Ma mère est bipolaire

Ma mère est bipolaire

Il y a huit ans, Élisa, alors âgée de huit ans, comprend que les humeurs, les attitudes, les réactions de sa maman ne sont pas celles de tout le monde. Elle se rend compte aussi qu’il lui faudra vivre avec cette réalité très difficile.

La première crise

J’avais huit ans quand ma mère a fait ce que j’appellerai sa première crise. Suite à cela, elle doit être hospitalisée dans un hôpital psychiatrique (1) et je le vis très mal. Lorsque je lui rends visite, je la trouve au milieu de personnes qui, je trouve, sont retardées … Je n’arrive pas à associer l’état de ces gens à celui de ma mère.

Seule avec maman

Un an plus tard, gros changement : mon père part travailler un an en France. Je me trouve donc toute seule avec ma mère. À partir de ce moment, malgré mon très jeune âge, face à elle, l’adulte c’est moi… Comme rien n’est simple et que tout peut toujours être plus compliqué encore, ma mère commence à prendre ses médicaments avec de l’alcool (2) et elle devient alcoolique. Quand je dis à ma mère qu’elle doit arrêter de boire, je me fais presque punir. Elle me dit : « Ce n’est pas ton rôle, tu n’es pas l’adulte. Tu es l’enfant ». C’est tout le temps le même refrain énervant. Elle ne me comprend pas.

Ma mère est une enfant

Avec le temps, je me renferme de plus en plus, je me rends compte que je n’ai aucun souvenir de ma mère avant sa première crise. Pour moi, cette crise était celle d’un enfant qui n’a pas eu son bonbon au supermarché ! C’était très violent et mon cœur fragile s’est brisé en mille morceaux. À chaque fois que je veux grandir et évoluer, prendre mon indépendance, ma mère fait une crise et c’est fini, je dois tout recommencer.

Bipolaire ?

Ma mère est une bipolaire… Mais bipolaire, ça veut dire quoi ? La bipolarité, c’est une maladie mentale. L’humeur d’une personne atteinte par cette maladie change de tout ou tout, pour un rien, sans qu’on puisse, forcément, avoir une idée de ce qui a provoqué ce changement. Certains éléments, comme l’alcool et le tabac peuvent rendre ces crises plus graves encore. Ma mère fume et boit. Les crises, verbales et physiques, sont d’autant plus violentes… Quand elles explosent, ces crises sont toujours stressantes pour moi, je ne sais pas où me mettre, je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment me situer par rapport à ça et c’est normal. Depuis que ces crises existent, je me dispute souvent avec ma mère et je me suis énormément accrochée à mon père. Lui a toujours été là quand il le fallait.

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Les suites

Comment j’imagine l’avenir ? L’avenir, je ne sais pas vraiment comment il sera, comment ça va évoluer… Cela dépendra du moment où je quitterai la maison de mes parents. Pour terminer, je crois qu’il faut vraiment parler de ses craintes, c’est important. Si on ne le fait pas, on se sent mal et on ne parvient plus à se confier.

(1) Alors qu’un hôpital ordinaire ou une clinique classique s’occupe des soins apportés au corps, un hôpital psychiatrique veille à une meilleure santé mentale de ses patient·e·s.
(2) À la base, évidemment, l’alcool n’est jamais recommandé. La prise de médicaments avec de l’alcool l’est encore moins : le second perturbe l’action des premiers. Inversement, les médicaments multiplient les effets de l’alcool.
(3) Quand on parle d’une personne bipolaire, on parle – en fait – d’une personne souffrant de troubles bipolaires. Bipolaire, à la base, cela signifie entre deux pôles opposés. Autrement dit, on passe, par exemple d’une humeur complètement euphorique ou sotte à une humeur complètement dépressive durant laquelle on voit tout en noir.

Auteure : Élisa, 16 ans, Chaudfontaine

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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Délinquant sans autre choix

Délinquant sans autre choix

Au mois de juin 2019, une équipe de Scan-R s’est rendue à l’Institution Publique pour la Protection de la Jeunesse (1) de Saint-Hubert. Elle y a rencontré une dizaine de jeunes. Voici le texte de Sébastien, 17 ans, et donc mineur. Suite à différents faits qui l’auraient directement amenés en prison s’il avait eu un an de plus, il a été condamné à passer plusieurs mois en Institution Publique pour la Protection de la Jeunesse ou IPPJ (1). Il ne nie pas les actes qui l’ont conduit là-bas, il ne se plaint pas. Son souhait ? Que ceux et celles qui en ont le pouvoir aident les jeunes au plus vite, sans les laisser s’enfoncer dans la délinquance.

