La considération

La considération

Le plus révoltant dans ce monde, c’est le corps professoral ou plutôt, l’inhumanité qui peut s’en dégager. J’ai le sentiment que beaucoup deviennent prof pour se distinguer, exercer un pouvoir. La notion de partage ou encore d’humanité semble totalement oubliée. On parle à des chiffres, on lit des slides, on se fou ouvertement de la gueule de certains élèves, on met en avant certains autres. On créé une compétition entre élève comme si le « m’as-tu vu » qui règne dans les couloirs n’était pas suffisant. Ils sont au pouvoir parce que c’est eux qui deviennent les maîtres de ta réussite. Certains arrivent à te faire comprendre que s’ils veulent, ils peuvent faire de ta vie un enfer. D’autres te noient dans le travail. En fait, je réalise qu’il manque cette notion d’échange. Je vous offre une partie de mon savoir, et je ne l’utilise pas comme pouvoir. Je vous tends la main au lieu de vous pousser, et j’attends vos retours. J’attends une relation vraie au lieu de vous frustrer. Je vous vois, je vous entends, je vous considère. C’est de ça dont on a besoin. La semaine passée dans mon école, on m’a dit qu’une prof marquera à tout jamais les esprit : Monia G., parce qu’elle connait mon nom, parce que jamais je n’ai eu à m’excuser d’être ce que je suis, de penser ce que je pense et de le partager. La bienveillance était tellement installée qu’on a plus peur de se tromper. C’est malheureux que l’on prenne la considération comme une denrée rare…

Auteure : Valentina, 24 ans.

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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Système scolaire, vecteur de stress

Système scolaire, vecteur de stress

Lors d’un atelier organisé en partenariat avec Service Citoyen, Scan-R a rencontré Corentin. Dès les premiers échanges, les premiers exercices, on sent chez Corentin une soif de militantisme et d’espoir pour faire bouger une société figée sur elle-même. Aperçu : 

A l’heure où élèves et enseignants se demandent quand finira l’état de crise infligé par le COVID-19, où il devient difficile de suivre continuellement les nouvelles mesures prises par le gouvernement, la question de la santé mentale semble être, plus que jamais, au centre des débats. Cette même santé mentale qui était trop peu souvent questionnée dans le quotidien des acteurs de l’enseignement devient cruciale. Faut-il uniquement se contenter de limiter les dégâts pour les mois à venir ? Ou doit-on interroger le système pédagogique en lui-même ?

Comment en était-on arrivé à un tel point de rupture pour les élèves et les professeurs ? C’est la première question à laquelle nous devons faire face si nous espérons trouver des pistes de solution pour les années à venir. Il faut remonter le temps et revenir à la période « pré-covid » quand école rimait avec stabilité et règles clairement établies.

En tant qu’ancien élève ayant tout juste terminé ses secondaires, je dois avouer avoir été frappé par la place que prenait le stress dans le quotidien des jeunes. Une pression continue qui semble peser de tout son poids sur les épaules des étudiants tout comme sur celles des enseignants les encadrant. Il y a continuellement une échéance importante à venir qu’elle prenne la forme d’un projet à rendre ou d’une évaluation à passer. Qu’est ce qui explique que les matières scolaires provoquent un tel stress chez les élèves ? Pourquoi voit-on une interrogation « ratée » comme une fatalité ? Pour apporter des réponses à ces questions, il faut prendre du recul, sortir du système scolaire pour analyser les idées toutes faites véhiculées par la société. Nous avons tendance à survaloriser la réussite et à dénigrer l’échec. La défaite est vue comme une fin en soi et non comme une étape vers un résultat positif.
Lorsque l’élève ayant des difficultés depuis des années en mathématiques reçoit sa feuille d’interrogation avec un simple 8/20 écrit en rouge, quel message lui renvoie-t-on ?
Il va considérer que les efforts qu’il a mis en œuvre pour arriver à ce résultat ne valaient pas la peine. Le problème étant que si cette situation est appelée à se répéter, le jeune va perdre confiance en lui et laisser tomber. Il ressentira donc soit un profond stress soit un découragement total à l’annonce de la prochaine évaluation. Il est crucial de mettre davantage en lumière les efforts fournis par les élèves. Il faut que chaque étudiant comprenne l’origine de ses fautes. Dans ce cadre, l’existence de remédiations est primordiale afin que le jeune associe son erreur non à un manque de travail ou de capacité mais à un manque de compréhension. Enfin, l’entraide entre les élèves permet à chacun d’échanger sur ses difficultés, de s’inspirer des méthodes de ses pairs et de reprendre confiance pour se sentir utile et compétent.

