L’humanité cette belle immunité

L’humanité cette belle immunité

Le parcours de Célia (le prénom a été changé) est compliqué, très compliqué. Aujourd’hui, c’est en prison qu’elle se trouve. Malgré tout, malgré ce parcours qu’elle ne conteste pas, malgré les conditions déshumanisées de son actuelle existence, elle garde une envie d’avenir, un truc qui brille dans les mots qu’elle partage.

Neuf mètres carrés.

Dans ma vie, en 27 ans, j’ai dû faire face à une succession d’évènements pas évidents. Quand j’y repense, ce qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau, c’est l’espoir. Cette part d’humanité, de vie qui résonne en moi et m’a aidée à surmonter divers moments tragiques. Face aux horreurs dans le monde, aux maladies, je me pensais immunisée. Pour moi, ce qui se passait ailleurs ne m’atteindrait pas. Jusqu’à ce que les “autres”, ce soit moi, je pensais que ce qui arrivait aux autres ne me concernait pas. Je me suis tellement oubliée que j’en ai perdu pied, perdu la raison et ai fini en prison. L’éternelle passionnée a basculé dans la criminalité, réduite au statut de danger. J’erre dans le monde comme une morte vivante, les 9 mètres carrés de ma cellule représentant mon cercueil. Ma personne, mon identité propre est oubliée, au point que le prénom que mes parents m’ont octroyé, par moment, s’est effacé, comme un bref souvenir du passé. Parfois je me dis que je ne suis plus qu’un numéro. Mon sourire a laissé place aux larmes. Avant j’espérais encore de la vie. D’une ode à la vie, je suis passée à une ode à l’ennui. Mes forces s’amenuisent, mes rêves se brisent, un peu comme ce qui bat en moi.

Continuer de croire qu’un beau jour ça ira ?

L’espoir que j’ai toujours eu en moi commence à s’évaporer. Ma réalité est trop dure à surmonter et l’envie d’accomplir mes rêves s’est éloignée. C’est au travers de ceux qui croient en moi que je puise la force d’avancer, les miennes sont épuisées. De ma naissance à ce jour sous les verrous, je n’ai cessé d’y croire. Croire que tout finirait par passer. Mais face à mon miroir, face à l’univers carcéral dans lequel je vis, ce n’est pas facile de ne miser que sur l’espoir quand tout mon être va mal. Avant que ma vie ne prenne une tournure dramatique, je menais une routine au service d’autrui. J’ai grandi ainsi, je n’aurais pu faire autrement, vivre en pensant à moi, ça, je n’ai pas appris. Avec le temps et les années qui ont défilé, j’ai réalisé que je me suis mise à côté de ce monde, de son décor. Aurais-je pu, plus tôt, en prendre conscience ? Je ne pense pas. Plus jeune, je ne posais pas ces questions.

Entre quatre murs.

Parler de soi, penser à soi, entre mes quatre murs, ce temps s’est offert à moi pour me permettre de mettre des mots sur des blessures que j’aurais préféré laisser au passé. Tel un vague souvenir de ce que j’aurais aimé ne pas avoir à vivre. M’ouvrir est un périple qui m’a sauvé, mais qui à présent me détruit, mon corps tombe en ruine. Sa vie, on ne la choisit pas, par contre, il appartient à tout un chacun d’imaginer son avenir, le rêver et façonner ses envies pour parvenir à leur donner vie. Pourvu que cela arrive. Sentiment particulier de voir ceux qui, depuis le début, ne font que me soutenir et m’aider. Trop pudique pour leur partager qu’ils représentent mon oxygène, mais à ma façon je leur livre les tréfonds de mon cœur, endroit dans lequel moi-même je ne m’étais jamais aventurée. Ce geste pour leur signifier que je les aime. En eux, je me revois moi, Célia. Avec eux, je suis entièrement redevenue moi. À travers leurs espoirs, je parviendrai à être la meilleure version de moi-même.

