Une personne dans ma vie

Une personne dans ma vie

Comme pour trouver un amoureux, Justine aura eu besoin de temps pour ne plus être harcelée par ses collègues de l’école. De la solitude à un sourire magique, la jeune femme nous propose une route ensoleilée et une citation trouvée sur Pinterest « Te rencontrer était ma destinée. Devenir ton amie était mon choix. Tomber amoureuse de toi est une perte de contrôle, mais je suis heureuse que ça me soit arrivé. »

Seule

Au milieu de ma première année de secondaire, j’ai commencé à avoir des problèmes avec mes amies. Au fil du temps tout cela s’est même transformé en harcèlement. Des rumeurs de toutes les sortes circulaient à mon propos. Des personnes que je ne connaissais pas venaient me trouver pour me demander si ce qui se disait était vrai … Les choses me paraissaient insurmontables. Je faisais des migraines, des crises d’angoisses, je tombais dans les pommes … J’ai passé beaucoup de temps à l’hôpital. Je pensais ne jamais m’en sortir. Quand même l’école ne peut rien faire pour vous, comment voulez-vous à 13-14 ans vous battre seule face à tou·te·s. J’étais à bout …

Début de quelque chose

C’est à ce moment-là, qu’un garçon que je ne connaissais que de vue, m’a envoyé un petit “Salut” tout simple. Un message que n’importe qui peut envoyer pour démarrer une discussion. De là, la discussion s’est enchainée durant des heures. Après quelque jours à échanger des messages, non-stop, on s’est appelés toute une soirée. On a rigolé et parlé de tout, de rien et de n’importe quoi. Je me souviens aussi lui avoir proposé de jouer à un jeu où il fallait simplement poser des questions pour apprendre à se connaitre. On passait des heures à parler au téléphone, et peu à peu, j’arrivais à m’endormir plus facilement, les cauchemars se sont atténués. Ce garçon me permettait de me vider l’esprit, de souffler un peu, de ne plus trop prêter attention aux rumeurs. Jamais il ne m’a posé de questions ou ne m’a parlé de ce qui se disait à l’école.

Deuxième année

Après plusieurs mois de discussion, voici venue la rentrée en seconde. Les deux premières semaines sont magiques, nous étions dans la même classe. Malheureusement j’ai dû changer de classe, il y avait une mauvaise répartition d’élèves dans d’autres.

La situation que l’on vivait était très ironique : on s’envoyait des messages sans arrêt, on s’appelait en visio, mais quand on était à l’école on ne se disait même pas bonjour tellement on était timides. Je me rappelle aussi qu’il me draguait et moi, à cause des déceptions amoureuses précédentes, je le rejetais. Je le taquinais beaucoup sur le fait qu’il paraissait être un petit intello coincé. À ce moment-là, ce n’était pas mon style de garçon.

Le temps passe

Après un changement d’école, presque trois ans de discussion, une journée à Disney et un malheur qui nous a touchés, il a franchi le pas et m’a demandé de sortir avec lui. C’était le 16 août 2018. Mon cœur s’est emballé. Je m’en souviens comme si c’était hier mes mains sont devenues moites, la chaleur m’est montée aux joues et mon estomac s’est serré. Je me souviens de la délicatesse du soleil ce jour-là et de l’odeur que le vent nous apportait. Je me souviens de ce sourire qu’il avait sur le visage, du stress dans son regard. Ayant peur que je lui dise non, mais une fois le oui prononcé, il s’est apaisé ou presque …

Ensemble

Depuis plus de deux ans, on ne se lâche pas. Comme tous les couples, on a eu des bas et des hauts. Il m’a permis de reprendre confiance en moi et de faire confiance aux autres. Ma peur de l’abandon persiste mais je sais que lui ne me laissera jamais seule. Il m’a aussi permis de rencontrer de nouvelles personnes, de me faire des ami·e·s, il m’a soutenu dans toutes mes idée folles. Nous nous sommes aussi entraidés dans nos projets respectifs. Il supporte mes changements d’humeur, prend soin de moi quand je ne suis pas bien et que j’ai un coup de mou. Il n’y a pas si longtemps, il a dit à l’un de nos amis : « quand je la vois sourire comme ça je sais que j’ai tout gagné, j’ai tellement de chance ». Cette phrase est magnifique, mais aussi tellement vraie. Quand il me sourit avec son petit sourire en coin et me regarde dans les yeux de façon intense, je sais aussi que j’ai de la chance et que j’ai tout gagné moi aussi.

