À en croire certains bruits familiaux, les conseils des sages ou certaines assemblées bien pensantes, l’année qui suit les études secondaires ne peut être qu’une nouvelle année d’étude, dans le supérieur cette fois. Il s’agit de savoir, très tôt, très vite, tout de suite ou carrément pour hier, quel est le chemin vers le monde professionnel … Maëlle n’est pas du tout d’accord avec ça. Elle nous explique pourquoi !

Se donner le temps pour mieux choisir

Aaah, cette époque bénie dont on se souvient comme de celle de la liberté et de l’indépendance. Sortant des longues années d’obligations scolaires, la vie, enfin, s’offre à nous ! Enfin, ça c’est l’image qu’on a de la fin des secondaires avant de la vivre. Désormais, la perspective de cette étape est source d’anxiété et d’une myriade de questions. Le nombres de cursus d’études supérieurs ne cesse d’augmenter, de plus en plus d’universités étrangères sont accessibles … La diversité actuelle n’a rien à voir avec celle que nos parents ont connue. De plus, on pense être libre mais on est attaché·e aux normes de notre classe sociale, aux désirs de nos parents. Certains, par exemple, doivent se former pour reprendre l’entreprise familiale, d’autres doivent directement travailler pour gagner leur vie … Au moment de commencer, tout le monde n’a pas le même nombre de pommes dans son panier.

Mon chemin

Je ne vais pas comparer tous les cas, lister les inégalités dont j’ai conscience. Aujourd’hui, je vais vous parler de mon expérience et de mes interrogations. Je suis sortie des secondaires l’année passée, pendant cette funeste année entachée par le virus. Bonne élève, toutes les portes s’ouvraient à moi. Seul problème : aucune illumination ne m’était apparue quant à la voie que je devais prendre. Celle des études me paraissait peu attrayante, sans attrait pour une matière en particulier. S’ouvre alors le chemin de l’année « sabbatique » : année dédiée à la découverte de soi, à l’expérience de la vie et à la recherche de sa destinée.

Une année « off »

Mon but est d’expérimenter le travail dans les deux domaines qui me tiennent à cœur : le social et l’artistique. Après quelques recherches et tergiversations, je commence mon Service Citoyen. Je commence donc à travailler en tant que bénévole dans un centre social. Ainsi, je vais donner six mois à la communauté tout en me formant et en cherchant mon chemin. Magnifique projet vous ne trouvez pas ? Ce n’est pas l’avis de tous. De nombreuses personnes sont peu convaincues et tiennent le discours suivant : « Cette année, c’est une année de perdue dans ton parcours universitaire. Une année de plus qui te sépare du monde du travail. Une année où il n’y a pas de réussite à la clé et où l’investissement et le travail ne sont pas mesurables par des points. Une année où tu ne dois pas te battre pour gagner ta vie. » Tout cela sont des faits que je ne réfute pas. Je demande seulement de penser aux réalités que traversent les jeunes qui entament des études supérieures.

« Rater » sa première année

N’entendez vous pas le nombre grandissants d’étudiant·e·s qui ratent leur première année, l’ arrêtent en vol, changent de cursus après deux ans ? Ces jeunes aussi ont « perdu » du temps dans leur parcours universitaire, professionnel, etc. Et je ne parle pas de celles et ceux qui ont arrêté parce que c’était compliqué mais bien de celles et ceux qui n’avaient pas la motivation nécessaire pour rester sur les rails qu’ils ou elles avaient pris. Sur le papier, ces années ne valent rien.

Étudier plutôt que de prendre le temps

Pourtant on va pousser les jeunes incertains à plonger dans des études, peu importe lesquelles. « Au pire, tu changes ! », ai-je entendu dire. Ne vaut-il pas mieux goûter à la réalité de la vie professionnelle pour comprendre l’utilité de faire des études et assurer ses choix ? Le temps passé à découvrir la suite nous évite de « perdre » du temps plus tard. Mieux vaut utiliser son temps dans des projets et une démarche qu’on a choisie que de se faire du mal à cause de choix hasardeux.

La préciosité du temps de la jeunesse

Pourquoi nous presse-t-on autant à décider vite ? Une fois sur une voie qu’on aime, on aura toute notre vie pour la suivre. Tout le monde reconnaît que la période de transition entre l’adolescence et la vie d’adulte est précieuse et unique. Alors pourquoi vouloir immédiatement et obligatoirement envoyer les jeunes dans des chemins préconstruits ? Je m’adresse à vous, jeunes à qui on demande de faire un choix mais aussi à vous, parents soucieux pour vos enfants : mieux vaut choisir bien que choisir vite ! Refusez de suivre le troupeau par facilité. Découvrez, essayer, apprenez ce que vous aimez puis, ensuite, décidez ! Vous prendrez plus de plaisir par la suite en ayant pris le temps avant…

Dans deux semaines, ça fera trois mois que je travaille en tant que bénévole et même si les temps ne sont pas les meilleurs, je suis plus heureuse de me lever le matin que quand je le faisais pour aller à l’école. J’observe comment les choses fonctionnent autour de moi, apprends et découvre ce qui me plait ou non. Petit à petit, je me positionne et oriente mes envies et mes choix pour plus tard. Je ne regrette pas un instant mes décisions car je sens que, quoi que je choisisse de faire après cette année, je le ferai en connaissance de cause.

 

Dans ce documentaire de l’émission Thalassa, Elisa – 18 ans – s’envole pour la Thaïlande pour vivre, elle aussi, une année sabbatique.

Auteure : Maëlle, 18 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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