ainé. Ma maman ne pouvait rien dire à cela, comme si elle n’avait plus aucun mot à dire à Nicolas. Elle ne pouvait plus s’occuper que de mon autre frère, Arthur, et de moi. Bien que nous étions trop jeunes, pour vraiment comprendre ce qui se passait entre mon père, ma mère et Nicolas, on sentait que quelque chose clochait. Tout cela nous marque aujourd’hui encore.

Mes parents

Entre les multiples séparations de mes parents et les bêtises de Nicolas, les pièces du puzzle commençaient, petit à petit, à se mettre en place. La situation devenait claire pour moi. Jusqu’à mes 14 ans, où tout est devenu transparent, je ne voulais pas y faire attention. Plus jeune, mon père a, lui aussi, eu des problèmes et fait des bêtises. Là, il avait peur que Nicolas emprunte les mêmes routes que lui. Seulement, en voulant tout faire seul, il a fait pire, bien pire. Comment voulez-vous vous occuper d’une personne, quand vous n’avez pas été capable de vous occuper de vous-même ?

Pour moi, la relation entre mes parents était toxique, mon père exerçait un contrôle sur ma mère. Petit à petit, ma maman, détruite et ne pouvant plus supporter la pression que mon père lui mettait sur les épaules au quotidien, a commencé à se confier à moi. Elle me parlait des choses qu’une petite fille de 12 ans ne devait pas savoir. Une petite fille de cet âge ne devrait se soucier que de la connaissance de ses fables et non pas des tortures mentales, économiques, sociales ou encore sexuelles, que sa maman subit depuis 23 ans d’une relation infernale.

Nicolas

Mon grand frère enchainait les conquêtes d’un soir, les mauvaises fréquentations et les altercations avec la justice. Quand le regard épuisé de ma maman, incapable de le comprendre, se posait sur lui, il commençait à se décomposer. Un soir de 2019, Nicolas a fini par en avoir marre. Il a décidé que la pression était trop forte et il a essayé de mettre fin à ses jours. C’en était trop. Entre ‌les‌ ‌confidences‌ ‌de‌ ‌maman,‌ ‌l’état‌ ‌mental‌ ‌de‌ ‌mon‌ ‌père,‌ ‌la‌ tentative‌ ‌de‌ ‌suicide‌ ‌de‌ ‌mon‌ ‌frère‌, ‌moi aussi – n’ayant le contrôle sur rien – j’ai commencé à me ‌dégrader‌.

S’occuper de moi ?

La‌ ‌tentative ‌de suicide de mon frère‌ ‌a‌ ‌été‌ ‌une‌ ‌grande‌ ‌claque‌ ‌pour mon‌ ‌père‌. Elle ‌lui‌ ‌a‌ ‌fait‌ ‌réaliser‌ ‌qu’il‌ ‌avait‌ ‌deux‌ ‌autres‌ ‌enfants‌ ‌et‌ ‌qu’il‌ ‌serait‌ ‌peut-être‌ ‌temps‌ ‌de‌ ‌s’en‌ ‌occuper. ‌Malheureusement‌ ‌pour‌ ‌moi‌, ‌j’aurai‌s ‌préféré‌ ‌qu’il‌ ‌continue‌ ‌sa‌ ‌route.‌ ‌“Occuper”‌ ‌est‌, probablement, un bien grand mot. Si ‌ « occuper » cela signifie‌ ‌faire des remarques,‌ ‌se moquer ou rabaisser au ‌quotidien,‌ ‌alors‌ ‌oui‌, ‌peut-être‌ ‌qu’il‌ ‌s’occupait‌ ‌de‌ ‌moi‌… Qui‌ ‌sait ? La‌ ‌pression‌ ‌était‌ ‌maintenant‌ ‌sur‌ ‌mes‌ ‌épaules‌ ‌et‌ ‌du‌ ‌coup‌ ‌j’ai‌ ‌commencé‌ – à mon tour – ‌à‌ ‌me‌ ‌confier‌ ‌à‌ ‌ma‌ ‌maman‌, mais‌ ‌cela‌ ‌ne‌ ‌m’a‌ ‌pas‌ ‌soulagé‌e. A‌u‌ ‌contraire‌, ça‌ ‌n’a‌ ‌fait‌ ‌que‌ ‌grandir‌ ‌le‌ ‌mal‌être‌ ‌que‌ ‌j’avais‌ ‌en‌ ‌moi.‌ ‌

