À quoi je sers ?

À quoi je sers ?

Dans le parcours d’une personne, l’adolescence est – probablement – un moment où les réponses trouvées aux questions permanentes sont le moins satisfaisantes. Difficile de trouver le chemin vers la fin du doute. Ce sentiment de malaise, de mal-être est parfois appelé spleen(1).

Sombre période

Tout a commencé l’hiver de ma quatrième secondaire. À cette époque, sans le savoir, je suis tombée dans une période sombre de mon adolescence. J’étais perdue… En tête, j’avais sans cesse les mêmes questions : “Qu’est-ce que je fais là?”, “Est-ce que j’apporte vraiment quelque chose sur cette terre?” À cela s’est ajouté un sentiment d’incompréhension de la part des autres. Je ne me sentais pas bien mais je ne savais pas d’où cela venait ni comment faire pour régler ce mal-être. J’en ai parlé avec quatre ou cinq personnes de mon entourage. Elles m’ont beaucoup aidée, m’ont témoigné qu’elles avaient traversé des phases similaires dans leur vie. Cela m’a permis de garder la tête haute. Je me suis alors sentie moins seule, d’autres personnes avaient déjà vécu ce mal-être et s’en étaient sorties.

Parler avec les parents ?

Je n’avais pas spécialement envie d’en parler avec mes parents : la communication entre nous est souvent difficile. Je ressens de l’incompréhension de leur part. Benjamine de la famille, j’ai souvent été réduite au silence. Ils m’ont toujours perçue comme “la petite”. Au fond de moi, j’aurais aimé réussir à leur exprimer ce que j’avais sur le coeur. Un jour ma maman m’a surprise en train de pleurer en entrant dans ma chambre. Elle m’a posé des questions pour savoir ce qu’il se passait. Je ne sais plus trop ce que je lui ai répondu. Je me rappelle lui avoir demandé d’envisager la possibilité d’aller voir un psychologue. Elle m’a répondu : “Je ne peux pas t’emmener voir un psychologue si je ne sais même pas ce que tu as”.

Se connaitre seule ?

À partir de ce moment-là, j’ai dû admettre que j’allais devoir faire avec les moyens du bord et que, malgré l’aide que les autres pouvaient m’apporter, ce combat, j’allais devoir le mener seule. Avec le temps, j’ai compris que j’allais devoir lâcher prise sur tous mes questionnements et accepter que je n’aurais pas une réponse à tout. Si je suis là et que j’ai la chance d’être en vie, il faut que j’en profite à fond au lieu de m’accabler sur mon sort. La vie est trop courte pour ne pas la vivre au maximum. À 17 ans, je ne me sens pas encore sortie de l’adolescence, j’apprends petit à petit à me comprendre mais également à savoir sur quoi porter mon attention. J’essaye de comprendre ce qui m’arrive et de régler mes problèmes plutôt que de laisser faire le temps. Je veux surtout sortir de l’adolescence grandie.

En français, la signification du mot anglais, spleen est « rate », un organe du corps. Selon la Théorie des humeurs du médecin Hippocrate de Cos (Grèce 373-460), la rate déversait un liquide qui provoquait la mélancolie, la tristesse.

Auteur : Clara, 17 ans, Jupille

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Solitude, adolescence et anorexie

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Le parcours de Jacky est compliqué. Elle se sent profondément différente des autres, de toutes et de tous les autres alors, elle s’isole. Cette différence, elle l’explique par une éducation particulière. Cette différence la plongera aussi dans l’anorexie.

Le groupe

Au début, dans un groupe, je me sens bien. Ensuite, mes opinions finissent par diverger de celles des autres. Je finis alors, à un moment ou l’autre, par faire semblant. Parfois, il y a même des gens avec qui je ne peux pas m’empêcher de m’énerver. Leurs actes ou même simplement leur présence me donnent une énergie négative et emportent tout sur son passage, même la raison. C’est cette énergie négative qui donne lieu à mes cris. Dans ces moments-là, j’ai toujours raison et je prends tout le monde pour des cons. D’un autre côté, je me sens impuissante, ce sentiment, ces sensations me sont désagréables. Je suis comme emprisonnée dans mes émotions. Ce qui m’envahit ensuite est une immense tristesse et je ne sais pas comment m’en défaire.

Papa

Ce sentiment de mal-être dans un groupe provient de mon éducation. Mon papa m’a éduquée d’une manière très personnelle et adaptée à son mode de vie. Il a une vision de la vie assez unique et me l’a transmise, malheureusement peut-être. Très solitaire, il vit seul, ne partage pas ses sentiments avec les autres. J’ai donc développé un caractère assez similaire. En général, quand les autres essayent de m’aider, cela m’encombre.

