J’ai été harcelé

J’ai été harcelé

C’est en changeant d’orientation scolaire que David a plongé dans le harcèlement. Insulté, brimé, il s’est fait du mal et a dû être déterminé pour s’en sortir. Aujourd’hui, il n’est plus harcelé mais comment a-t-il fait pour s’en sortir ?

Ça commence très mal

Tout a commencé le 5 septembre 2019 quand, avec d’autres que je ne connaissais pas, je suis rentré en 3ème professionnelle cuisine. Dès le début, il y en a eu quatre qui commençaient à me chercher des problèmes… C’est là que tout a commencé. Au début, les harceleurs y allaient doucement. Des gros mots, des insultes, se moquer de mon poids, de ma tête et bien évidemment de ma façon d’être. Pour eux, j’étais différent et cela ne leur plaisait pas. Je ne me sentais pas bien et surtout très agressé.

Je me fais du mal

Un jour, dans ma salle de bain. Je décide que ma souffrance doit s’arrêter. Je me suis alors ouvert les bras. Je n’avais rien dit à personne, surtout pas à ma maman parce que j’avais peur du jugement et de l’incompréhension. Deux semaines plus tard, mon animatrice de la maison des jeunes, Ludivine, a vu mes bras et m’a demandé ce qui se passait. Là, je lui ai tout dit, du coup elle m’a dit de rester fort et que je devais en parler. J’ai donc décidé de le dire à une professeure spécialisée dans le harcèlement à l’école mais elle n’a pas bougé. Déjà, que cela avait été dur pour moi de faire la démarche de lui parler… Ne pas avoir été entendu, c’était encore plus dur.

Le jour où tout bascule

Ce jour-là, ma journée commence en cuisine et tout de suite, et comme d’habitude, les insultes fusent. Je ne dis rien, j’encaisse. Jusqu’au moment où l’un d’entre eux a un geste déplacé envers moi. Sur le moment je ne dis rien, mais une fois rentré chez moi, je me coupe volontairement les bras en écoutant des musiques déprimantes. Ce qui change, c’est que ma sœur a vu que j’avais les bras ouverts et que je pleurais. Elle a alors appelé ma maman. Là, enfin, ce fut le soulagement. Ma maman m’emmène à l’école et montre mes bras à la préfète qui n’avait aucune idée de ce qui se passait dans son école. Ma maman explique qu’elle va appeler la police contre non-assistance envers personne en danger et surtout pour harcèlement.

Tranquille enfin !

Je suis resté chez moi quelque temps et j’ai fait une mini dépression. Après, il a bien fallu que je revienne à l’école et même si mes harceleurs l’avaient quittée à la demande de la préfète, je ne me sentais toujours pas bien. Ma maman m’a dit que je devais être fort et que je ne devais pas avoir peur de dire ce que je pensais. Ludivine aussi m’a aidé et m’a dit que j’étais une bonne personne, que je pouvais faire des choses merveilleuses, que j’étais un petit mec de bonne vie et que j’avais plein de choses pour moi ! Elle m’a aussi dit que j’étais un artiste, que je devais garder la joie que j’avais car je donnais du bonheur autour de moi. Après tout ça, enfin, je me suis posé. Ma meilleure amie m’a aidé ainsi que ma copine et je les remercie pour tout. La chose que vous ne devez pas oublier, c’est d’en parler. C’est compliqué, je sais, mais croyez-moi ça vous fera du bien. Maintenant je parle et je ne me laisse plus faire. Je garde le sourire et tout ça, c’est derrière moi. Ça restera derrière moi.

Auteur : David, 16 ans, Liège

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Les idées reçues

Les idées reçues

À l’école, Pauline a des options qui peuvent impressionner : sciences fortes, latin et grec. Ne pensez surtout pas que c’est une caricature, une “intello” qui passe ses journées enfermée à étudier, qui ne sait pas s’amuser. Elle écrit pour nous prouver le contraire et essayer de nous démontrer que ranger des gens dans des cases en fonction de leurs options, c’est très souvent passer à côté d’une belle personnalité !

Aprioris bienvenus !

