Ma vie de détenu pendant la grève des prisons

Ma vie de détenu pendant la grève des prisons

Le parcours de Côme, ce n’est pas son vrai prénom, est très compliquée. Alors qu’il était tout juste majeur, il a séjourné dans les prisons bruxelloises de Forest puis de Saint-Gilles. Là, comme si l’emprisonnement n’était pas suffisant, il a vécu des journées et des nuits compliquées à l’extrême : les gardiens étaient en grève(1). Il nous raconte son histoire.

À peine majeur et en prison

J’ai été en prison pour la première fois en 2016. Je venais d’avoir 18 ans, j’étais encore un gamin. J’ai d’abord été à la prison de Forest. Quand je suis entré dans ma cellule, j’étais avec deux hommes, un de 29 et l’autre de 38 ans. Je suis arrivé et ils étaient choqués de voir que, si jeune, j’étais en prison… Normalement, j’aurais dû dormir sur un matelas à même le sol, mais vu l’état des cellules infestées de rats, le plus âgé des co-détenus m’a proposé de prendre son lit. L’hygiène dans cette prison était épouvantable, c’était carrément insalubre. Les douches étaient dégueulasses, peuplées de rats, de saletés et de moisissures.

La grève

Après cinq jours à Forest, on m’a transféré juste à côté, à la prison de Saint-Gilles. Pour une question d’organisation, c’était plus simple de me mettre dans la même prison que mon complice. Avec les grèves qui commençaient, les gardiens étaient en sous-effectif, pas assez pour nous surveiller, travailler correctement. Pendant 52 jours, tout est parti en couille. On n’avait plus droit d’aller sous le préau, on devait rester 24h sur 24 en cellule. On n’avait pas droit aux douches, donc on se lavait comme on pouvait à l’eau froide. On n’avait plus de visite et plus de vêtements de rechange.

Souffrances

Pendant 57 jours, je n’ai plus vu ma mère. Pendant 57 jours, j’ai gardé le même slip et les mêmes chaussettes. Je les lavais au savon, à l’eau froide ou alors avec du liquide vaisselle. On n’avait pas droit aux appels non plus, sauf un jour où un maton a été sympa avec moi et m’a laissé appeler avec son portable. Je me souviens qu’il y avait des prisonniers qui hurlaient dans leur cellule, certains même sautaient du deuxième étage pour aller expressément à l’hôpital pour pouvoir voir leurs enfants.On voyait les matons faire des barbecues, nous, on ne mangeait presque rien. Heureusement, l’État avait mobilisé des pompiers, des militaires et la police pour ramasser les poubelles et distribuer de la nourriture. Après ces 57 jours, la prison a repris son régime normal. Les matons n’avaient pas obtenu gain de cause et ils ont dû revenir. Certains ont remis leur démission. Ils nous parlaient mal et parfois ils ne nous donnaient pas le kit hygiène pour nous rendre fous, ils prenaient nos cigarettes allumées. Mon avocat a porté plainte contre ce traitement inhumain et plus de 200 détenus ont été dédommagés de la modique somme de 10 400€. Pendant toute cette période, j’étais triste parce que je ne voyais plus mes parents. Ma soeur et ma mère pleuraient tous les soirs. J’étais énervé aussi. Pour passer le temps, on mettait le feu par la fenêtre pour exprimer notre colère, mais le temps ne passait pas plus vite. On était dans notre lit, 24h sur 24 à regarder la télé. J’avais du temps pour penser. Je pensais à mes potes qui s’amusaient surement dehors, alors que moi j’étais coincé ici. Par moment, ça n’allait vraiment pas bien, je devenais fou.

Retour à la société, atterrissage compliqué

En sortant, j’ai eu du mal à me réinsérer dans la société. Aucune formation de réinsertion ne m’a été proposée. Je suis retourné à mes vieilles habitudes et je n’ai rien fait de particulier pendant quatre ans. J’ai ensuite voulu commencer une formation de pizzaiolo, mais je me suis très vite fait renvoyer à la suite d’une dispute avec un professeur. J’ai ensuite fait une formation de secouriste pour laquelle j’ai reçu une attestation, mais après ça, j’étais à nouveau bloqué à ne rien faire pendant plusieurs mois. Un jour, un ami m’a parlé du collectif 100% jeunes (2), ça m’a intéressé et me voilà aujourd’hui à vous écrire.

