Racisme dans le tram

Racisme dans le tram

Toutes et tous, nous sommes parfois, les témoins d’une scène profondément injuste. Avoir le courage d’ouvrir la bouche et de manifester son désaccord face à ces situations n’est pas facile du tout. Comme le dit Raïssa, on a tendance à ne pas faire de vague supplémentaire, à rester neutre. C’est contre cette neutralité qu’elle nous invite à nous battre.

Dans le tram

Juin, on est en fin d’année scolaire, c’est le déconfinement. On peut, à nouveau, sortir et essayer de reprendre un mode de vie normal. Je prends le tram pour me rendre chez mon prof de math. Arrivée à la station Pétillon, un homme qui me semble ivre rentre dans le tram. Il agresse verbalement une fille. Les propos sont assez vulgaires. Il oblige la jeune femme à quitter sa place pour la lui prendre. Ensuite, il commence à crier en flamand, à faire référence à l’extrême droite, à dénigrer le mouvement “Black Lives Matter.” Un moment, une vieille dame et un vieux monsieur blancs lui crièrent d’arrêter et l’homme ivre les insulta de tous les noms pour qu’ils se taisent. Il s’en prend ensuite à tout le monde, Blancs, Noirs, Jaunes… À part la vieille dame et le vieux monsieur, personne n’ose prendre la parole pour affronter ce monsieur. J’imagine que c’est surement par peur que les gens ne réagissent pas et je trouve cela dommage.

Rien ne change

Quelques jours plus tard, mon amie polonaise emprunta la même ligne de tram, passa par la même station. Elle aussi a été interpelée et insultée par ce même monsieur. Elle en est très choquée. Elle précisa encore que des gens l’ont aidée à se débarrasser de l’homme mais, encore une fois, personne n’a dit à ce monsieur qu’il devait arrêter ce qu’il faisait. On en revient toujours au même point : les gens ont peur de parler et d’affronter les choses, pour moi, ils sont neutres, autrement dit ils ne se positionnent pas par rapport à ce qu’il se passe.

Quitter la zone neutre

Ce n’est pas en ne faisant rien qu’on fait avancer les choses ! Ce n’est pas avec cette neutralité que cet homme arrêtera de s’en prendre à n’importe qui. Si tous les passagers se regroupaient et disaient, ensemble, au monsieur d’arrêter, il ne resterait pas là. Ce qui est vrai pour le tram est vrai pour la société en général. Si ensemble, on se battait contre le racisme, l’homophobie et plein d’autres choses, on ferait avancer le monde et l’univers ! À l’inverse, si chacun, si chacune reste dans son coin, reste neutre face à une situation, il y aura aucune évolution. Comme je dis toujours, la neutralité est signe de complicité.

Auteure : Raïssa, 17 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R 

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Mon pote est mort dans un accident

Mon pote est mort dans un accident

Il y a un mois et demi, à la sortie du confinement, le meilleur ami de Mathys est mort dans un accident de voiture. Aujourd’hui, il est dégouté, en colère, habité par un énorme sentiment d’injustice…

Le mur

En juin dernier, mon meilleur pote a eu un accident de voiture et il a perdu la vie. Le conducteur n’avait que 17 ans. Il n’avait pas le permis et la voiture avait été “empruntée” à son père. Mon ami ne le connaissait pas plus que ça, mais, va savoir pourquoi, il avait décidé de rentrer d’une soirée avec lui. Pas de bol, ils ont fini dans un mur. Un autre passager est également décédé.

Il ne reste rien

Mon ami était un gros malade avec qui je me tapais des barres qui pouvaient durer des heures. C’était un cuistot plein d’avenir. Il nous préparait de ces petits plats ! Pas des bêtes omelettes hein, de vrais plats ! C’était un mec en or. La vie c’est parfois injuste. Il me manque énormément. Je pense à lui tout le temps, surtout en ce moment, surtout pendant ces vacances. En principe, je devais partir en voyage avec lui, aller aux Ardentes… Tout cela sans parler des soirées qui s’annonçaient nombreuses et arrosées. Face à ce drame, je me sens bloqué, triste, je le garde pour moi.