Pour commencer, on va être honnête : on a tous et toutes des aprioris. Dans ma ville, par exemple, c’est surtout envers les élèves inscrits dans les sections professionnelles. Ils seraient tous stupides ou illettrés, les qualifications cuisine auraient juste choisi la facilité pour avoir le moins de maths possible, les maths 8h/semaine seraient des torturés de la vie… Il faut se dire que même les profs ne sont pas tout blancs : une fois ma prof d’anglais m’a demandé pourquoi j’avais autant de mauvais points dans sa matière alors que passer mes journées à étudier devait surement être mon quotidien vu mes options. Alors, forcément, au bout d’un moment, ça blesse.

Stupidités bienvenues aussi …

Au cours de ma scolarité, j’ai entendu toutes sortes de choses aussi fausses les unes que les autres. Par exemple, le fait que je doive étudier une quinzaine de mots de vocabulaire par jour, que lors de chaque début de cours je doive réciter une phrase latine pour rentrer en classe ou bien même que je doive connaitre mon tableau des éléments entièrement par cœur. Bon, vu comme ça, je comprends pourquoi mes options déplaisent autant aux gens. La vérité, c’est que la réalité est tellement différente et méconnue. Être en sciences fortes, c’est réaliser des expériences folles et comprendre le monde qui nous entoure. Être en latin, ce sont des voyages splendides aux quatre coins de l’Europe pour découvrir notre passé. Et enfin être en grec, c’est créer des liens forts en n’étant qu’un petit groupe de six, mais aussi avoir l’occasion de jouer à la nouvelle version d’Assassin’s Creed en classe pour observer les reproductions des temples et des paysages d’époque. Après tout ça, si vous n’êtes pas encore convaincu·e·s, ça peut se comprendre. Il reste le souci de l’étude et c’est vrai que moi aussi, j’avais eu un énorme moment d’hésitation. Je suis obligée de vous dire la vérité : oui, il y a une demande de travail constante. Mais, regardez-moi, je ne suis pas morte pour autant.

Ouvrons-nous l’esprit !

C’est normal d’avoir peur d’être totalement surchargé·e de boulot, mais je pense que dans ce cas-ci, ça a été un atout. J’ai pu trouver ma propre méthode de travail quotidienne qui prend en compte l’école, les amis et la famille. Et croyez-moi ou non, mais je n’ai jamais refusé une fête ou une sortie à cause de mes options, loin de là. Alors en conclusion, essayons tous de s’ouvrir un peu plus l’esprit chaque jour : à la place de blâmer les options un peu plus originales que les autres, cherchons à comprendre pourquoi certaines personnes les aiment autant.

Auteure : Pauline, 16 ans, Visé

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Les stades de foot, plus qu’une passion

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Dans les passinoné·e·s de foot, il y a de tout ! Il y a en a qui se tatouent le blason de leur club ou la tête de leur joueur préféré, d’autres repeignent leur voiture ou leur maison aux couleurs d’une équipe ou donnent à leur enfant le nom de la star du moment. Robin n’est pas de ceux-là, sa grande passion pour le football, c’est de découvrir les stades des grandes et petites équipes

En manque …

Voici ma drogue : les stades de football. J’ai des souvenirs vivaces de chacune des fois où je suis allé dans un stade. Vous voyez les flashbacks dans les films ? Eh bien les escapades au stade, c’est exactement ça. Ce sont mes bons flashbacks à moi. Quand j’y pense, je ressens un sentiment de nostalgie. Surtout maintenant, dans cette période à durée indéterminée qui empêche tout regroupement pour ne pas répandre un tout nouveau virus. Je suis en carence des « Tous ensemble, tous ensemble, EH ! EH ! ». Va-t-on un jour être autorisés à refaire ce genre d’activités ?

Olé, olé, olé, olééééé

Je me souviens avoir été un jour à Gelsenkirchen, en Allemagne, pour y voir un club assez populaire du pays, le Schalke 04. J’y suis allé avec mon père, car c’était son cadeau de ma part pour son anniversaire. Ce qui est marrant, c’est qu’en achetant les billets pour le match, je ne savais pas encore que cela deviendrait ma passion. J’aimais déjà bien le foot, mais sans plus. Depuis, je m’intéresse beaucoup à la culture du groundhopping : l’amour de la visite des stades. Cette culture consiste en fait à découvrir plein d’autres stades. Quand tu te rends dans un stade, tu ne vas pas uniquement dans le stade, tu te balades dans le quartier autour, dans la ville d’à côté ou encore dans le village du stade. Tu manges un snack sur le pouce. Par exemple, au Heysel, tu mangeras une fricadelle avec de bonnes frites, à Hoffenhein, ce sera un wurst brotchen avec une radler, autrement dit une espèce de hot-dog et un panaché.