Pourquoi je vous raconte ma vie ?

Pour vous montrer, vous prouver que, même quand tout va mal, il y a toujours une lueur d’espoir. Il y aura toujours quelqu’un·e qui vous tendra la main pour vous aider et vous faire sortir de vos pires cauchemars. Alors ne perdez jamais espoir. Quoi qu’il arrive restez fort·e ! Certes ce ne sera pas facile mais le jour où vous rencontrerez cette fameuse personne, que ce soit en amour ou en amitié, remerciez la ! Et inversement, quand elle sera dans le besoin il faudra être là pour elle et cela permettra aussi de créer un lien très très fort entre vous. Alors merci à cette personne dans ma vie. Et merci à celles qui ont déjà aidé d’autres dans la même situation.

Auteure : Justine, 18 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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J’ai été harcelé

J’ai été harcelé

C’est en changeant d’orientation scolaire que David a plongé dans le harcèlement. Insulté, brimé, il s’est fait du mal et a dû être déterminé pour s’en sortir. Aujourd’hui, il n’est plus harcelé mais comment a-t-il fait pour s’en sortir ?

Ça commence très mal

Tout a commencé le 5 septembre 2019 quand, avec d’autres que je ne connaissais pas, je suis rentré en 3ème professionnelle cuisine. Dès le début, il y en a eu quatre qui commençaient à me chercher des problèmes… C’est là que tout a commencé. Au début, les harceleurs y allaient doucement. Des gros mots, des insultes, se moquer de mon poids, de ma tête et bien évidemment de ma façon d’être. Pour eux, j’étais différent et cela ne leur plaisait pas. Je ne me sentais pas bien et surtout très agressé.

Je me fais du mal

Un jour, dans ma salle de bain. Je décide que ma souffrance doit s’arrêter. Je me suis alors ouvert les bras. Je n’avais rien dit à personne, surtout pas à ma maman parce que j’avais peur du jugement et de l’incompréhension. Deux semaines plus tard, mon animatrice de la maison des jeunes, Ludivine, a vu mes bras et m’a demandé ce qui se passait. Là, je lui ai tout dit, du coup elle m’a dit de rester fort et que je devais en parler. J’ai donc décidé de le dire à une professeure spécialisée dans le harcèlement à l’école mais elle n’a pas bougé. Déjà, que cela avait été dur pour moi de faire la démarche de lui parler… Ne pas avoir été entendu, c’était encore plus dur.

Le jour où tout bascule

Ce jour-là, ma journée commence en cuisine et tout de suite, et comme d’habitude, les insultes fusent. Je ne dis rien, j’encaisse. Jusqu’au moment où l’un d’entre eux a un geste déplacé envers moi. Sur le moment je ne dis rien, mais une fois rentré chez moi, je me coupe volontairement les bras en écoutant des musiques déprimantes. Ce qui change, c’est que ma sœur a vu que j’avais les bras ouverts et que je pleurais. Elle a alors appelé ma maman. Là, enfin, ce fut le soulagement. Ma maman m’emmène à l’école et montre mes bras à la préfète qui n’avait aucune idée de ce qui se passait dans son école. Ma maman explique qu’elle va appeler la police contre non-assistance envers personne en danger et surtout pour harcèlement.

Tranquille enfin !