Entre attente et espoir

Désespérément, j’attends ce moment, cet instant où l’on m’annoncera qu’il est temps de rentrer chez moi. Mais ce moment n’arrive pas. Ma santé me lâche, que restera-t-il de moi quand cette réalité arrivera ? Du plus profond de mon âme, je garde espoir que ça ira. En dépression par un excès de répression. “On” te demande de t’en sortir mais dans un environnement sous tension, c’est pas top niveau pour mon évolution. Je suis en détention, l’humanité est négligée, simplement oubliée, pourtant elle fait partie intégrante de ma propre raison de croire à un avenir qui n’attend que moi pour enfin exister. Oui, cette espérance est ma plus noble immunité.

Auteure : Célia

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Dégouté de l’actualité

Dégouté de l’actualité

Poussé à la réflexion lors d’un atelier Scan-R autour des médias, Bastien s’est rendu compte qu’il y avait bien des choses à dire sur ce sujet. Jusqu’alors il n’avait eu l’occasion de s’interroger sur la relation qu’il entretient avec les médias. Il n’avait, nous dit-il, jamais remarqué à quel point sa relation aux médias avait changé et évolué au cours des dernières années. Pourquoi est-ce qu’il n’en consommait pratiquement plus ? Quelles étaient les raisons ?

Je me concentre sur moi

D’abord, je me suis dit que la première des raisons c’est que ce qui me porte, ce qui me fait vivre en ce moment c’est la recherche d’objectifs. Je ne sais pas encore ni comment je vais vivre ma vie ni à quoi je vais la consacrer. Je me concentre donc exclusivement sur ma personne ainsi que mon entourage proche et tout ce qui m’intéresse alors que les nouvelles du monde ne m’apportent rien dans cette recherche.

Indifférent ou affecté ?

Je me suis demandé ensuite si j’étais indifférent à ce qui ce passe dans le monde ? Bien sûr que non je ne suis pas indifférent aux guerres, aux dictatures, aux pandémies, aux milliers de morts, au racisme ou à l’exclusion d’une quelconque minorité. C’est justement parce toutes ces informations m’affectent énormément que je ne les consomme plus. Elles provoquent chez moi de la colère, de la tristesse, de l’angoisse, et si je peux éviter de ressentir cela je le fais.

Des nouvelles ? Mauvaises nouvelles !

Il fut un temps où je consommais les médias, les informations, l’actualité bien davantage. Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. La première est que la politique européenne voire même mondiale s’éloigne de plus en plus de mes idéaux, j’ai la sensation que les pays du monde ne cessent de s’approcher des extrêmes. La deuxième chose c’est la sensation que les nouvelles sont de plus en plus mauvaises et se répètent. Je n’ai simplement aucun souvenir d’une bonne nouvelle entendue ou lue dans un journal. Pour moi, aujourd’hui, un des gros soucis de la télévision ou des journaux c’est que, contrairement aux réseaux sociaux, ils choisissent pour nous ce qu’on va apprendre. J’ai rarement un réel intérêt pour les informations que les journaux me donnent. Au contraire, les réseaux sociaux vont te gaver d’informations pour lesquelles tu as de l’intérêt, par contre, ils vont toujours te donner l’info condensée et ils vont tout faire pour que tu restes connecté le plus longtemps possible en te faisant perdre un temps précieux. Sans oublier que les fakes news circulent encore plus vite sur les réseaux sociaux. Pour conclure, je dirai seulement qu’actuellement les médias ne m’apportent rien et que donc je ne souhaite pas en faire usage.

Auteur : Bastien, 20 ans, Nodebais

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Coeur sombre

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Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

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Honte de mes parents

Honte de mes parents

Longtemps Sofian a eu des difficultés à assumer la profession de ses parents, à accepter que sa culture n’était pas la leur. Arrivé à l’université, c’est dans un tout autre milieu qu’il évolue, mais il ne s’y sent pas à l’aise non plus… Qui est-il au juste ?

J’ai honte de mes parents

J’ai honte que ma mère soit ouvrière dans une usine et ne connaisse pas le Premier ministre de Belgique. J’ai honte que mon père soit chauffeur de bus et ne connaisse pas Victor Hugo (1). J’ai honte du fait qu’ils ne connaissent pas ce que j’aime, et surtout, je regrette de ne pas pouvoir leur en parler.
5h30 du mat’, j’éteins enfin mon ordinateur après l’annonce de la victoire surprenante de Donald Trump à la présidence des USA. J’ai tout suivi : les différents reportages, les différents États des USA clôturant peu à peu leur vote, la victoire serrée du milliardaire. C’est donc avec une fatigue intense, mais surtout une excitation profonde que je descends dans le salon pour annoncer les résultats à ma mère : “Maman, tu ne vas jamais le croire, c’est Trump qui a gagné!” Cigarette en bouche, devant la fenêtre entrouverte, elle me demande “Qui ?”.

