Face à moi-même et aux autres

Face à moi-même et aux autres

Maintenant que le temps s’est arrêté et que le monde tourne au ralenti, je me retrouve face à moi-même. Certes, entourée par ma famille, mais cette fois je prends le temps d’être seule. Je savoure ces moments de solitude, qui, avant le confinement, se faisaient rares. Je parle de ces moments où l’on peut relâcher la pression, réfléchir sur soi et s’arrêter pendant un instant. 

Depuis que toute activité a cessé, on se rend compte qu’on vivait à du 100 km/h et que la vie ne nous attend pas. On ne se donne pas le temps de faire certaines choses, on ne se donne pas de répit alors qu’on a la possibilité de s’arrêter. Je me suis donc demandée : « Pourquoi faut-il que j’attende que le monde arrête de tourner pour prendre du temps pour moi? » A présent, je passe du temps en famille et je prends soin de moi. 

À la maison !

Ce confinement m’a permis de me dire que je devais privilégier des moments de qualité et non de quantité. J’entends mes parents me dire : « Ah, Laura est à la maison maintenant ». Je me rends compte que je ne prenais pas le temps de m’arrêter chez moi et cela m’a rendu triste. Maintenant que j’y suis, je profite et je joue à des jeux avec mes frères et soeurs. Je prends le temps de cuisiner des bons petits plats, je lis, je vais courir, je fais du vélo, des balades avec le chien et j’en passe. J’écoute aussi beaucoup de musique pour me relaxer. Je ne regarde même plus de séries et je fais appel à ma créativité et mon imagination pour faire de la peinture ou du dessin. 

Plus concentrée au lit qu’ailleurs

Ce confinement ressemble beaucoup à un blocus (oui, il faut que je bosse sur mon mémoire aussi). Puis les cours à distance, c’est pas si mal finalement. J’aime bien cette idée d’écouter le prof depuis son lit. Je suis beaucoup plus attentive depuis que les cours se donnent en ligne. Par contre, le fait de s’y rendre me manque. Une fois cloîtré chez soi, on se rend compte à quel point on appréciait faire certaines choses. Comme le disent souvent les gens : « On ne se rend compte de la valeur des choses qu’après les avoir perdues ». 

Liberté ?

Pour l’instant, je m’occupe tous les jours et j’essaye de faire des activités différentes afin que les jours ne se ressemblent pas. Pourtant, au fur et à mesure que le temps passe, certaines choses vont commencer à me manquer. Tout d’abord, le manque de liberté. Le fait de pouvoir se rendre chez des amis à n’importe quel moment de la journée, voir ses grands-parents et de pouvoir faire des choses spontanées, sur un coup de tête. Le fait d’être cloisonnée chez soi fait réfléchir à ce que l’on a, à ce que l’on n’a plus. Il n’y a donc plus moyen d’exprimer cette spontanéité qui désormais, a des limites. On se sent comme enfermée dans une cage et sentir l’angoisse nous piquer le nez car on ne sait pas de quelle manière les évènements vont évoluer. Du coup, on s’occupe comme on peut et on essaye de rendre le temps moins long. Même si on sait tous qu’à terme on finira par tourner comme des lions en cage. 

Connecté-e malgré tout

Heureusement, on garde cette connexion entre nous grâce aux réseaux sociaux. On se sent éloigné-es tout en étant proche les un-es des autres. In fine, on peut utiliser ces outils à bon escient et revenir à leur but premier, celui de rester « connecté-e ». Ils nous permettent de nous divertir, de partager nos expériences et d’exprimer ce que l’on ressent. C’est précisément dans ce genre de moment que l’on peut observer ce phénomène appelé « partage social des émotions » (cfr mes cours de psychologie). On se rend compte qu’on forme une communauté et qu’en temps de crise, tout le monde se rassemble pour soutenir celles et ceux dans le besoin. Un peu de chaleur dans ce monde de brutes ! 

Les réseaux sociaux deviennent alors un endroit où tout le monde s’exprime, certains font la morale, se plaignent, d’autres prennent les choses avec légèreté et y ajoutent leur pointe d’humour. Moi, ça me fait beaucoup rire. Finalement, c’est un endroit qui permet de relâcher la pression. Je fais quand même attention à ne pas aller trop fréquemment scruter les informations les plus récentes sur le coronavirus, pour ne pas que cela devienne trop anxiogène et que cela finisse par éclater la petite bulle que je me suis créée. Cette bulle, dans laquelle je me sens apaisée (pour l’instant). 

