Changer avec le scoutisme

Changer avec le scoutisme

Depuis qu’elle a 6 ans, Pauline, dont le totem est Wallaroo – un kangourou vivant dans une région très précise d’Australie – fait partie des scouts. Pour elle, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, le scoutisme apporte vraiment beaucoup de savoirs, valeurs et principes … Toutes choses qu’elle n’aurait surement jamais abordées à l’école, lors d’activités extrascolaires.

La rencontre

Je suis l’ainée d’une famille de trois et j’ai toujours été quelqu’un qui prend beaucoup de place, j’aime me faire entendre, me montrer en spectacle… À la maison, j’étais le genre d’enfant qui en organisait tout le temps. En première primaire, trois personnes arrivent dans ma classe. Elles nous présentent le scoutisme, nous expliquent ce que c’est. Hyper emballée, je rentre chez moi et, surexcitée, j’explique à mes parents que je veux absolument y aller : je vais faire des cabanes dans les bois, dormir en tente pendant une semaine avec mes copains… Mes parents, ayant tous les deux aussi fait du scoutisme pendant des années, m’y inscrivent sans hésiter.

Les baladins, les louveteaux

Commence alors mon merveilleux voyage chez les scouts ! Je fais mes deux premières années chez les baladins dans la joie et la bonne humeur, avec de supers chefs et un nouvel endroit pour rencontrer des gens et rigoler. Arrive ensuite ma première année chez les plus grands, les louveteaux ! Dans ce groupe, qu’on appelle la meute, on reste quatre années alors qu’aux baladins, ce n’était que deux. Là encore, je me fais de nouveaux amis et continue dans cette show-attitude.

”Arrête avec tes je”

Un jour, je me souviens, c’était pendant une veillée de camp, on commence à chanter et à faire des petits jeux et je commence à parler beaucoup. Un des chefs me dit « Pauline arrête avec tes je, je, je le monde ne tourne pas autour de toi ! » Sur le moment, ça fait mal. Du haut de mes 8 ans, je prends ça comme une grosse claque et je ne le prends pas hyper bien. Un peu sonnée, je me tais pour le reste de la soirée. Je reste là, la gorge serrée et je n’ose en fait plus trop parler. Le lendemain, je me souviens même avoir eu une gommette orange sur le résumé de la journée d’hier (vert : très bien, orange : bof, rouge : pas bien). Ça remue encore une fois ma frustration et je n’ose plus trop parler avec les chefs.

C’est vrai

Le camp terminé, je rentre chez moi et je me rends compte qu’en fait, c’est vrai. Je prends beaucoup de place. Alors même si la phrase était plutôt violente et manquait énormément de tact, j’ai pris conscience qu’elle était vraie et que j’avais plutôt intérêt à la prendre comme une remarque constructive. À la place de ce chef, j’aurais surement dit à cette petite fille quelque chose de plus calme. Je l’aurais déjà prise à part et je ne l’aurais pas dit devant tout le monde, même si ça m’étonnerait que les autres se soient sentis concernés. J’en aurais parlé avec elle, je lui aurais sans doute demandé comment elle se percevait… J’ai donc appris à prendre le temps d’écouter, à faire plus de place aux autres, à prendre en compte les avis et à réaliser que chacun d’eux comptait. Le scoutisme, c’est vraiment l’endroit qui m’a donné des tas d’expériences, des valeurs à suivre et à adopter. Aujourd’hui, je me rends compte que malgré tout, ce chef avait raison. Grâce à lui, j’ai évolué, je suis aujourd’hui plus apaisée.

Encore des rencontres

Chez les éclaireurs, après les louveteaux, j’ai aussi rencontré beaucoup de personnes de mon âge et tout en apprenant des idées des autres, j’ai pu échanger. J’ai fait tellement de rencontres grâce aux scouts et j’ai appris tellement de choses en écoutant davantage les autres ! Beaucoup expliquent que le scoutisme les a ouvert aux autres, beaucoup sont devenus plus sociables. Ils étaient timides et sont maintenant plus à l’aise avec les échanges. Pour moi, c’est un peu la même chose au final, le scoutisme m’a appris à prendre en compte la parole de l’autre, à équilibrer la place que je prends dans la société. De près ou de loin, le scoutisme nous apporte à tous et toutes des valeurs essentielles de la vie de tous les jours, demandez à n’importe quel scout ce qu’il a retenu de son expérience, et vous n’en tirerez certainement que du positif ! Merci les scouts <3 !