Je suis une bombe

Ça m’a fait peur d’avoir tellement de colère en moi, tellement de rancune, de haine et de mauvais sentiments. Ça m’a fait peur de tout garder, de ne pas avoir réussi à tout laisser partir et d’avoir été cette bombe à retardement. Ça m’a fait peur quand je voyais que j’étais capable de m’en prendre à mes proches – sans même avoir de remords – parce que, parfois, j’étais tellement en colère contre le monde entier que n’importe qui pouvait se prendre une rafale de haine. Ça m’a fait peur d’être une grenade et de me dire qu’un jour, j’allais exploser tellement fort que j’allais finir en morceaux.

Il‌ ‌faut‌ ‌frapper‌ ‌à‌ ‌plusieurs‌ ‌reprises‌ ‌un‌ ‌coeur‌ ‌amoureux‌ ‌avant‌ ‌qu’il‌ ‌ne‌ ‌se‌ ‌brise,‌ ‌il‌ ‌faut‌ ‌frapper‌ ‌à‌ ‌plusieurs‌ ‌reprises‌ ‌pour‌ ‌qu’un‌ ‌être‌ ‌amoureux‌ ‌cesse‌ ‌de‌ ‌voir‌ ‌avec‌ ‌le‌ ‌cœur.‌ ‌Quand‌ ‌vient‌ ‌le‌ ‌jour‌ ‌où‌ ‌le‌ ‌cœur‌ ‌se‌ ‌brise,‌ ‌il‌ ‌n’y‌ ‌a‌ ‌plus‌ ‌aucun‌ ‌moyen‌ ‌de‌ ‌recoller‌ ‌les‌ ‌morceaux.‌ À ‌ce‌ ‌moment-là‌, ‌il‌ ‌ne‌ ‌reste‌ ‌plus‌ ‌que‌ ‌la‌ ‌raison,‌ ‌la‌ ‌raison‌ ‌qui‌ ‌mène‌ ‌à‌ ‌la‌ ‌méfiance et‌ ‌la méfiance‌ qui mène ‌à‌ ‌la‌ ‌haine.‌

Il faut qu’on discute

Comme si ça ne suffisait pas, un soir mes parents m’ont appelée pour qu’on discute. Cela n’a jamais été un bon signe. Ils m’ont alors expliqué que Nicolas avait fait une grave erreur, celle de trop. Cette fois-ci, la justice en avait marre de donner des secondes chances à Nicolas. Il était maintenant à la prison de Lantin pour payer toutes les conneries qu’il avait faites. Je me suis durcie sous l’effet de cette nouvelle qui m’enlevait quelque chose. Avant cela, j’étais si émotive que je m’effondrais à la demande, j’étais une fontaine …

Aujourd’hui

L’eau s’est retirée. Évidemment, même si je me soucie des êtres autour de moi, j’ai beaucoup de mal à le montrer. Un mur fait obstacle. J’ai toujours rêvé d’être aussi forte que rien – jamais – ne pourrait m’atteindre. Maintenant, je suis devenue tellement forte que j’ai l’impression que plus rien ne me touche. Mon souhait serait de parvenir à m’adoucir. Aujourd’hui, tout va beaucoup mieux, mais beaucoup d’entre nous doivent réaliser que le bonheur n’est pas une destination mais un parcours. Le bonheur, ce n’est pas d’avoir la voiture ou la fille de tes rêves. Le bonheur, c’est réaliser que ce que tu as est assez, et malgré tout ce qui arrive dans la vie, en être reconnaissant. Quand on aura compris ça, on ne sera pas juste heureux ou heureuse, on attirera plein de choses qu’on a toujours voulues.