Perdu

Quand c’est arrivé, j’étais ailleurs et ma mère n’a pas voulu rentrer plus tôt. Je ne suis rentré que pour l’enterrement. Sa famille, c’était comme la mienne. Ne pas être présent m’a fait me sentir comme une merde. Quand je l’ai vu enfin, le jour de son enterrement, j’étais dégouté de le voir dans une bête et laide boîte. Il méritait quand même quelque chose de mieux que ça … Depuis que ça c’est passé, je suis en colère sur ce conducteur. Mais je sais que quoique je fasse, cela ne servira à rien. Je suis dégouté par l’absence de justice envers ce chauffard. Il sera jugé comme un mineur, inconscient de ses actes … il avait trop bu. Je m’en veux de ne pas avoir prévenu mon ami qu’il trainait avec de mauvaises personnes. Je le savais… Mais bon, je continuerai d’avancer, pour lui. Mon frérot sera toujours avec moi.

Cet été, Bruxelles-Mobilité, l’administration de la Région de Bruxelles-Capitale chargée des équipements, des infrastructures et des déplacements a réalisé une campagne intitulée Barlos. Différentes personnalités (Kody, Martha Da’ro, SilentJill et Mourade Zeguendi) y ont participé. Leur but : faire en sorte que les jeunes prennent conscience des dangers de prendre le volant sous influence.

Auteur : Mathys, 16 ans, Grivegnée

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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J’ai treize ans et je suis féministe

J’ai treize ans et je suis féministe

Alors qu’elle avait 9 ans, lors d’une balade doublée d’une discussion avec sa mère, Aya a découvert que le salaire de sa maman était inférieur à celui de son papa. Sa maman était-elle moins compétente ? Travaillait-elle moins bien que son mari ? Pas du tout… La différence de salaire entre son père et sa mère s’expliquait uniquement par le fait que les femmes gagnent – souvent – moins que les hommes (1). Elle nous explique sa réflexion.

La promenade de la révélation

J’ai 13 ans et je suis féministe. Avant, je ne savais même pas ce que ce mot voulait dire. Je me rappelle, comme si c’était hier, du jour où j’ai appris ce mot et sa signification. C’était le 17 avril 2017, j’avais 9 ans. Je me promenais tranquillement avec ma mère dans une immense forêt. Nous discutions école, études, ami·e·s… Ma mère et moi avons une relation assez fusionnelle, on peut parler de tout. Mais cette fois, j’ai vu que son regard était différent. Elle était triste, désespérée, énervée. Je lui ai demandé ce qu’elle avait, elle m’a répondu que c’était un problème au travail. Elle avait reçu son salaire et elle se rendait compte qu’il était inférieur à celui de mon père. Ça ne lui plaisait pas : elle avait travaillé plus que lui et gagnait moins. En réalité, toutes ses collègues femmes vivaient la même situation. Sur le chemin du retour, je me posais énormément de questions : pourquoi les hommes gagneraient-ils plus que les femmes ? Ça a changé quelque chose au fond de moi, ça m’a réveillée. J’ai commencé à parler de féminisme avec ma maman, elle m’a expliqué ce que c’était : l’égalité entre les hommes et les femmes, tout simplement. Une fois à la maison, je m’affale sur mon lit et regarde mon téléphone. Je vais sur Instagram et BAM, la plateforme ne me propose que des vidéos sur le féminisme… (mon téléphone a surement écouté nos discussions). À force de regarder des vidéos, je suis de plus en plus convaincue et je me pose de plus en plus de questions ! Bref, pourquoi les hommes seraient-ils supérieurs aux femmes ?

