J’ai des cheveux bleus, ça dérange ?

J’ai des cheveux bleus, ça dérange ?

Sarah a 16 ans et que ça plaise ou non, elle a décidé que ses cheveux seraient bleus ! 

D’après les gens que je croise dans ma vie de tous les jours (rue, école, activités extra scolaires,…), je suis bizarre. Cela ne pourrait s’expliquer que par un défi perdu. D’après eux, naïve, d’après eux, c’est pas avec cette tête que je vais avoir de nouveaux amis, un copain, un job plus tard, d’après eux, j’ai besoin d’être dans la case de ceux qui sont « différents », j’ai besoin de me démarquer pour exister… 

En réalité, j’ai des cheveux colorés juste parce que je trouve ça beau, c’est tout. J’ai décidé de ne plus avoir mes cheveux bruns, pas parce que je ne les aimais plus, mais juste parce que j’avais besoin de changement. Je pense très sincèrement que, le fait d’avoir pu faire ce que je voulais de mes cheveux, de mon style et de ma façon d’être… Ça a boosté ma confiance en moi. 

C’est fou comme dans cette société, on se permet de résumer les gens à leur apparence. Parce que oui, j’ai un style différent mais je suis aussi remplie d’humour, de bienveillance, de sensibilité, d’empathie, de créativité. Je suis passionnée par la lecture, la couture, la mode, la musique. Bref, les gens qui me résument à mes cheveux ne connaissent pas le quart du tiers de ma personnalité.

Je suis en plein dans l’adolescence, je me cherche. J’aimerais savoir qui je suis, ce qui me plaît ou pas,… Je sais qu’en tant qu’ado, c’est compliqué de s’assumer et de s’apprécier. On essaye d’avoir plus confiance en nous grâce à diverses choses, notre style, nos goûts musicaux, notre attitude envers les autres. Je pense qu’à notre âge, on essaye tous de se démarquer à notre manière.   

J’espère que ce témoignage fera comprendre à certains qu’ils ne sont pas les seuls dans ce cas et expliquera à d’autres que les préjugés et les a priori peuvent bien souvent être totalement déconstruits et sans fondements. Ce n’est pas grâce aux autres, à leurs regards sur nous que nous pouvons nous sentir bien dans notre peau, mais grâce à notre propre vision de qui on est. Une chose primordiale, c’est d’avoir confiance en soi parce qu’on a le droit de s’apprécier tel que l’on est.

Auteure : Sarah, Sart-Lez-Spa, 16 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Songe d’un confinement sans fin

Songe d’un confinement sans fin

Pour Maude, 22 ans, tous les jours de ce confinement se ressemblent. Entre les jeux vidéo et les applis de rencontres, elle passe le temps et tente de combler le vide.  

Confinement jour 3. Ou 4. Je sais plus.

Chaque matin, c’est le même rituel. 7h du matin, je me réveille, je traîne au lit. Je suis sur mon téléphone, je réponds vaguement aux messages que je reçois sur les différentes applications de rencontres que j’ai installées. Aaaah, ils se ressemblent tous, quelle tristesse. 

8h du matin, je mets de la musique. Pas trop fort, mais pas trop doucement non plus. Je sais que ça va réveiller les voisins mais bon… Est-ce que je m’en soucie ? Pas vraiment. Je vis ce confinement seule et j’ai besoin de meubler le vide. Menu : thé vert, fruit, céréales. Là aussi, la routine ne change pas.
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma journée ? Appeler mes potes ? Ça fait déjà six fois en trois jours que je les appelle.  Appeler mes parents ? Non, ils se feraient un malin plaisir de trouver quelque chose à critiquer, même à distance. Bon et bien… Il ne me reste plus grand-chose. J’ai acheté un jeu vidéo, dans lequel tu peux simuler une vie parfaite. Peut-être que je devrais faire ça, vivre ma meilleure vie à travers la simulation puisque dehors c’est interdit.
Le temps passe si vite, et en même temps j’ai l’impression que le monde est mis sur pause. Au bout d’une -petite- semaine de confinement, j’ai déjà fait le tour des amis à appeler, des activités à faire… Peut-être serait-il temps de se retrouver avec soi-même, dans le silence ? Ah, quelle idée déplaisante. Alors, je fais une sieste. Et je rejoue aux jeux vidéo. Et je mange. Et j’ennuie mes amis. Et un nouveau jour se lève.

Confinement jour 5

Céréales, thé, fruit. Musique. Voisins qui râlent. 

