Lettre à ma génération

Lettre à ma génération

Lettre à ma génération. Lettre à ceux qui font partie de ce que l’on appelle « génération sacrifiée », sacrifiés pour stabiliser la crise sanitaire, sacrifiés par le système pour garder sa solidité précaire. Lettre à celles et ceux qui sont épuisés en constatant l’état actuel de la société. Lettre aux jeunes qui ont découvert l’importance de la santé mentale le jour où ils ont perdu le contrôle d’eux-mêmes. Lettres à tous ceux qui ont peur de parler à cœur ouvert, rongés par les doutes et les questionnements.

Certains s’interrogeront sur l’intérêt d’écrire ce texte destiné à la jeune génération. Je leur répondrai simplement et sans l’ombre d’un doute « pour donner la parole à celles et ceux qui la demandent mais ne la reçoivent pas ou uniquement quand cela n’a plus d’importance ». D’autres questions sont tout autant légitimes. En effet, comment une lettre peut-elle prétendre toucher une si large tranche de la population qui contient autant de différences en son sein ? A nouveau, la réponse me semble simple et pleine de bon sens. Nous mettons tellement d’attention et d’énergie à exacerber nos différences et à pointer les points faibles de chacun que cela en fait déjà un point commun. Nous avons tous nos particularités. Je suis sincèrement convaincu que bon nombre de jeunes vivent avec des soucis tout à fait semblables. A force de côtoyer des jeunes de tous horizons, j’en suis arrivé à la conclusion que nous avons tous des problèmes communs mais que nous les vivons différemment. De ce constat, il m’apparaissait comme une évidence d’en tirer un texte, une lettre pour montrer à tous les jeunes que nous sommes tous tiraillés par des doutes et des questionnements similaires. Libérer la parole de cette jeunesse est un objectif peut-être complexe mais auquel je veux croire et, surtout, tenter de contribuer.

Redonner aux jeunes une lueur d’espoir dans un monde trop souvent dépeint comme sombre et terne. Rallumer une case lumineuse de positivité et d’espoir. Ces termes peuvent faire sourire mais notre jeunesse manque cruellement d’un objectif peut-être un peu idéaliste ou d’une utopie les poussant à donner le meilleur d’eux-mêmes. Les mots peuvent sembler romancés ou forts de sens mais nos jeunes ont besoin d’envisager et de concevoir un avenir qui peut changer, qui peut leur donner la place qu’ils cherchent depuis bien trop longtemps. Ils ressentent plus que jamais la nécessité de pouvoir aspirer à une société inclusive et à l’écoute qui leur donne l’envie de se battre et de se surpasser. Aujourd’hui, je veux leur montrer, leur dire, leur crier que ce monde meilleur est envisageable. Il faudra s’accrocher car le parcours ne sera pas un long fleuve tranquille. Parfois, vous chuterez et vous vous demanderez si le jeu en vaut la chandelle mais, vous pouvez me croire, rien ne vaut plus que de se battre pour ses rêves et ses idées. Peut-être semblent-ils inatteignables, ne vous découragez pas pour autant car ils vous feront grandir et devenir quelqu’un plus en phase avec lui-même.

Je ne tomberai pas dans la facilité en disant que pour changer la société, il faut se changer soi-même. En formulant ce postulat, nous ne faisons que freiner l’envie des jeunes de prendre part au changement. Nous les décourageons avant même qu’ils n’aient pu trouver leur place dans la société. Les jeunes manquent cruellement de repères personnels. La connaissance d’eux-mêmes est, malheureusement, rarement au rendez-vous. Le message que je voudrais leur faire passer peut sembler banal mais il est crucial. Ne vous efforcez pas de changer. Prenez le temps de vous connaitre. Ayez conscience de vos points faibles mais également de vos points forts qui vous permettront de savoir ce que vous pouvez apporter aux autres et ce qu’ils peuvent vous apporter. Arrêtez-vous un instant pour découvrir vos traits de caractère, vos besoins, vos envies. Faites une pause dans ce monde où tout semble filer à mille à l’heure pour analyser ce que vous ressentez. Vos émotions et vos sentiments sont les guides de votre vie. Ne les reniez pas, même ceux que la société connotent négativement telles que la colère ou la rancœur, elles ne sont que le reflet de besoins insatisfaits. Ne cherchez pas à tout prix à faire partie d’une société à l’équilibre instable mais prenez soin de trouver votre équilibre. Cela vous prendra du temps et de l’énergie mais vous apportera un sentiment de bien-être et de stabilité qu’il est difficile de décrire.