L’auteure de ce texte souhaite rester anonyme

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Lumière blanche

Lumière blanche

Nouveau témoignage d’un parcours sur le scoutisme et sur une épreuve, particulière, celle de la qualification. En général, mais cela change parfois selon les unités et les mouvements de jeunesse, elle arrive lors du deuxième grand camp.

Swala

Je m’appelle Clara et chez les scouts c’est “Swala Lumière blanche.” Swala, c’est le nom Swahili de la gazelle de Thomson. Pour lumière blanche, je vous explique tout de suite. J’ai 17 ans et je fais partie du mouvement scout depuis mes 6 ans au Roeulx. Je devais faire – grand maximum – 1,20 m quand ma maman m’y a inscrite. À vrai dire, tout était impressionnant là-bas, à commencer par le grand rassemblement « carré », le cris des chefs en nous appelant pour le rassemblement et le goûter ou tout le monde se jetaient sur les faux spritz alors qu’il y en avait pour tout le monde. Mais c’est comme ça que l’histoire a débuté, avec un “spritz”…. J’avais fait tombé mon biscuit et Laura, alias Zibeline maintenant, avait partagé le sien avec moi. La semaine d’après c’était l’inverse, et c’est à ce moment là – précisément – que j’ai compris ce qu’était le partage, le vrai, le spontané…

Les épreuves

Quelques années plus tard, en deuxième année éclaireur à mes 15 ans, l’heure de mon quali avait sonné ! J’appréhendais même si je connaissais, plus ou moins, ce qui m’attendait. Le quali est un qualificatif qui met en évidence la qualité principale scoute et l’épreuve consiste à se remettre en question à travers divers activités.
Et c’est ce jour-là – précisément toujours – le jour de mon quali, le 12 juillet 2018 que pour la première fois de ma vie je peux dire que j’ai vraiment donné le meilleur de moi-même. Il était 16h00 et les chefs m’ont appelée pour me prévenir que le quali était lancé, ma tâche était d’écrire une lettre, une lettre à moi-même pour dans 10 ans. Sur le coup, je me souviens m’être dit: « Ça va, super facile, si c’est ça le quali… » et je crois qu’à l’instant où ils m’ont donné la feuille sur laquelle je devais m’écrire, la feuille sur laquelle j’allais me promettre des choses, … j’avais compris que ça ne serait pas si facile. Ça n’était pas qu’une impression, cette lettre m’a remuée bien plus que je ne le pensais … Je me suis installée à la table sur pilotis, cette même table que j’avais construite moi-même y donnant tout mon coeur et, vues les cloches qui étaient encore présentes au douzième jour de camp, mes mains … Assise, ne sachant pas quoi écrire ou par où commencer.

Éclaireuse éclairée

Oryx, mon grand chef, est venu et m’a dit quelques mots pour m’éclairer et m’aider sur les idées. Une fois qu’Oryx eu les talons tournés, les mots sont venus d’un seul coup et les sanglots avec … La rédaction de la lettre m’avait, approximativement, pris 1h30 … “Rien dans une vie” direz-vous, pour moi, c’étaient les plus longues nonante minutes de ma vie. Écrire cette lettre m’a permis de mettre sur papier ce que je ressentais au plus profond de moi, coucher sur le papier ce sentiment d’abandon qu’une nouvelle fois, je ressentais. D’écrire et d’écrire ce manque de confiance que je ressentais … C’était la première fois que je posais mes émotions et ça, cela me sortait de mes habitudes. Au final, je comprenais que toutes ces années où j’avais tout gardé pour moi, où j’utilisais le sport pour évacuer cette tristesse et cette rage, n’avaient – au final – rien évacué du tout … J’étais là, à Franchimont, au camp scout, assise à ma table de cordes et de bois en train de ressentir quelque chose que je n’avais jamais ressenti.