Je cherche sur internet les codes de triche du jeu pour avoir plus d’argent, à défaut d’en avoir en vrai. Bon, je vais discuter un peu en ligne. Dans ma petite boîte à messages d’un site de rencontres bien connu, un message se démarque des autres.  ‘’Ravi de rencontrer quelqu’un qui déteste les champignons autant que moi’’. Incroyable, quelqu’un qui sait lire une description. Je réponds. Il est plutôt mignon, la conversation est chouette, il est où le piège ? Ah, le voilà, il habite dans le pays d’à côté, et on ne parle pas la même langue. Peut-être pourrais-je profiter de ce «congé » forcé pour apprendre le néerlandais, qui sait ? 

Je pourrais aussi en profiter pour me remettre au dessin. J’ai toujours voulu faire une école d’art, mais je n’ai jamais trouvé que ce que je créais était assez bien que pour me proclamer artiste. Et puis mes parents étaient contre. Mais maintenant que je vis seule, dans mon propre appartement, je vais dessiner. Bon, ça doit être comme faire du vélo, ça ne s’oublie pas. Finalement, je m’en suis plutôt bien sortie. J’ai quelques fois déraillé, mais ça ressemble à quelque chose d’à peu près correct. Le plus dur pour moi dans le confinement, c’est vraiment d’être seule. Je viens d’une grande famille, où il y avait toujours du bruit, peu importe l’heure, toujours quelque chose à faire. Et là… Rien. Le vide. Moi, moi-même, et mes pensées. L’idée de me retrouver seule face à moi-même a toujours été quelque chose qui m’effraie, et pourtant, m’y voilà forcée ! Quelle ironie. Merci le pangolin.

Avant ce confinement, je n’étais jamais restée aussi longtemps chez moi. Je redécouvre mon appartement. Je le décore. J’y accroche mes dessins. 

Oh, et j’ai fait des cookies. Bon y en a une dizaine, je ne vais pas pouvoir tous les manger seule. Puis j’ai toujours préféré la pâte à cookies plutôt que le biscuit cuit. Peu importe. Ils feront office de décoration dans ma cuisine ! 

« Slaap lekker » On a discuté toute la journée. 

Confinement jour 6 

Rituel classique du matin, on rajoutera que j’ai traîné au lit devant cette application bien connue qui consiste à faire une chorégraphie derrière une musique. Je me suis toujours moquée des gens qui adoraient cette application, et j’en fais mon plaisir coupable, c’est drôle. 

« Good morning cutie ! » Les messages matinaux font toujours chaud au cœur, c’est toujours drôle de savoir que tu fais partie des premières pensées de quelqu’un.

Bon, mon frigo et mes armoires paraissent un peu vides… Puis je m’ennuie, j’irais bien faire des courses. En arrivant au magasin, il y a de la file. Chaque personne doit obligatoirement prendre un caddie pour y entreposer ses courses. J’ai laissé ma monnaie à la maison puisque c’est quelque chose de sale et qui véhicule on ne sait combien de microbes. Finalement le vigile me montre comment obtenir un caddie sans pièce, ça consiste à insérer sa clé dedans. Pas bête cette astuce, pourquoi je n’y ai pas pensé… Quand je rentre dans le magasin, je me rends compte que c’est la première fois qu’il est autant bourdonnant de monde. J’ai acheté du mousseux, je ne sais pas ce que je vais fêter, mais je trouverai bien une raison. J’arrive à la caisse et là… Masque, gants bleus, combinaison qui lui recouvre tout le corps : une espèce de chirurgien s’approche de mon caddie. « Pardon, je désinfecte votre caddie ». Ah… d’accord. C’est donc ça la pandémie qui nous frappe ? Des minions géants et des rayons de papier toilette vides ? Ce monde est vraiment bizarre.

Je rentre, je mange, encore une fois rien de très surprenant. 

Sauf que ce soir, en cuisinant, on a décidé de se faire un appel vidéo. Il est encore plus mignon que sur les photos, il y a quelques moments de silence, c’est gênant. On rigole beaucoup. Je suis contente qu’il soit là pour combler le silence de temps en temps.

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Maude, liège, 22 ans

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Pendant un an et demi, Amélia a eu une sale histoire et on ne peut pas appeler ça une histoire d’amour. Victime de celui qu’elle aimait, elle pense aujourd’hui à toutes les autres femmes qui sont deux fois prisonnières. Une première fois du virus, une seconde fois de leur gars.