Il ne faut pas non plus être utopiste. Comment les enseignants peuvent-ils être au courant du cas de chacun ? La première étape serait, sans doute, de réduire la charge de travail des professeurs pour qu’ils puissent renforcer leur relation, base de l’apprentissage, avec les jeunes.

En parlant de charge de travail, il serait totalement contre-productif de l’aborder sans évoquer les programmes scolaires. Ces quotas de savoir à transmettre aux élèves mettent l’équipe pédagogique dans une position délicate. Véritable dilemme entre s’assurer de la bonne compréhension de chacun ou aborder tous les points du programme, il est vecteur de stress pour les enseignants. Ce même stress se répercute sur les jeunes que cela prenne la forme d’un rythme soutenu ou simplement dans la façon de donner cours. Nous devons apprendre à favoriser la qualité à la quantité.

Ensuite, si nous parlons de la question du rythme scolaire, il est impossible de ne pas aborder l’importance des moments de pause. Nous avons tendance à l’oublier mais il reste difficile pour bon nombre de jeunes de rester concentrés pendant plusieurs heures. C’est dans ce cadre qu’il faut mettre en place davantage de pauses dans le quotidien des élèves comme des professeurs. Il est évident qu’une journée entière passée à l’école suivie de plusieurs heures à la maison pour travailler ou étudier des matières scolaires est vecteur de fatigue mais également de stress.

Pour conclure, nous devons voir la crise sanitaire comme une véritable opportunité de remettre en question les systèmes qui nous entourent dont le système scolaire. Transformons cette pandémie en un moteur pour le changement de demain. Commençons par redonner du sens à l’échec, à inverser la tendance pour privilégier la qualité à la quantité et ayons courage de briser le rythme infernal dans lequel nous sommes enfermés bien trop souvent. Ne voyons pas cette remise en cause comme un projet uniquement porté par les étudiants mais également par les enseignants car le bien-être mental est crucial pour l’apprentissage comme pour la transmission de savoirs !

A écouter aussi en podcast ici

Auteur : Corentin, 18 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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La pression scolaire

La pression scolaire

Dans quelle mesure la pression scolaire peut-elle nous atteindre en tant qu’adolescent ?
En ce qui me concerne, elle a chamboulé ma vie. J’aurais même pu dire qu’elle l’a ruinée, mais aujourd’hui je vois ça comme une leçon.
La pression scolaire vient de tous les côtés : les parents, les amis, les professeurs et soi-même. On s’oppresse mutuellement sans s’en rendre compte et sans être mal intentionné.
Aujourd’hui, la majorité des gens pense que la réussite scolaire débauche forcément sur la réussite de la vie. Peut-être que c’est le cas, peut-être pas… Ça dépend de chacun. Chaque être humain a sa propre vision du monde, pourtant on nous réduit à des cerveaux sur pattes. La pression peut parfois être tellement forte qu’elle nous conduit à devenir la pire version de nous-mêmes. C’est le cas pour beaucoup de gens, dont moi.
La pression scolaire peut parfois permettre aux plus ambitieux d’avancer plus loin, plus facilement. C’est peut-être une bonne chose pour eux, comme un boost.
Mais parfois, la pression scolaire nous donne envie de tout abandonner, parce qu’on pense qu’on n’y arrivera jamais. Les adolescents sont des êtres à part entière qui apprennent à se construire en fonction de ce qu’ils ont vécu.
Je pense que certains professeurs devraient approfondir leur pédagogie et leur manière d’encourager les élèves. Leur faire comprendre que même si le système de leur école n’est pas adapté pour tout le monde, ceux qui connaissent plus de difficultés pourront toujours s’en sortir.
L’enseignement scolaire ouvre beaucoup de portes, mais à l’heure actuelle il existe d’autres manières, d’autres alternatives pour nous ouvrir des portes sur l’avenir.
Je pense aussi que les enfants devraient apprendre à parler de leurs sentiments dès le plus jeune âge, ce qui permettrait de faciliter leur route pour plus tard. Un suivi psychologique pour faire le point sur ce que les jeunes ressentent pendant leur parcours scolaire, par exemple. Et ainsi avoir les outils pour booster les élèves de la bonne manière.