Je suis pas bien

La lettre que je m’écrivais pour 25 ans, n’était qu’une partie de la qualification … L’épreuve n’était pas terminée. Après être remise de guingois et de mes émotions, je suis partie pendant deux jours en randonnée. Unique objectif : recevoir mon quali. Étrangement j’étais malade. Comme si écrire cette lettre m’avait rendue malade, dit comme ça, c’est difficile à croire mais c’était palpable, réel. Chacune des lettres écrites ressortait. J’avais réellement le sentiment que mon corps et mon esprit étaient liés, … Dingue, impensable ! De retour, complètement malade, sur la prairie du camp, sans aucune force, je veux avoir mon quali, prouver – et me prouver – que je n’étais pas nulle. Je m’étais promis de ne pas abandonner pour enfin montrer à ceux et celles qui n’avaient pas cru en moi qu’ils et elles avaient tort durant toutes ces années. Qu’est ce que j’ai eu du mal ! Je me souviens, j’avais froid, j’avais envie de rentrer chez moi pour enfin exprimer ce que je ressentais et dire les mots, ces mots que mes proches attendaient tant, depuis trop longtemps… Je voulais montrer que j’avais changé, que je n’avais plus cette colère au fond de moi … Colère qui, au bout du compte, faisait souffrir mon entourage. Je me sentais sans force et de fait, ça faisait un jour que tout ce que je mangeais ou buvais ressortais dans la minute … Une quinzaine de fois, Oryx et les chefs m’ont proposé d’abandonner … Impensable.

”(R)êvolution”

Reposée avant de reprendre le rythme, le rituel de la qualification, j’ai à lire ma lettre devant mon chef. Ça a été un moment clef dans mon évolution : il y avait là des choses que, jamais, je n’avais dites. C’est aussi à ce moment-là que cette lettre, étonnement, m’a vraiment redonné confiance en moi. C’était fait, les scouts m’avaient poussée à me surpasser dans tous les sens du terme et avoir fini mon quali m’a permis de me dire que j’étais capable et que je n’étais pas nulle. J’avais réussi. Finalement, c’était une fierté scoute et personnelle de recevoir ce qualificatif qui sonne si bien et qui représente tellement de choses: « lumière blanche ». Mes chefs m’ont donné ce quali, métaphore pour dire que j’avais toutes les qualités en moi. C’est à cette minute, autour du feu, bien chaud – brûlant aussi à l’intérieur – que j’ai compris que, jamais, je ne devais plus douter de moi. Jamais..

Engagée

Le lendemain du quali, c’était la promesse. La promesse c’est ce moment sacré qui fait que nous nous engageons dans la fraternité scoute d’ici et du reste du monde. Après avoir bien réfléchi, j’avais décidé que les deux lois scoutes que je choisirai et respecterai toujours seraient: « la scoute fait et mérite confiance, et la scoute fait tout de son mieux ». Je trouvais qu’en m’engageant à pousser les autres à avoir confiance en eux et elles, en m’engageant à toujours donner le meilleur de moi-même, en m’engageant à transmettre cette envie de se dépasser aux autres, la boucle était bouclée. C’est aussi à ce moment là, quand j’ai prononcé les mots: « Moi, Swala je m’engage à respecter les lois suivantes,… » que je me suis également engagée personnellement à ne plus douter de moi. Aujourd’hui, quand je regarde la photo de ma promesse, on m’y voit fière sous le regard admiratif de ma cheffe d’unité, ma maman. C’est la première fois que je me suis vue fière de moi. Ce camp 2018 m’aura changée, enfin pas changée, améliorée.