Près du gouffre

Pour moi, l’adolescence est une période de recherches et de chamboulements. L’état de crise qui y est lié est souvent provoqué par un problème de taille et remet tout en question. De là, notre confiance en nous s’effondre et les idées néfastes nous suivent. Pour moi, ce problème a été l’anorexie. Ce sentiment de colère et de non-appartenance à un groupe me colle à la peau depuis. Le rétablissement est long… Je vois encore souvent la peur dans les yeux de ma mère, persuadée que je me suis laissé mourir à petit feu, au fur et à mesure des kilos perdus. Mon père, mon frère et ma soeur se sont sentis impuissants face à mon corps squelettique. Mais il y a eu surtout cette solitude, cette tristesse qui amènent l’envie de mort. Quand on s’en sort, on a peur. J’ai l’impression que je ne serai plus capable de rien. J’ai aussi constaté que tout s’était effondré autour de moi.

Merci Covid

Cette période a duré un an, un an d’incertitude. Cette année m’a permis d’évoluer, de me connaitre, me reconnaitre après une déconnexion totale de mes émotions. J’avançais sans le vouloir, sans comprendre où j’allais. Ma famille et mon entourage m’ont beaucoup aidée, même si mon comportement était exécrable. Mais je continuais de progresser vers un mieux sans m’en rendre compte vraiment. C’est grâce au confinement, qui a été un moyen de me concentrer sur mon état actuel, que mon évolution s’est accélérée. Après 12 mois de recherche, je suis devenue plus stable. Même si je sais que l’apprentissage de ma vie ne s’arrête pas là.

Pour aller plus loin sur ce sujet, pour découvrir la réalité de la maladie, l’association Annorexie-boulimie.be, informe, soutient, aide et oriente les personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires. Les personnes qui s’en occupent ne sont pas des thérapeutes professionnel·le·s, mais offrent une écoute attentive aux personnes touchées par l’anorexie ou la boulimie. L’association, enfin, oriente vers les intervenants nécessaires pour triompher de ce combat.

Auteure : Jacky, 16 ans, Jupille

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Je n’aime pas mon corps

Je n’aime pas mon corps

C’est à l’adolescence que Violette a arrêté de s’aimer comme elle était… Elle a vu son corps se transformer, elle a grossi. Aujourd’hui âgée de 18 ans, elle croit toujours que les gens la regardent de travers, elle a l’impression, constante, qu’on parle sur son dos.

Miroir de l’angoisse

Quand je me regarde dans le miroir, je n’aime pas l’image qu’il me renvoie. J’ai l’impression d’y voir un petit ange et un petit démon sur chacune de mes épaules. Le démon dit : “T’as des grosses cuisses, t’as des bras poilus, ta robe ne te va pas”. L’ange lui répond: “N’écoute surtout pas le démon ! Mets ta robe, tu seras belle dedans !”. Mais, toujours, c’est le démon que j’écoute et, malgré le fait que ma soeur me dise qu’elle me va bien, la petite robe reste dans l’armoire. J’aimerais être bien habillée, me sentir bien dans mes habits mais je n’y arrive pas.

Je n’assume pas…

Une fois, une fille m’a regardée dans la cour. Elle a dit: “Oh regardez ses bras!”. Depuis lors, je les cache. Pour moi, c’est normal de les cacher et que personne ne les voit. Je trouve mes bras trop poilus, alors je garde ma veste en simili cuir, même si j’ai chaud, même s’il fait 25°, je ne l’enlève pas… Je sais qu’on pourrait se moquer de moi. Du coup, j’ai commencé à utiliser de la crème dépilatoire qui brule mes avant-bras. Je vais continuer à le faire… Je n’assume pas mes poils.

Manger

Autre problème, j’aime trop manger ! Même si je déjeune bien le matin, que je dine à midi, que je soupe le soir… Il m’arrive, vers 22h-23h, d’être au lit et d’avoir encore faim. Mon ventre grogne, je n’ai pas envie de redescendre manger et je me suis déjà brossé les dents … Je garde ce creux douloureux au fond du ventre et je me rendors mais parfois, je descends quand même grignoter des spéculoos et j’ai du mal à arrêter !

