Un garçon, ça peut pleurer (mais pas trop quand même)

Un garçon, ça peut pleurer (mais pas trop quand même)

Pour Matthieu, il n’est pas aisé de vivre et d’exister pleinement dans une société qui attend des garçons qu’ils soient insensibles, qu’ils cachent toutes leurs émotions. Ce qu’il voudrait, c’est être libre d’exprimer ce qu’il ressent sans être considéré comme un faible, un couillon.

Les cartes magiques

La plupart des parents diraient à leur garçon que, après une chute, il ne doit pas pleurer, que c’est un homme fort et qu’un homme ne pleure pas sinon… c’est une fillette. Moi, mes parents m’ont dit : « explique-moi où tu as mal ? Ça pique, ça brule ? … » Grâce à cela, j’ai appris à exprimer mes émotions. Je me souviens d’un jeu de cartes un peu spécial. Chaque carte représentait une émotion ou un sentiment. Avant d’aller me coucher, après chaque dispute ou contrariété, je choisissais une carte pour visualiser ce que je ressentais. Un peu plus tard, on en parlait avec maman, on discutait des cartes choisies, de ce qui se passait en moi.

Gérer les émotions

Grandissant, j’ai laissé les cartes de côté et j’ai découvert deux manières de gérer ses émotions. Je m’en sers aujourd’hui encore. La première, j’utilise le verbe, j’arrive à mettre des mots – très précis – sur mes sentiments, soit dans mon esprit, soit sur une feuille de papier. J’écris, je m’évade et extériorise ma sensibilité sur papier. L’écriture me permet de me comprendre, de visualiser mes émotions. Ma seconde technique, c’est de me promener dans la nature, d’y faire le vide dans mon esprit, de me concentrer sur autre chose que mes problèmes directs. Grâce à cette bouffée d’air frais, je peux prendre du recul et remettre mes actes en question. Je parviens alors à accepter, à comprendre ce que je ressens.

Les autres

À l’école, j’accumule frustration, colère et tristesse. Je suis avec un groupe que je juge inintéressant, un groupe dans lequel je ne me sens pas à ma place. Je rêve de me terrer au fond d’un terrier et de ne plus voir personne. Dans ces moments-là, faute de ne pas avoir cours en forêt, je prends mon bloc et j’écris, je déroule mes pensées et mon énervement s’envole avec les mots. Mes réflexions, mes remises en question se bousculent entre les lignes, mes idées les plus sombres et ma colère se retrouvent gravées sur ce bout de papier. Mes phrases me permettent de m’évader, de faire s’envoler le poids que j’ai sur le cœur.

Écrire pour la poubelle

Grâce aux cartes magiques puis à mes stratégies de gestion émotionnelle, je suis persuadé d’avoir dépassé les injonctions machistes de la société. Il y a peu, je me suis rendu compte que je n’avais trouvé aucun substitut à la personne avec laquelle je partageais mes émotions, quand j’étais enfant, ma mère. Aujourd’hui, ces feuilles qui me servent d’exutoire lyrique se retrouvent systématiquement à la poubelle. Je n’ose même pas imaginer de montrer ce texte a quelqu’un. Honte, pression, peur du regard des autres. J’ai beau avoir eu des parents qui m’ont appris à me comprendre, exprimer mes émotions reste très compliqué. Comme tout le monde, j’ai baigné dans une société patriarcale : on nous disait de ne pas pleurer car nous étions des hommes. Les superhéros des films n’ont pas peur, sont virils et musclés. Dans beaucoup d’aspects de notre vie, nous sommes au contact du cliché de cet homme grand, beau, fort, qui n’a peur de rien. Un peu comme le prince charmant des Disneys qui ont bercé notre enfance. Ce que la société m’a appris reste ancré au fond de moi. C’est une révélation pour moi : inconsciemment mais constamment, j’apprends et utilise moi aussi ces stéréotypes.