 

Notes de la rédaction

(1) Lorsque la grève des prisons se déclenche, en 2016, c’est principalement parce que les gardien·ne·s réclament que le personnel soit plus nombreux pour encadrer les détenu·e·s. Le ministre de la justice de l’époque ne voulait pas céder et imposait un plan de rationalisation qui, pour faire simple, disait qu’on pouvait continuer à travailler sans remplacer les personnes qui partaient à la pension ou ailleurs.

(2) Le collectif 100% jeunes, propose aux jeunes bruxellois·e·s âgé·e·s de 18 à 29 ans qui ne sont ni à l’emploi, niI en formation, ni à l’école, un parcours d’accompagnement individuel et collectif, gratuit, qui vise à développer l’estime de soi, la créativité et surtout à définir un projet d’avenir pour chacune et chacun des participant·e·s.

Auteur : Côme, 23 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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La détermination : indispensable pour réussir sa vie ?

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Pour Ephraim, c’est très clair : rien ne peut empêcher quelqu’un·e d’avancer dans la vie. Comme il l’écrit, tout se joue dans la tête et si la détermination est sans limite, tout le reste suit. Pour lui, concrètement, cette détermination l’a vraiment aidé à se dépasser et à se prouver que rien n’était impossible. D’un point de vue personnel, elle lui a donné l’envie de ne jamais rien lâcher.

Expérience personnelle

Je pense que la détermination est quelque chose d’essentiel, une arme redoutable pour réussir sa vie. Sur le plan personnel d’abord, je vous certifie que cette détermination a changé ma vie. Elle m’a beaucoup apporté, je dirais qu’elle a eu, sur moi, un impact mental et physique. Ces deux aspects sont intimement liés. J’estime que l’influence mentale s’applique à toute personne et peut avoir d’autres impacts, j’y reviendrai. Je vais d’abord vous parler de l’effet mental. Si on a de la motivation, on a un but, des résultats, donc un gain considérable de confiance en soi et par conséquent, une source non négligeable de bonheur. Je pense que ces derniers facteurs sont inhérents car la confiance en soi permet de faire des choses qu’on n’imaginait pas pouvoir faire. Elle nous donne envie d’en faire plus, l’ambition de toujours mieux réussir, d’avoir un meilleur contrôle dans certaines situations. Cela permet aussi de se sentir plus à l’aise, d’être plus motivé que les autres, de se sentir plus libre et surtout plus fort. Cela me rend, pour ma part, plus heureux.

Du bénéfice du premier confinement

Durant le premier confinement, j’ai profité de l’arrêt provisoire des cours pour me remettre physiquement en forme. Je faisais 1 mètre 78 pour presque 68 kilos. Je me sentais bien dans mon corps, mais j’avais tout de même un peu de graisse sur le ventre. Mais pour me sentir encore mieux, j’ai décidé de m’y mettre. J’ai donc commencé, par moi-même, à courir tous les jours. J’ai décidé de me muscler un peu. J’ai vu assez rapidement le résultat. Puis je me suis rendu compte qu’en perdant du poids et en devenant plus musclé, je m’ouvrais un monde épanouissant et relaxant. Peut-être naissait-il en moi une nouvelle force, cette fois-ci intérieure. Une nouvelle façon de voir les choses, dans laquelle le sport m’aide à mieux me détendre, à mieux récupérer, à être plus joyeux. Mon entourage m’a dit que j’avais vraiment bien maigri alors ça m’a donné envie de continuer. Et aujourd’hui, je fais 1 mètre 81 pour 60 kg. Il y a certes encore du chemin à parcourir, mais je suis sur la bonne voie. Et à force de s’entrainer dans un domaine inconnu, ici le sport, j’ai commencé à augmenter la difficulté des entrainements, et certains acquis sont devenus des réflexes. Quand j’observe ce genre d’évolution, ma détermination est infaillible et se consolide, elle me forge un vrai caractère. Je sais maintenant faire des choses que je croyais inatteignables. J’ai moins peur du jugement des autres, de prendre la parole sur des sujets, de dire ce que je pense.

Ronaldo !

