La liberté et ses limites.

La liberté et ses limites.

Peut-on être quand les limites, les frontières existent. Quelles sont les limites, quelles sont les frontières… Est-ce que la liberté est la même pour tout le monde ? C’est à ces grandes questions qu’Alison a consacré la réflexion qu’elle partage aujourd’hui.

Liberté, ce mot si complexe qui peut se décliner de tellement de façons différentes, liberté de circuler, liberté d’accueil, liberté d’agir, liberté de vivre tout simplement. Alors que nos libertés de circulation sont … inestimables en Europe occidentale, notre liberté d’agir s’amenuise petit à petit, peu à peu…

Qu’en est-il de cette liberté de circulation en dehors des frontières européennes ? Il existe un fossé énorme des États de droit – comme par exemple les USA où la liberté semble sans limite – et des États dans lesquels fuir son pays n’est même pas envisageable.

Dans les territoires Palestiniens, par exemple, la majorité des personnes ne sont pas autorisées à quitter leur village. Pour les plus chanceux qui réussissent à partir, ils n’ont pas le droit de revenir après 6 mois passés ailleurs… Entre la volonté de partir et la crainte de ne plus pouvoir revenir, le choix de migrer devient difficile. “Vous ne savez pas dans quelle liberté vous vivez au quotidien. Nous, on sait ce que c’est. C’est ce dont on rêve tous les jours” témoignait une habitante palestinienne de Jérusalem.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui, l’endroit de notre naissance et nos origines sont ce qui détermine toutes nos libertés, tous nos droits. Afin de pallier le manque d’actions des politiques nationales face à ce qu’on pourrait appeler une crise d’accueil, des citoyens ont décidé d’agir en créant, par exemple, une plateforme d’hébergement (1). Elle permet aux habitants de Belgique d’offrir un toit, d’accueillir des personnes qui ont fui leur pays. Les actes de certaines de ces personnes ont été criminalisés (2).

Des manifestations et d’autres actions pacifiques ont également été organisées afin d’interpeller les politiques mais la seule réponse qui a été donnée, c’était plutôt la répression. On peut dès lors se poser la question suivante : où est la liberté d’action des citoyens et jusqu’où oserons-nous aller pour être entendus par la sphère politique ?

(1) L’initiative la plus concrète est celle de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés. Un  espace d’informations et de coordination des actions et initiatives citoyennes de solidarité avec les demandeurs d’asile, les réfugiés, migrants ou exilés, à Bruxelles et en Belgique.

(2) Cet article de La Libre.be permettra d’en savoir plus sur les dernières évolutions.

 

Auteur :  Zoé, Brabant-Wallon, 21 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R. 

Et d’autres décryptages

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R

De Star du quartier à star de la télé ?

De Star du quartier à star de la télé ?

Nana, c’est la « The Voice » de sa famille, de son quartier. Mais son manque de confiance en elle fait qu’elle est persuadée que, jamais, elle ne pourra faire se retourner les célèbres fauteuils rouges. Pourtant, tout pourrait encore changer…

Cette année j’ai envie de faire tomber des bouches en m’inscrivant à The Voice. Beaucoup de personnes me disent qu’il faut absolument que j’aille là-bas mais le souci, c’est que j’ai peur, peur de ne pas réussir…

Quand j’avais 5 ans, ma grand-mère chantait dans une chorale, pour tout le monde, et des berceuses rien, que pour moi. Ça me passionnait beaucoup. J’étais tellement fan qu’un jour, je me suis mise à chanter. Quand elle est morte, j’avais 7 ans et sa disparition a fait que j’ai perdu toute confiance en moi. J’ai vraiment eu du mal à m’en remettre. Mais le spectacle, mon spectacle devait continuer. Quelques années plus tard, à 12 ans, j’ai découvert les karaokés et j’ai tout de suite adoré. 

À 16 ans, un gars qui en organisait m’a proposé d’aller chez lui pour découvrir les vrais métiers du chant. Depuis, j’adore travailler avec lui, il m’a redonné confiance en moi. Il me guide, m’explique tout ce qu’il sait du métier. Ma mère n’a jamais été là pour moi dans le chant. J’avance seule dans ce projet. Avec celui qui est devenu mon manager, j’ai appris comment faire ressortir ma voix et me faire confiance dans le chant.