La manif

Plus tard, ma maman est allée à une manifestation féministe et j’y suis allée avec elle. Ce qui m’a fait sourire, durant cette manifestation, c’est qu’il y avait aussi des hommes. Je me suis rendu compte que certains d’entre eux étaient d’accord avec nous, que nous n’étions pas seules ! Il y avait des pancartes avec des slogans, des dessins. Exemple : un monsieur accompagné d’un sigle représentant une grosse somme d’argent, entouré de femmes enceintes. Je ne comprends pas encore tout, certaines choses me dépassent encore mais j’essaie d’en savoir plus.

La caricature

Un jour, à l’école, le prof de gym nous a dit : « Les filles, allez jouer dans la cour ! Les garçons, venez avec moi ! J’ai besoin de personnes fortes pour pousser du matériel lourd ». Pour le prof c’était clair : nous, les filles, nous étions des faibles. On s’est concertées et on a décidé de lui montrer qu’on était autant capables que les garçons, on a donc retroussé nos manches. J’aimerais continuer à faire des manifestations, être militante… On accouche, on a nos règles et on subit des douleurs tous les mois… et eux finalement ?

Inventer demain

Ce que je veux depuis mes 9 ans, c’est devenir carrément… avocate ! J’aimerais que les hommes et les femmes soient payé·e·s de la même manière, se partagent les tâches ménagères de la même manière, qu’on arrête les préjugés sur les femmes, sur le fait qu’on soit moins fortes. On dit que demain sera un monde meilleur mais je n’en suis pas sure… Il y a beaucoup de problèmes et j’aimerais agir. Ma maman a toujours été mon idole, quelqu’un que je voudrais être. Elle se bat toujours pour nous, elle nous soutient toujours. C’est une femme forte et le fait qu’on se rapproche me donne l’impression que je deviens comme elle.
En tant que jeune, j’ai manifesté contre le réchauffement climatique, contre la pollution. En fait, j’aime apprendre, j’aime comprendre, me remettre en question et avancer. Je ne suis pas encore totalement au point, par exemple je fais le ménage avec ma maman pendant que mon père est au travail. Le monde n’est pas encore parfait. Mais ce qui est sûr, c’est que je suis en chemin et qu’un jour, je deviendrai cette femme forte, féministe jusqu’au bout des ongles, et ce sera mon mari, ou mon père, qui passera la serpillère.

(1) En Belgique, pour un travail identique, un homme gagnera, en moyenne, 6,1% en plus qu’une femme.

Auteure : Aya, Ganshoren, 13 ans

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R 

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Dyslexique, je me sens différente

Dyslexique, je me sens différente

Depuis qu’elle est toute petite, Sakura a des difficultés à s’exprimer, à lire, à parler. À 14 ans, elle a pu mettre un mot sur sa difficulté… La dyslexie, ce n’est pas une maladie, une maladie on la soigne. C’est un trouble, plus ou moins grave de la lecture et souvent de l’orthographe, qui handicape celles et ceux qui en souffrent à l’école mais aussi ailleurs (1).

Être invisible

J’ai toujours voulu faire comme si de rien n’était. Je voulais me faire remarquer le moins possible, du coup, je parlais très peu. J’essayais aussi de faire croire que je comprenais tout, et donc je répondais oui à toutes les questions. Je voulais montrer aux autres que j’étais normale, je ne voulais pas qu’ils me jugent trop sur le fait que je ne savais pas m’exprimer, que je ne savais pas vraiment lire. J’avais vraiment peur de me faire harceler, je voulais donc être la plus discrète possible.