Auteure : Pauline, 17 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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L’Homme n’est-il qu’une brute ?

Lalie est préoccupée par ce qui se passe, ou ne se passe pas dans le monde. Tracassée par l’intolérance, par le manque de compassion ou de compréhension. Elle nous propose un texte appuyé d’un terrible exemple, la catastrophe en cours des Ouïghours.

Un monde de différences

Aujourd’hui, la terre est criblée d’injustices. Que ça soit par rapport aux femmes, aux religions, à l’orientation sexuelle… La différence, pour certains, c’est anormal. Mais c’est quoi être normal ? Par définition, quelque chose qui est normal est conforme à la norme. Si quelqu’un n’est pas comme toi, peu importe le fond ou la forme, il n’est pas anormal, il est différent. Pour moi, en tant que jeune et future citoyenne responsable, il est de notre devoir de nous construire un esprit critique et d’être défenseuse de nos droits. Ce sont d’ailleurs des grands principes et valeurs que prônent le système scolaire : dans certains cours, on nous apprend à voter de manière sensée, à refuser toutes les discriminations. Se construire un esprit critique, ça ne veut pas dire médire de quelqu’un ou de ses convictions. Là est donc la différence : reconnaitre ce qui est bien ou mal et agir en conséquence ou rabaisser quelqu’un en confrontant nos idées aux siennes.

La différence, ça se cultive

Malheureusement, cette nuance n’est pas faite par tout le monde et encore moins dans tous les pays. Ce qui entraine donc des frustrations, des inégalités et parfois même du terrorisme. La différence est une richesse pour soi, pour les autres, pour la société. La différence ne devient un problème que si elle fait peur. Par exemple, lors de travaux de groupes à l’école, je trouve que le projet sera beaucoup plus original et créatif si nous avons des personnalités opposées dans le groupe. Si nous sommes tous pareils à penser la même chose, il y en aura un qui fera tout le travail et les autres seront juste d’accord. Mais il n’y aura pas d’échanges. S’il y a des gens avec des idées ou des caractères différents, il y aura des débats, des désaccords, et cela amène à une réflexion plus poussée et donc à un enrichissement.

Un exemple très concret : l’extermination d’une communauté au XXIe siècle

Récemment, j’ai vu une vidéo d’une femme ouïghour sur les réseaux sociaux. Celle-ci racontait tout ce qu’elle avait subi dans un camp de concentration pour Ouïghours en Chine. Là-bas, les femmes étaient séparées de leurs enfants ou devaient carrément avorter si elles en attendaient un. Quand ces femmes osaient parler leur propre langue, les autorités chinoises leur infligeaient de graves punitions, allant parfois jusqu’à la mort. Bien évidemment, cela n’est pas reconnu par la Chine. Pour elle, ces camps sont comme des camps de redressement. Si cela vous intéresse d’en savoir plus, je vous invite à aller voir ce témoignage. Malgré les campagnes et les manifestations, la Chine n’a rien fait pour démanteler les camps. Je pense que si plusieurs nations s’alliaient pour faire bouger les choses, on pourrait peut-être y arriver. C’est sûr que c’est plus facile de fermer les yeux et de faire comme si on n’était pas au courant. Mais si c’était notre famille, on remuerait ciel et terre pour que ça s’arrête.

Qu’est-ce que je peux y faire ?

Je vous avoue qu’à notre échelle, je ne sais pas ce qu’il est possible de faire. Mais en tout cas, rester indifférente face à cette situation, me rend malade. Parfois je me dis que même si ce monde est faux, on a quand même de la chance de ne pas avoir connu la guerre, les camps d’extermination. Parfois, cela m’inquiète et je me demande si cela ne nous arrivera pas un jour. Mais en fait, ce qu’il se passe là-bas ou ailleurs en ce moment, c’est pareil. Le gouvernement chinois tente d’éradiquer cette population, peu importe le fond ou la forme.