Maintenant, j’ai 18 ans et je vis à fond pour ma grand-mère. Après la tristesse, les questions et les doutes, je suis fière d’en être arrivée là ou je suis aujourd’hui et je voudrais toujours aller plus loin, beaucoup plus loin.

Quand je chante, j’ai cette palpitation dans le ventre. J’adore chanter, je n’ai jamais ressenti des trucs pareils. À chaque fois que je chante, je pense à ma grand-mère et je me dis : « Merci mamy. Merci d’avoir fait tout ça pour moi et merci grâce à toi, j’y suis arrivée ». Je crois que j’y suis arrivée, chaque fois que je chante, j’entends sa voix qui me dit : « Fais-le pour moi, tu t’en fous des autres. C’est toi, c’est à toi que tu dois plaire et pas aux autres ». ça m’a appris beaucoup de choses et maintenant j’ai super bien évolué.

Aujourd’hui, je me dis que c’est maintenant ou jamais ! Pourquoi ne pas essayer The Voice ? Je n’ai rien à perdre !

Auteur : Nana, Charleroi, 18 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R. 

Et d’autres décryptages

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R

Opération tutmaç

Opération tutmaç

Zilan aime beaucoup la photographie. Quand elle passe du temps dans sa famille de Turquie, elle aime prendre le temps de regarder tout ce qui se passe autour d’elle. Elle nous emmène avec elle et nous propose de la suivre dans la confection d’une recette typique de soupe au yaourt.

Un matin d’été, très chaud, dans mon village des montagnes du sud-est de la Turquie, côté kurde, la voisine appelle ma tante. Avec d’autres, elle veut préparer des tutmaç, petites pâtes carrées destinées à entrer dans la composition d’une yayla çorbasi(1), délicieuse soupe au yaourt. Pour moi, c’est l’occasion rêvée de dégainer mon appareil photo et de saisir les meilleurs instants de “l’opération tutmaç” !

À l’arrière de la maison, elles s’installent dans un jardin avec vue sur la montagne. On dit qu’autrefois, il y passait des combattants kurdes. Je me vois encore scrutant l’horizon dans l’espoir d’en apercevoir ne serait-ce qu’un seul et ainsi, de pouvoir le raconter fièrement aux autres. Ceci ne se produisant pas, je laisse toute mon attention aux préparations en cours, au parfait travail à la chaîne qui se déroule devant moi. Appareil en main, je les regarde toutes s’appliquer à la tâche et je prends des photos.

Une grande bâche bleue a été étalée sur le sol. Des petites tables, rondes et basses, ont été disposées. Les tâches sont réparties entre toutes les femmes et on se lance dans travail. Une première femme se charge du pétrin. Elle forme des petites boules de pâte qu’elle distribue à quatre autres femmes. Elles ont pour mission d’étaler, avec un long rouleau à pizza, cette pâte au maximum. Tout cela doit être aussi grand et aussi fin que possible. Enfin, ou presque, une sixième vient chercher les pâtons et les dépose, un par un, sur un gigantesque drap pour les faire sécher. Une fois que le soleil a fait son travail, elle les apporte à une toute dernière qui se charge de les entreposer et de les couper pour obtenir les fameux tutmaç.

Ce spectacle était inspirant et enrichissant. Il y avait cet esprit un peu spécial, ce travail d’équipe, cette entraide et ce but commun : préparer une super soupe pour tout le monde. Sous un soleil de plomb, elles travaillaient avec un immense sourire et parfois, avec un esprit de compétition pour savoir qui étalerait le plus de pâte en un minimum de temps.

J’ai saisi chacun de ces instants avec mon appareil photo. Après coup, me reviennent les sentiments ressentis au moment où l’obturateur s’est ouvert. Parfois, les personnes avec qui je partage mes photos sont gagnées par la nostalgie : elles leur donnent l’envie de retourner au village. J’estime alors que ce sont de bons et beaux clichés. J’ai su faire ressortir l’ambiance présente et j’en suis assez fière… Chose rare chez moi.

(1) Découvrez cette recette en cliquant ici.