Instagram

Je suis abonnée à des filles qui sont dans les Anges de la téléréalité. Je regarde leurs photos et trouve qu’elles ont de beaux corps, j’aimerais bien avoir le même. C’est la même chose quand je vois le corps d’une fille mince à la gym. Je me dis pourquoi je ne suis pas comme ça… Je sais que je ne pourrais jamais être comme elle. Je suis une fille avec des formes et tout le monde a un corps différent.

C’est compliqué…

C’est compliqué de dire combien je suis mal dans ma peau, combien je ne me sens pas bien dans ce corps. Je n’arrive pas à en parler. Un jour, j’aimerais bien arriver à m’assumer mais je ne sais pas quand ce sera.

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Violette, 18 ans, Huy

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Mon avenir

Mon avenir

Il est presque minuit et, dans son lit, Simon n’arrive pas à s’endormir. Il sait que demain, il devra aller à l’école mais le sommeil ne vient pas. Plongé dans l’obscurité, tout en essayant de trouver une bonne position pour s’endormir, il se questionne sur tout et n’importe quoi et surtout sur son avenir et cette question qui lui revient sans cesse : qu’est-ce qu’il veut et va faire plus tard ?

Rater sa vie ?

Je vais bientôt passer en 5ème année du secondaire, et je n’ai toujours aucune idée du type d’études que je veux faire, de mon futur métier… Il y a bien certaines matières qui m’intéressent plus que d’autres comme les maths et les sciences, mais tout ça reste très flou et ça… ça commence à m’inquiéter. J’ai peur de ne rien trouver et donc, en quelque sorte, de « rater » ma vie. J’ai aussi peur de me lancer dans quelque chose que je n’aime pas et de finir comme Monsieur et Madame Tout le monde à se retrouver dans la routine métro, boulot, dodo. J’ai peur d’une vie morose, de gagner un salaire moyen, d’avoir un travail que je déteste.

Rentrer dans le moule

Seul dans le noir, je commence à angoisser et à me dire que, dans une société où tout tourne autour de l’argent, si je ne trouve pas un vrai travail qui me plait, je finirai par décrocher, à me retrouver sans vrai salaire, à vivre dans la misère ou carrément, à la rue. J’ai peur de rater ma vie. Mais arrive alors une nouvelle question : c’est quoi réussir sa vie ? Pour moi, réussir sa vie, c’est être heureux. Se lever le matin et avoir envie de sortir de son lit en pensant à tous les petits ou grands plaisirs qui nous attendent tout au long de la journée. Être heureux, c’est pouvoir être libre, ne devoir obéir à personne et vivre chaque jour, une journée différente ou presque avec des rebondissements, des surprises, des rencontres, des contacts humains. Être heureux, ce n’est pas rester devant un ordinateur – toute la journée – à se faire crier dessus par un patron imbuvable. Je me dis qu’en fait, on essaie de rentrer dans le moule de la société pour se fondre dans la masse et ne pas se faire remarquer, au lieu de faire ce qui nous plait vraiment, et de nous démarquer parce qu’on aura écouté nos tripes, quitte à essuyer des critiques.

Les bons points

Facile à dire, moins facile à faire. On m’a appris à étudier pour avoir de bons points, mais on ne m’a pas appris à écouter mes tripes. Je vois la plupart de mes ami·e·s qui ont une passion qui leur permet de savoir vers quoi elles et ils veulent aller plus tard… Et puis il y a moi qui suis perdu. Certes, j’ai de multiples centres d’intérêt mais rien qui me permette de me diriger vers des études, un métier. Je me rappelle les discours incessants de tou·te·s mes professeur·e·s qui disent que les cours sont très importants, que si on ne réussit pas ici, on n’ira pas loin dans la vie, qu’il faudrait vraiment commencer à penser à nos études, qu’il va être temps de faire des choix, etc. Pour l’instant, tout va bien parce que l’objectif est d’avoir de bons résultats à l’école mais une fois que tout cela sera passé ? J’ai l’impression que je serai totalement perdu et sans objectif, que je ne saurai pas où me diriger. Pour moi, avoir un objectif, un but est primordial. Je trouve qu’à l’école, on nous apprend à réussir sa vie d’un point de vue sociétal mais pas d’un point de vue personnel et je trouve ça dommage. On nous apprend ce qu’on doit faire mais pas comment le faire.