Honte de ma famille

“Donald Trump est le nouveau président des USA”, lui dis-je… “Oh, tu sais bien, que je n’y connais rien de tout ça… Moi, la politique…” J’essaie tant bien que mal de lui expliquer les détails de l’élection : comment l’État du Sud a finalement voté républicain (3), les votes serrés… mais rien n’y fait. Elle m’écoute attentivement, mais ne comprend pas ce que je dis. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. J’ai toujours été fasciné par la politique, la littérature et les différents évènements sociétaux. Mais lors des repas, lorsque je décide d’en parler à la table familiale, je subis les regards embarrassés de mes parents et les discussions se recentrent sur le dernier feuilleton à la télé. Gêné, mais aussi honteux, j’ai donc fini par ne plus en parler.

Honte de moi

Dans ce contexte, j’avais un espoir : l’université. En m’y inscrivant, je me disais qu’enfin, j’allais pouvoir discuter politique, philosophie… Je me disais qu’enfin, j’allais être compris. J’y ai rencontré des amis qui me comprenaient, mais hélas, c’est moi qui ait fini par ne plus les comprendre : je me suis retrouvé dans un tout autre monde, différent de celui de ma famille et tout aussi éloigné de qui j’étais, de mon milieu familial. Mes amis portaient des vêtements que je ne pouvais m’offrir. Ils parlaient de théâtre ou d’opéra où je n’avais jamais été, de livres ou de musiques classiques que je n’avais jamais écoutés ou lus. J’avais cette fois-ci honte de qui j’étais, honte de ne pas être à la hauteur face à ce tout nouveau monde. Honte d’avouer que je ne pouvais m’offrir le dernier téléphone à la mode. Honte de dire à mes amis quel métier faisaient mes parents.

Décalé

Ma famille venait d’un milieu trop ouvrier pour que je puisse parler de choses intellectuelles avec elle. Mes amis venaient d’un milieu trop riche pour que je puisse les comprendre. J’étais un zèbre : trop blanc pour être avec les chevaux, mais trop noir pour être avec les moutons. Je me sentais en décalage avec la société dans laquelle j’avais grandi. Quelle était donc ma place ? Était-elle aux côtés de mes parents? Devais-je succomber au déterminisme social en devenant ouvrier comme eux et leurs parents ? Etait-elle aux côtés de mes amis ? Avec ces personnes dont je ne comprenais pas la culture et qui ne comprenaient pas la mienne ? Cette question m’a hanté depuis des années et me hante toujours pour être honnête, mais plus je grandis, plus je parle avec ma mère. J’ai compris que son inculture n’était pas un choix, que la vie et la société ne lui avaient pas offert les mêmes privilèges qu’à moi. J’ai haï mes parents, sans me rendre compte que je possédais ce qu’ils n’ont jamais eu la chance d’avoir. Ne devrais-je pas avoir honte de moi-même pour cela ?

Accepter les nuances pour être moi

Tout cela m’a permis de m’affirmer. De ne plus avoir honte de dire que ma mère est ouvrière alors que celles de mes amies sont avocates ou banquières. De ne plus avoir honte d’expliquer à ma mère les dernières infos du monde politique même si elle ne comprend pas toujours de quoi je parle. Je suis fier de mes parents. Je suis fier que ma mère soit ouvrière dans une usine et ne connaisse pas le Premier ministre de Belgique mais qu’elle me montre les anciens quartiers métallurgiques de Liège où sa mère et sa grand-mère ont vécu. Je suis fier que mon père soit chauffeur de bus et ne connaisse pas Victor Hugo mais puisse réciter par cœur les génériques des dessins animés qu’il regardait petit. Je suis fier d’eux, car même s’ils ne comprennent pas ce que j’aime, ils me font découvrir ce qu’ils ont aimé. Je suis fier de qui je suis et d’où je viens.