Auteure : Clara, 17 ans, Le Roeulx

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Enfant d’une jeune maman

Enfant d’une jeune maman

Sur Scan-R, on a déjà publié des témoignages de jeunes femmes devenues mamans. Malika par exemple, nous parlait du chemin de la maternité. Fiona, c’est l’inverse. Elle n’est pas maman mais sa maman était très jeune quand elle est née.

Arrivée tôt …

Ma maman m’a déjà dit que j’avais changé sa vie, car à la base, je n’étais pas prévue. D’après le médecin, elle devait se faire opérer. Mais, après une prise de sang, on a compris qu’elle était enceinte. Eh oui, elle attendait une fille, elle était enceinte de 4 mois et demi. Elle n’avait que 18 ans, mais elle a très bien pris la nouvelle, entre autres parce qu’elle avait mon papa. Ils avaient déjà une maison qu’ils louaient à l’époque. Comme ma maman avait travaillé en tant que baby-sitter quand elle était étudiante, elle était donc très au courant des responsabilités que représentait un enfant. Elle s’en est bien sortie avec l’école, car elle a suivi un apprentissage de vendeuse.

… dans de bonnes conditions

On ne dit pas assez à l’école qu’un bébé n’est pas une poupée. Ça change une vie. Cela engendre des responsabilités, des couts, et c’est un peu comme un poids à porter, car si tu as un enfant lorsque tu es toujours en secondaires, tu n’as pas de revenus, ni de logement à toi. Ça fait donc deux personnes pour lesquelles une jeune maman doit pouvoir subvenir aux besoins : le bébé et elle-même. Alors, sans travail, vous êtes dépendante de vos parents. Mon papa travaillait. Ils avaient donc un chez eux et ma maman était apprentie. Ils n’étaient donc, heureusement, pas sans ressources. Il est vrai qu’ils ont également eu la chance d’avoir mes grands-parents qui ont bien réagi, car ils avaient vécu la même chose.

Un bébé n’est pas une poupée

Même si j’ai toujours rêvé de devenir une jeune maman, moi, je connais les conséquences. Ma grand-mère a donné la vie à 17 ans et ma maman m’a eue à 18 ans. Je connais les responsabilités que cela engendre. Elles m’en ont un peu parlé et ensuite, j’ai regardé énormément de reportages sur ce sujet, car je m’y intéresse beaucoup au vu de mon histoire. Je n’ai que 13 ans, mais j’aimerais mettre en garde mes semblables de 14,15,16 ans qui veulent un enfant. Sachez que c’est un vrai travail à temps plein d’être mère. Certes, c’est mignon, adorable, un enfant, mais des millions de femmes pourront vous dire que ce n’est pas tout rose. Il y a des hauts et des bas… entre les imprévus de la grossesse, de l’accouchement, sans oublier que le père de l’enfant peut vous lâcher à n’importe quel moment… Donc, retenez qu’être maman est un réel boulot et non une plaisanterie.

Aux mamans d’hier et de demain

Maintenant, j’aimerais faire passer un petit message aux filles qui font ce choix (ou non), vous devez gérer les filles ! Si vous faites ce choix, je vous soutiens à 100%. Vous faites face aux préjugés et faites preuve de maturité. Si c’est un accident et que vous avez du mal à accepter votre bébé, et que vous voulez le garder, faites tout votre possible car votre enfant vous le rendra. Certains nourrissons sont issus de viols, alors deux fois plus de courage à ces mamans-là qui, pour moi, sont des survivantes. Aujourd’hui, j’ai énormément de complicité, aussi bien avec ma grand-mère qui a 56 ans qu’avec ma maman qui a 31 ans. Je pense que cette relation si forte que j’ai avec elles est due à la différence d’âge aussi faible. Donc, vous voyez, même si ce n’est pas l’idéal d’avoir une enfant très jeune, il y a quand même des côtés positifs !

Auteure : Fiona, 13 ans, Bomal-sur-Ourthe

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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