Dérapages

Je suis un jeune de 17 ans comme la plupart des autres sauf que, après quelques problèmes intrafamiliaux, j’ai dérapé, bien dérapé… Tout a commencé par le décrochage scolaire et une consommation excessive de drogues douces. Suite à cela, la veille de mes 16 ans, j’ai été mis à la porte de chez mes parents. Perdu, sans logement, j’ai vécu dans la rue. Un jour, sur les conseils d’amis proches, j’ai franchi la porte du Service de l’Aide à la Jeunesse (SAJ) de mon coin. Comme j’avais très peur d’être placé, j’ai modifié la vérité tout en insistant sur le fait que j’étais sans logement. Le SAJ m’a alors proposé un séjour de rupture au Maroc. J’étais convaincu qu’à mon retour, je serais bronzé mais sans toit, ce qui ne sert à rien. Les procédures du SAJ prennent un temps fou (les papiers, les rencontres avec les parents, les réunions, etc). Finalement, rien ne s’est pas fait.

Peu soutenu

Si je parle ce n’est pas pour me plaindre, c’est pour alerter. Je pense que la jeunesse pourrait être plus soutenue. Si, durant les 10 mois passés dans la rue, un ami et mon grand-frère, dépannaient comme ils le pouvaient, je n’ai, à aucun moment, été pris en charge… Je voulais avancer sur l’idée d’autonomie. Cette autonomie est une des possibilités offertes par le SAJ. Si cela me semblait très intéressant, le problème est que les choses prennent des mois pour se réaliser et que du temps, je n’en n’avais pas.

Délinquance

Sans aide financière ou sociale, j’ai fait ma route et elle n’était pas belle. J’ai commencé par vendre du cannabis, j’ai arraché des sacs à mains… L’argent appelle l’argent et vue la société dans laquelle on vit, il m’en fallait toujours plus. J’ai fini par braquer des petits commerces. La vie de rêve avec habits chics, smartphone dernière génération et chaussures de marque, devenait réalité pour moi. J’avais ce que je voulais et je me sentais super puissant. J’avais enfin de l’argent. Rien, plus rien, ne pourrait jamais m’arrêter.
Je me suis fait interpellé mais j’ai réussi à m’échapper. Après deux semaines à me cacher un peu partout, la police m’a attrapé. J’étais anéanti. La vie de rêve c’était fini. J’ai avoué.

Mon réveil

Je suis en IPPJ. Peut-être que ce passage en IPPJ va m’aider. Le fait d’être enfermé ici fait que je bénéficie d’aide, celle dont j’avais tant et tellement besoin quand j’étais dans la rue. J’ai parfois l’impression que pour pouvoir en bénéficier, il a fallu que je fasse ces vols, braquages. Maintenant, je suis pris au sérieux et on ne m’embête plus avec des bêtes questions du genre, “tu ne retournerais pas vivre chez ton père ?” J’ai un peu de chance dans ma malchance… Le fait de ne pas avoir été en ville m’a mis à l’abri de certaines tentations.

Le réveil du monde politique ?

Une année s’est écoulée entre ma vie à la rue et ma vie à l’IPPJ. Un an. Un an, c’est le temps qu’il m’a fallu pour devenir un « délinquant » et vivre en marge de la société. C’est seulement une fois bien ancré dans la « délinquance » que tous les services se bougent le cul pour m’aider. J’espère maintenant y arriver, recommencer l’école et / ou trouver du travail. Je souhaite en finir avec la rue et trouver un logement. Je souhaiterais enfin pouvoir vivre plus ou moins comme une autre personne de mon âge. S’il vous plaît, si vous êtes un acteur institutionnel ou politique, essayer de trouver de meilleures solutions pour les jeunes qui, comme moi, sont perdus. N‘attendez pas qu’ils soient bien ancré dans la « délinquance ». C’est difficile d’en sortir.

(1)Selon la loi, une IPPJ est un centre fermé pour personne délinquante de moins de 18 ans. Tout en protégeant la population de ces jeunes, ces centres doivent permettre à leurs pensionnaires de se reconstruire, de se réinsérer dans la société, dans leur famille, dans leur école. La vision des jeunes qui y passent et parfois plusieurs mois, parfois plusieurs fois, n’est pas celle-là. Elles et ils y voient plutôt une prison.

Auteur : Sébastien, 17 ans, Liège

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Jeune maman

Jeune maman

Malika a 21 ans et elle est maman. Comme elle le dit elle-même, ça n’a pas toujours été facile. Entre le papa de son enfant, ses ami·e·s, sa réalité, son papa à elle. Malika a choisi le chemin de la maternité.