Le confinement ce n’est pas chouette. On ne peut plus aller au cinéma, prendre un verre avec des copains, faire ses courses tranquillement ou seulement, bêtement, se balader en paix. Du haut de mes 20 ans, j’ai vécu un tout autre confinement qui, lui, a duré 1 an et demi. Livrée à moi-même, je tombe sous le charme d’un homme qui, au début, avait tout d’un gentleman. Il se présenta comme un héros, il m’a promis la lune et dans mon malheur… je l’ai cru.

L’oiseau était dans la cage. Interdiction de sortir, souffrances physique et mentale, surveillance constante, rabaissement et j’en passe. Aveuglée par ses moments de tendresse entre deux « personne d’autre que moi, jamais ne voudra de toi, Amélia » je ne vivais que par lui. Je restai car j’étais conditionnée, IL m’avait conditionnée. 

Certaines femmes le sont aussi, mais avant le confinement, elles avaient l’opportunité de s’aérer l’esprit. Aujourd’hui, je pense à toutes ces femmes qui, malgré elles, se retrouvent confinées avec leur bourreau. Ces femmes qui s’acharnent à éduquer leurs enfants du mieux qu’elles peuvent, qui malgré leur fatigue et la pression, s’occupent de leur maison comme des chefs et qui ne reçoivent jamais la reconnaissance qu’elles mériteraient. Je veux qu’on pense à elles car quand nous nous plaignons que le wifi bug, elle reçoivent une gifle pour une assiette mal rincée. 

A écouter aussi en podcast ici

Info en plus. Dans “Coronavirus en Belgique: les lignes d’écoute pour les victimes de violences conjugales sont saturées”, une dépêche de l’agence Belga publiée sur le site de la RTBF, on apprend que, depuis le début du confinement, le nombre d’appels passés au 0800/30.030 a doublé. Ce numéro est celui de Ecoute violence conjugale, disponible 7/24, il permet – gratuitement et dans l’anonymat – de parler de la situation. Parler, c’est un premier pas vers une solution.

Auteure : Amélia, 20 ans, namur

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Pour moi, le confinement a un goût amer. Pas parce qu’il me sort de mon quotidien mais, au contraire, parce qu’il est présent depuis trop longtemps. Le matin du 12 mars, on m’a annoncé la rémission de mon cancer. Le même 12 mars, au soir, le pays se mettait partiellement à l’arrêt. Physiquement et psychologiquement, je m’étais préparée à sortir à nouveau en commençant un service citoyen(*) afin de retrouver un rythme quotidien. Aujourd’hui, j’ai l’impression que tout le monde s’est adapté au mien.

Il y a encore un mois, la connotation du verbe « sortir » était pour moi source d’angoisses. Le monde extérieur était devenu un lieu hostile, un terrain de jeu potentiel pour mes crises de spasmophilie, vertiges et autres joyeusetés, toutes des conséquences de mes traitements hormonaux. Sortir seule ressemblait alors à un fantasme, la faute à mes cognitions négatives et obsessionnelles qui me criaient que sortir, c’était prendre un risque. Changer ces cognitions en démarrant un service citoyen m’a demandé beaucoup d’efforts et j’ai peur que cette obligation de confinement les réduisent à néant.

Des psychologues estiment qu’une durée de confinement de plus de dix jours est prédictive de syndrome post-traumatique. Des numéros verts spéciaux pour le corona se sont donc mis en place mais, parfois plus forte que les angoisses intérieures, il y a l’angoisse téléphonique, et aussi souvent la sensation qu’on n’est pas légitime ou qu’on n’a pas assez de raison de demander de l’aide. Mais il n’y a jamais de mauvaise raison, elles se valent toutes. J’ai eu un épisode dépressif qui a été bien plus dur à vivre que toutes les douleurs physiques que j’ai connues. Ce que j’en ai retenu, c’est que nous ne sommes pas responsables de notre détresse psychologique.

Je pense à ceux qui souffrent du confinement, pour une raison ou pour une autre, que ce soit les personnes autistes qui doivent adapter leurs habitudes, ceux qui subissent la violence de leur conjoint ou de leurs parents, ou encore ceux qui subissent une addiction renforcée par la situation. Je pense à tous ceux qui culpabilisent de retomber dans de mauvais travers, de prendre des médicaments pour dormir, de ne pas travailler assez ou de ne pas profiter du confinement pour apprendre le grec ancien.