Un club, c’est un village

Les clubs de foot, quand on y pense, cela représente tout simplement un quartier, un village ou même parfois une ville ! Dans tous les cas, les clubs rassemblent les gens. C’est donc une fête de rassemblement de plein de personnes différentes qui ont une même passion. Chaque stade est un lieu de milliers de rencontres. Toutes ces personnes rassemblées constituent une nouvelle culture qui est celle du club. Pour moi, chaque stade est un bouillon de culture ! Et quand je suis dans un stade, n’importe lequel, tout ce que je vois, tout ce que j’entends résonne plus fort dans ma tête, c’est un moment mémorable. Je plane.

Auteur : Robin, 19 ans, Jette

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Boxer : prendre confiance en soi

Boxer : prendre confiance en soi

Depuis un petit temps, Ilann se cherchait un sport… L’histoire peut sembler étrange mais c’est avant sur Wikipédia qu’il a trouvé son bonheur ! On enfile son protège-dents et on monte sur le ring avec lui !

Je ne serai pas danseur

Je m’appelle Ilann, j’ai 19 ans. À 15 ans, j’ai commencé la boxe. Avant cela, je n’avais jamais pratiqué de sport en dehors de l’école. Et même là, j’étais nul et souvent choisi en dernier quand il fallait former des équipes. Depuis quelque temps, l’envie de me dépenser et l’idée de faire du sport me trottaient dans la tête. Mais comment choisir un sport quand on le déteste à l’école et qu’on n’a aucune idée de tous les sports qui existent ? En ligne, j’ai commencé par répondre à des quiz sur lesquels je suis tombé en tapant « quel sport choisir ? » ou encore « quel sport me correspond ? » sur Google. Généralement le quiz proposait différents types de danse. Sauf que je n’ai aucune coordination et que je n’avais pas envie de ça.

B comme …

Je décide donc de regarder sur Wikipédia la liste des sports existants, classés par ordre alphabétique et arrivé à la lettre « B », coup de cœur pour la boxe ! Et là je me dis que c’est ce sport que je veux essayer ! Un peu plus tard, en me baladant dans mon quartier, je découvre un club de boxe près de chez moi. Au départ, je l’avoue, j’avais peur d’y rentrer pour aller demander des infos. Heureusement, ma mère était avec moi ce jour-là. Elle a insisté, nous sommes rentrés et je demande alors des renseignements. J’apprends qu’il y a plusieurs types de boxes : la boxe anglaise, uniquement les poings, la boxe française, pieds et poings et la boxe thaïe, poings, genoux et coudes. Comme j’hésite un peu, la personne de l’accueil me conseille la boxe thaï : le coach est super sympa. Je décide de suivre son conseil.

Première séance

La semaine suivante, toujours avec ma mère, nous poussons les portes de la salle de boxe. On se retrouve avec des hommes musclés, tatoués, têtes rasées… En voyant ça, ma mère a été effrayée, moi j’ai juste été impressionné. Je me suis surtout dit que je voulais être comme ça plus tard ! Le cours d’essai se passe super bien, je fais du sport comme je n’en avais jamais fait : avec plaisir, je rigole, les gens veulent bien faire équipe avec moi, ils me considèrent comme leur égal. Et ça, malgré le fait que je sois nouveau ou que je n’ai pas beaucoup d’endurance… Je tombe amoureux de ce sport et m’y engage à raison de deux à trois fois par semaine. Je découvre un moyen de rencontrer de nouvelles personnes. Je sors de mon milieu, c’est aussi une échappatoire au stress et aux problèmes que j’ai parfois à la maison et à l’école.

Les séances se multiplient

Plus le temps passe, plus je prends les entrainements au sérieux. Je deviens de plus en plus doué. Le public change, les anciens boxeurs du club partent petit à petit et, peu à peu, je deviens la personne qui est là depuis le plus longtemps. Le coach commence à me demander de l’aider à corriger les postures des débutants, de leur montrer les exercices… Plus le temps passe, plus nous sommes nombreux et le coach décide alors de nous séparer en deux groupes : débutants et expérimentés. Pour les seconds, l’entrainement sera plus intense et nous aurons des petits combats ! J’avais peur, j’étais fatigué et surtout je ne pensais pas en être capable. Mais je prends tellement de plaisir que je ne peux pas abandonner. Je développe une hygiène de vie plus saine. Je fais du sport en plus, je mange sainement, je trouve mon rythme entre le sport et l’école. J’ai de nouveaux amis et je commence à vivre beaucoup mieux mon adolescence.