Auteur : Zilan, BruXELLES, 25 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

Et d’autres histoires

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R

Je suis venu te dire que je m’en veux

Je suis venu te dire que je m’en veux

Au mois de juin 2019, une équipe de Scan-R s’est rendue à l’Institution Publique pour la Protection de la Jeunesse (1) de Saint-Hubert. Elle y a rencontré une dizaine de jeunes. Voici le texte qu’Antoine a écrit. Ce qu’il regrette le plus, ce n’est pas les faits qui font qu’il est là, c’est la distance obligée entre lui et sa maman. Ce qu’il souhaite, c’est sortir, une bonne fois pour toute, de la spirale de la délinquance et suivre une formation.

Reconnaître ses torts

Je suis en IPPJ depuis une semaine tout juste. C’est la quatrième fois que je viens dans un établissement comme celui-ci. Quand le juge m’annonce que je vais retourner en IPPJ. Je suis toujours triste. Cela veut dire que je vais être séparé de ma famille, de mes ami·e·s. Le plus dur, c’est avec ma mère. Elle est très importante pour moi et je sens qu’elle est triste. Chaque fois, je la vois pleurer. Je ne lui jamais demandé pourquoi elle était triste mais je crois que c’est parce que j’ai toujours été avec elle. Ma mère découvre toujours que j’ai fait des bêtises lorsque la police vient à la maison. Elle est en colère et triste en même temps. « Pourquoi tu as encore fait ça ? ». Elle dit que je donne une mauvaise image à mon petit frère. Moi, je suis dégoûté. Je ne dis rien. J’assume les actes. C’est une question d’honneur avec les copains. Je ne les balance pas. Je suis loyal et je reconnais mes torts.

Profil bas

Lors de l’interrogatoire, je pense à mère et mon frère. Je me rends compte que je vais être séparé d’eux. Je fais profil bas devant la police et le juge. Je ne parle que des faits et jamais de mes émotions. Lorsque j’arrive à l’IPPJ, le premier jour, je téléphone tout de suite à ma maman. Je lui explique comment est la chambre. Je lui dis qu’elle me manque et que je regrette ma connerie. Elle ne pleure pas mais j’entends qu’elle est triste. Maman me pose plein de questions sur ce que j’ai fait et elle me dit de réfléchir durant le placement à ce que j’ai fait. Elle m’aide, elle me soutient.

Les visites

Il n’y a que trois appels de dix minutes par semaine. J’appelle donc ma mère parce que je suis loin d’elle et qu’elle me manque. Je sais que pendant deux mois, je ne pourrai pas la voir. À l’IPPJ, nous avons droit à deux visites d’une heure par semaine mais ma mère habite trop loin. Elle ne peut pas venir. Et puis, je n’ai pas trop envie qu’elle me voit ici car mon père, avant, il était en prison. Je n’ai pas envie qu’elle m’assimile à mon père. Mon père, c’est mon père et moi, c’est moi.

Les appels

Durant les appels, je demande des nouvelles de mes 3 frères. Je lui demande qu’elle m’explique ce qu’elle a fait durant la journée. Elle me demande aussi ce que j’ai fait aujourd’hui, ce que j’ai mangé… Ça ne me plait pas trop de raconter mais ça permet de la soulager. Raconter, ce n’est pas mon truc : tous les jours c’est la même chose. On a des cours comme à l’école en groupe, des travaux à faire dans la chambre, du sport. Cela permet de s’occuper.

Dehors

En dehors de mes périodes en IPPJ, je ne suis pas proche de ma maman. Je sors souvent le soir avec mes amis. J’aime me poser avec eux et parfois faire des mauvais coups. Cela dépend. Je n’écoute pas beaucoup pas maman. J’étais un peu con, je devrais l’écouter plus, je ne serais sûrement pas ici. Maman m’encourage à rester à la maison et à limiter les mauvaises fréquentations. Je n’ai pas peur de lui dire que je l’aime et que je tiens à elle parce c’est ma mère et qu’elle le mérite.
Je regrette d’être en IPPJ car je ne suis pas avec elle. Elle ne mérite pas ça. Je culpabilise davantage de mettre ma mère dans cette situation que pour les faits que j’ai réellement commis.