Trouver un équilibre ne veut pas dire pour autant tout renfermer en soi en attendant de trouver la solution dans son for intérieur. La société a tendance à banaliser et à passer sous silence ce que ressentent les jeunes. Dès lors, pourquoi exprimer ses émotions et ses besoins ! « Faites comme tout le monde, restez dans le rang ». L’expression de ses sentiments et de son ressenti est trop souvent perçue négativement. Or, les jeunes peuvent uniquement aspirer à une stabilité et à la connaissance de soi en partageant leur vécu avec leurs pairs. Mon message sera donc le suivant : partagez avec vos personnes de confiance ce qui vous tient à cœur, ce qui vous inspire, ce qui vous attriste , ce qui vous fait douter. Vos amis sont de véritables ressources et vous êtes de véritables ressources pour vos amis. Discuter et échanger avec eux est le meilleur moyen de vous connaitre et de construire votre identité. Ne tombez pas non plus dans l’extrême à vouloir être constamment entourés, prenez le temps de vous recentrer sur vous-mêmes. Ne vous mettez pas de barrière à construire des relations dites « obligatoires » en vous disant qu’il faut faire bonne figure en côtoyant telle ou telle personne alors que vous n’en avez pas l’envie. Mon dernier conseil sera donc, Soyez vous-mêmes !

Alors j’adresse une lettre à tous ces jeunes qui trouveront leur place dans la société. Lettre à ceux qui mettront du temps à être leur entité propre. Lettre à la « génération sacrifiée » qui trouvera et apportera de la lumière dans cette société bien trop souvent terne. Lettre à celles et ceux qui feront des blessures des dernières années ou de leur passé une véritable force. Lettre aux jeunes qui oseront parler de leurs vécu, ressenti, émotions et sentiments. Lettre à une génération que je ne connais que trop bien. Lettre à ma génération.

Auteure : Corentin, 19 ans, Anderlecht

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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Des jeunes et Scan-R

« Le JDJ vous propose de découvrir certaines productions de ces jeunes dans sa rubrique Jeunes à droit. Vous y trouverez de la liberté d’expression, des espoirs, des miroirs, des positionnements, des pistes à suivre… »

Notre partenaire média, Jeunesse et Droit, a accepté de partager quelques récits, écrits notamment par Emy, Lena, Chloé et Corentin dans son Journal du droit des jeunes 📒✍️ Grâce à la publication de ces textes, il nous permet de relayer la parole des jeunes rencontrée.e.s dans nos ateliers, dans l’espace public 📣💬

Non aux prisons

Non aux prisons

Si j’avais une baguette magique, je supprimerais toutes les prisons.

Sans doute va-t-on me dire : « Mais tu es folle ? Que fais-tu de tous ces fous dangereux ? ».

Je répondrais alors : « Qui sont ces fous dangereux ? Combien sont-ils ? Et que faites-vous pour tous ces frères, ces sœurs, ces mères et ces pères qu’on enferme et qu’on oublie ? ».

Ce mois-ci, les premiers détenus seront transférés dans la nouvelle prison flambant neuve de Haren. Prison de haute technologie et de haute sécurité. Prison construite pour remplacer les prisons devenues vétustes de Forest, St-Gilles et Berkendael. Prison financée par le privé. Prison au sein de laquelle les intérêts financiers priment sur le bien-être de ces locataires. Prison censée venir répondre au fléau de la surpopulation carcérale. Mon œil. Et ne me faites pas croire que les personnes à l’origine de ce projet y croient sincèrement.
Depuis les années 80, nous savons que la prison est un échec, depuis les années 80, nous savons que plus on crée de places, plus on enferme. Depuis des années, nous crions la nécessité de construire de plus petits établissements, à taille humaine. Et nous construisons une maxi-prison de 15 hectares.