Ne pas suivre le mouvement

Voilà pourquoi il est important de ne pas suivre le mouvement pour tout. Il faut se construire notre propre opinion et défendre nos idées de façon pacifique de sorte que l’existence de ces camps, de sorte que l’indifférence cesse ainsi que la haine et la violence qui les accompagnent. Nous faisons des manifestations pour plein de causes, pourquoi ne pas manifester encore plus pour les Ouïghours ? Enfin, je suis certaine que si chacun y mettait un peu du sien, les personnes jugées anormales pourraient devenir, aux yeux de leurs bourreaux, différentes. Elles seraient alors acceptées car la différence est une richesse. Lorsque tout le monde comprendra cela, nous deviendrons tous bien plus riches. Alors s’il vous plait, devenez défenseur de vos droits et construisez-vous un esprit critique afin que ce genre de camps et de discriminations cessent.

Auteure : Lalie, 17 ans, Comblain-au-pont

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Médias et identité

Médias et identité

Marcher droit, respecter les normes, rentrer dans le cadre, suivre le troupeau, se faire avoir, accepter, renoncer à qui on est, se fondre, s’oublier, se morfondre, se soumettre, s’oppresser … Ce ne sont plus des mots pour Valeria. Furieuse contre les médias, furieuse de la majorité qui étouffe, elle prend son clavier et nous offre une page légitimement contestataire !

Noyée

Qui suis-je ? Que suis-je ? Comment arriver à me représenter différemment dans une société où on veut que tout le monde soit pareil et se nourrisse des mêmes informations ? J’ai l’impression que les médias m’oppressent, me désaccordent. Ils voudraient que je me reconditionne en une personne que je ne suis pas et que je ne veux pas devenir. Je sens les masses vouloir me pousser et m’écarter. J’ai l’impression que la seule façon de ne pas être exilée, c’est de se laisser prendre par ce troupeau de moutons entêtés. Je crains les foules comme elles me craignent jusqu’à en faire des crises d’angoisse, je préférais donc finir seule plutôt que de les suivre. Quoi de plus facile que de former la masse pour la manipuler, ensuite, à sa guise ?

Les médias …

Les médias ne reflètent que la partie émergée de l’iceberg, c’est-à-dire qu’ils ne véhiculent que des informations qui leur ont été transmises et pour moi, les journalistes ne connaissent qu’une version des faits qu’ils modifient eux-mêmes avant de les diffuser. De plus, certain·e·s cherchent plutôt le buzz médiatique et parlent souvent de l’aspect négatif d’UNE partie d’UNE certaine information. Ils et elles sont devenu·e·s la courroie de transmission de manipulations gouvernementales sans même forcément en avoir conscience. Qu’est-ce vraiment « une information vérifiable » alors ?

… et moi ?

Depuis que je me suis éloignée de l’emprise médiatique, j’ai pu ainsi me construire, devenir, réagir. À présent, chacun de mes battements est militant en tant que femme, métisse et queer. J’existe et assume fièrement cette partie de mon identité dont je ne peux me délier. Cela devrait être le cas pour la partie de la population qui me ressemble mais comment être certain d’avoir le droit d’être fier ou fière lorsqu’on n’arrive pas à se reconnaitre dans les yeux des médias ? Médias qui devraient pourtant représenter le peuple tel qu’il est. Au lieu de cela, ils parviennent à flouter la réalité, à vouloir en créer une nouvelle, qui n’est pas réelle. La diversité dans les médias est primordiale mais, pour moi, moins absente. Cela implique le problème des représentations approximatives. Ainsi, le mariage homosexuel a amené un grand débat médiatique alors que les informations n’étaient pas livrées par des représentants propres à cette cause. Serait-ce trop d’espérer une mixité dans les représentations médiatiques à l’heure d’aujourd’hui ?

