Ecrire : le pouvoir d’être Dieu

Ecrire : le pouvoir d’être Dieu

Ma vie a commencé en 2ème année secondaire. Je me revois encore. Assise à l’écart dans la salle d’étude de mon école, comme d’habitude, avec ma meilleure amie, sous le nez de l’éducateur, comme les petites élèves modèles. Mais ne vous laissez pas avoir oui, on était presque irréprochables en classe. En-dehors de l’école, c’était une toute autre affaire. J’ai toujours eu des facilités à l’école (sauf en maths). Je n’avais rien à faire et je m’ennuyais grave. Ce jour-là : un éclair de génie ! Et si… j’écrivais une histoire ? Pas la mienne ; elle est vraiment trop nulle. 

Ces héros que j’invente

Je préfère écrire l’histoire de quelqu’un qui aurait la chance de vivre des aventures extraordinaires… peut-être un peu versé dans l’horreur… J’ai pris une feuille, mon stylo à billes (j’ai toujours pensé que ceux qui utilisaient des stylos plutôt que des Bics étaient de vrais écrivains), puis j’ai réfléchi un peu. Je n’avais pas d’idée précise en tête mais un titre temporaire : Petite nouvelle sympa avec des monstres et tout et tout. Sérieusement ! Je suis une fille distraite. J’étais capable d’oublier vers où je voulais mener mon histoire. Avec ce titre-là, pas moyen d’oublier ! Puis je me suis lancée..

C’était ma première histoire, mon premier chef-d’œuvre et d’un coup, je me voyais projetée sur le devant de la scène, inscrivant d’ores et déjà mon nom aux côtés de mes auteurs préférés. J’étais si naïve et si fière de moi. J’avais treize ans. Une gosse, les étoiles dans les yeux, assise à son clavier, à gribouiller sur son bloc en étude, à décider de la vie de gens qu’elle aurait inventés… Trois ans plus tard, c’est toujours ce que je fais.

Inspiquoi ?

Inspiration ! On me demande parfois où je trouve l’inspiration, comment toutes ces histoires me viennent. Je ne sais pas. Je serais bien incapable de l’expliquer. Simplement, quand j’écris, je suis dans ma bulle. Certains jours, l’inspiration ne vient pas : je n’arrête pas de taper sur la lettre d’à-côté, je me sens lente, je trouve que je n’écris que du pis-aller… Et d’autres jours, ça me paraît si évident. Il suffit parfois de faire un break de quelques heures, le temps de réfléchir un peu à ce que je pourrais faire subir à mes héros. Je concocte des plans machiavéliques qu’ils résoudront en un clin d’œil, parce que ce sont des génies qui ne se plantent jamais. Je leur fais affronter des bêtes féroces, des dieux maudits, des directeurs mégalomanes, je les mets en face d’eux-mêmes et les force à comprendre qui ils sont, et c’est là, en réalisant ce que je fais, que j’ai compris pourquoi j’aime tant écrire.

Ma vie, l’histoire qui m’échappe

Parce que sur ma petite vie, je ne contrôle rien. Le temps passe, insensé, sans but, sans que l’on y comprenne grand-chose. On s’interroge inutilement. Pourquoi la vie est-elle si difficile, pourquoi tout a-t-il nécessairement un prix, à quoi cela rime-t-il de vivre ?

Pendant que je me torture avec ces questions existentielles, mes héros sur papier, eux, sont tellement occupés à sauver le monde qu’ils n’ont pas le temps de se les poser. Ces héros, c’est moi qui en tiens les ficelles : je peux en faire ce que je veux. Ils naissent, grandissent et meurent ainsi que je l’ai décidé. C’est moi le Dieu dans l’histoire. Et ça étouffe tout le reste, tous mes problèmes.

C’est peut-être ça qui me met tellement à l’aise avec un sujet de dissertation et au contraire, pas du tout à ma place au milieu de quinze adolescents : les mots se mettent là où je veux qu’ils se mettent, disent ce que je veux qu’ils racontent. Les gens, eux, sont imprévisibles, je ne les connais pas, je ne sais pas ce qu’ils pensent, je me sens étrangère. J’ai l’impression d’avoir quarante ans, des fois, à tergiverser autant. Maman, je ne dis pas ça pour te vexer, juré !