Après-demain… ?

Pour ma part, je suis heureuse de vivre ce confinement auprès de ma famille, même si après dix jours, on finira par se taper dessus (je les aime quand même). Et je remercie les réseaux sociaux d’exister. Je peux rester en contact avec mes amis et continuer à leur envoyer des messages stupides. Pour l’instant, je suis encore zen mais je crains les jours à venir… Ma zen attitude a ses limites, ma soif de liberté, elle, n’en a pas, et ma folie n’attend qu’une chose : s’évader.  

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Laura, 22 ans, Namur

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Magda a 17 ans, elle habite à Charleroi. Son prénom a été changé à sa demande : elle ne veut que ses proches sachent qu’elle est très angoisée pour le moment. Si elle a peur, ce n’est pas pour elle mais pour sa maman, si elle a peur, c’est pour les siens.


Depuis le début du confinement, je ne suis plus sereine. Je crois que c’est à partir de l’arrêt des cours que j’ai réellement pris conscience de ce qu’engendrerait le covid19. Je sais que certains diront que je n’ai pas à me tracasser car je suis jeune, en bonne santé. Et je leur répondrai que si j’ai peur ce n’est pas pour moi, mais pour ma maman. 

Elle a une maladie auto-immune(*), une maladie qui l’oblige à avoir un traitement immunosuppresseur. Ma mère est donc une personne à risque face au virus. Je compte les jours depuis qu’on est confiné-es, depuis notre dernier contact avec les gens dehors, depuis que mon père a été faire les dernières courses. 

Tous les jours, j’angoisse à l’idée de me réveiller et de voir que l’un de nous à l’un des symptômes. J’ai vraiment peur. Je m’occupe comme je peux mais honnêtement, je crois que rien ne pourra remédier à ça. Je m’oblige à quitter les réseaux sociaux parce que les personnes victimes du covid19 commencent à parler, à expliquer ce que provoque réellement la maladie. Alors oui, aujourd’hui j’ai peur. Je n’ai pas la tête à penser aux autres, aux cours, aux amis. Je suis juste là, hyper inquiète, toujours près de mes parents qui ne se doutent probablement pas à quel point ce virus me monte à la tête. 

* Notre système immunitaire fonctionne bien… Il ne s’attaque pas à ce qui lui permet de fonctionner mais, pour une personne atteinte d’une maladie auto-immune, c’est le contraire. Les cellules de l’organisme sont attaquées par le système immunitaire. Dans les maladies auto-immunes, il y a par exemple, le diabète de type 1, le psoriasis, la sclérose en plaques, la maladie de Crohn.

Auteure : Magda, CharleRoi, 17 ans

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Le covid19 ne nous atteindra pas

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Il y a trois semaines, j’en rigolais, je faisais des blagues sur ce truc. Aujourd’hui, je me rends compte… Je me rends compte de certaines choses : qu’on peut peindre avec une paille, qu’on peut regarder un champ pendant 12 min juste parce que c’est beau, qu’on peut rigoler en lisant un Higgins Clark (1), qu’il y a plein d’anachronismes dans High School Musical (oui je me les suis tous refaits), que « Lettre à Élise » n’était pas si difficile à jouer au piano, que Grey’s Anatomy avait, étrangement, un effet positif sur mon moral (alors que c’est rempli de drames), que les lapins domestiques, une fois évadés de leurs cages, restaient à côté de leur cage.

Aujourd’hui, je me rends surtout compte que les gens peuvent, parfois, être égoïstes. Aller faire bronzette au bois de la Cambre(2) alors que, déjà, il fait 12 degrés, mais surtout que des personnes essaient de faire leur maximum pour éviter une propagation encore plus importante. Je me suis aussi rendue compte d’à quel point on peut se sentir en même temps bien et mal lorsqu’on se retrouve seul-e. Je me rends compte aussi et enfin que le personnel médical a un talent, un courage et un mental d’acier exceptionnel. 

Depuis le 15 mars, tout a changé. L’atmosphère est étrange. Les réseaux sociaux ne parlent que de ça. Les médias aussi. On allume la télévision et nos feuilletons sont remplacés par différents reportages dédiés uniquement à cette épidémie. Et c’est normal. Mais angoissant. Oui tout ça m’angoisse. Et me fait peur. J’ai peur pour mes grands-parents, mes frères et sœurs, mes amis, j’ai peur pour moi. 