Renverser la tendance médiatique

Je me pose beaucoup de questions auxquelles je ne suis pas sure d’obtenir les réponses. Je me demande comment renverser les masses qui m’ont elles-mêmes marché dessus. Je pense que c’est le cas pour un bon nombre de jeunes qui, comme moi, veulent renverser cette tendance médiatique. Nous nous sentons accablés par ce surplus d’informations, souvent diffamatoires, notamment en ce moment suite aux récents attentats en France et aux informations constantes liées au covid. Peut-être verrons-nous le jour d’une réforme où on garantirait la mixité dans les médias ? Une réforme qui pourrait aider à rétablir une confiance entre la population et ceux qui les représentent journalistiquement. Les masses resteront puisque, comme le disait Aristote , « l’Homme est un animal social ». Mais si le public avait des représentations médiatiques diverses auxquelles il parviendrait à s’identifier, je pense que l’harmonie se dégageant de la vie et de la cohabitation entre êtres humains ne serait que plus belle.

 

Des textes pour aller plus loin !

Les questions soulevées par Valeria ont été abordées par différents organismes. L’ASBL Média Animation a proposé un grand dossier intitulé Médias sans frontières autour de la représentativité des minorités dans les médias. Femmes Plurielles, le magazine des Femmes Prévoyantes Socialistes a traité de la représentation de l’homosexualité dans les médias. En octobre 2020 Emma Mestiner, journaliste à la RTBF a proposé un article autour de la question du genre dans les médias. Elle explique et reprend les grandes lignes d’une étude du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel autour de la question de l’égalité du genre dans les métiers de l’audiovisuel au sein de la RTBF, RTL Belgium et les chaînes de télévisions locales.

Auteure : Valeria, 19 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Trouver sa voie dans le monde

Trouver sa voie dans le monde

Louis à 20 ans. En 2019, il a obtenu son certificat d’enseignement secondaire supérieur. Après, il s’est lancé dans une première année d’étude dans le supérieur et en informatique. Peu intéressé par les cours, lassé par ces études, il a cherché une nouvelle voie.

S’orienter

Au final, je suis désintéressé par l’informatique et je ne me vois pas du tout passer mes journées derrière un PC. Même si, déjà durant mes secondaires, je suivais l’option informatique pendant mes secondaires, je réalise que cela ne m’intéresse plus et je commence à chercher de l’emploi. Je postule pour tout et n’importe quoi du genre Colruyt, magasinier, vendeur, apiculteur, pompier, militaire etc. Conscient que j’étais en train de me perdre, je passe plusieurs entretiens d’orientations. Je réalise que je ne suis pas vraiment prêt pour le monde de l’emploi et que je dois plutôt reprendre des études. Par ailleurs, j’étais assez démotivé et je ressentais une perte de confiance en moi qui m’empêchait de reprendre directement des études. C’est là que j’ai découvert le Service citoyen (1). Je suis allé à la journée porte ouverte de ce service et je savais déjà que j’allais m’engager pour découvrir où cela allait me mener et franchement, je suis assez satisfait.

Travailler

À travers ma mission de vendeur aux Petits Riens (2) d’Ixelles, j’ai pu comprendre ce qu’était le monde du travail. Grâce à cela, j’ai pu avoir une autre occupation que les jeux vidéo et les animes japonais. Avec la crise du covid-19 ma mission principale a été interrompue. J’ai donc ensuite choisi de travailler pour la Croix-Rouge afin de les aider à gérer la distribution de repas pour les bénéficiaires et veiller à ce que ceux-ci soient bien informés. Avant et après chaque distribution il y a un brief et un debrief en équipe. Le premier sert à répartir les tâches : la gestion de la file, de la cantine, la distribution de masques … Ensuite, à la fin de chaque distribution, on débriefe ensemble. On s’assure que tout le personnel n’a eu aucun problème et on fait le point. Tout le monde a le droit à la parole et chacun est écouté afin d’améliorer des choses. Il y a un grand esprit d’équipe et la communication est très présente.