Être vrai

Comment apprendre à exprimer ses émotions dans un monde qui nous dicte de faire face à toutes nos difficultés sans jamais montrer aucune faiblesse, aucune faille ? Nous subissons tous cette pression sociétale depuis toujours. Lequel d’entre nous ne porte pas une caisse remplie de livres sans broncher alors que la douleur se fait sentir dans les avant-bras ? Lequel d’entre nous ne retient pas ses larmes lors d’un enterrement ? Cette pression deviendra de la honte si nous ne parvenons pas à tenir, à résister face à nos émotions. C’est dommage car ce processus de résistance et d’imperméabilité dans l’échange ne m’aide pas dans mes relations aux autres. Tisser de vrais liens sans avoir besoin de construire des murs nécessite de prendre un risque, celui d’oser partager aux autres ce qui m’habite vraiment. Bref, j’ai envie d’y travailler, c’est, et ce sera, un travail de longue haleine mais il en vaut la peine. C’est un travail d’humilité, je suis conscient que j’ai été et suis influencé par le contexte socioculturel dans lequel j’évolue.

J’y arriverai et vous ?

Il me faut apprendre à accepter les sanglots libérateurs en cas de tristesse, il me faut apprendre à ne plus avoir honte de laisser un ami·e plus baraqué·e que moi porter un sac de courses. Libérons-nous de cette muselière qu’est la société et laissons nos émotions prendre le dessus jusqu’à nous submerger !

Auteur : Matthieu, 16 ans, Clavier

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan

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C’est à l’adolescence que Violette a arrêté de s’aimer comme elle était… Elle a vu son corps se transformer, elle a grossi. Aujourd’hui âgée de 18 ans, elle croit toujours que les gens la regardent de travers, elle a l’impression, constante, qu’on parle sur son dos.

Miroir de l’angoisse

Quand je me regarde dans le miroir, je n’aime pas l’image qu’il me renvoie. J’ai l’impression d’y voir un petit ange et un petit démon sur chacune de mes épaules. Le démon dit : “T’as des grosses cuisses, t’as des bras poilus, ta robe ne te va pas”. L’ange lui répond: “N’écoute surtout pas le démon ! Mets ta robe, tu seras belle dedans !”. Mais, toujours, c’est le démon que j’écoute et, malgré le fait que ma soeur me dise qu’elle me va bien, la petite robe reste dans l’armoire. J’aimerais être bien habillée, me sentir bien dans mes habits mais je n’y arrive pas.

Je n’assume pas…

Une fois, une fille m’a regardée dans la cour. Elle a dit: “Oh regardez ses bras!”. Depuis lors, je les cache. Pour moi, c’est normal de les cacher et que personne ne les voit. Je trouve mes bras trop poilus, alors je garde ma veste en simili cuir, même si j’ai chaud, même s’il fait 25°, je ne l’enlève pas… Je sais qu’on pourrait se moquer de moi. Du coup, j’ai commencé à utiliser de la crème dépilatoire qui brule mes avant-bras. Je vais continuer à le faire… Je n’assume pas mes poils.

Manger

Autre problème, j’aime trop manger ! Même si je déjeune bien le matin, que je dine à midi, que je soupe le soir… Il m’arrive, vers 22h-23h, d’être au lit et d’avoir encore faim. Mon ventre grogne, je n’ai pas envie de redescendre manger et je me suis déjà brossé les dents … Je garde ce creux douloureux au fond du ventre et je me rendors mais parfois, je descends quand même grignoter des spéculoos et j’ai du mal à arrêter !

Instagram

Je suis abonnée à des filles qui sont dans les Anges de la téléréalité. Je regarde leurs photos et trouve qu’elles ont de beaux corps, j’aimerais bien avoir le même. C’est la même chose quand je vois le corps d’une fille mince à la gym. Je me dis pourquoi je ne suis pas comme ça… Je sais que je ne pourrais jamais être comme elle. Je suis une fille avec des formes et tout le monde a un corps différent.