Il y a un athlète pour qui j’ai une très, très grande admiration. C’est Cristiano Ronaldo, le célèbre footballeur portugais qui joue aujourd’hui à la Juventus, en Italie. Il a des capacités à gérer le stress et à se motiver hors du commun. Quand plus personne ne croit en lui, il ne lâche rien et se nourrit même de la haine des autres, de la provocation des supporters pour accroitre ses performances. Je trouve ça absolument remarquable et stupéfiant. Enfant des rues de Madère, il quémandait parfois à la sortie d’un Macdo pour ne pas mourir de faim. Aujourd’hui, même sa nutrition est une preuve irréfutable de son grand professionnalisme : aliments allégés en matières grasses, salade de thon et de tomates, blancs de poulet accompagnés de laitue, etc. Il dort beaucoup et surveille aussi de très près sa santé. Lorsqu’il était tout jeune et est arrivé en centre de formation, il s’est battu pour se faire une place. Ensuite transféré au club de Manchester United en Angleterre, il a dû, à nouveau, prouver ses qualités footballistiques et a toujours défié ses coéquipiers dans n’importe quel domaine, il ne voulait jamais s’avouer vaincu. Dès qu’il perdait, il s’entrainait comme un fou et la semaine suivante, il battait tout le monde. Je trouve qu’il y a une belle leçon de vie à tirer de cette histoire. Je pense que nous devrions, comme Cristiano, assumer nos différences, quitte à parfois en souffrir. Il ne faut pas baisser les bras devant les moqueries. Persévérer et travailler dur pour prouver à nos détracteurs que nous sommes forts. C’est aussi comme ça que j’ai réussi à me motiver pour me mettre au sport. Je me rappelais souvent que lui, il avait travaillé avec acharnement, détermination. Donc je devais faire de même si je voulais réussir mon défi. Je ne devais jamais m’avouer vaincu, même dans les moments les plus rudes, et c’est comme ça que j’ai progressé, c’est comme ça qu’on progresse.

Application et conclusion

Pour conclure, je dirais que la détermination joue un rôle prédominant dans notre vie. Et cela pour beaucoup de démarches que nous entreprenons. Peu importe votre but, votre source d’inspiration, ayez foi en vous. Agissez selon votre volonté, ayez des objectifs clairs et un esprit sain. N’écoutez pas vos haters, croyez en vous, en vos capacités intérieures, et surtout, en votre détermination !

Auteure : Ephraim, 17 ans, My

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Changer avec le scoutisme

Changer avec le scoutisme

Depuis qu’elle a 6 ans, Pauline, dont le totem est Wallaroo – un kangourou vivant dans une région très précise d’Australie – fait partie des scouts. Pour elle, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, le scoutisme apporte vraiment beaucoup de savoirs, valeurs et principes … Toutes choses qu’elle n’aurait surement jamais abordées à l’école, lors d’activités extrascolaires.

La rencontre

Je suis l’ainée d’une famille de trois et j’ai toujours été quelqu’un qui prend beaucoup de place, j’aime me faire entendre, me montrer en spectacle… À la maison, j’étais le genre d’enfant qui en organisait tout le temps. En première primaire, trois personnes arrivent dans ma classe. Elles nous présentent le scoutisme, nous expliquent ce que c’est. Hyper emballée, je rentre chez moi et, surexcitée, j’explique à mes parents que je veux absolument y aller : je vais faire des cabanes dans les bois, dormir en tente pendant une semaine avec mes copains… Mes parents, ayant tous les deux aussi fait du scoutisme pendant des années, m’y inscrivent sans hésiter.

Les baladins, les louveteaux

Commence alors mon merveilleux voyage chez les scouts ! Je fais mes deux premières années chez les baladins dans la joie et la bonne humeur, avec de supers chefs et un nouvel endroit pour rencontrer des gens et rigoler. Arrive ensuite ma première année chez les plus grands, les louveteaux ! Dans ce groupe, qu’on appelle la meute, on reste quatre années alors qu’aux baladins, ce n’était que deux. Là encore, je me fais de nouveaux amis et continue dans cette show-attitude.

”Arrête avec tes je”

Un jour, je me souviens, c’était pendant une veillée de camp, on commence à chanter et à faire des petits jeux et je commence à parler beaucoup. Un des chefs me dit « Pauline arrête avec tes je, je, je le monde ne tourne pas autour de toi ! » Sur le moment, ça fait mal. Du haut de mes 8 ans, je prends ça comme une grosse claque et je ne le prends pas hyper bien. Un peu sonnée, je me tais pour le reste de la soirée. Je reste là, la gorge serrée et je n’ose en fait plus trop parler. Le lendemain, je me souviens même avoir eu une gommette orange sur le résumé de la journée d’hier (vert : très bien, orange : bof, rouge : pas bien). Ça remue encore une fois ma frustration et je n’ose plus trop parler avec les chefs.