Ecrire, une histoire d’amour.

Ecrire, c’est toute ma vie. Et je ne sais pas par quel miracle je le sais avec une telle certitude, j’ignore s’il s’agit d’un cadeau des fées à ma naissance, mais je bénis ce mystérieux coup de chance. Je me bénis (un peu d’autocongratulation ne fait jamais de mal) de m’être lancée dans la Petite nouvelle avec des monstres et tout et tout et d’en être ressortie le cœur léger et des projets pleins la tête. 

J’ai trouvé ma vocation et je ne la lâcherai pas.

Auteure : Vicky, Rahier, 16 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Ma manière de voir le confinement

Ma manière de voir le confinement

Je crois que je ne me rends pas bien compte…. On pourrait me dire d’ouvrir les yeux et de voir, tout le monde connaît la situation Le problème ce n’est pas de voir ni de savoir, mais de réaliser ! Tout est arrivé si vite ! D’un jour à l’autre on s’est retrouvé enfermé chez nous (ou pas pour les moins chanceux d’entre nous) avec la demande de ne plus sortir. Les cours ont été suspendus, tous les loisirs externes ont été annulés. Comment vivre avec tout ça ?

Le chiffre de contaminés augmente chaque jour et les gens sont de plus en plus méfiants. On se sent jugé au moindre toussotement ou reniflement. Nous évoluons dans un climat de peur et de stress mélangé à de l’euphorie et à de la colère. Je repense au vendredi avant le confinement, tous les élèves étaient joyeux et criaient « Plus d’école durant 5 semaines ! » et moi je les regardais. Je n’étais pas révoltée ni même offusquée par leurs propos. Pourquoi l’aurais-je été ? Je comprenais leur joie et j’avoue que ne plus avoir école me rendait tout aussi joyeuse, mais je me demandais surtout s’ils se rendaient vraiment compte de la situation. La suspension des cours, c’est une conséquence, une répercussion à une situation qui n’est pas forcément des plus drôles. Je me demande comment nous sortirons de cette…expérience.
Chez moi, rien ne semble changer. Des cris, des engueulades, des rires, … j’ai l’impression d’être enfermée dans un cube qui ressemble beaucoup à mon quotidien mais qu’au-dehors se trouve l’inconnu. Personne ne sait vraiment vers quoi on va…

Beaucoup de choses me trottent dans la tête, faut dire qu’on a le temps pour ça… Moi qui ne pensait que : présentations, jobs étudiants, examens, avenir ! Voilà que je me retrouve avec des journées entières de libre, comme de pages blanches qui attendent qu’on les remplisse. Mais combien y a-t-il de pages ? Le soleil semble nous accompagner, le printemps pointe le bout de son nez, les feuilles des arbres et les pâquerettes semblent entretenir un discussion endiablée au rythme du vent qui lui, est toujours présent, fidèle au poste comme un bon soldat.

Les gens semblent enfin se rendre compte de la beauté que nous offre la terre, les voilà qu’ils veulent tous aller se promener ! J’ai l’impression de redécouvrir l’ennui, j’ai le temps de m’asseoir et de me demander : “Qu’est-ce que j’ai envie de faire ?” Bien sûr je ne perds pas le nord, je travaille la moitié du temps. Mais je chante aussi, je dessine, je lis plus d’un livre par semaine, je cours ! Pleins de satisfactions que j’avais mise tout en bas de la liste de mes priorités. Je reprends goût à aller dehors (dans mon jardin, bien sûr), je dépoussière ma bibliothèque au rythme des valses de Chopin et des préludes de Bach et surtout je profite de tous ces petits moments rien qu’à moi. Pour moi ce confinement, c’est une renaissance ! Je ne dois plus décompter les heures à l’école avant de pouvoir me remettre au travail pour tenter de rendre mes présentations à temps ! Mon stress et ma fatigue se sont envolés, loin !

Je pense qu’au final, le confinement nous aura été à tous bénéfique (du moins pour les personnes confinées), il nous aura permis de nous retrouver, de fertiliser notre créativité, de s’occuper de soi et des autres. Alors même si c’est un situation bizarre et exceptionnelle, profitons de ces petits moments de liberté, profitons des autres et de nous. Et bien sûr, parce qu’il faut en parler, pensons aux personnes touchées par cette maladie et envoyons de la force au personnel médical, aux policiers, aux personnes qui font tout pour nous aider à subvenir à nos besoins et à toutes les personnes dans la rue qui n’ont pas la possibilité de pouvoir se réfugier chez elles.