La route sera encore longue

J’ai trouvé une occupation afin d’améliorer le quotidien de personnes dans le besoin et j’en suis satisfait. Par contre, cela ne m’éclaire pas vraiment pour un métier car je manque un peu de courage pour me lancer dans quelque chose. Et puis, excepté le français, j’ai des lacunes en langues. Je suis passé de inquiet à indifférent, donc autant s’occuper et trouver des gens sympas comme le personnel de la Croix-Rouge. Naturellement, comme je me suis engagé auprès des Petites Riens, j’y retournerai afin de terminer ma mission principale. Le service-citoyen est un moyen pour moi de m’occuper pendant mes journées et de gagner un peu d’expérience pratique. Je ne me vois pas travailler dans l’informatique suite à cela et j’espère trouver un métier qui n’a d’ailleurs pas de liens avec ça et qui me plaira !

(1) Le Service Citoyen propose aux jeunes de 18 et 25 ans de vivre une expérience enrichissante, constructive et valorisante. Durant six mois, les participant·e·s suivent petites et grandes formations et réalisent une mission au sein d’une association.
(2) L’ASBL Les Petits Riens a été créée en 1937 par Édouard Froidure, résistant, militant et prêtre catholique. Elle a pour mission de lutter contre l’exclusion sociale et la pauvreté. Pour y arriver, elle collecte, trie et vend vêtements et objets. Cela permet de proposer un travail à des personnes pas forcément qualifiées et de financer des actions contre la pauvreté, l’exclusion sociale.

Auteur : Louis, 20 ans, Bruxelles

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Année sabbatique, année gagnée !

Année sabbatique, année gagnée !

À en croire certains bruits familiaux, les conseils des sages ou certaines assemblées bien pensantes, l’année qui suit les études secondaires ne peut être qu’une nouvelle année d’étude, dans le supérieur cette fois. Il s’agit de savoir, très tôt, très vite, tout de suite ou carrément pour hier, quel est le chemin vers le monde professionnel … Maëlle n’est pas du tout d’accord avec ça. Elle nous explique pourquoi !

Se donner le temps pour mieux choisir

Aaah, cette époque bénie dont on se souvient comme de celle de la liberté et de l’indépendance. Sortant des longues années d’obligations scolaires, la vie, enfin, s’offre à nous ! Enfin, ça c’est l’image qu’on a de la fin des secondaires avant de la vivre. Désormais, la perspective de cette étape est source d’anxiété et d’une myriade de questions. Le nombres de cursus d’études supérieurs ne cesse d’augmenter, de plus en plus d’universités étrangères sont accessibles … La diversité actuelle n’a rien à voir avec celle que nos parents ont connue. De plus, on pense être libre mais on est attaché·e aux normes de notre classe sociale, aux désirs de nos parents. Certains, par exemple, doivent se former pour reprendre l’entreprise familiale, d’autres doivent directement travailler pour gagner leur vie … Au moment de commencer, tout le monde n’a pas le même nombre de pommes dans son panier.

Mon chemin

Je ne vais pas comparer tous les cas, lister les inégalités dont j’ai conscience. Aujourd’hui, je vais vous parler de mon expérience et de mes interrogations. Je suis sortie des secondaires l’année passée, pendant cette funeste année entachée par le virus. Bonne élève, toutes les portes s’ouvraient à moi. Seul problème : aucune illumination ne m’était apparue quant à la voie que je devais prendre. Celle des études me paraissait peu attrayante, sans attrait pour une matière en particulier. S’ouvre alors le chemin de l’année « sabbatique » : année dédiée à la découverte de soi, à l’expérience de la vie et à la recherche de sa destinée.