Je voudrais qu’ils puissent déculpabiliser, et moi avec. Chercher à vivre, avec ou sans aide (médicamenteuse ou humaine), mais vivre, malgré tout. Malgré les angoisses qui persistent, malgré le chagrin et la peur. Vivre malgré le confinement, les non-sens politiques, les cognitions négatives. Vivre malgré les deuils et la solitude. Vivre pour ne pas mourir, périr, pourrir. Vivre avec des anxiolytiques, de l’alcool, du chocolat, des antidépresseurs s’il le faut. Nous avons le droit d’être en détresse, d’être faible, d’être paresseux ou anxieux. Je fêterai mes 25 ans dans un mois, confinée et sous anxiolytiques s’il le faut. On n’est pas surhumain, on ne doit pas l’être. Humain, c’est déjà très bien.

(*) Le service citoyen est une expérience de vie, exceptionnelle, proposée aux jeunes de 18 à 25 ans. Durant six mois, ils prennent le temps de s’engager  dans une structure, une association solidaire, tout en réfléchissant à de quoi demain sera fait.  

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Blanche, bruxelles, 24 ans

Cet article a été écrit lors d’un atelier, virtuel, de Scan-R

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L’humain plus bête que les bêtes ?

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Quatorzième jour de confinement, mon esprit est fatigué. Je suis fatiguée. J’essaie de m’occuper mais en vain. Je pense que les humains ne sont pas faits pour être enfermés aussi longtemps. Mais finalement quatorze jours, est-ce beaucoup ? La mentalité des gens changera-t ’elle à la fin de cette période ? 

 Je me pose beaucoup de questions. Nous ne supportons pas l’idée d’être enfermés, pourtant nous infligeons ça et bien pire à des milliards d’animaux. En effet, d’après l’article de Thomas Depicker paru en février 2019 sur Moustique, plus de 26 millions d’animaux sont abattus par mois. Les porcs sont les animaux les plus abattus. Ils représentent 59% à eux seuls. D’après Animal Rights, chaque année en Belgique et au Pays-Bas, plus de 2,5 millions d’animaux de laboratoire sont tués… Pire encore, plus de la moitié de ces animaux sont morts avant que ne soit menée la moindre expérience… ces animaux n’étaient qu’un stock.

Certains êtres humains sont vils et cruels, certains détruisent. J’espère qu’après ce confinement, une remise en question générale apparaîtra et qu’une prise de conscience naîtra afin que nous arrêtions, enfin, de détruire notre belle planète. J’aimerais que les gens se rendent compte du mal qu’ils font lorsqu’ils enferment des animaux sans s’en occuper. Un animal n’est ni un jouet ni un ornement, il n’est pas fait pour vivre seul ou abandonné dans un coin. J’ai beau espérer que ça change, je crains que cela ne change jamais. Le fait que l’être humain puisse penser au bien-être animal avant son plaisir pécuniaire me parait dérisoire. 

 J’ai envie de m’évader, j’ai envie de profiter. Je vis avec ma famille, c’est amusant mais il m’est impossible d’être seule lorsque j’en ressens le besoin. Mon esprit essaie de s’évader mais il n’y arrive pas. Et les animaux ? Comment font-ils lorsqu’ils veulent s’évader ? Eux non plus ne sont jamais seuls. Être enfermés toute leur vie dans une cage, tel est leur sort. Comment puis-je me plaindre après seulement quatorze jours ? Je me sens égoïste vis-à-vis d’eux. 

J’aimerais faire passer un message, j’aimerais que les gens bannissent de leur vie les zoos et les cirques utilisant des animaux. Certes c’est divertissant, mais c’est tellement cruel. Pouvez-vous vous imaginer être arraché à votre famille puis enfermé seul dans un endroit qui vous est inconnu bien loin de votre milieu naturel ? Pouvez-vous vous imaginer d’être torturés durant toute votre vie afin de réaliser différents tours devant une foule en délire ? Il y a quelques années, je suis allée en Afrique et nous sommes allés faire une balade à dos d’éléphant. Crédule et inconsciente, je pensais que cela serait une expérience inoubliable. Quel souvenir atroce. J’en ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Les éléphants étaient tellement braves mais tellement déprimés. Lorsque qu’ils n’obéissaient pas, un crochet en fer de 5-10 centimètres leur était enfoncé dans la tête. Comment l’être humain en est-il arrivé là ? Comment ce genre d’individu peut dormir et vivre en faisant cela ? 

 L’humain subit une pandémie virale. Il faudrait pourtant qu’il se rende compte que le virus sur terre, c’est lui. Quatorzième jour, je me réveille le matin, je mange mon dîner et je m’occupe de mes chevaux l’après-midi. Ensuite, je retourne dans ma cage. Voilà mon quotidien depuis quatorze jours. Et demain, quinzième jour, le rituel recommencera.

Auteure : Aurore, Heusy, 19 ans

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