Pour ma part, je pense que j’ai déjà beaucoup appris mais pas assez pour savoir passer au-dessus de la pression. Je crois même que ça me suivra toute ma vie…

Si je pouvais donner un conseil à la plus jeune fille que j’étais il y a 5 ans, j’aimerais lui dire qu’elle a les capacités et rien ne l’oblige à choisir une voie dans laquelle elle est mal à l’aise. J’aimerais lui dire qu’elle est sa propre alliée et qu’elle peut se rassurer tout seule. Elle a le droit d’en parler si elle ne va pas bien.

La lettre que je m’écrirais :
Rien n’est insurmontable, tu vas passer par des moments très durs mais tu vas dépasser tout ça avec un peu de courage et de volonté. La volonté, c’est le plus dur à trouver une fois qu’elle a disparu, mais tu es forte. Tu n’est pas plus faible que les autres. Tu as juste ta propre manière d’affronter la vie, et ton propre rythme pour résoudre tes problèmes. Je ne peux pas dire que le plus dur est passé parce qu’il y aura toujours plus dur. Au fur et à mesure, tu vas acquérir les armes pour vaincre tes angoisses et tu y arriveras.
Tu n’es pas obligée de suivre le même chemin que tes amis. Et ne change jamais ta façon d’être pour quelqu’un d’autre.

Auteur : Chaïma, 18 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Mon stress et moi

Mon stress et moi

Le texte qui suit est un peu particulier, un peu spécial ! Inès a imaginé un dialogue entre elle et son stress ! À chaque moment de la journée, elle s’exprime et lui aussi !

7h

Inès / Mon réveil sonne. Je me réveille, devant ma garde-robe. Je prends une éternité – ou deux – à choisir une tenue. Il est 7h et déjà, je me prends la tête.
Le stress / Son réveil sonne. Je me réveille avec beaucoup d’énergie et, tout de suite, je commence à m’activer. Elle est devant sa garde-robe et je décide de l’embêter : “Cette jupe ? C’est trop court, tu vas te faire renvoyer. Ça, c’est trop moulant, tu n’as pas le corps pour mettre ce genre de trucs. Ça, c’est trop fleuri, ce n’est clairement plus à la mode, tout le monde va se moquer de toi.”

8h25 ⇒ 8h30, arrivée à l’école

Inès / Je suis devant l’école. Au final, j’ai mis un gros pull. J’ai l’impression que tout le monde me regarde… Je prends une grande inspiration et je passe la grille.
Le stress / Elle m’a écouté et elle est sortie avec un énorme pull. Les autres habits étaient très beaux et je suis sûr qu’ils lui auraient bien été, mais c’est drôle de voir qu’elle a si peu confiance en elle !
Inès / Heureusement, on est jeudi. Je commence par la biologie. Mon cours de bio, c’est comme si le temps s’arrêtait. Ça me passionne tellement que j’en oublie le monde qui m’entoure. Je souris et je me sens bien.
Le stress / Jeudi ! On est jeudi ! Je déteste ce jour ! Elle m’oublie, elle me laisse de côté. Aujourd’hui encore plus que d’habitude. Elle va me le payer !