Mais j’ai de l’espoir. Peut-être que l’humain va se rendre compte de toutes ces choses. Peut-être que tout cela aura eu un impact sur notre société. Que les gens continueront d’aller prendre l’air, de faire du dessin, de la peinture, d’écrire. Juste de prendre le temps pour ces petites choses simples complètement et tristement disparues. En fait, j’espère que le monde reprendra goût à la vie, la vraie vie. J’espère que le monde contemplera le sourire d’un enfant, d’une personne, simplement parce qu’il n’y a rien de plus magnifique. J’espère que les couples prendront le temps de s’aimer, pas seulement à travers un réseau social, qu’ils se rendront compte qu’il n’y a rien de plus beau que l’amour lorsqu’il est réel, lorsqu’il est vécu. En allant faire une balade, à vélo, à pied. En voyageant, en faisant du sport, de la musique.

J’ai toujours espéré voir des personnes, quelles qu’elles soient, amies, amoureuses, frères ou sœurs, s’aimer sans superflu. Pas à travers leurs stories Instagram, ou leurs nouvelles photo de couverture. Simplement s’aimer. Et si un peu d’espoir peut redonner le sourire aux gens, alors sachez qu’il en existe. Et qu’on en ressortira plus forts. Qu’on aura vaincu ce virus qui essaie de nous rendre vulnérable et pessimiste. 

(1) Mary Higgins Clark (USA, 1927-2020) a publié une cinquantaine de polars et en a vendu plus de 100 millions aux USA, plus de 20 millions en France. Elle était surnommée la reine du suspens.

(2) Le Bois de la Cambre est un très grand parc de Bruxelles. Il a toujours été très prisé par les habitants de la capitale, y compris en début de période de confinement…  

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Juliette, Namur, 21 ans

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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De la route à la taule, de la taule à la route

De la route à la taule, de la taule à la route

Tony, 15 ans, Gitan – il se présente comme tel – a une vie est un peu compliquée. Forcément d’un peu partout, il a pris le stylo alors qu’il était détenu en IPPJ : une Institution Publique de Protection de la Jeunesse (1). Tony balance entre colère et prière, entre “petites conneries” et convictions familiale et religieuse.

 

Suisse, Allemagne, Espagne, Italie, Belgique… J’ai traversé beaucoup de pays depuis que je suis petit. Mes parents sont serbes (2). Ils ont toujours voyagé pour découvrir l’Europe. Nous sommes gitans. Moi, je suis né en Italie, je parle Italien mais chez moi, l’endroit, la ville ou je me sens chez moi, c’est Charleroi.

Nous sommes arrivés en Belgique quand j’avais 10 ans. On a arrêté de voyager car mon père est tombé malade. C’était un choix difficile. Au total, on aura habité dans quatre appartements différents. J’ai trois frères et deux sœurs. Nous sommes donc 8 chez nous, avec papa et maman. Ma mère ne travaille pas, elle doit s’occuper de mon père : il est paralysé suite à un cancer du cerveau. Il ne travaille donc plus.

Je trouve que l’on a toujours bien vécu. Nous n’avons pas toujours été compris par les gens. Nous sommes jugés par les autres car ils pensent que si on n’a pas d’argent on vole. Ce n’est pas vrai. La famille est là pour nous aider. Nous vivons avec l’argent de mon grand-père paternel qui avait un château en Serbie.

Il y a 8-9 mois, c’était compliqué pour payer de l’appartement. On a conseillé à mon papa d’acheter un camping car pour avoir quelque chose à lui. C’est ce qu’il a fait et c’est là qu’on vit aujourd’hui. Mon père a aussi acheté une maison en Italie. Nous allons quitter la Belgique quand je sors de l’IPPJ.

C’est la deuxième fois en un mois et demi que je reviens en IPPJ. L’IPPJ c’est tout le contraire de ma vie de famille. Nous, avec les parents, on bouge tout le temps. On est libre. Ici, on est enfermé. Je suis avec des gens que je ne connais pas. Dans ma chambre, il y a des barreaux et la porte est blindée. Les surveillants la ferment à clé. Je suis obligé de respecter certaines règles. Ici, on est des chiens tout fonctionne avec des sanctions. Je repasse en IPPJ suite à une mauvaise rencontre après avoir quitté l’IPPJ une première fois.