La solidarité, c’est ça qui nous sauvera ! On peut parfois avoir l’impression d’être inutile mais rien que le fait de rester chez soit, de faire les courses pour les personnes malades, d’applaudir le personnel soignant à 20 heures tous les soirs ou encore d’éviter les écrans pour ne pas surcharger internet, ça aide ! On peut être utile ! 

Auteure : Sarah, Fernelmont, 14 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Qui l’eut cru ?

Qui l’eut cru ?

Qui l’eut cru ? Personne, je crois. Il nous est tombé dessus aussi vite qu’un œuf qui glisse sur le plan de travail (oui, j’aime beaucoup les métaphores atypiques). Je parle de ce qui a bouleversé, en un instant, notre mode de vie, le confinement.

Toi, moi, nous, jeunes humains enfermés quotidiennement dans notre chambre… Ça commence à faire long tu ne trouves pas ?  On a tous sauté de joie en sachant que les cours étaient suspendus, mais qui s’attendait à ne plus voir les moches têtes de nos meilleurs potes pendant si longtemps ? Personne, ni toi, ni moi…Enfin peut-être que tu as réfléchi un peu plus que moi et que t’y a pensé toi…

Dans tous les cas, on est beaucoup à ne pas avoir réalisé ce qui allait se passer. Peut-être que tu t’ennuyais au repas de famille chez mamie et grand-père mais…il ne te manque pas un petit peu là ? N’as tu pas l’impression de ne pas leur avoir dit au revoir ? Ou adieu pour certains ? Stop, on va s’arrêter là, car en plus de ne plus avoir de papier toilette, les mouchoirs nous manqueront aussi.

Ce que je veux dire, c’est que ce confinement doit nous faire comprendre à tous adolescents, enfants, parents, grands-parents,… Que rien n’est acquis. On peut perdre les choses les plus précieuses du jour au lendemain. On peut se rendre compte que nos petits ennuis du quotidien peuvent nous manquer parfois.

Mais relevez la tête, tout n’est pas perdu, bientôt toutes les petites têtes d’humains qu’on adore (ou qu’on déteste) seront à nouveau dans notre paysage et nous serons quand même bien contents. En attendant (car oui, c’est la seule chose qu’on puisse faire…attendre), profite, crée la meilleure version de toi si tu en as de la motivation.

Fais du sport, découvre de nouvelles passions, prends du temps pour toi, prends soin des gens qui vivent sous ton toit, profite de ta famille si elle est là et surtout reste chez toi.  Tout compte fait, le confinement est là pour nous faire ouvrir les yeux sur beaucoup de choses ! 

Auteure : Opaline, Tamines, 15 ans

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Sois sexy mais baisse ta jupe

Sois sexy mais baisse ta jupe

Sois sexy, mais baisse ta jupe. Sois intelligente, mais ferme ta gueule. Sois forte, mais baisse tes yeux. Sois femme. Sois quoi ? On me demande d’être quoi ? Femme ? F.E.M.M.E ? C’est quoi être femme ? Je ne comprends pas. Je ne comprends pas car, quand je pense me sentir femme, “on” me voit comme chienne. Quand je pense ne pas être femme, “on” ne me voit pas digne de porter mon corps, cette enveloppe qui semble tant nous définir aux yeux des autres. 

Je marche dans la rue, yeux de chacal enclenchés pour me lapider de ce qui semble nous différencier : mes talons claquant sur le sol, mon jeans roulant ma cellulite, mon pull enrobant mes seins et laissant apparaître mes tétons qui respirent. Je n’arrive plus à faire face à ce duel de dominant-dominé dans les rues de Liège. Ils contrôlent ma démarche, ils m’empêchent de rouler du cul comme bon me semble, d’ouvrir mon thorax pour que mon dos soit droit, pour que ma tête soit levée, pour marcher sans regarder mes pieds. 