Victor Hugo (France, 1802-1885), a éclairé la France et le monde de ses romans, de ses poèmes et de ses idées. Aujourd’hui, il inspire encore et toujours d’autres artistes… Deux exemples parmi de très nombreux autres, quand Disney sort le long-métrage “Le Bossu de Notre-Dame”, c’est à partir d’un de ses romans. C’est ce même roman qui a servi de base pour la comédie musicale “Notre-Dame de Paris”… Cette courte vidéo vous éclairera sur sa vie.

Auteur : Sofian, 20 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Team papa ou team maman

Team papa ou team maman

Est-ce qu’on doit choisir un camp ? Est-ce qu’on doit être d’une, et d’une seule, tribu ? Entre son père et sa mère, doit-on vraiment opter ? Après avoir grandi à la campagne Sarah se retrouve à Liège. Elle passe d’un univers plutôt monochrome à un univers nettement plus nuancé. Doit-elle, aussi dans cette situation, épouser un monde plutôt que l’autre ?

Tracer ma route entre deux autres

Tu choisirais plutôt maman ou papa ? Probablement l’un des dilemmes les plus célèbres auquel on a tous au moins une fois été confronté. Mais si d’après André Gide (1), choisir c’est renoncer, je renonce pour ma part à faire un choix. Née d’un père marocain et d’une maman belge, j’ai assisté à l’exécution d’un contrat de compromis entre ces deux identités culturelles disparates. Je dis disparates, mais pas incompatibles et j’insiste. La communion est possible. J’en suis témoin. Pour ma part, il a bien fallu me construire une identité propre au milieu de cette diversité. Certaines choses étaient presque prédestinées, car découlant notamment du compromis matrimonial du couple dont je suis issue. Je pense par exemple à mon éducation spirituelle. Un point pour papa : je suis musulmane. À côté de ça, j’ai participé aux fêtes de fin d’année, je recevais moi aussi des friandises dans mes chaussures à l’approche du 6 décembre et je chassais les œufs dans le jardin en avril : un point pour maman. Mais mon identité ne se résume pas aux seules influences parentales. Ma propre expérience de la vie a bien évidemment activement participé à mon développement personnel : attention, entrée en jeu de mes amies.

Quelles amies ?

Mais quelles amies ? Parle-t-on ici d’Aurélie et Fanny – amies d’enfance que le temps et les choix d’études différents ne sont pas parvenus à séparer – ou parle-t-on plutôt de Marwa et Nawal, amitiés nées plus récemment dans le contexte estudiantin de la ville de Liège ? Il faut dire que mon entrée à l’université a changé beaucoup de choses. L’institution porte d’ailleurs bien son nom : université ou florilège de diversités dans lesquelles il s’agit de se faire une place. Je pense pouvoir dire qu’il y a un avant et un après l’université puisque c’est à partir de cette étape que j’ai fait de plus amples connaissances avec une autre partie de moi-même. Considérons ainsi que le premier groupe d’amis représente le côté maman, quand le second renvoie plutôt au côté papa. J’ai, dans un premier temps, passé le plus clair de mon enfance dans l’ambiance « maman ». Originaire de la campagne, je n’ai pas énormément eu l’occasion de côtoyer, en dehors de ma famille, des personnes du team « papa ». C’est ça aussi d’habiter dans les Ardennes : le calme verdoyant propose certes pas mal d’avantages, mais sa faible densité de population n’offre pas énormément d’opportunités en terme d’ouverture sur la pluralité culturelle ou sociale à laquelle on est plus vite confronté au sein d’une ville telle que Liège par exemple. Ainsi, je grandis en faisant du solfège avec Angèle et Romain, en jouant au tennis avec Axelle, en montant à cheval avec Laure, en faisant du basket avec Bruno, en peignant avec Aurélie et j’en passe. Puis vient le grand jour, celui de mon entrée dans la cour des grands. Quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir alors des jeunes filles voilées, des peaux plus colorées… Tout un arc-en-ciel humain duquel je n’ai jusqu’à lors que peu d’acquis.

Et moi ?