Être reconnu

À tout cela s’ajoute le fait de ne pas vouloir décevoir mes parents, mes grands-parents… La famille m’a toujours dit qu’elle était fière de moi. Elles et ils me disent que je suis très intelligent, que j’ai de super bons points à l’école, que j’irai loin dans la vie. Tout cela me met la pression. Je n’ai pas envie de les décevoir et qu’ils et elles pensent s’être trompé·e·s à mon sujet. J’ai envie que, plus tard, toutes soient fières, tous soient fiers de ce que je suis devenu, de leur fils et de sa vie. Je veux être soutenu et aidé dans les décisions à prendre, je veux qu’on m’écoute, le sourire aux lèvres, lorsque je parlerai de ce que j’ai accompli. Je m’imagine dans quelques années dans une belle maison, avec ma femme et mes enfants et mon père qui me prenne dans ses bras et me dise « Je suis fier de toi mon fils ».

Demain…

Je suis dans mon lit, seul, et je ne sais toujours pas quoi faire. Et je réfléchis. Je m’imagine adulte, j’essaye d’imaginer mes études, mon avenir. Ce qui est sûr, c’est que dans mon futur métier, je serai libre de pouvoir donner mon avis, de pouvoir me poser toutes les questions et me livrer à toutes les réflexions que je veux. Je suis comme ça, c’est plus fort que moi. Au final, tout cela tourne dans ma tête, je me rends compte que je n’ai toujours pas de réponse à mes questions, qu’il est déjà 2h du matin et que je vais être crevé demain.

Auteur : Simon, 16 ans, Odet

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S’apprivoiser

S’apprivoiser

Petit·e, on peut lire les Astérix et y voir un message rigolo, impertinent… Plus âgé·e, on peut y lire et comprendre d’autres choses que l’humour, y trouver un message contestataire. Pour faire passer ces messages, les différents scénaristes utilisent des mots qui peuvent être compris d’une manière puis d’une autre. Les textes écrits, lors des ateliers Scan-R, sont parfois tout aussi imagés. Cela veut dire que l’auteur·e utilise des mots à la place d’autres, peut-être plus clairs, plus transparents. C’est ce mode d’expression qu’a choisi Lou.

Stress et angoisse de la nouveauté

Il y a souvent un moment de stress, énorme, quand on rentre dans une école où on ne connait personne. Surtout si c’est la première année. C’est un moment qui a été difficile à vivre pour moi, même si j’étais dans l’école que je voulais. J’ai dû trouver un moyen de relâcher le stress. Celui que j’ai trouvé n’était pas sain. Je pense que j’ai toujours eu un problème de communication, comme un truc qui n’allait pas entre moi et les autres, entre les autres et moi. Ça ne m’a jamais posé d’énormes problèmes avant que je n’entre à l’école, étant donné que je ne voyais ces autres que beaucoup plus rarement. J’ai été, tout d’un coup, propulsée au milieu d’énormément de gens chaque jour, sans aucune transition. C’est passé comme un choc dans mon cerveau et j’ai eu besoin de contrebalancer ce stress avec autre chose.

Essayer de se détendre

Quand ça a commencé, je ne me suis pas rendu compte de ce que c’était. Dans ma tête, ce n’était pas mal … Ça m’aidait à calmer le stress pendant un petit moment avant que ça ne recommence le jour d’après. Seulement, de fil en aiguille, je me suis rendu compte que je n’arrivais plus à faire sans et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir peur. En essayant d’y repenser, maintenant, c’est un peu flou. Mon esprit se fait la malle dans des moments pareils. Je sais que, le soir dans ma chambre, j’étais seule. Je sais que la pièce n’était pas très éclairée. Seule la lampe de chevet était, en général, allumée. Cela rendait les faits moins réels parce qu’on ne les voit pas. Parfois ça durait longtemps, dix, quinze, vingt minutes … ? Parfois, c’était très court. Ce n’était pas douloureux, en tout cas pas dans ma tête. Ça me fait penser à une espèce de petit monstre, il n’a pas l’air méchant et quand il s’approche tout calmement, on pense qu’on peut l’apprivoiser.

Adieu petit monstre

Il est venu me voir, je l’ai ramené comme un chaton perdu chez moi et je l’ai nourri. Plus je le nourrissais, plus il grandissait. Il n’était jamais satisfait. Alors au bout d’un moment, il a fallu que je le mette à la porte. Mais comment fait-on pour mettre à la porte un animal qu’on a fait grandir ? Je ne suis pas sure de la réponse mais ce qui est certain, c’est que même s’il retrouve son chemin et revient vers moi, je le déposerai dehors, de plus en plus loin jusqu’à ce qu’il ne sache plus retrouver son chemin.

Auteure : Lou, 16 ans, Liège

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