Enceinte

Quand la nouvelle tombe, elle m’effraie. J’en parle au papa, il me dit : “tu es trop jeune, tu n’y arriveras pas. En plus, tu seras toute seule et tu vas gâcher ta vie”. C’est à ce moment, à ce moment précis, que mon monde commence à tomber en ruines. Je me mets à douter de moi, de ma vie, de mon choix. Je suis à peine en train d’accepter que je vais être maman que je peux déjà sentir un poids… et ce n’est pas celui de mon ventre mais celui des jugements. Je vis dans une société où, vu ma jeunesse, je suis considérée comme une gamine. Heureusement, je continue à avancer avec l’aide de ma maman et grâce à ce petit être qui se développe sans cesse dans mon ventre.

Différente

Avec ce ventre arrondi, je ne peux plus aller chez des copines sans me sentir différente. Je suis vue comme ennuyeuse : je ne partage plus les mêmes centres d’intérêt. Louna, prétendument ma meilleure amie depuis une décennie déjà, sous-entend que l’avortement est le meilleur choix pour moi. Pour elle, garder le bébé qui grandit en moi est voué à l’échec. Je me pose, un instant, et je cogite sur mon avenir. Est-ce que je fais une erreur ? Je vis chez ma mère et je n’ai pas de revenus. En fait, je ne suis nulle part dans la vie. Au fond de moi, pourtant, je sais que j’y arriverai, que j’ai fait le bon choix, que rien, que personne, ne peut profondément me faire changer d’avis.

Papa

Vient le jour où je le dis à mon père, mon roi, mon pilier. Si vous saviez, combien, dans mon coeur, il était important. Ce jour-là, mon monde s’écroule une seconde fois. Toute seule, je me posais déjà bien des questions sans réponse là, c’est pire encore… Les mots de mon père nourrissent mes doutes, sèment le trouble… Ils me détruisent. Je suis brisée. Je me sens égarée, effrayée. Je pense que je suis nulle. Je suis tétanisée. Vais-je vraiment y arriver ? Être une bonne maman ? J’ai souvent été jugée égoïste, inconsciente. Un enfant qui fait un enfant, c’est totalement irresponsable, n’est-ce pas ? J’ai la trouille, je ne sais pas, au final, ce qui m’attend.

Il arrive

À huit mois de grossesse, lors de l’échographie (1) de routine, la gynécologue (2) m’annonce que je suis susceptible d’accoucher à tout moment. Et là, je me dis “Merde, t’as plus le temps d’avoir peur, tu vas devenir maman !” Dans le fond, personne ne peut arrêter l’amour inconditionnel que je porte déjà à mon fils. J’ai le courage de poursuivre ma quête du bonheur, de me battre un peu plus chaque jour pour me prouver à moi-même que j’en suis capable.

Heureuse

Mon fils a aujourd’hui 18 mois. Quand je le serre dans mes bras, je suis heureuse et plus épanouie que jamais. Peu importe d’où l’on vient et l’âge que l’on a, il n’y a ni âge ni situation parfaite pour donner la vie. Personne n’est en droit de nous juger, même pas nous-même. Notre pire ennemi est dans le miroir. Mais si nous utilisons notre reflet d’émotions pour les transformer en ambition, alors les portes du bonheur s’ouvrent à nous.

1. Une échographie est une sorte de photographie d’une partie du corps. Elle permet, par exemple, de voir si un bébé se développe normalement dans le ventre de sa maman. 2. Un·e gynécologue est une doctoresse, un docteur, spécialiste du système génital féminin, des grossesses, des accouchements.

Auteure : Malika, 21 ans, Châtelet

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Un dessin a changé ma vie

Un dessin a changé ma vie

Pendant des années, Dimitri a sérieusement galéré. Il se considérait et/ou était considéré, un peu comme un loser… Un jour pourtant, par le biais d’un simple dessin, tout mais vraiment tout, va être bouleversé.

Je suis un minable

En grandissant, j’ai toujours eu l’impression d’être différent de tous les autres et quand je dis différent, je devrais plutôt écrire inférieur. En vrai, c’est cela que je veux dire. Inférieur, en tous points et à tous mes camarades de classe. J’étais moins beau, moins grand, moins fort, mais également moins bon en sport, dans les jeux, les cours et j’en passe. Peut-être avais-je ce sentiment à cause de mes condisciples qui n’hésitaient pas à me le rappeler jour après jour. J’avais néanmoins l’impression qu’il y avait un fond de vérité. Je pensais qu’après l’école primaire, j’aurais une seconde chance et que ce serait comme un nouveau départ. J’avais tort. Certes, il a fallu peut-être un mois ou deux à mes nouveaux camarades pour qu’ils s’en rendent compte, mais l’évidence était là… J’étais, à nouveau, un bon à rien.