Dans quelle couleur vais-je me ranger ? Je suis à la fois perplexe et excitée quand je vois le panel de possibilités qui s’offrent à moi. Finalement, je décide de laisser les choses se faire naturellement. C’est comme ça que de fil en aiguille, de rencontres en éloignements, je me rends compte que je vais étudier à la bibliothèque avec Nawal, que j’aime manger dans les petits endroits où m’emmène Marwa, que je commence à apprécier cette musique que Mehdi écoute en boucle. Mais il n’empêche que mercredi prochain, je prendrai un chocolat chaud avec Aurélie, qu’on discutera de ce que sont devenues Mathilde, Authone et Justine. On se remémorera les bons souvenirs tout en en créant de nouveaux. Au fond, je ne crois pas qu’il existe de réel vainqueur à ce simulacre de compétition entre « maman » et « papa ». Je les aime autant l’une que l’autre, l’autre que l’un. Mon identité continue simplement d’éclore au rythme de mes expériences. Hier, je rencontrais Aurélie, demain je rencontrerai Marwa. Je considère ainsi ma mixité comme une richesse inestimable et je n’ai de cesse de vouloir l’accroitre. Et si je me perds parfois dans la multiplicité culturelle qui me compose, je sais au moins une chose : je me sens moins belge ou marocaine que musulmane.

André Gide (France, 1869-1951), écrivain, prix Nobel de Littérature en 1947. Pour lui, le but secret de la littérature était de “ lever l’homme au-dessus de lui-même, le délivrer de sa pesanteur, l’aider à se surpasser, en l’exaltant, le rassurant, l’avertissant, le modérant.” Découvrez les textes de cet auteur en cliquant ici.

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Auteure : Sarah, 22 ans, Liège

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Rater pour avancer

Rater pour avancer

 

Jusqu’en février 2019, Catherine, 22 ans aujourd’hui, n’avait jamais rien raté. Son parcours scolaire et universitaire était une ligne absolument droite. En février 2019, elle découvre l’échec. Plutôt que de laisser tomber, de baisser les bras et de se dire qu’elle n’arriverait jamais à rien, elle a décidé d’apprendre de cet échec.

 

0/20

Avril 2016, dernière année à l’école secondaire. Le professeur tend un 0/20 à l’élève assis à côté de moi. Déjà, les commentaires fusent : “Mais comment c’est possible ? Une interro si facile ? Si déjà ça, il ne le réussit pas, que va-t-il faire de sa vie ?” J’entends déjà ses parents le disputer le soir en rentrant : “Tu n’es bon à rien, tu dois réussir !” Réussir, voilà le maitre mot de notre société depuis quelques décennies. Tu dois réussir et surtout sans échec. Échec, ce mot glaçant qui me fait mal et que je n’aurais jamais imaginé connaitre.

Accepter l’échec

Février 2019, je suis dans mon kot à Gand et viens de recevoir un message annonçant l’arrivée des résultats. J’ouvre. Gros coup de massue, je n’ai même pas réussi la moitié de mes examens. À ce moment-là, plein de questions fusent dans ma tête : “Que dois-je faire ? Continuer à étudier à Gand ou revenir à Liège ?” Étant plutôt du style « bonne élève », voulant toujours me donner à fond dans toutes mes entreprises, je m’étais pourtant préparée au mieux à cet Erasmus(1) à Gand. « On récolte toujours le fruit de son travail », me répète-t-on souvent… alors comment est-ce possible ? Et surtout, comment accepter cela dans notre société de la performance ?
Après plusieurs mois de réflexion intense sur moi-même, j’ai fini par comprendre qu’accepter un échec n’est pas chose simple, mais est en tout cas chose très utile. Comme l’a si bien dit Nelson Mandela (2) : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». Apprendre de ses échecs… Là est la clé de la réussite. Prenons un exemple simple : un enfant apprend à marcher. Au début, il est tombé plusieurs fois avant de savoir marcher. C’est parce qu’il est tombé qu’il a su marcher. C’est parce qu’il est tombé qu’il a compris qu’il devait placer ses pieds d’une manière plutôt que d’une autre. Dans la vie de tous les jours, c’est la même chose ! Qu’on ait 15, 30, 60 ans, nous sommes tous des enfants qui devons apprendre à marcher sur le chemin de la vie, malgré les obstacles. Alors, d’autres questions se posent : pourquoi considérer que c’est mal ? Trébucher ne fait-il pas partie, au fond, de la nature humaine ?