Foutue

Même si depuis l’école primaire, je voyais des logopèdes, ce n’est qu’à 14 ans que j’ai appris que j’étais dyslexique. À 14 ans, j’ai enfin pu mettre un mot sur ce que je vivais. J’ai commencé à poser plein de questions à ma mère tellement je ne m’y attendais pas. Je me suis vraiment sentie mal quand elle m’a expliqué. Je me suis dit que ma vie était foutue, je pensais que tout le monde allait rigoler de moi et voir dans leurs propres yeux que j’avais une difficulté.
Aujourd’hui à 17 ans, je l’assume un peu plus car de plus en plus de gens le comprennent. Quand on me demande, souvent, ce que c’est, je ne sais pas trop quoi répondre parce que les autres posent trop de questions :  » ça fait quoi d’être dyslexique ? « ,  » ça fait quoi d’être bizarre ?  » Moi, on m’a simplement dit qu’être dyslexique, c’est avoir du mal à écrire et à lire, c’est tout.

Parler est compliqué

En lien avec ma dyslexie, j’ai également des difficultés à m’exprimer à l’oral. Exemple, quand je dois lire à voix haute en classe, je reçois des remarques comme « Oh le bébé, elle ne sait pas lire une phrase entière ». Depuis, je bégaye ou je perds mes mots. Je ressens alors un gros vide dans ma tête et je panique. Je me dis qu’on va me prendre pour une débile. J’ai peur que la personne en face de moi ne comprenne pas ce que je vais dire, j’ai peur de recevoir encore des réflexions du style « Pourquoi tu prends autant de temps pour dire une seule phrase?”, “Tu ne sais pas parler ou quoi ?!”. Parfois, je dis une phrase qui n’a rien à voir avec une autre et du coup, on m’insulte : “T’es handicapée ou quoi ?!”… Alors…je me tais.
Quand je dois parler, je n’aime pas qu’il fasse calme dans la pièce. Je préfère quand il y a du bruit comme cela on m’entend moins, on ne va pas entendre ce que je vais dire. Je n’ose plus rien dire, j’ai vraiment peur de parler. Au pire, si on ne me comprend pas, je dis à la personne “laisse tomber”.

Peu aidée

Mes parents ne m’ont pas beaucoup aidée pour surmonter cette situation. Lors de mes devoirs à la maison, ma mère me disait souvent de demander à mon père. Mais mon père rentrait tard du travail. Moi, je voulais qu’on m’aide à faire mon devoir et surtout qu’on m’aide à le comprendre. Fatigué de sa journée de travail, mon papa faisait mon devoir à ma place sans que je reçoive vraiment de l’aide, ce que je ne lui demandais surtout pas. Dans sa vision, cela me permettrait d’être tranquille. Évidemment, j’aurais aimé qu’il puisse m’aider dans mes cours.

L’éclaircie est pour demain

Heureusement, sur mon chemin, il y a eu des logopèdes. Elles m’ont aidée, elles m’ont comprise. Grâce à elles, j’ai pu réussir à me faire comprendre et à m’exprimer. Je me suis améliorée depuis 3 ans. C’est encore très compliqué pour moi mais je ne suis pas quelqu’un qui abandonne facilement. Dorénavant, je ne me dis plus que je ne pourrai rien faire dans la vie car je sais que je pourrai faire un jour ce que j’aime. J’ai rencontré une personne dyslexique de 50 ans qui faisait un travail qu’elle aimait. Pour moi, elle avait réussi dans la vie, cela m’a soulagée et cela m’a fait du bien. Il n’y a pas que moi dans ce monde qui a cette difficulté, d’autres personnes que moi vivent ce que je vis et ne baissent pas les bras.

(1) Dans la brochure : Le petit guide des dyslexiques, disponible gratuitement et en téléchargement sur le site de l’Association belge de Parents et Professionnels pour les Enfants en Difficulté d’Apprentissage (ADEPA), une multitude d’informations, de suggestions et de conseils permettent de comprendre et de vivre – aussi bien que possible – avec la dyslexie. Une définition du trouble est aussi proposée : “Est dyslexique celui dont les difficultés en lecture ne viennent pas de troubles intellectuels, neurologiques, sensoriels, ni d’un milieu social très défavorisé. Un enfant est dit dyslexique lorsqu’il éprouve des difficultés spécifiques et persistantes (par exemple des confusions auditives ou visuelles, des omissions, etc) lors de l’apprentissage de la lecture et, dans la plupart des cas, de l’orthographe”.