Je suis un artiste

Un beau jour, en période d’examens pour obtenir mon CE1D, j’ai pris une décision. Je me suis dit que, pour la première fois de ma vie, j’allais dessiner. À ce moment-là, je n’en avais encore aucune idée, mais cette décision allait changer ma vie. J’ai pris un crayon, une feuille, et j’ai passé presque une semaine de mon temps libre à essayer de redessiner une image que j’avais trouvée sur le net. Une fois finie, je l’ai amenée à l’école pour la montrer à mes quelques amis. C’est là que tout a changé. Mes amis ont trouvé ça beau. Du jour au lendemain, je suis passé du mec un peu paumé, pas méchant mais sans réel intérêt, au mec qui dessine bien. Soudainement j’étais quelqu’un et les gens s’intéressaient à ce que je faisais mais aussi à qui j’étais.

Dessinez c’est gagné

Voyant l’effet d’un dessin pas si beau sur mon entourage, je n’ai pas réfléchi et j’ai continué à dessiner. Si un dessin pouvait en faire autant, qu’en serait-il de 100 ? Alors, j’ai dessiné, dessiné et dessiné, j’ai dessiné autant que je le pouvais, dès que j’avais du temps libre. Dans le but d’avancer plus vite, je me suis fixé un objectif. Je ne voulais plus être le mec qui sait dessiner, le mec qui dessine trop bien… Je voulais être le meilleur dessinateur de l’école. ! Et ça a marché, je me suis très vite amélioré.

Les temps changent

À la rentrée des classes, c’était différent des autres années. Plus personne pour me mettre des bâtons dans les roues. Les gens avaient arrêté de m’insulter sans raison. Après dix ans de lynchage quotidien, tout avait enfin cessé. Quant à moi, j’étais toujours moi sauf que je savais dessiner et comme on ne me rabaissait plus, j’avais une plus grande confiance en moi. Et cette grandissante confiance en moi m’a permis d’être plus à l’aise en société. L’année suivante, j’ai changé d’école pour aller dans une autre spécialisée en art comme mon entourage me l’avait conseillé. En arrivant dans une école où tout le monde savait dessiner, j’avais peur de perdre ce que les gens voyaient de spécial en moi. J’ai donc redoublé d’efforts pour m’améliorer le plus possible. Quand j’ai montré ce que je savais faire à mes nouveaux camarades, ils étaient autant, voire plus impressionnés que les anciens. Ça m’a donné un boost de confiance en moi. En plus, ils ne me voyaient pas comme ‘le mec qui dessine vraiment bien’ mais comme un ami avant tout.

Aujourd’hui, j’ai des amis incroyables sur lesquels je peux compter. Je n’ai plus trop de problèmes d’estime de moi. Mon entourage dit de moi que je suis devenu sociable. Je n’ai jamais vraiment approuvé ça. Cependant le dessin n’est plus “LA” chose qui me définit mais reste bien la chose la plus importante à mes yeux. Après tout, un vieux dessin plutôt médiocre a changé ma vie.

Le dessin qui illustre le texte de Dimitri est aussi signé Dimitri. Merci à lui !

Auteur : Dimitri, 19 ans, Liège

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Certains m’appelent la Terre

Certains m’appelent la Terre

Les textes écrits lors des ateliers proposés par Scan-R, prennent parfois par des formes plus poétiques. C’est le cas avec ce texte d’Ali. Son proverbe personnel ? « Souri à Ali et Ali te sourira. »  

Certains m’appellent la Terre
D’autres mère nature
Dès vos premiers pas, j’ai été là.
Je vous ai regardé grandir, sans rien dire.
J’existe depuis plus de 4 milliards et demi d’années
Soit 22500 fois plus longtemps que vous
Je n’ai pas besoin de vous.
Mais vous avez besoin de moi.
Oui !!! Votre future dépend de moi.
Lorsque je prospère, vous prospérez.
Lorsque je faiblis, vous faiblissez… ou pire
Je suis là depuis l’éternité
J’ai soumis des espèces plus grandes que vous
Et affamé de bien plus nobles que vous.
Mes océans, ma terre, mes rivières, mes forêts
Tous peuvent vous emporter
Ou vous laissez en paix.
Vous n’êtes qu’une infinie partie de mon Histoire
Une phrase sur une centaine de pages
Les choix que vous faites chaque jour
Que vous vous préoccupiez de moi ou pas
M’importe peu.
Vos actions déterminent votre sort.
Pas le mien
Je continuerai d’exister, vous pas
Grâce à moi, vous êtes en vie.
Et cela jusqu’à aujourd’hui.
Je suis éternelle
Mais vous
Votre temps est compté.

Auteur : Ali, Bruxelles

Cet article a été réalisé lors d’un atelier Scan-R.

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