Tout change !

Grâce à la boxe, je me muscle aussi beaucoup ! Je me suis trouvé une passion et je me rends compte, petit à petit, de ce dont je suis vraiment capable. Parfois, je repense à qui j’étais avant et à quel point j’ai changé. Je me sens mieux dans mon corps et dans ma tête. Un jour, mon coach me propose de faire de la compétition. Moi qui, au début, me disais que jamais, je dis bien jamais, je ne serais capable de faire de la compétition, je me laisse finalement tenter par l’idée. Même si je suis totalement paniqué rien qu’à l’imaginer. À partir de là, je commence à faire du sport quasiment tous les jours, je fais encore plus attention à mon alimentation et je me fixe alors cet objectif de participer aux compétitions. Peu importe si je gagne le combat ou pas, je veux m’éclater et réussir à accomplir quelque chose dont je me sentais incapable quelques mois plus tôt. Et ça y est, les compétitions commencent. Je fais deux combats, je suis fier de ma technique ! J’y rencontre encore d’autres personnes aussi passionnées que moi. Je dois être plus fort que mon stress et que ma peur de combattre devant un public.

Merci la boxe !

Je réalise mon objectif et je le fais même bien. Je me rends compte à quel point j’ai progressé, que ce soit au niveau du sport et au niveau de ma confiance en moi. Après avoir réalisé cet objectif, je m’en suis aujourd’hui fixé un autre, partir en Thaïlande pour faire des combats là-bas. La boxe m’a apporté beaucoup de choses. Elle m’a fait sortir de ma zone de confort, j’ai été un peu obligé de me sociabiliser, ce qui a toujours été une grosse difficulté pour moi, mais ça m’a aussi permis de rencontrer des personnes qui sont aujourd’hui des amis proches. Je suis devenu une meilleure version de moi-même, je suis plus confiant, plus posé, moins agressif et je ne me laisse plus marcher sur les pieds. Je sais que, maintenant, je suis capable de réaliser mes rêves et mes objectifs !

Auteur : Ilann, 19 ans, Bruxelles

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Rentabilité et Ambition

Rentabilité et Ambition

Il y a quelques questions qui trainent dans la tête d’Aymeric. Est-ce qu’avant de lui demander d’être heureux, juste, droit, la société ne lui demande pas, avant tout, d’être rentable ? Si c’est dans ce monde là que nous vivions, sommes-nous, même un rien, libres ?

Sous pression

Je ne pense pas avoir été seul à ressentir, pendant mes études secondaires, un sentiment de pression difficile à définir. Une sorte de force invisible générée par mon environnement. Le sentiment de « devoir être rentable ». Comme si on attendait de moi un retour sur investissement, comme si j’avais des comptes à rendre. Ça pouvait venir des parents, des profs, des adultes, mais aussi des ami·e·s qui ne ressentaient pas cette pression. Comme ça pouvait aussi venir de moi. Pendant longtemps, j’ai ressenti cette pression sans chercher à comprendre d’où elle venait. Sans même m’en rendre compte en fait. J’agissais en conséquence sans vraiment savoir pourquoi. Je ne remettais pas cela en question. Je ne considère même pas les « responsables » comme fautifs car, connaissant mon entourage, je sais que j’aurais pu en parler si je m’étais rendu compte de ce problème plus tôt. Ça n’aurait pas été facile mais, à terme, cela aurait été bénéfique.

Voie de garage ?

Cette pression m’a bien entendu poussé à penser qu’il fallait que je me dépêche à trouver une voie, à faire un choix pour mon avenir. Que faire après les secondaires ? Elle m’a poussé à avancer sans réfléchir, sans me poser, sans ralentir. Ce qui aurait pu marcher, comme pour certains, si j’avais avancé dans une direction qui me convenait, qui me plaisait. Sauf que ça n’était pas le cas. Et j’estime avoir fait le bon choix quand, au final, je me suis arrêté, quand je me suis finalement posé. Ça m’a permis de commencer à me chercher, à mieux me comprendre, à, on pourrait dire, m’éveiller. Grâce à cet arrêt, je me suis rendu compte d’une série de choses.