C’est compliqué…

C’est compliqué de dire combien je suis mal dans ma peau, combien je ne me sens pas bien dans ce corps. Je n’arrive pas à en parler. Un jour, j’aimerais bien arriver à m’assumer mais je ne sais pas quand ce sera.

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Violette, 18 ans, Huy

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La famille de Morgane ressemble un peu à un puzzle dont les différentes pièces ne fonctionnent pas les unes avec les autres. Compliqué de se trouver une place dans ce patchwork !

Portrait de famille
Dans ma vie, mon père est aussi présent que la reine d’Angleterre. Loin d’être un exemple, mon grand frère consomme des drogues dures et habite dans le même coin que notre père. Je vis avec mes grands-parents. J’ai une petite sœur, complètement innocente, elle vit avec notre père. Ma mère est complètement absente et vit à 150 kilomètres de moi. Toutes et tous sont aux quatre coins de la Belgique. Un petit frère, enfin, habite en France. Tout cela me donne l’image d’un puzzle inachevé. Mais moi ? Où suis-je dans ce puzzle ? Qui suis-je au beau milieu de cet éclatement familial ?
”Bon anniversaire”
Récemment, pour mon anniversaire, je suis allée dans un parc d’attractions avec ma maman. Cela faisait un an que je ne l’avais pas vue. Quoi de plus formidable que de se réfugier dans des rêves d’enfants lorsque son propre enfant intérieur se sent seul et abandonné ? Je m’attends à une journée exceptionnelle et j’y crois jusqu’au bout. Sans me rendre vraiment compte de ce qu’il est en train de se passer, je rigole toute la journée. Une fois déposée sur le bord de la route, à 50 mètres de mon domicile, chez mes grands-parents, je réalise… Je me rends compte que la journée qui m’avait été dédiée, je l’avais – essentiellement – vécue dans ma tête. Toute cette journée pouvait se résumer en 10 minutes, 10 petites minutes de réalité, de vrai. À peine descendue de la voiture, capuche relevée et tête baissée, mon pas est lent, mes larmes coulent… Tout se remet dans l’ordre et là, je ne peux plus m’arrêter de pleurer, de penser et de regretter. Je me dis que peut-être, si j’avais agi comme ceci ou comme cela, le moment aurait été différent.
Un moment avec ma mère
Je pense que beaucoup d’enfants aiment passer des moments avec leurs parents. Surtout dans un parc d’attractions, le but est d’aller sur des attractions ensemble, de partager de futurs souvenirs. Ça n’a pas été le cas. Bien sûr, j’avais très envie d’être avec ma mère mais, toute la journée, elle est restée collée à son copain. Celui pour qui, il y a deux ans, elle m’a laissée à plus de 150 kilomètres. Sur toute la journée, de 7h30 à 19h, j’ai parlé 10 minutes avec elle. Nous n’avons été que sur une seule attraction ensemble. Toute la journée, j’ai attendu ces deux moments que je ne voyais pas arriver. Ce n’est qu’au moment de la dernière attraction que mon beau-père s’est éloigné un peu et m’a laissée seule avec ma mère. Cela a été les 10 plus belles minutes de la journée. Elle et moi, dans la file d’attente, sourire jusqu’aux oreilles, main dans la main, yeux dans les yeux. On s’installe. Nous ne sommes que nous deux, mère et fille réunies après un an sans se voir. Une fois l’attraction finie, retour à la normale. Sa main me quitte pour celle de son copain, sa tête sur son épaule. Moi, de l’autre côté, heureuse d’avoir enfin eu un moment avec elle. Heureuse mais seule. Est-ce que je fais vraiment partie du puzzle ou suis-je juste une pièce d’une autre boite qui s’est perdue dans le mauvais emballage ?
Ma place ?
Ces moments où je me sens seule dans mon lit, où je remets tout en question, je les connais par coeur. J’essaye, tant bien que mal, de trouver la place que j’occupe dans la vie des autres et même, simplement, dans ma propre vie. Ce n’est pas normal d’en arriver à de telles situations à notre âge. Je suis encore si jeune et pourtant, je me sens déjà inutile et invisible aux yeux de tous les membres de ma famille. À y songer, je pense ne pas être seule à ressentir ce sentiment d’abandon et de solitude. Nous sommes les enfants perdus d’une société individualiste composée de parents qui se séparent très vite, trop vite. Tout va trop vite. Comment recomposer des puzzles complètement explosés ? Comment sortir de cette spirale infernale ? Comment pourrais-je faire partie du puzzle de la vie ? Aujourd’hui, j’ai 16 ans et je me sens seule et inutile aux yeux de tous.