Une société étrange

Nous vivons en fait dans une société de performances où tout est calculé, anticipé. Le défi d’aujourd’hui semble donc être de déconstruire ce schéma, d’apprendre à vivre malgré cette vitesse permanente de la société. Mais comment y parvenir ? En ce qui me concerne, j’ai lu beaucoup de livres sur le développement personnel. Le rayon « psychologique » de la Fnac ayant seulement une fonction « marketing » pour beaucoup, s’avère parfois assez utile. Mais, si ces livres peuvent servir de source d’inspiration, faut-il encore appliquer tous ces enseignements concrètement? C’est un travail de tous les jours qui, je pense, n’est jamais acquis pour personne et ce, surtout qu’on ne vit pas dans une sphère professionnelle propice à ce genre de raisonnement. Instaurer des heures de sieste au sein en entreprise (3) par exemple ne semble pas encore être un sujet à débattre… C’est non.

Mon image et moi

Septembre 2020, je suis là, assise à la table de mon salon en train de rédiger cet article. Dans quelques jours, je rentre en master 1 en droit et je remercie presque la vie d’avoir eu à connaitre cet échec. Avant Gand, j’avais le profil de la fille qui a toujours son plan en tête. Je voulais, en quelque sorte, valider une liste avec des cases à remplir et j’étais persuadée que remplir ces cases m’amenait, quoi qu’il arrive, vers la réussite. Maintenant, j’ai appris à prendre du recul, à mieux réagir aux imprévus et à me recentrer sur moi-même, à faire mon petit bonhomme de chemin sans toujours prêter attention à l’image renvoyée à la société. Cette société dont la réussite est le maitre mot.

Affronter l’échec

Que voudrais-je dire à mon collègue de classe aujourd’hui ? Je voudrais lui dire que ce n’est pas grave, car le plus important est de se poser les bonnes questions, de comprendre qu’un échec peut surement être un message pour changer quelque chose en nous. Pourquoi a-t-il raté son interro de maths et qu’est-ce qu’il devrait changer pour la réussir la prochaine fois ? Voilà la bonne question. L’important est surtout, selon moi, de ne pas faire le chemin inverse. Il ne faut pas avoir peur de son échec, mais l’affronter. Pourquoi ai-je échoué lors de mon Erasmus à Gand ? Parce que j’avais peur de l’échec, tellement peur que je m’étais collée, toute seule, une pression énorme. Pression qui a causé du stress, des insomnies et au final, qui m’a fait perdre les pédales et échouer mon année. La peur de l’échec a été la cause de mon échec …

Avancer, même si on croit reculer

Alors, à vous, jeunes et peut-être moins jeunes qui lisez mon article, je voudrais vous dire de commencer à adopter la culture de l’échec, de ne pas le craindre parce qu’il permet de se surpasser. Peu importe ce qu’en pensent les autres, peu importe qu’ils vous cataloguent sans vergogne dans la case des raté·e·s, vous devez être fières ou fiers de ce que vous êtes et de ce que vous avez surmonté et surtout ne jamais arrêter d’oser malgré tout. Tel l’a écrit Victor Hugo (4), « le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre ».