C’est vrai

Le camp terminé, je rentre chez moi et je me rends compte qu’en fait, c’est vrai. Je prends beaucoup de place. Alors même si la phrase était plutôt violente et manquait énormément de tact, j’ai pris conscience qu’elle était vraie et que j’avais plutôt intérêt à la prendre comme une remarque constructive. À la place de ce chef, j’aurais surement dit à cette petite fille quelque chose de plus calme. Je l’aurais déjà prise à part et je ne l’aurais pas dit devant tout le monde, même si ça m’étonnerait que les autres se soient sentis concernés. J’en aurais parlé avec elle, je lui aurais sans doute demandé comment elle se percevait… J’ai donc appris à prendre le temps d’écouter, à faire plus de place aux autres, à prendre en compte les avis et à réaliser que chacun d’eux comptait. Le scoutisme, c’est vraiment l’endroit qui m’a donné des tas d’expériences, des valeurs à suivre et à adopter. Aujourd’hui, je me rends compte que malgré tout, ce chef avait raison. Grâce à lui, j’ai évolué, je suis aujourd’hui plus apaisée.

Encore des rencontres

Chez les éclaireurs, après les louveteaux, j’ai aussi rencontré beaucoup de personnes de mon âge et tout en apprenant des idées des autres, j’ai pu échanger. J’ai fait tellement de rencontres grâce aux scouts et j’ai appris tellement de choses en écoutant davantage les autres ! Beaucoup expliquent que le scoutisme les a ouvert aux autres, beaucoup sont devenus plus sociables. Ils étaient timides et sont maintenant plus à l’aise avec les échanges. Pour moi, c’est un peu la même chose au final, le scoutisme m’a appris à prendre en compte la parole de l’autre, à équilibrer la place que je prends dans la société. De près ou de loin, le scoutisme nous apporte à tous et toutes des valeurs essentielles de la vie de tous les jours, demandez à n’importe quel scout ce qu’il a retenu de son expérience, et vous n’en tirerez certainement que du positif ! Merci les scouts <3 !

Auteure : Pauline, 17 ans, Bruxelles

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Ce que les scouts m’ont appris !

Ce que les scouts m’ont appris !

”R.”, alias Mustang, a le scoutisme dans le sang ! Cela fait une dizaine d’années que ses weekends sont peuplés de rencontres, de nature, d’amitiés. Depuis tout petit, il est dans le mouvement scout (1) et plus les années passent, plus son implication est grande !

Depuis mes six ans

Je suis un scout de la 3 ème unité de Mouscron . Depuis mes 6 ans, je suis aux scouts. Je vais vous raconter ce que les scouts m’ont appris : des choses que je n’aurais jamais pu apprendre autre part ou par moi-même. On ne nous a pas appris à faire des maths, des sciences ou une autre matière que l’on apprend à l’école. C’est une tout autre forme d’apprentissage ! On nous apprend à forger notre personnalité, ce que j’appelle le “moi intérieur”. Depuis que je suis aux scouts, je n’ai fait qu’apprendre de nouvelles choses sur la vie en général et sur moi aussi.

Apprendre

J’ai appris à faire des brelages et des nœuds (2), à allumer un feu, à coudre et bien plus. Bien sûr, ça ne me servira pas tous les jours de ma vie, mais ça m’a montré que je savais faire de belles choses avec mes mains. Je me souviendrai toujours de mon premier brelage qui était un bricolage. J’en étais vraiment fier. Même s’il était loin d’être parfait, ça m’a motivé et maintenant, je fais des brelages qui supportent toute une structure où huit personnes peuvent dormir ! Il y a aussi eu mon premier feu où j’ai eu du mal à l’allumer, mais j’ai persévéré jusqu’à réussir à allumer des feux de camp de plusieurs mètres de haut. Cela ne sert à rien dans la vie actuelle où on a des chauffages pour nous réchauffer et des cuisinières pour cuisiner, mais ça m’a montré qu’au début de chaque chose, nous sommes des débutants et que si on a envie de s’améliorer, il faut continuer et être fier de soi pour chaque petite avancée.