Étudier ou pas?

La voie qu’on m’avait montrée pendant toutes mes secondaires n’était pas la seule. Premièrement, non, les études ne sont pas la seule voie viable. Non, les études dont beaucoup disent « qu’elles ne servent à rien », « qu’il n’y a pas de débouché » ou bien encore « tu ne pourras pas en faire ton métier », ne sont pas à abandonner si c’est vraiment ce qu’on aime. Et non, dans le cas où on part vers les études, l’université n’est pas la seule solution. Elle a un système de fonctionnement qui ne peut pas plaire à tout le monde et d’autres systèmes existent à côté. J’ai, en fait, fait sauter plein d’idées reçues qu’on m’avait en quelque sorte bourrées dans le crâne en secondaire.

Deuxièmement, ce n’est pas une course. Certains se décident en une semaine, d’autres en cinq ans, voire plus. Et c’est bien aussi. Comme je l’ai dit, ce n’est pas une course et le plus rapide ne sera pas forcément celui qui gagnera le plus gros, de même pour le plus lent. Et je ne parle pas ici forcément d’argent.
Troisièmement, l’ambition ne peut être le carburant de tout le monde. Je parle ici de l’ambition de grandeur, quelle que soit la grandeur qui est en jeu. Je me suis, pendant longtemps, imposé de viser des sommets que je ne souhaitais pas vraiment atteindre. Et cette fois c’est une pression que je me suis imposée tout seul, comme un grand j’ai envie de dire. Je pensais que ça m’attirerait, que c’était ce dont j’avais besoin pour être heureux, avant de me rendre compte que ce n’était pas fait pour moi. Certain·ne·s sont capables de faire de l’ambition et de la « gloire » leur motivation, leur carburant, et c’est très bien pour elles et eux. Mais tou·te·s ne sont pas fait·e·s pour ça. Moi, je ne suis pas fait pour ça, et ça m’a pris du temps pour m’en rendre compte, mais depuis que c’est fait, c’est un soulagement.

Résumons

Cela fait beaucoup de choses dites, je vais essayer de résumer. Je pense que tou·te·s les jeunes en sortant des secondaires devraient pouvoir prendre le temps de se poser, le temps qu’il leur faudra, pour réfléchir à ce qu’ils et elles attendent réellement de la vie. Sans laisser de barrière les stopper, sans laisser les attentes des autres les influencer et sans laisser les potentiels jugements les effrayer. Ça peut paraitre très difficile de mettre de côté le jugement et les attentes, mais en fait c’est un peu comme déplacer un truc lourd. C’est le mettre en mouvement qui est compliqué, après quand c’est lancé, ça se fait tout seul.
Au moment où j’écris ces lignes, je suis moi-même encore en train de me chercher, de me comprendre. Je suis moi-même encore rempli de doutes et de questions. Mais pourtant, je suis aussi plein d’énergie et de motivation pour affronter ce qui est à venir, et ce depuis que j’ai fait sauter les chaines qui me retenaient.

Auteur : Aymeric, 21 ans, Bruxelles

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Elles + il = ils

Elles + il = ils

On ne doit pas attendre d’être capable de poser un pied devant l’autre avant de devoir subir des remarques sexistes, on peut même en recevoir avant même son premier mois. Le pire, dans le récit de Laura, 20 ans, c’est que ça ne s’arrête pas et que tout, tous et toutes s’échinent à la faire rentrer dans un moule, à marteler qu’en tant que femme, elle ne sera libre d’être de faire, de dire, ce qu’elle souhaite.

Fille ou garçon ?

Lorsque ma mère était enceinte de moi, on lui a souvent demandé si j’étais une fille ou un garçon. Lorsque les gens apprenaient que je naitrais de sexe féminin, ils disaient souvent que ma mère avait de la chance d’avoir une fille car les filles sont plus calmes et plus douces que les garçons. Ils disaient également que quand je grandirais je pourrais l’aider à faire les tâches ménagères. Même avant ma naissance, je faisais déjà face au sexisme. Quand je suis née, j’ai eu des tonnes de cadeaux à la maternité… Des cadeaux tout roses, des poupées … J’ai aussi eu la chance de naitre avec énormément de cheveux et heureusement car je suis une fille après tout. Les filles qui naissent sans cheveux on les prend pour des garçons. Quelques jours après ma naissance, j’ai eu une grave infection et je suis passée à deux doigts de la mort. Je pleurais dans la salle d’attente aux urgences pédiatriques. Un papa a alors dit à son petit garçon en me désignant « pour faire une comédie comme ça, c’est forcément une fille ». C’est donc à 10 jours de vie que j’ai eu ma première remarque sexiste.