Je suis resté chez moi quelque temps et j’ai fait une mini dépression. Après, il a bien fallu que je revienne à l’école et même si mes harceleurs l’avaient quittée à la demande de la préfète, je ne me sentais toujours pas bien. Ma maman m’a dit que je devais être fort et que je ne devais pas avoir peur de dire ce que je pensais. Ludivine aussi m’a aidé et m’a dit que j’étais une bonne personne, que je pouvais faire des choses merveilleuses, que j’étais un petit mec de bonne vie et que j’avais plein de choses pour moi ! Elle m’a aussi dit que j’étais un artiste, que je devais garder la joie que j’avais car je donnais du bonheur autour de moi. Après tout ça, enfin, je me suis posé. Ma meilleure amie m’a aidé ainsi que ma copine et je les remercie pour tout. La chose que vous ne devez pas oublier, c’est d’en parler. C’est compliqué, je sais, mais croyez-moi ça vous fera du bien. Maintenant je parle et je ne me laisse plus faire. Je garde le sourire et tout ça, c’est derrière moi. Ça restera derrière moi.

Auteur : David, 16 ans, Liège

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Harcèlement, de l’ombre à la lumière

Harcèlement, de l’ombre à la lumière

Pour Chloé, c’est parfois plus facile d’écrire sur le harcèlement scolaire que d’en parler à ses proches. Voici ce qu’elle a vécu et comment, voici les différentes pistes ou moyens qu’elle propose pour en sortir !

L’enfer en primaire

Le harcèlement est un sujet qui me touche énormément. Je l’ai subi pendant mes années à l’école primaire. Heureusement pour moi, tout cela s’est arrêté une fois que je suis entrée en secondaire. Le harcèlement peut avoir beaucoup de conséquences : le manque de confiance en soi, le manque d’amour propre. Il peut aussi avoir des impacts sur la sociabilité, entrainer une grande solitude … Pendant que j’étais harcelée, on me disait que j’étais amoureuse d’une personne ou, comme la plupart de mes ami·e·s étaient des garçons, on me disait que j’étais un garçon manqué. Cela peut paraitre débile, mais à la longue ça me faisait tellement de mal que, plusieurs fois, j’ai pensé à mettre fin à mes jours. Tout s’est arrêté en secondaire, le groupe qui me harcelait s’est séparé dans différentes écoles.

Silencieuse dans ma bulle

Je n’en ai parlé à personne autour de moi, je ne voulais pas les ennuyer avec mes problèmes, je ne voulais pas avoir l’air d’être faible aux yeux des autres. Seulement, il faut savoir que, forcément, un jour, notre entourage le découvre… Un moment, on craque à cause de la pression ou dans des cas extrêmes et trop fréquents, on décide de mettre fin à ses jours. Pour moi, ce sont mes ami·e·s du secondaire qui l’ont découvert. Quand on harcelait ma meilleure amie, je m’étais identifiée à elle. Un jour, on en a parlé toutes les deux et je me suis confiée à elle. Parfois, j’étais vraiment pas bien en écoutant ce qu’elle vivait. Pendant et même après, le harcèlement, je devenais moins sociable par peur du jugement des autres, de leurs réactions. Moins j’étais sociable, plus grande était la solitude que je ressentais. Je m’enfermais dans ma bulle. Cette bulle où je me sentais bien, invincible et protégée. Sans cette bulle, j’étais confrontée aux remarques et aux jugements. Cloitrée dans ma bulle, je perdais mes ami·e·s et je restais tout le temps chez moi, sans être invitée aux anniversaires.

Les solutions

Je vais maintenant vous parler des solutions qui m’ont aidée à sortir de ma bulle. La première, c’est d’en parler à une personne qu’on ne connait pas forcément très bien. Cela va aider à ne pas se sentir jugé·e, et même si on a ce sentiment-là, il faut se dire qu’ il y a peu de chances de revoir cette personne. Après, on se sent soulagé, on ne porte plus ce lourd secret tout·e seul·e. La deuxième, c’est d’en parler à ses parents par des moyens implicites, par exemple une poésie ou leur faire regarder un film qui traite de ce sujet pour essayer de faire passer un message subliminal aux parents.