Auteure : Morgane, 16 ans, Terwagne

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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Mon avenir

Mon avenir

Il est presque minuit et, dans son lit, Simon n’arrive pas à s’endormir. Il sait que demain, il devra aller à l’école mais le sommeil ne vient pas. Plongé dans l’obscurité, tout en essayant de trouver une bonne position pour s’endormir, il se questionne sur tout et n’importe quoi et surtout sur son avenir et cette question qui lui revient sans cesse : qu’est-ce qu’il veut et va faire plus tard ?

Rater sa vie ?

Je vais bientôt passer en 5ème année du secondaire, et je n’ai toujours aucune idée du type d’études que je veux faire, de mon futur métier… Il y a bien certaines matières qui m’intéressent plus que d’autres comme les maths et les sciences, mais tout ça reste très flou et ça… ça commence à m’inquiéter. J’ai peur de ne rien trouver et donc, en quelque sorte, de « rater » ma vie. J’ai aussi peur de me lancer dans quelque chose que je n’aime pas et de finir comme Monsieur et Madame Tout le monde à se retrouver dans la routine métro, boulot, dodo. J’ai peur d’une vie morose, de gagner un salaire moyen, d’avoir un travail que je déteste.

Rentrer dans le moule

Seul dans le noir, je commence à angoisser et à me dire que, dans une société où tout tourne autour de l’argent, si je ne trouve pas un vrai travail qui me plait, je finirai par décrocher, à me retrouver sans vrai salaire, à vivre dans la misère ou carrément, à la rue. J’ai peur de rater ma vie. Mais arrive alors une nouvelle question : c’est quoi réussir sa vie ? Pour moi, réussir sa vie, c’est être heureux. Se lever le matin et avoir envie de sortir de son lit en pensant à tous les petits ou grands plaisirs qui nous attendent tout au long de la journée. Être heureux, c’est pouvoir être libre, ne devoir obéir à personne et vivre chaque jour, une journée différente ou presque avec des rebondissements, des surprises, des rencontres, des contacts humains. Être heureux, ce n’est pas rester devant un ordinateur – toute la journée – à se faire crier dessus par un patron imbuvable. Je me dis qu’en fait, on essaie de rentrer dans le moule de la société pour se fondre dans la masse et ne pas se faire remarquer, au lieu de faire ce qui nous plait vraiment, et de nous démarquer parce qu’on aura écouté nos tripes, quitte à essuyer des critiques.

Les bons points

Facile à dire, moins facile à faire. On m’a appris à étudier pour avoir de bons points, mais on ne m’a pas appris à écouter mes tripes. Je vois la plupart de mes ami·e·s qui ont une passion qui leur permet de savoir vers quoi elles et ils veulent aller plus tard… Et puis il y a moi qui suis perdu. Certes, j’ai de multiples centres d’intérêt mais rien qui me permette de me diriger vers des études, un métier. Je me rappelle les discours incessants de tou·te·s mes professeur·e·s qui disent que les cours sont très importants, que si on ne réussit pas ici, on n’ira pas loin dans la vie, qu’il faudrait vraiment commencer à penser à nos études, qu’il va être temps de faire des choix, etc. Pour l’instant, tout va bien parce que l’objectif est d’avoir de bons résultats à l’école mais une fois que tout cela sera passé ? J’ai l’impression que je serai totalement perdu et sans objectif, que je ne saurai pas où me diriger. Pour moi, avoir un objectif, un but est primordial. Je trouve qu’à l’école, on nous apprend à réussir sa vie d’un point de vue sociétal mais pas d’un point de vue personnel et je trouve ça dommage. On nous apprend ce qu’on doit faire mais pas comment le faire.