Se faire toucher, c’est normal ?

Quand j’avais 3 ans, les garçons de ma classe n’ont pas hésité à me jeter au sol dans la cour de récré pour soulever ma jupe et toucher ma culotte. Lorsque j’ai réussi à leur donner des coups de pied pour me défendre, les adultes m’ont punie en me disant que les garçons voulaient juste jouer et que je n’avais pas à les frapper. En même temps, les adultes ont sans doute raison, je reste tout de même une fille et les filles, ça ne se bagarrent pas. Quand j’avais 5 ans, ma mère vivait avec un pervers narcissique. J’ai été témoin d’actes et j’ai entendu des mots qui resteront à jamais gravés en moi : « Les femmes ne sont qu’une sous-merde qui ne mériterait même pas de vivre en dehors d’une cuisine ou d’une buanderie ». Il avait surement raison, c’est bien connu que la place de la femme c’est à la cuisine.

”Il pleure comme une fille”

Quand j’avais 7 ans, ont m’a appris que dans une partie de bataille, le roi battait la reine, que le chef de la maison c’est papa, et que « elles + il = ils ». Autrement dit, dix filles sont inférieures à un seul garçon. J’ai donc appris très jeune que les femmes n’avaient aucune valeur dans la société et que nous serions toujours considérées comme inférieures. Cela m’a choquée, je ne comprenais pas ce que j’avais en moins que les garçons mais dans tous les cas, je n’ai pas mon mot à dire, ce sont les hommes qui me l’ont appris. Quand j’avais 9 ans, je jouais dans la cour de récréation avec mon ami. Il est tombé et a commencé à pleurer de douleur. Les professeurs lui ont alors dit qu’il pleurait « comme une fille » et que les hommes, les vrais, ça ne pleurent pas. Le lendemain, nous avons appris que deux de ses doigts étaient cassés. Quand j’avais 11 ans, j’ai eu mes toutes premières règles chez mon père. Il a été incapable de m’expliquer ce qu’il m’arrivait et m’a donné son téléphone pour appeler ma mère. J’ai donc eu le bonheur de devoir me limiter à une brève explication pour ensuite devoir faire appel à Google.

Jamais libre

Quand j’avais 12 ans, j’ai sorti une serviette hygiénique neuve et emballée de mon cartable. Mon camarade de classe m’a regardée avec de grands yeux écarquillés en disant que je l’avais choqué. En quoi je l’avais choqué ? Je ne le sais toujours pas. Tout ce que je sais, c’est que j’ai cessé d’embêter les garçons avec « mes problèmes de filles ». Quand j’ai commencé à avoir de la poitrine, ma mère m’imposait de mettre des soutiens-gorge en présence d’homme, même si c’étaient des membres de ma famille. Après tout, il ne faudrait pas que je donne d’idées à mon grand-père ou à mon petit frère, ça reste des hommes. Quand j’avais 13 ans, mon comportement était guidé par tout le monde sauf par moi. Les gens me disaient « tu n’aimes pas le rose ? tu n’es pas une vraie fille », « maquille-toi, tu sembleras plus jolie », « tu te maquilles déjà à ton âge ? ça fait vulgaire ! », « habille-toi comme une fille, mets des robes. Non pas celle-là c’est trop court, tu comptes aller faire le trottoir ? », « que tu es sensible ! tu as tes règles ou quoi ? »

Quand j’avais 14 ans, j’ai été abusée sexuellement par un homme de 25. Il m’a manipulée et menacée. Je n’étais pas sa seule victime, au total, une dizaine de filles de mon âge et de mon école ont été confrontées à cet homme. Nous sommes plusieurs à avoir porté plainte et malgré cela, l’affaire a été classée sans suite. La police a considéré que des enfants n’avaient pas la maturité pour comprendre ce qu’était un viol et donc que nous n’étions pas capables d’affirmer que nous avions été agressées sexuellement. Par après, lorsque j’en parlais, j’avais des réflexions du genre : « si tu ne pleures pas, c’est que tu mens », « Vous les filles vous criez au viol dès qu’on respire le même air que vous », « tu étais habillée comment ? » …

Quand j’avais 15 ans, lors de mon premier stage au sein d’un home, il y a eu une semaine de canicule avec 40°. J’ai donc osé mettre une robe, pour mieux supporter la chaleur. Un résident, âgé de 80 ans, n’a pas hésité à complimenter mes « nichons » ainsi que de toucher ma jambe lorsque je lui ai apporté son plateau repas.