Se découvrir

Ensuite on m’a montré mon « moi intérieur ». Depuis tout petit, je suis assez timide et les scouts m’ont fait faire des progrès. Maintenant, je suis capable d’aller parler à des inconnus dans la rue pour leur demander des indications. Par exemple, si lors d’un hike (c’est une randonnée se déroulant lors du camp éclaireur), je n’ai plus d’eau, avant je n’aurais jamais osé aller demander de l’eau en faisant du porte-à-porte, maintenant je n’ai plus du tout peur. Les scouts m’ont aussi confirmé qu’il fallait vivre sa vie à fond, ne pas rester sur une défaite et ne jamais regretter ce qu’on a fait. J’ai participé à des évènements comme le BE.scout (3) ou encore les 24 heures vélo du Bois de la Cambre (4) qui m’ont fait remarquer qu’au plus je fais de choses, au plus j’aurai de souvenirs, au plus j’aurai une vie pleine d’expériences. Aux 24 heures vélo du Bois de la Cambre, je n’ai pas voulu dormir ou rester assis à rien faire. Je voulais rester actif parce qu’on était entourés de centaines de scouts. C’était une chance de faire de nouvelles connaissances. Les chefs nous ont motivés à donner le meilleur de nous-mêmes au vélo et aussi de profiter de tout ce que proposait l’évènement ce weekend-là.

Les badges

Aux éclaireurs et aux pionniers, j’ai appris à mettre en place des projets, mais aussi à les tenir et à tout faire pour qu’ils se concrétisent ! Lors de ma deuxième année aux éclaireurs, j’ai dû mettre en place des animations pour remporter des badges. Les badges, ce sont des manières de se perfectionner dans un domaine comme le badge pilote pour apprendre l’orientation, l’intendant pour réaliser un plat… Mon premier badge était le badge campeur où j’ai appris énormément de choses que j’ignorais comme la manière de tenir des outils, monter une tente… J’ai aussi construit, dans la forêt et avec trois amis, un lit de quatre mètres sur deux. On y a “dormi” et je me rappelle que cette nuit-là, on était tous les quatre extrêmement fiers de nous : on avait réussi quelque chose ensemble, sans l’aide de personne. On n’a pas beaucoup dormi cette nuit-là : nous n’avons pas su arrêter de rigoler.

La totémisation (5)

Lors de ma totémisation, j’ai aussi appris que j’étais capable de plus de choses que je ne le pensais au niveau physique, mais aussi mentalement. J’ai appris à ne pas lâcher, mais également que je devais toujours apprendre à me faire mon propre avis sur quelque chose, et à ne pas croire tout ce que l’on me dit. Lors de cette journée, on nous avait donné de faux totems et le mien, c’était fleur. Les chefs nous ont dit que la moitié d’entre nous avait le bon totem. On avait tous très peur d’avoir un totem qui ne nous allait pas. Heureusement, ce n’était pas vrai et aujourd’hui, on m’appelle Mustang.

Scoutisme et Covid

En cette période de Covid-19, nous ne pouvons malheureusement pas nous voir, mais ça ne nous empêche pas de faire des réunions via d’autres moyens comme par face-cam. Nous apprenons peut-être moins, mais ça reste un de nos objectifs. On se demande, par exemple, comment on pourrait faire des défis pour apprendre aux plus jeunes à faire des nœuds ou on leur propose de passer un badge.

Transmettre

Aux scouts, on ne fait pas qu’apprendre des choses, on en apprend aussi aux autres et des autres. Chacun a eu des expériences que d’autres n’ont pas forcément vécues. Par exemple, quand je suis arrivé aux éclaireurs, les chefs de patrouilles m’ont beaucoup appris. L’année passée, c’était à mon tour d’apprendre aux premières années à couper des buches, à s’orienter grâce à une boussole et j’espère que, quand ils en seront à leur 4ème année chez les scouts, ils feront de même. C’est un peu comme le patrimoine familial de la grande famille scoute et je trouve dommage que certains disent que le scoutisme est une secte alors que je le vois plus comme une école de la vie.

La vie autrement

En conclusion, le scoutisme a été pour moi, et sera encore longtemps, une source de savoirs incomparables à d’autres. On nous montre la vie sous un nouvel angle. Les scouts nous apprennent aussi à être autonomes. Les scouts ont réussi à aborder une autre manière d’apprendre, qui n’a rien à voir avec l’école. Si un jour j’ai des enfants, je les inscrirai dès les baladins aux scouts pour qu’ils apprennent à avoir une vie remplie de joies et d’amis, mais aussi à réussir à transformer les mauvais côtés de la vie en bons souvenirs pour avancer, car comme disait Martin Luther King (6) « l’obscurité ne peut chasser l’obscurité, seule la lumière peut le faire ».