(1) Erasmus – du nom d’Érasme, (Pays-Bas, +/-1466 – 1536), prêtre et philosophe et grand voyageur qui a parcouru l’Europe pour découvrir et apprendre les différentes cultures du continent – est un programme européen qui permet aux étudiant·es des écoles supérieures ou de l’université de suivre une partie de leur dernière année ailleurs, dans un autre pays, dans une autre langue. (2) Nelson Mandela (Afrique du Sud, 1918-2013), homme d’État sud-africain. Jusqu’en 1991, ce pays fonctionnait sous les principes de l’apartheid, mot sud-africain ou afrikaans, qui signifie séparation ou mise à part. On parle ici de la séparation des Noirs et des Blancs. Les Blancs se donnant tous les pouvoirs et les Noirs n’ayant que pour seul droit celui de sous soumettre. Ce régime raciste, Nelson Mandela l’a toujours combattu et cela lui a couté cher : il a passé 27 années en prison. À sa libération en 1990, l’homme lutte pour que toutes et tous, peu importe leur couleur, aient les mêmes droits. En 1993, il recevra le prix Nobel de la Paix. En 1994, il deviendra président d’Afrique du Sud. Nelson Mandela est une personnalité absolument inspirante. Voir ce documentaire pour en savoir plus. (3) Tout le monde n’est pas d’accord sur le sujet des siestes en entreprise. Selon cet article, certaines entreprises ont remarqué que cela ne fonctionnait pas, selon cet autre article, c’est intéressant mais il vaut mieux faire une sieste de 20 minutes seulement. (4) Victor Hugo (France, 1802-1885), couteau suisse de l’intelligence et de la poésie, Victor Hugo a éclairé la France et le monde de ses romans, de ses poèmes et de ses idées. Aujourd’hui, il inspire encore et toujours d’autres artistes… Deux exemples parmi de très nombreux autres, quand Disney sort le long-métrage, “Le Bossu de Notre-Dame”, c’est à partir d’un de ses romans. C’est ce même roman qui a servi de base pour la comédie musicale “Notre-Dame de Paris”… Cette courte vidéo vous éclairera sur sa vie.

Auteure : Catherine, 22 ans, Nandrin

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Je veux de la culture

Je veux de la culture

C’était il y a un mois, une semaine, une heure. Doit-on écrire “c’était” ? Le covid est encore partout, à peine caché derrière nos masques, il pèse sur nos vies, sur nos relations, nos envies… Déshydratée par le confinement, Eloïse espère désormais qu’elle pourra, et tout le monde avec elle, épancher sa soif de culture.

Confinement

Il y a plusieurs mois, le monde s’est arrêté de tourner. Il n’y avait plus d’interactions entre les gens, les contacts sociaux étaient minimisés, les écoles avaient fermé, la culture était mise de côté. Chaque journée ressemblait à la précédente. La vie devenait monotone. Tous les jours, les cas de contamination ne cessaient d’augmenter. Malgré la difficulté de cette période, il fallait garder espoir. Il fallait continuer de rêver. C’est dans les périodes les plus sombres que l’imaginaire devient le plus indispensable. Cette pandémie mondiale permit à chacun·e de se rendre compte de la vulnérabilité de la vie.

Tout à découvrir

La vie est une chance, il faut la conserver précieusement. Chacun·e est né·e, chacun·e est là par hasard, sans rien savoir d’avant et, chacun·e, mourra sans rien savoir d’après. Pourtant, entre le point de départ et le point d’arrivée de la vie, il y énormément de choses à découvrir, à apprendre, à expérimenter. Afin de préserver la vie, nos vies, nous avons dû être solidaires, nous avons dû respecter les mesures de sécurité. La mise en pause de la société était nécessaire pour sauver un grand nombre de vies. Cependant, à cause de cette pause, l’apprentissage, la visite des musées ou de sites archéologiques, les représentations théâtrales ont dû être stoppées. C’est un drame pour les humain·e·s que de devoir mettre de côté l’art, la culture. C’est grâce à ces moyens d’expression que nous pouvons garder notre liberté.

Sortons ! (si on peut)

En allant au théâtre, nous observons différentes façons d’aborder la vie, la joie, l’amour, la tristesse, la mort, la colère, tout y passe… En allant dans les musées, nous apprenons à comprendre notre passé. En allant visiter des expositions, on voit différentes manières de représenter nos émotions… Tous les moyens d’expression, quels qu’ils soient, sont essentiels à l’enrichissement personnel. En lisant, en regardant des films, en allant au théâtre, nous nous remplissons de différentes valeurs et pensées. Grâce à la culture et à tous ces points de vue différents, nous pouvons apprendre à mieux nous connaitre. Nous pouvons retenir les valeurs transmises à travers l’art. C’est pour ces différentes raisons que la culture ne doit pas être mise de côté. Elle est notre plus grande richesse. Alors maintenant que le gouvernement nous autorise à ressortir, allez visiter des musées, au cinéma, allez voir des pièces de théâtre. Mettez votre masque et osez contribuer à la liberté de penser !

Auteure : Eloïse, 17 ans, Chaumont-Gistoux

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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