9h25 ⇒ 9h35 ⇒ la récré

Inès / Je marche pour aller à mon second cours : math. J’ai un test… Même si j’ai révisé hier, j’ai l’impression d’avoir tout oublié. Je vais rater, j’en suis sure, ça n’ira jamais. Je suis trop nulle, je ne vais jamais y arriver. À quoi bon essayer ? Je ne suis vraiment qu’une moins que rien.
Le stress / Ma vengeance commence ! Je m’installe toujours en douceur et lentement, très lentement. Plus elle souffre, mieux je me sens. Plus elle souffre, plus elle a peur de moi. Plus elle souffre et plus mon pouvoir prend de la place et augmente !
Inès. Mon interro est devant moi. Je fluore les instructions pour être sure de ne rien oublier. Je me perds un peu dans toutes les définitions que j’ai pourtant apprises. J’ai du mal à écrire, je tremble. Au final, ça s’est plutôt bien passé.

10h35, fin de la récré, cours de religion et tétanie

Inès. Mon cœur bat étrangement vite. Je cherche de l’air, j’ai du mal à respirer. J’ai compris ce qu’il va se passer. Pas de bol, j’ai religion… Hors de question que ça se passe là-bas ! Il me déteste et il va surement s’acharner sur moi comme il adore le faire. Vous savez ? Ce genre de prof qui aime bien se moquer. Un peu plus tard, je suis assise. Je n’écoute absolument pas le cours, je tente de me concentrer sur moi et sur ma respiration tout en faisant semblant d’écouter pour ne pas éveiller les soupçons. Ça commence, je le sens. Je suis toujours obstinée à ne pas sortir. Demander de sortir devant toute la classe et surtout avec ce prof est très dur. J’ai honte. Alors je reste assise.
Le stress / J’ai décidé de ne pas m’emballer en math. Je préfère de loin commencer le travail en religion. Tout est multiplié par deux, car en plus d’avoir peur de mes réactions, elle a peur de son prof. Nous sommes dans de parfaites conditions pour passer à la vitesse supérieure.
Inès / 10h50, le powerpoint défile à une vitesse incroyable. D’un coup, tout va plus vite. Ma respiration devient de plus en plus rapide, je cherche de plus en plus de l’air, mais en vain. Mes jambes ne répondent plus. Elles s’endorment, je sens les picotements monter de plus en plus. Ça monte, ça monte jusqu’au bassin. Je ne sens plus mes jambes … J’ai bien compris que j’ai trop attendu, je ne vais pas savoir me lever de ma chaise. Toute ma classe me regarde, ils se lèvent, ils se collent à moi. Des dizaines de personnes m’entourent et me fixent. Je panique. Mes bras s’endorment à leur tour… C’est le début de ma crise de tétanie. L’ensemble de mes membres se contractent, se crispent et je sombre dans la peur. Je tremble, ça brule. Ça brule tellement, je me sens partir dans un autre monde, il n’y a que mes yeux qui m’aident à rester ici. Je me coupe du monde. Malheureusement, elle n’est pas là. J’aurais aimé qu’elle soit là avec moi. Elle, c’est la personne avec qui je me sens en totale confiance et qui arrive à me calmer, je la considère un peu comme mon ange gardien. Je l’appellerai Annelise.
Le stress / Elle l’aura cherché. Je commence toujours par les jambes, car c’est le plus atroce et je suis sûr qu’elle ne pourra pas se déplacer pour aller dehors et respirer le bon air. Puis je monte très lentement pour qu’elle ait peur. Le plus drôle c’est de la faire halluciner. Je vous rassure, personne ne s’est levé, personne ne l’a fixée. Tout le monde s’en fout, mais en faisant cela, je gagne du terrain de plus en plus. Quand elle arrive dans sa crise, c’est moi qui prend le dessus. Vous voyez les personnes qui ont deux personnalités ? C’est un peu pareil. Je prends sa place et Ines est enfouie au fond d’elle. J’ai tous les pouvoirs, je peux enfin faire ce que je veux !
Inès / 11h, sors de moi, va-t’en ! Laisse-moi ! Ça fait horriblement mal, j’ai perdu le contrôle. Pendant ma crise, il m’arrive même de me taper la tête contre le mur ou de me taper moi-même.
Le stress / Elle commence à reprendre le contrôle. Je t’interdis de revenir ! C’est moi qui m’amuse maintenant !