Un an plus tard, mon petit copain de l’époque, âgé de 18 ans, m’a quittée car je ne voulais pas avoir de relations sexuelles avec lui. Par après, j’ai appris qu’il avait forcé une fille de 12 ans à en avoir et qu’elle était tombée enceinte. À l’heure actuelle je me dis que ça aurait pu être moi, ou alors, que si j’avais accepté ses avances, il n’aurait peut-être pas violé cette fille.

Je dis non

Quand j’avais 17 ans, je décide de changer radicalement. Fini pour moi de rentrer dans la case du sexe faible, dorénavant je me battrai pour mes droits. Au début, je ne savais même plus reconnaitre une situation ou un propos sexiste tellement cela est normalisé dans notre société. J’étais loin de me douter que mon plus grand combat serait au sein de ma propre famille. En effet, la plupart des remarques sexistes auxquelles je fais face au quotidien viennent de ma mère. Ces réflexions quotidiennes telles que « ton rouge à lèvre fait pute, met un soutien-gorge quand tu n’es pas seule, rase-toi, on dirait un homme » et j’en passe ne font que confirmer le fait que les idéologies sociétales envers les femmes sont abusives. En tant que femmes nous ne pouvons pas nous habiller, coiffer, maquiller comme nous le souhaitons. Peu importe ce qu’on fait, nous serons toujours jugées par quelqu’un. Ce que certaines personnes trouveront négligé, d’autres trouveront cela extravagant et ce dans tous les aspects de nos vies. Quand j’avais 18 ans, j’essayais de faire prendre conscience à mon entourage des inégalités autant pour les femmes que pour les hommes. On disait souvent de moi que j’étais une de ces féministes hystériques qui voulait à tout prix prendre le pouvoir sur les hommes.

Ça ne s’arrête pas …

Quand j’avais 19 ans, lors d’une nuit caniculaire, j’étais dans ma chambre et je regardais un film. Ma chambre est mansardée, mes fenêtres sont au sol au lieu d’être des velux. Il était 1h30 du matin et la fenêtre de ma chambre, côté rue, était ouverte pour que la chaleur soit un peu plus supportable. C’est alors qu’un homme qui passait dans la rue m’a appelée. Je ne pensais pas que les personnes dans la rue pouvaient me voir. Il a essayé de me convaincre de le laisser entrer chez moi. Comment pourrais-je me sentir en sécurité dans un monde ou le danger rode à l’intérieur même de ma propre maison ?

Aujourd’hui j’ai 20 ans, quand je dis aux autres que je ne veux pas d’enfant, ils me répondent « ça viendra », « tu changeras d’avis », « toutes les femmes ont l’instinct maternel » … On me fait comprendre que sans enfant, ma vie sera misérable et ennuyeuse, que personne ne veut d’une femme comme ça. Pourtant, je sais au fond de moi que ne pas devenir mère est le bon choix pour ne pas gâcher la vie de mes futur·e·s enfants non désiré·e·s.

Peurs

Concernant l’avenir, j’ai peur. Peur de ne pas avoir le même salaire qu’un homme, peur de me faire agresser à n’importe quel moment, peur que la société n’accepte pas mon choix de ne pas vouloir devenir mère, peur de subir du harcèlement sexuel, peur que tout ce que je fasse ne soit jamais considéré aussi bien que ce que pourrait faire un homme, peur de devoir gérer seule la charge mentale des tâches ménagères, peur de voir comment vont évoluer mon petit frère et ma petite sœur, tous deux remplis de pensées inégales, et bien sûr, j’ai peur du féminicide … J’ai tout simplement peur de ne pas pouvoir vivre ma vie à cause d’une partie de mon corps qui se trouve à l’intérieur de moi au lieu de l’extérieur. Merci à toutes et tous pour l’intérêt que vous portez à ce texte et à ma vie en tant que femme.

Auteure : Laura, 20 ans, Dour

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R 

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