Dieu c’est important pour nous, pour moi, pour ma famille. Ma seule liberté, c’est de penser. Quand un surveillant crie, je ferme ma gueule et je m’assieds sur le banc. Je reste à ma place. De toute façon, personne ne peut venir dans ma tête. Je prie car je suis catholique. Dieu, c’est le plus grand. Quand il le veut, il fait tomber tout ça : les barreaux, les caméras, les portes blindées. Mais pour le moment, c’est le juge qui décide. Je prie pourtant pour que dieu me libère.

Je suis là pour encore 3 semaines. J’ai hâte de retrouver ma totale liberté. Je veux sortir pour aller à l’école. Cela fait longtemps que je n’y suis plus allé. Je ne sais ni écrire ni lire. Je ne parle pas bien aussi français. Ici à l’IPPJ, j’apprends et je trouve cela intéressant. C’est important pour moi. Je pourrai lire la Bible et d’autres trucs. Je serai fier et surtout on ne se moquera plus de moi. Si j’apprends, je pourrai prendre ma vie en main, exister vraiment !

Maintenant, la Belgique c’est fini. La liberté, je la vivrai en Italie.

(1) Dans les IPPJ sont placé-es des mineur-es délinquant-es. Le but de ces cinq institutions réparties sur l’ensemble du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles est de punir tout en veillant à la réinsertion sociale. Placer un jeune en IPPJ est une des sanctions que peut prendre le juge de la jeunesse.
(2) La Serbie est une république située en Europe centrale. Roumanie, Bulgarie, Macédoine du Nord, Kosovo, Albanie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Croatie et Hongrie sont ses voisins.

Auteur : Tony, 15 ans, Charleroi

Cet article a été réalisé lors d’un atelier Scan-R en IPPJ.

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MENA, une vie derrière l’acronyme

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Wema, 14 ans, vient du Congo. Elisabeth, 13 ans, vient d’Ouganda. Elles sont des MENA, des mineures étrangères non accompagnées. Avec 85 autres filles, femmes et jeunes garçons, elles habitent dans un Centre d’accueil pour demandeuses d’asile à Bruxelles. Une constance dans leur témoignage : l’absolue importance de la famille, celle qu’on a laissé aux pays, celle qu’on rêve. Elles confient leurs espoirs, doutes et envies. 

Wema 

Moi, dans 20 ans, je serai une grande et célèbre designeuse, réputée pour mon travail. J’aurai même ma propre marque qui s’appellera “W, un w majuscule sans rien de plus… Toutes mes réalisations, tous mes travaux seront griffés de cette marque. Mon métier me permettra de gagner de l’argent et quand j’en aurai assez pour vivre correctement de mon côté, j’aiderai les autres, les ami·es, la famille, les voisin·es. J’ai toujours aimé aider les gens et souvent, je me dis que si j’avais la possibilité de le faire, je le ferais.

Dans 20 ans, j’aurai aussi ma propre famille, mes enfants… Je ne sais pas encore combien mais j’en veux. Je veux aussi avoir une maison, dans laquelle il y a beaucoup de places, avec un vrai jardin tout vert. Je voudrais encore un chien et un poulailler, j’adore m’occuper des animaux, de tous les animaux.

Dans 20 ans, j’aurai déjà découvert le Japon dans les traditions et la cuisine qui me font tant rêver. Je serai devenue experte de Kung-Fu et la beauté de mes gestes sera apprécié par tout le monde. 

Enfin, dans 20 ans, je serai une conductrice aguerrie, j’aurai ma propre voiture et je pourrai aller où je veux avec mes amies, ma famille. On ira un peu partout en Belgique parce que oui, dans 20 ans, je serai en Belgique. 

Elisabeth

Dans la vie, je n’ai pas peur de ce que les autres personnes craignent… Pour moi, la rentrée, c’est un jeu d’enfant. Je n’ai jamais eu peur et je me fais des amies très vite. J’adore les études et cela rend les choses plus faciles. Après toute mes études, je veux commencer à travailler et me marier avec une personne bien. Je voudrais aussi avoir trois enfants et vivre dans une petite maison à la campagne et même une ferme. Je veux deux chiens et des poules, et des vaches, des chevaux. Ce que je voudrais c’est travailler et ne pas être une femme au foyer. 

Pendant les vacances, avec toute ma famille, on ira à la piscine, à la mer. Je ne veux pas divorcer. Je veux que mes enfants soient avec mon mari et moi et ce que je voudrais enfant, c’est que mes parents vivent près de moi tout le temps …

Auteures : WEMA, 14 ans, ELisabeth, 13 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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