Auteure : Sakura, 17 ans, Chaudfontaine

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Solitude, adolescence et anorexie

Solitude, adolescence et anorexie

Le parcours de Jacky est compliqué. Elle se sent profondément différente des autres, de toutes et de tous les autres alors, elle s’isole. Cette différence, elle l’explique par une éducation particulière. Cette différence la plongera aussi dans l’anorexie.

Le groupe

Au début, dans un groupe, je me sens bien. Ensuite, mes opinions finissent par diverger de celles des autres. Je finis alors, à un moment ou l’autre, par faire semblant. Parfois, il y a même des gens avec qui je ne peux pas m’empêcher de m’énerver. Leurs actes ou même simplement leur présence me donnent une énergie négative et emportent tout sur son passage, même la raison. C’est cette énergie négative qui donne lieu à mes cris. Dans ces moments-là, j’ai toujours raison et je prends tout le monde pour des cons. D’un autre côté, je me sens impuissante, ce sentiment, ces sensations me sont désagréables. Je suis comme emprisonnée dans mes émotions. Ce qui m’envahit ensuite est une immense tristesse et je ne sais pas comment m’en défaire.

Papa

Ce sentiment de mal-être dans un groupe provient de mon éducation. Mon papa m’a éduquée d’une manière très personnelle et adaptée à son mode de vie. Il a une vision de la vie assez unique et me l’a transmise, malheureusement peut-être. Très solitaire, il vit seul, ne partage pas ses sentiments avec les autres. J’ai donc développé un caractère assez similaire. En général, quand les autres essayent de m’aider, cela m’encombre.

Près du gouffre

Pour moi, l’adolescence est une période de recherches et de chamboulements. L’état de crise qui y est lié est souvent provoqué par un problème de taille et remet tout en question. De là, notre confiance en nous s’effondre et les idées néfastes nous suivent. Pour moi, ce problème a été l’anorexie. Ce sentiment de colère et de non-appartenance à un groupe me colle à la peau depuis. Le rétablissement est long… Je vois encore souvent la peur dans les yeux de ma mère, persuadée que je me suis laissé mourir à petit feu, au fur et à mesure des kilos perdus. Mon père, mon frère et ma soeur se sont sentis impuissants face à mon corps squelettique. Mais il y a eu surtout cette solitude, cette tristesse qui amènent l’envie de mort. Quand on s’en sort, on a peur. J’ai l’impression que je ne serai plus capable de rien. J’ai aussi constaté que tout s’était effondré autour de moi.

Merci Covid

Cette période a duré un an, un an d’incertitude. Cette année m’a permis d’évoluer, de me connaitre, me reconnaitre après une déconnexion totale de mes émotions. J’avançais sans le vouloir, sans comprendre où j’allais. Ma famille et mon entourage m’ont beaucoup aidée, même si mon comportement était exécrable. Mais je continuais de progresser vers un mieux sans m’en rendre compte vraiment. C’est grâce au confinement, qui a été un moyen de me concentrer sur mon état actuel, que mon évolution s’est accélérée. Après 12 mois de recherche, je suis devenue plus stable. Même si je sais que l’apprentissage de ma vie ne s’arrête pas là.

Pour aller plus loin sur ce sujet, pour découvrir la réalité de la maladie, l’association Annorexie-boulimie.be, informe, soutient, aide et oriente les personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires. Les personnes qui s’en occupent ne sont pas des thérapeutes professionnel·le·s, mais offrent une écoute attentive aux personnes touchées par l’anorexie ou la boulimie. L’association, enfin, oriente vers les intervenants nécessaires pour triompher de ce combat.

Auteure : Jacky, 16 ans, Jupille

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