11h20, bureau de l’éducatrice

Inès / Je commence à reprendre mes esprits. J’ai si peur, mais je reconnais mon environnement. Je suis dans le bureau de mon éducatrice. On a dû me porter là-bas, j’étais incapable de me déplacer. Quand je fais une crise et qu’Annelise est avec moi, il m’arrive de fondre en larmes. Toute la pression s’en va et je pleure dans ses bras. Dans ces moments-là, le temps s’arrête et je me sens protégée de tout. Je suis heureuse que nos chemins se soient croisés, je l’admire beaucoup. Je vous souhaite d’avoir une personne comme elle dans votre vie. Bref, les larmes coulent pour montrer la frayeur que je viens de vivre. Dix minutes plus tard, la crise est finie et pourtant, le pire moment arrive… Vu que mes muscles se sont crispés tout au long de ma crise, c’est difficile de les détendre. C’est une étape atroce, douloureuse et je trouve que c’est la pire.
Le stress / Je vais perdre. Elle a repris le contrôle et ne se soucie plus de moi. Je suis trop faible, il faut que je me repose.

12h10, pause

Inès / C’est enfin la pause ! L’air frais me fera du bien. Je m’entoure de mes amies et j’essaye de penser à autre chose. J’ai encore du mal à monter ou descendre des escaliers, mais je vais mieux. Les cours qui vont suivre vont être très compliqués. Je suis exténuée, j’ai envie de dormir mais je dois continuer ma journée…

15h30, latin

Inès / La prof de latin m’a fait une réflexion que je n’ai pas du tout acceptée. Je vais aller la trouver fin de cours
Le stress / après une petite sieste, je reprends de plus belle le cours de ma vie. Si elle pense qu’elle va réellement aller trouver sa prof, alors là, elle rêve!
Inès / C’est peut-être pas une bonne idée que j’aille la trouver… Et si ça se passait mal ? Et si elle le prenait mal ? Et si j’empirais la situation ? Elle m’enverrait chez la directrice ? Elle me détesterait jusqu’à la fin de l’année et ferait tout pour me pourrir la vie ?

16h30, retour à la maison

Inès / Je rentre chez moi. Je n’ai pas été voir la prof de latin.
Le stress / Elle rentre chez elle. Bien évidemment, vous vous doutez bien qu’elle n’aurait jamais eu le courage d’aller voir la prof ! C’est toujours comme ça. Si quelque chose la dérange, si elle a été touchée par quelque chose, je m’arrange toujours pour ne pas qu’elle le dise. Pourquoi ? Déjà grâce au fait qu’elle garde tout pour elle, elle est encore plus vulnérable que d’habitude ce qui me facilite le travail et je peux encore aller plus loin. Ensuite, ce genre de situation se retourne souvent contre elle. En ne voulant rien dire pour ne pas blesser les personnes qu’elle aime, elle s’attire beaucoup de disputes. C’est super marrant d’assister à cette déferlante de reproches alors que la pauvre petite pensait bien faire les choses. Mon travail s’arrête ici. Malheureusement elle se sent très bien chez elle. Elle a des super parents… Ça me frustre, mais vu qu’elle est une petite intello et qu’elle travaille beaucoup chez elle, je peux encore me défouler un peu avant de dormir. Vous devriez la voir étudier ses leçons ! Si elle ne connaît pas à la virgule près, j’arrive, je la taquine un peu et bam ! Elle a peur et elle pense ne rien connaitre et recommence depuis le début. Ça peut durer 3 heures comme ça. Je m’éclate !