Une année « off »

Mon but est d’expérimenter le travail dans les deux domaines qui me tiennent à cœur : le social et l’artistique. Après quelques recherches et tergiversations, je commence mon Service Citoyen. Je commence donc à travailler en tant que bénévole dans un centre social. Ainsi, je vais donner six mois à la communauté tout en me formant et en cherchant mon chemin. Magnifique projet vous ne trouvez pas ? Ce n’est pas l’avis de tous. De nombreuses personnes sont peu convaincues et tiennent le discours suivant : « Cette année, c’est une année de perdue dans ton parcours universitaire. Une année de plus qui te sépare du monde du travail. Une année où il n’y a pas de réussite à la clé et où l’investissement et le travail ne sont pas mesurables par des points. Une année où tu ne dois pas te battre pour gagner ta vie. » Tout cela sont des faits que je ne réfute pas. Je demande seulement de penser aux réalités que traversent les jeunes qui entament des études supérieures.

« Rater » sa première année

N’entendez vous pas le nombre grandissants d’étudiant·e·s qui ratent leur première année, l’ arrêtent en vol, changent de cursus après deux ans ? Ces jeunes aussi ont « perdu » du temps dans leur parcours universitaire, professionnel, etc. Et je ne parle pas de celles et ceux qui ont arrêté parce que c’était compliqué mais bien de celles et ceux qui n’avaient pas la motivation nécessaire pour rester sur les rails qu’ils ou elles avaient pris. Sur le papier, ces années ne valent rien.

Étudier plutôt que de prendre le temps

Pourtant on va pousser les jeunes incertains à plonger dans des études, peu importe lesquelles. « Au pire, tu changes ! », ai-je entendu dire. Ne vaut-il pas mieux goûter à la réalité de la vie professionnelle pour comprendre l’utilité de faire des études et assurer ses choix ? Le temps passé à découvrir la suite nous évite de « perdre » du temps plus tard. Mieux vaut utiliser son temps dans des projets et une démarche qu’on a choisie que de se faire du mal à cause de choix hasardeux.

La préciosité du temps de la jeunesse

Pourquoi nous presse-t-on autant à décider vite ? Une fois sur une voie qu’on aime, on aura toute notre vie pour la suivre. Tout le monde reconnaît que la période de transition entre l’adolescence et la vie d’adulte est précieuse et unique. Alors pourquoi vouloir immédiatement et obligatoirement envoyer les jeunes dans des chemins préconstruits ? Je m’adresse à vous, jeunes à qui on demande de faire un choix mais aussi à vous, parents soucieux pour vos enfants : mieux vaut choisir bien que choisir vite ! Refusez de suivre le troupeau par facilité. Découvrez, essayer, apprenez ce que vous aimez puis, ensuite, décidez ! Vous prendrez plus de plaisir par la suite en ayant pris le temps avant…

Dans deux semaines, ça fera trois mois que je travaille en tant que bénévole et même si les temps ne sont pas les meilleurs, je suis plus heureuse de me lever le matin que quand je le faisais pour aller à l’école. J’observe comment les choses fonctionnent autour de moi, apprends et découvre ce qui me plait ou non. Petit à petit, je me positionne et oriente mes envies et mes choix pour plus tard. Je ne regrette pas un instant mes décisions car je sens que, quoi que je choisisse de faire après cette année, je le ferai en connaissance de cause.

 

Dans ce documentaire de l’émission Thalassa, Elisa – 18 ans – s’envole pour la Thaïlande pour vivre, elle aussi, une année sabbatique.

Auteure : Maëlle, 18 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Ma découverte de l’art

Ma découverte de l’art

Loïc aura eu besoin d’un peu de temps pour découvrir et aimer l’art. Aujourd’hui, musique, musées, tout y passe ! Plus encore, cela peut nous rapprocher les unes des uns et des autres et nous faire voyager dans le temps.

Pas fan à la base

Quand j’étais enfant, je détestais les musées. Je me sentais oppressé. Oppressé par un savoir qui me dépassait. Alors, au lieu de focaliser mon regard sur les peintures, j’observais minutieusement les visiteuses et visiteurs, se pavanant de tableau en tableau. Ils et elles bougeaient, parlaient, respiraient. Les tableaux, eux, restaient muets et ça ne me convenait pas.