Demain …

Il est temps que tout cela s’arrête. Je n’ai pas envie d’aller en prison. Je veux que ma mère soit fière de toi. L’école, c’est important. J’aimerais y retourner. Je pense suivre une formation en maçonnerie. Mon père était maçon. Il m’a déjà montré son travail et cela m’a plus. Si après, je trouve un boulot. Ce sera plus facile pour moi. J’aurai une vie plus stable. J’espère pouvoir fonder une famille. La solitude, je l’ai connue ici en IPPJ et je ne la souhaite à personne, surtout à mes frères.

 (1) Selon la loi, une IPPJ est un centre fermé pour personne délinquante de moins de 18 ans. Tout en protégeant la population de ces jeunes, ces centres doivent permettre à leurs pensionnaires de se reconstruire, de se réinsérer dans la société, dans leur famille, dans leur école. La vision des jeunes qui y passent et parfois plusieurs mois et parfois plusieurs fois, n’est pas celle-là. Elles et ils y voient plutôt une prison.

Avant de quitter l’IPPJ, gardiens et éducateurs expliquent que si le régime est tellement contraingnant, s’il y a tellement de règles et si elles sont précises à ce point-là, c’est parce que les jeunes qui sont enfermés à Saint-Hubert, ou ailleurs, n’ont plus aucune notion des lois, de ce qu’on peut faire ou pas, de ce qui est admissible ou inadmissible. “En serrant la vis à ce point, on espère que quand ils seront de nouveau libre, ils se rappeleront qu’on ne peut pas faire tout ce qu’on veut…” conclu le chef des gardiens.

La photo qui illustre cet article a été prise à la prison de Mons.

Des détenues ont élaboré, avec l’artiste Olivier Sonck, toute une série de phrases qui garnissent de poésie l’enceinte de la prison. Pour en savoir plus, voyez ce lien.

AuteuR : Antoine, 17 ans, Charleroi

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R À l’ippj de SAint-Hubert

Et d’autres réfractations

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R

J’avais sept ans et j’ai quitté le Liban. Voici comment j’ai réussi à m’intégrer…

J’avais sept ans et j’ai quitté le Liban. Voici comment j’ai réussi à m’intégrer…

Georges a grandi en Belgique. Malgré le regard des autres et la barrière de la langue, il a su s’intégrer. Mais le Liban de son enfance restera pour toujours dans son cœur.

J’avais 7 ans… On a dit au revoir à tout le monde, la famille et les amis et on a quitté le Liban. C’était il y a dix ans. J’étais triste et content à la fois. On est venu directement en Belgique car maman avait un contrat de travail. Elle est infirmière. Quand je suis arrivé à l’aéroport. Il faisait froid. Cela faisait une grosse différente de température avec le Liban où il faisait très chaud.

J’ai eu facile à m’adapter en Belgique. Au Liban, j’apprenais déjà le français à l’école. Ça a été plus facile pour m’intégrer à l’école. J’ai deux petits frères. A l’époque, ils étaient tout petits. Pour moi s’intégrer, c’est être actif dans un pays. C’est-à-dire participer aux activités, à l’école, a ce qu’on me propose.  Ce n’est pas trop dur, je crois que je réussi malgré le fait que je ne parle pas bien la langue. Très vite, les Belges ont essayé de faire en sorte de nous comprendre, même si le français était difficile. On souriait et on communiquait avec des gestes. 

En quittant le Liban, j’ai perdu ma famille. J’étais proche de mes grands-mères. Au pays, je restais chez elles avec mes deux petits frères lorsque mes parents travaillaient. Ce fut un déchirement. Je ne me pelle plus trop, mais elles m’ont transmis plein de choses, notamment la culture. Je pense notamment à la nourriture : les préparations au poulet. En arrivant, j’étais avec mon père et ma mère. Je n’étais pas seul. J’ai appris la culture belge. Pas les frites, car cela on en mangeait déjà de très bonnes au Liban. Je découvre que les habitants sont très gentils et respectueux en général. Ils parlent bien, ils sont souriants et ils font un petit peu la fête. C’est très différent de chez nous sur certains aspects. Nous sommes plutôt accueillants et solidaires. Je crois que c’est toujours important mais je ne le vois pas suffisamment parmi les Belges. 