Une association pour aider

L’association qui m’a permis d’en parler, c’est l’asbl Sors de ta bulle. Cette année, elle est passée à l’école pour nous sensibiliser au harcèlement moral, physique, ou encore le cyber harcèlement. C’est seulement à ce moment-là que j’en ai parlé à une autre personne que mes amies. Aujourd’hui, j’avoue ne pas encore avoir trouvé le courage d’en parler à mes parents.

Plus facile à dire …

Pour conclure, je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais il faut en parler à des personnes en qui on a confiance et essayer d’en parler à des personnes qui ont aussi vécu le harcèlement. Si jamais vous ne vous sentez pas encore prêt·e, ce n’est pas grave, prenez juste votre temps. Dans mon cas, cela m’a permis de regagner un peu de confiance en moi, de sortir de ma bulle et de me faire de vrai·e·s, de véritables ami·e·s.

Auteure : Chloé, 16 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Harcèlements quotidiens

Harcèlements quotidiens

Les journées de Luce se ressemblent et ne sont pas réjouissantes du tout. Chaque jour, c’est la même histoire, subir les commentaires, les gestes déplacés, tenter de fuir les nombreux pénibles. Épuisée par ces comportements, Luce tire le bilan

Journée de merde, journée classique

7h27 Je rentre dans la station de métro pour aller à l’école. Il fait froid, très froid. Mon métro n’arrive pas, je fais un détour pour chercher un autre itinéraire quand soudain, je vois deux paires d’yeux m’inspecter de haut en bas. C’est deux gars dans la trentaine. Deux contrôleurs de la stib. Ils s’approchent et leurs deux voix se mêlent à leurs yeux obstinés: « Et toi ! T’aurais un numéro ? T’es vachement bonne ma chérie » ai-je entendu. Quand je cours pour essayer de fuir, je sens une de leurs mains sur mon poignet, essayant de me garder auprès d’eux. Quand je réussis enfin à m’échapper, les larmes coulent sur mes joues et mes jambes cherchent à courir, encore et encore. 15h50 Fin des cours, attroupement de jeunes en dehors de l’école. Comme d’habitude, un gars vient me claquer les fesses et me dire à quel point j’ai un gros cul. Il me suit pendant une centaine de mètres et me lâche après s’être lassé. 17h23 Enfin rentrée chez moi, je pense être soulagée… Je fais la bise à mon frère puis à mon père qui sur le fait me dit « Ho, ta poitrine est très jolie aujourd’hui, elle a grossi non ? » Je réponds par un rire gêné. La suite de la soirée continue par un rapprochement et une main sur mon épaule. Mes larmes coulent toute la nuit…

Témoigner et bouger

Aujourd’hui, je vis toujours dans la peur: peur de me faire siffler dans la rue, peur qu’on me regarde. Combien de fois me suis-je demandé si ma tenue pouvait justifier ce qu’il m’était arrivé ? Est-ce qu’un pauvre jean slim et un t-shirt uni large auraient pu causer cela ? Était-ce de ma faute ? Puis un jour j’ai vu un témoignage d’une fille qui racontait son histoire, cela me faisait beaucoup penser à moi. Cela m’a énormément touchée et j’ai décidé de me relever et de rejoindre un mouvement principalement composé de femmes : le féminisme. Je me suis rendu compte qu’aucun geste ni aucun vêtement ne pouvait justifier un acte ou une parole. Chaque jour, je me bats pour le droit des femmes, ces droits que normalement nous devrions déjà avoir parce que cela n’est pas normal. Ce n’est pas normal de devoir nous battre pour ce genre de choses. Surtout, n’oubliez pas que si quelque chose vous est arrivé, que vous soyez une fille ou un garçon parlez-en, ne vivez pas dans le secret !

A écouter aussi en podcast ici

Pour en savoir sur la réalité atroce d’autres femmes, voir l’expo Que portais-tu ce jour là ? organisée par Amnesty International

Auteure : Luce, 14 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R 

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Auteur : Abdou, 12 ans, Ans

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