Réalité générale pour mes semblables, pour mes soeurs aussi fraîches que moi : recroquevillée, démarche cassée , épaules vers le sol, tête baissée, mains moites, pensées diffuses pour voir ce que je fais de mal. Non, je m’incline, je ne baisse pas la garde mais je me fais baiser du regard. La peur résonne dans les rues : peur de se faire interpeller, agresser ou violer. Nous, femmes tant adulées, nous sommes dans une confrontation permanente.

Auteure : Claire, liège, 19 ans

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Même l’école me manque

Même l’école me manque

Tout est devenu bizarre, même l’école me manque ! Je ne pensais pas qu’un jour, je dirai cela : « L’école me manque ! ». À peine une semaine de “congés forcés” et déjà j’ai envie de ce que je ne peux pas, plus avoir …  Une évasion. 

Pourtant, je ne peux pas trop me plaindre, j’ai de quoi m’occuper.  Des jeux pleins mon ordi – et même un tout nouveau pas mal du tout – un livre d’Harlan Coben(1) à lire pour le cours de français, bien d’autres devoirs qui arrivent via mon smartphone. Malgré tout, l’école me manque ! C’est sûr, je deviens fou. 

Comment se lasser de la grasse matinée, du temps à volonté pour jouer avec mon chien avant de regarder jusqu’à en avoir mal aux yeux des séries policières … Oui, d’accord je suis fou mais l’école me manque ! Ce doit être l’interdit, une envie de défendu. Pouvoir sortir, descendre en ville, taper sur l’épaule des copains. Ah,…  l’école me manque !

Dans ma chambre, le nez au plafond, au début, je comptais les heures, puis je suis passé aux minutes et maintenant, qu’une seconde… C’est long. À la télé, on nous dit que le monde que nous connaissions s’est arrêté. Pour moi, j’ai l’impression que c’est carrément le temps qui s’est mis en « lock down ». On nous dit aussi qu’il faut tenir quelques semaines et ensuite, tout sera derrière nous. Mais comment penser en semaines quand je goûte à chaque seconde comme un bonbon qu’on laisserait fondre en bouche longuement … vraiment longuement.

Dehors il fait beau, le soleil brille, les arbres se couvrent de vert, les oiseaux chantent l’amour printanier et puis, cette idée qui gâche tout, une menace pèse sur moi, ma famille, l’espèce humaine toute entière. Je regarde ma mappemonde. Jusqu’alors, j’y voyais une minuscule représentation d’une immensité. Aujourd’hui, je me dis qu’il est tout, vraiment tout, tout petit ce monde. Ma main recouvre facilement un continent sur lequel se propage à toute vitesse cette « nano chose » qui fait peur et qui tue.

C’est vrai, j’ai peur aussi. Pas vraiment pour moi, pour les jeunes, il parait que c’est comme une grosse grippe, une histoire de deux jours maximum mais pour mes grands-parents, mes parents peut-être, pour les autres personnes que je connais aussi. Heureusement, à cet instant, je ne connais pas encore de gens qui sont malades ou même qui connaissent d’autres qui le sont mais… 

J’ai hâte que le temps reprenne son cours. Oublier ces secondes et ces minutes, recommencer à râler parce qu’il faut se lever tôt, entendre maman qui me crie « dépêche-toi, dépêche-toi donc. Il est sept heures et nous sommes en retard! » et puis partir pour l’école et la vie normale.

Je sais, je suis égoïste. En partant à l’école, je laisserai derrière moi tant de morts devenir des statistiques. Mais J’ai dix-sept ans et je voudrais encore être insouciant même s’il est trop tard. Maintenant, je sais qu’on peut tout perdre en un instant. Qu’une fois que ce mal, cette crise seront passés, autre chose surgira bien trop tôt, trop vite accompagné par d’autres calamités dues au réchauffement climatique qui aura cessé d’exister durant ces quelques semaines de confinement.

J’ai dix-sept ans et quand je me tourne vers mon avenir, je ne vois rien qui puisse inviter à l’optimisme. Quand j’y pense, j’ai peur. Je voudrais ne plus penser, me lever, sortir et aller à l’école … Oh oui, l’école me manque !

A écouter aussi en podcast ici

(1) Harlan Coben (1962, USA) est un auteur de romans policiers où se mêlent, souvent, humour un petit peu noir et intrigue un tout petit peu flippante.  

Auteur : Bartholomé, ferrière, 17 ans

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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