Notes de la rédaction

(1) Dans le mouvement scout, mais cela change parfois un peu, il y a un nom par tranche d’âge. Entre 6 et 8 ans, on est aux Baladins, de 8 à 12, ce sont les louveteaux pour les garçons et les lutins pour les filles, de 12 à 16, ce sont les scout·e·s, les éclaireurs ou encore les guides, de 16 à 18, ce sont les pionniers. À chaque âge, mais cela change parfois aussi selon le groupement dans lequel on se trouve, il y a des objectifs.

(2) Sans clou, sans visse, les brelages et noeuds permettent, quand ils sont bien faits, de fixer des morceaux de bois, des troncs et de réaliser des constructions absolument incroyables ! Le tout est toujours démontable et réutilisable !

(3) BE.scout est LE très grand rassemblement qui, en 2018, a réuni des milliers de baladins, louveteaux, scouts, éclaireurs, pionniers… à Louvain-La-Neuve.

(4) Depuis 1985 sont organisées les les 24 heures vélo du Bois de la Cambre. Chaque année, autour d’une thématique, elles rassemblent des milliers de scouts venus de toute la Belgique.

(5) Souvent, lors de son premier camp, le scout reçoit un totem c’est-à-dire le nom d’un animal reflétant parfois le physique, parfois le caractère d’une personne.

(6) Martin Luther King, (USA, 1928 – 1969) était un pasteur américain qui voulait, par la non-violence, faire changer la situation des Noir·e·s aux USA. Il réclamait l’égalité de tous, que chacune, que chacun puisse avoir les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes libertés. Prix Nobel de la paix en 1964, il a été assassiné. Aujourd’hui, son message demeure et inspire toujours.

Auteur : R. alias Mustang, 16 ans, Mouscron

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Dans ma chambre d’hôpital

Dans ma chambre d’hôpital

Comme Léa, Louise, est hospitalisée dans une unité de pédopsychiatrique à Bruxelles. Dans cette unité sont hospitalisé·e·s des jeunes âgé·e·s de 8 à 14 ans qui présentent une souffrance psychopathologique telle que le milieu institutionnel transitoire ne suffit plus. Le moral et la concentration et moral de ces jeunes n’étaient pas toujours au rendez-vous de nos rencontres et écrire en « je » est pour elles et eux un véritable défi. Louise, 11 ans, est hospitalisée depuis plusieurs semaines. C’est à sa chambre et à ce qui s’y passe qu’elle s’adresse.

Chère chambre 15/16,

À vue d’œil, tu es parfaite mais en réalité tu ne me plais pas toujours. Déjà, j’aimerais changer de côté avec Charlotte, l’autre fille qui te partage avec moi. J’aimerais, comme chez moi, être du côté de la fenêtre. Et puis, je dois dire que tu n’es pas vraiment une chambre comme celle que j’ai chez moi. À la maison, j’ai des affiches de basket aux murs, c’est décoré avec mes anciennes médailles nationales et d’autres photos sur les murs. Ici, pendant la journée, je ne me sens pas toujours chez moi … Mais bon là, en général tout va bien. Il fait bien chaud !

La journée

Tous les matins, c’est la même chose. Je me réveille et je vois que Charlotte n’est plus dans son lit, elle est déjà réveillée. J’entends parfois les autres enfants qui parlent. Je me lève, m’habille et sors de ma chambre, là, je vois d’abord le bureau de l’équipe médicale. Ensuite, on m’appelle et on me demande de prendre mon traitement.

Le soir je ne sais pas quoi faire pour m’occuper, je n’ai pas mes affaires pour dessiner, je n’ai pas emporté ma radio … et surtout, ma famille me manque. En plus, je te l’avoue, je ne dors pas bien ici. Je me réveille la nuit, ce qui n’est pas le cas à la maison. En plus, encore, mon matelas est très fin et je touche les lattes du sommier. Désolée mais dans ma chambre, le lit est mieux même si, en vrai, je préfère quand même une chambre comme ça que rien du tout !

Bon et mauvais moments

L’hôpital, c’est aussi des bons moments avec les copains ! Le meilleur ? Quand quand j’ai joué au kicker avec Iannis ! Mon pire souvenir ? Un vendredi après-midi. On m’a dit que ma date de sortie a été reculée. Trois semaines plus tard, je suis toujours là. À ce moment-là, j’étais en colère et triste en même temps. C’était compliqué à gérer et j’ai crié d’énervement.

La différence avec les ami·e·s d’ici et ceux en dehors de l’hôpital ? Aux ami·e·s d’ici, je peux tout dire, ils et elles comprendront. Avec celles et ceux de l’extérieur, c’est différent mais tou·te·s m’encouragent.

Auteure : Louise, 11 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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