L’art c’est le …

Durant mon adolescence, j’ai suivi une longue formation de piano classique. Comme j’étais d’un naturel studieux, mon niveau évoluait rapidement, mais cet apprentissage restait de l’ordre du simple loisir et non de la véritable passion. À la fin de mon cursus secondaire, deux évènements concomitants remirent en question ma relation avec les beaux-arts. Lors de la dernière heure de cours d’un vendredi pluvieux, une dissertation, un travail d’écriture, d’argumentation et de réflexion est à l’ordre du jour. Il s’agit de commenter en quelques lignes une citation de Malraux (1) : « L’art, c’est le chemin le plus court de l’homme à l’homme ». Sur le moment même, ce postulat, cette déclaration n’a pas retenu mon attention… Ce qui ne l’empêcha pas, les jours suivants, de résonner dans ma tête. À la même époque, je découvre par hasard que les concerts de l’Orchestre Philharmonique de Liège sont gratuits pour les jeunes (2). Suite aux recommandations d’un ami mélomane, qui me disait que « j’allais regretter toute ma vie de ne pas profiter de cette opportunité », je décide donc de m’y rendre, non sans appréhension.

Je commence à comprendre

Progressivement, mon aversion envers l’art s’est estompée. Il m’a fallu du temps pour mettre des mots sur ce mystérieux changement de paradigme, de point de vue. En réalité, je me rendais compte que l’art était profondément humain, qu’il connectait les Hommes dans le temps et dans l’espace. À l’heure de la consommation effrénée des mass-médias, du règne de l’instantanéité, quelques tableaux, quelques œuvres, ont traversé les siècles. Ces petits fragments d’éternité participent à la création d’un monde commun qui résiste au passage du temps et n’est plus soumis au rythme de la nature. Plusieurs générations qui m’ont précédé se sont également retrouvées face à cette œuvre. Elles ont éprouvé des émotions. Elles ont exercé leur faculté de jugement, de gout. Cette permanence me fascine.

L’art nous rassemble

L’art nous relie aussi dans le présent. Des femmes et des hommes des quatre coins de la planète se bousculent aux portes des musées. Notre premier réflexe, lorsque nous aimons une œuvre, est souvent de susciter un débat, d’essayer de faire naitre chez autrui l’expérience émotionnelle que nous avons ressentie. « As-tu vu le dernier film de Quentin Tarantino (3) ? Il est génial » « Écoute le dernier album de Cabrel (4), c’est incroyable » « Regarde cette peinture, elle est magnifique ». L’art est donc une expérience publique, il sert de socle au dialogue, et crée des passerelles entre les humains. Aujourd’hui, j’ai 20 ans, et quand je rentre dans un musée, les tableaux bougent, parlent et respirent.

1. André Malraux (France, 1901-1976) avait plus d’un chapeau sur la tête. À 18 ans, il publie un premier livre Lunes en papier; à 20 ans, après s’être marié, il est arrêté et emprisonné au Cambodge, un pays d’Asie du Sud-Est pour trafic d’art. Après avoir été libéré grâce aux soutiens du monde littéraire français, il s’engage dans un premier contre la colonisation, de nombreux autres suivront, notamment contre le fascisme. En 1933, il gagne le prix Goncourt pour son roman La condition humaine. Soldat pendant la seconde guerre, il est fait prisonnier, s’évade et rejoint la résistance. Après guerre, il écrit encore et toujours et s’engage en politique. Durant neuf ans, il sera ministre des Affaires culturelles. .
2. On espère que ce sera toujours le cas pour les moins de 16 ans quand se terminera cette drôle de période.
3. Quentin Tarantino (USA, 1963) est un cinéaste américain. Dans ses films, souvent très violents, comme Pulp Fiction, ou Django Unchained, il apporte un grand soin aux dialogues, aux choix musicaux. Plutôt présentés comme des livres, ils sont découpés en chapitres et non en parties.
4. Francis Cabrel, (France, 1953), est un auteur-compositeur-interprète très populaire. On lui doit, par exemple, le morceau La Corrida, titre contre cette lutte, assez particulière, entre l’homme et le taureau. 

Auteur : Loïc, 20 ans, Flémalle

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