Je ne pourrai jamais me passer du Liban. Nous retournons parfois avec la famille au village, là où j’ai grandi petit. La maison n’a pas changé. Il n’y a pas d’étage, le toit et plat, la face est blanche. J’aime beaucoup cet endroit. Je m’y sens chez moi. J’aime retrouver la famille et les amis. Il y a beaucoup de bonnes pâtisseries très sucrées. C’est trop bon ! 

Quand je vois de nouvelles personnes, on me demande d’où je viens. Ce n’est pas un problème pour moi mais ça me dérange car malgré les efforts, on ne me considère toujours pas comme belge. Pourtant, j’ai grandi dans ce pays. J’étais tout petit quand je suis arrivé ici. On se moque parfois de ma couleur de peau mais je n’y prête pas attention. Je m’en fou. J’ai juste envie qu’on me laisse tranquille car je suis comme vous tous : belge.  

Je me considère pour tout ça intégré. Cela fait dix ans que je suis ici, c’est mon pays la Belgique autant que le Liban. L’intégration est un mot compliqué. Renier mes origines, ce n’est pas possible et dire que je me sens complètement belge est impossible. Je pense simplement que c’est important de savoir d’où je viens pour savoir où je vais.

Je ne sais pas encore où j’irai. Si je reste en Belgique, c’est bien. Sinon, je verrai…

Auteur : Georges, 17 ans

Cet article a été réalisé lors d’un atelier Scan-R.

Et d’autres éclairages

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R

Mineure, en Belgique pour échapper à un mariage forcé.

Mineure, en Belgique pour échapper à un mariage forcé.

Rabiatou habite dans un centre d’accueil pour réfugié·es à Bruxelles. Avec une septantaine d’autres femmes ou jeunes femmes – ainsi que quelques bébés et enfants – elle est demandeuse d’asile (1). Elle attend que sa situation soit régularisée, autrement dit, elle espère obtenir le statut de réfugiée (2).

Ma famille est tout pour moi. Ma mère et ma grand-mère sont toujours en vie. J’ai quatre frères et deux sœurs. Mon père,… Je ne le connais pas. Ils habitent tous en Somalie (3) et moi, je suis ici, à Bruxelles, dans le centre d’accueil d’accueil pour demandeurs d’asile. Je voudrais, aussi vite que possible, que tout le monde me rejoigne ici mais c’est très, très compliqué. C’est plutôt un rêve…

Quand j’ai quitté la Somalie, je ne savais pas du tout dans quel pays j’allais débarquer. Si je suis arrivée en Belgique, c’est pour échapper à un mariage forcé. Ce n’était pas possible de refuser ce mariage. On ne peut pas refuser un mariage avec un djihadiste, on n’a pas d’autre choix que fuir ou subir. Toute la famille s’est donc cotisée et on a réussi à récolter 10 000 dollars qui m’ont permis de partir.

Je suis ici depuis quelques mois, j’ai un dossier en cours qui me permettra, je l’espère, d’obtenir le statut de réfugiée. Pour le moment, si j’arrive à ne pas penser à ma famille qui est toujours en Somalie, ça se passe bien pour moi. Mes journées sont celles de tout le monde, je vais à l’école et j’apprends tout doucement le français.

(1) Demandeur d’asile : personne qui a fui son pays parce que sa vie était menacée et qui ne veut pas y retourner.
(2) Réfugié : après enquête sur le terrain, le demandeur d’asile peut obtenir le statut de réfugié. Tant que la situation du pays ne change pas, la personne ne peut être renvoyée vers son pays d’origine. Le statut est de réfugié est valable 5 ans. S’il n’est pas retiré à la personne, le droit de séjourner en Belgique pour la personne est définitivement acquis. Une brochure du ciré est disponible pour en savoir plus sur le sujet.
(3) La République Fédérale Somalie constitue une large partie de la Corne de l’Afrique. Depuis qu’il a accédé à son indépendance en 1960, le pays est traversé par des guerres claniques. La Somalie a connu de terribles famines, en 1991-92 (300 000 morts), en 2011 (29 000 morts). Aujourd’hui encore l’équilibre du pays est plus que précaire. Depuis 2006, le pays souffre d’une guerre civile à laquelle mêlant les troupes régulières, divers groupes d’islamistes radicaux et différents clans.

Auteure : Rabiatou, Bruxelles, 17 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R dans un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile.

Et d’autres histoires

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R