Être reconnu

À tout cela s’ajoute le fait de ne pas vouloir décevoir mes parents, mes grands-parents… La famille m’a toujours dit qu’elle était fière de moi. Elles et ils me disent que je suis très intelligent, que j’ai de super bons points à l’école, que j’irai loin dans la vie. Tout cela me met la pression. Je n’ai pas envie de les décevoir et qu’ils et elles pensent s’être trompé·e·s à mon sujet. J’ai envie que, plus tard, toutes soient fières, tous soient fiers de ce que je suis devenu, de leur fils et de sa vie. Je veux être soutenu et aidé dans les décisions à prendre, je veux qu’on m’écoute, le sourire aux lèvres, lorsque je parlerai de ce que j’ai accompli. Je m’imagine dans quelques années dans une belle maison, avec ma femme et mes enfants et mon père qui me prenne dans ses bras et me dise « Je suis fier de toi mon fils ».

Demain…

Je suis dans mon lit, seul, et je ne sais toujours pas quoi faire. Et je réfléchis. Je m’imagine adulte, j’essaye d’imaginer mes études, mon avenir. Ce qui est sûr, c’est que dans mon futur métier, je serai libre de pouvoir donner mon avis, de pouvoir me poser toutes les questions et me livrer à toutes les réflexions que je veux. Je suis comme ça, c’est plus fort que moi. Au final, tout cela tourne dans ma tête, je me rends compte que je n’ai toujours pas de réponse à mes questions, qu’il est déjà 2h du matin et que je vais être crevé demain.

Auteur : Simon, 16 ans, Odet

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Les petits avis, épisode 8

Les petits avis, épisode 8

Scan-R, dès le départ, essaye de donner la parole à chacune, à chacun, à tout le monde ! Parmi les textes que nous recevons, certains sont trop brefs pour faire l’objet d’un témoignage. On a donc décidé d’en rassembler plusieurs. Voici les témoignages de Nour, Boris, Mimi, Eva et Maryem.

Discrimination liée au voile par Nour, 18 ans de Bruxelles

D’après une enquête française menée en novembre 2019, quatre musulmans sur dix estiment avoir été victimes de discrimination. Autour de moi, j’entends plein de gens qui parlent de l’islamophobie et qui, contrairement à moi, ont été touchés par cela. Personnellement, je n’ai jamais eu de problème. Il y a quelques jours, à Bruxelles, une manifestation était organisée. Pourquoi ? Parce que, dans l’enseignement supérieur et à l’université, les femmes ne peuvent désormais plus porter leur voile. Une amie à moi m’a dit que, en tant que femme voilée, elle devait être là. Les discriminations, elle les vit quotidiennement. Une amie à moi dit qu’elle n’a pas eu un emploi parce qu’elle était voilée. Triste et déçue, elle a terminé par quitter le pays. Parfois, les journaux relatent aussi différentes affaires comme celle d’un restaurant situé sur les Champs-Élysées qui a
refusé un groupe d’amies
qui n’a pu s’installer parce que l’une d’entre elles portait le voile. Pour conclure, je pense qu’il faut habituer les gens à nous accepter comme nous sommes.

Moi, dans 10 ans par Boris, 14 ans de Grivegnée

Je sais, précisément, où j’en serai dans dix ans ! Je vois des choses que personne ne sait voir. Côté travail, je serai devant ma planche de cuisine en train de décortiquer des gambas avec les couteaux gravés de mon papa. Sur le plan familial, mes parents seront toujours dans la même maison, celle où j’ai grandi. L’un de mes frères aura une femme et un fils, l’autre vivra avec son mari et ses sept chats persans. Moi, depuis sept ans déjà, je serai seul, en cuisine, pour gagner ma vie, travaillant les produits de la mer et de la terre. Ce sera comme ça jusqu’au jour où je pourrai, peut-être, trouver l’amour !