19h ⇒ sport, 21h ⇒ posée au lit

Inès / Depuis mardi, je décomptais les jours, voire les heures. Je pars enfin pour mon entrainement . Mon sport est la meilleure chose qui me soit arrivée. Là- bas, je me sens moi-même, à ma place. Il n’y a pas de place pour mon stress là-bas mais juste de la joie de vivre, du plaisir et du dépassement de soi. Le rugby, j’en fais depuis 4 ans maintenant et c’est toute ma vie. C’est ma bulle, mon échappatoire, là-bas, je me sens moi. Après une bonne douche, je me pose dans mon lit. Je traine un peu sur les réseaux. Fatiguée de cette journée, je m’endors directement. Comme toutes les filles je rêve de mes crushs, de voyage, de plein de choses et ça me donne le sourire. Vers 21h30, je ferme les yeux, une nouvelle aventure m’attend demain .

Auteure : Inès, 15 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Difficile d’être sereine pendant la crise

Difficile d’être sereine pendant la crise

J’ai la chance de vivre ce confinement dans une maison avec mes parents et mon petit frère, avec qui je m’entends bien, et de pouvoir faire des choses que j’aime, que je ne prends pas toujours le temps de faire en temps normal car je suis emportée par le rythme de vie citadin. Voilà donc que je prends le temps de lire des livres, de coudre des masques, de rendre service à mes grands-parents, d’apprendre l’espagnol et de faire des siestes au soleil.

Pourtant, difficile d’être sereine pendant cette crise. Avec les mesures prises par le confinement et la distance sociale, on a tendance à se replier sur soi et à passer beaucoup de temps derrière nos écrans. Personnellement, j’ai beaucoup trainé sur internet et mes parents aussi. Mon avis, par rapport à la crise, changeait en fonction de l’information que je venais de lire ou de ce que mes parents avaient lu. Soit j’étais parano, soit fâchée et scandalisée, parfois aussi dans le déni ou dans l’espoir. Face à toutes ces infos, difficile de savoir comment réagir. Une chose est sûre : la peur excessive nous fait faire des choses totalement irrationnelles et nous isole. Il est évident qu’on ne pourra pas se sauver seul·e. On est tout·es dépendant·es les unes des uns et les uns des autres et tant que l’autre ne sera pas protégé·e, le virus sera toujours une menace pour nous. Les grandes victimes de cette crise sont les personnes qui avaient déjà des difficultés avant. Les voilà encore plus démunies et vulnérables aujourd’hui. Je pense aux sans-abris, aux migrant·es, aux détenu·es, aux malades, aux personnes âgées, seules, aux indépendant·es, aux pays pauvres…. Et j’en passe. Cette crise fait ressortir les failles de notre système et les inégalités ne font qu’augmenter.

Je reste prudente et je respecte les mesures prises par le gouvernement, elles sont nécessaires, mais ce ne sont pas les seules solutions. Je sais que si je me restreins à rester dans ma bulle à attendre que ça passe, je vais avoir du mal à tenir le coup psychologiquement. En ce temps de crise, un peu de solidarité fait du bien au moral. Les pouvoirs publics et les soignant·es ne sont pas les seul·es à savoir agir. Je pense qu’on peut tout·es faire notre part; (s’)informer, militer ou agir… les possibilités ne manquent pas. Limiter le flux d’infos, penser à d’autres choses et aider  – ne fût-ce qu’un petit peu – les personnes dans le besoin, voilà ce qui me permet de ne pas céder à la panique et de garder le moral. Aujourd’hui on a besoin que tout le monde agisse de manière rationnelle. Faites ce qui semble le plus juste pour vous et pour les autres. Comment voulez-vous agir pour vivre le plus sereinement possible cette crise ? Voulez-vous attendre devant la télé que ça passe et recommencer à vivre comme avant une fois que tout sera fini ? Ou voulez-vous participer à limiter les dégats de cette crise historique et rêver d’un avenir meilleur ? Beaucoup d’initiatives ont déjà émergées. Voici deux liens qui m’ont inspirés sur les possibilités d’aide à Bruxelles : le groupe Solidarité Bruxelles Coronavirus sur facebook et le site solidair.brussel

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Auteure : Alice, bruxelles, 25 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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