Méningite par Mimi, 16 ans de Vaux

Ce jour-là, au matin, je ressens des douleurs. J’en parle à mes parents mais mon père ne me prend pas au sérieux. Il est midi. Je sors de l’école avec mes amies pour aller chercher à manger. Tout à coup, je commence à avoir super mal à la tête, j’ai des douleurs partout et je suis prise de vertiges. Mes amies me disent de rentrer directement. Tout en essayant de joindre mes parents, elles m’accompagnent sur le chemin du retour. Mon père répond et pense que j’ai juste un petit mal de tête, rien de très grave. Peu de temps après, tout devient sombre autour de moi. Je quitte ma place et je retrouve mon père. Il est quand même venu me chercher. Arrivés à la maison, mes parents me donnent des antidouleurs. Mon état s’empire et quelques jours après, je me retrouve à l’hôpital dans un état très pénible. Mes douleurs étaient celle d’une méningite (1), une maladie qui, parfois, peut être mortelle, surtout chez les enfants et les adolescents.

La méningite est une inflammation des méninges, une sorte d’enveloppe qui protège notamment le cerveau. Il faut entre trois et quatre jours pour que la maladie se déclare. Elle est caractérisée par des maux de tête, une fièvre élevée, des nausées, des vomissements…

Être l’ainée par Eva, 12 ans de Vaux

Dans ma famille, je suis l’ainée. Mon frère et ma soeur sont de faux jumeaux. Mon frère a plus tendance à être contre moi, ma soeur avec moi. C’est super cool d’être l’ainée, je peux interdire certaines choses et donner des ordres. Parfois, c’est aussi très énervant. Quand je leur demande d’aller ranger leur chambre, elle et il ne font rien et me répondent ! Un jour, je venais de rentrer et je suis montée dans ma chambre. Ma maman a crié mon prénom après cinq minutes. Elle m’a dit que j’étais trop sur mon téléphone, j’ai donc arrêté. Directement, mon frère et ma soeur m’ont demandé mon téléphone. Je leur ai dit non, évidemment. Ma mère m’a sorti : « Allez, donne-le-leur, tu ne partages jamais, toi ! » Je lui ai dit : “C’est une blague ?!” Mais j’ai fini par le leur donner. Une autre fois, je rentrais de l’école et je suis allée dans ma chambre. Ils jouaient sur mon ordi. J’ai pété un plomb et je les ai virés. C’est bien d’être l’ainée, mais qu’est-ce que c’est énervant !

Trop petite pour me marier ? Maryem, 20 ans de Bruxelles

C’était censé être un jour important pour moi. J’allais choisir ma robe de mariée et j’étais si heureuse, j’espérais trouver la robe de mes rêves. Arrivée dans la boutique avec ma grande sœur et ma mère, je commence à regarder autour de moi quelques robes. Je donne mon avis sur certaines. La vendeuse va vers ma sœur, lui demande comment elle voit sa robe de mariée. Un peu gênée, avec ma petite voix, je lui fais comprendre que c’est moi qui me marie. Surprise, elle me demande mon âge. Je lui réponds timidement « 20 ans ». La vendeuse s’excuse et m’explique qu’avec ma petite taille, elle pensait que je n’étais qu’une très jeune adolescente. Intriguée, elle me demande combien je mesure. Je réponds « 1m51 ». Je deviens rouge de honte en voyant sa réaction. La vendeuse est choquée. J’ai quatre grandes sœurs et un petit frère. On pense souvent que je suis la dernière de la fratrie car même mon petit frère est plus grand que moi. Ma petite taille m’a souvent complexée.

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