L’actualité nous montre une fois de plus le peu d’intérêt porté à la question carcérale et à ses habitant.e.s. Ce qui compte, c’est le dehors. Ce qui compte, ce sont les bon.ne.s gens. Ce qui compte, c’est d’isoler ceux.celles qui font peur, afin que Monsieur et Madame Tout Le Monde puisse dormir sur leurs deux oreilles. Et bien, ne dormez pas trop longtemps, et munissez-vous d’alarmes dernier cri pour sécuriser vos propriétés, parce que tôt ou tard, les grand.e.s méchant.e.s sortiront. En colère.
Et ce jour-là, tout ce que nous pourrons vous dire c’est : « Nous vous avions prévenu ».

Oui, nous vous avions prévenu que la prison ne prépare pas le retour dans la société, pire, elle stigmatise et radicalise. Nous vous avions prévenu que la prison ne protège pas la communauté, ou du moins, uniquement durant un laps de temps, puisqu’à l’exception de ceux que l’on considère comme des dangereux psychopathes, les gens sortent de prison. Nous vous avions prévenu que la prison engendre haine et vengeance, qu’elle intimide, qu’elle humilie. En réalité, la prison sert uniquement à satisfaire la demande de la population qui demande que justice soit faite. Mettre les méchant.e.s en prison rassure sur notre propre nature. Si je suis dehors, je suis forcément quelqu’un de bien.
Ma pensée vous paraîtra peut-être radicale, mais je suis convaincue que tant que la prison existera, la dignité humaine ne pourra être totalement respectée.

Les politiques ne peuvent d’ailleurs plus l’ignorer. Et la manière étrange et contradictoire d’attaquer le problème de la surpopulation et des mauvaises conditions de détention, reflète d’ailleurs toute l’hypocrisie de la politique pénitentiaire. D’un côté la construction d’une maxi-prison et de l’autre l’ouverture de petites maisons de transition et détention. Maladresse ? Ignorance ? Désintérêt ? En réalité, aucune remise en question et réelle réflexion sur le sens de la peine ne font parties de la politique actuelle. La prison de Haren est un leurre, voué à exister pour montrer que l’État agit, que l’État pense au bien-être des détenu.e.s. carcéraux.ales.

Ne serait-il pas grand temps de considérer la parole des experts, des personnes de terrain, des associations, mais surtout des détenu.e.s ? Ne serait-il pas temps de réfléchir, non pas à comment faire pour se doter de plus belles prisons, mais plutôt comment faire sans ?

Par ces quelques lignes, je tiens à vous inviter à penser la prison comme un phénomène violent et archaïque. A nous servir de l’échec de ce système pour repenser le système pénal dans son ensemble, à débattre et à réfléchir aux différentes possibilités qui s’offrent à notre société. Parce qu’il faut souvent passer par des extrêmes pour que la situation se régule, et que nous atteignons aujourd’hui la plus haute barbarie qu’une société démocratique en 2022 peut atteindre.

Auteure : Marie, 30 ans, Bruxelles

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Le plus injuste dans ce monde, c’est l’hypocrisie

Le plus injuste dans ce monde, c’est l’hypocrisie

D’après moi, une grande partie des problèmes mondiaux vient de l’hypocrisie de l’Homme. Mais d’abord, essayons de comprendre ce qu’est ce vice. Selon la définition de Google, l’hypocrisie est « le fait de déguiser son véritable caractère, d’exprimer des opinions, des sentiments qu’on n’a pas ».

Maintenant, essayons d’imaginer une situation qu’on a vécu ou bien dont on a entendu parler, et qui nous fait penser à l’hypocrisie. Prenons l’exemple de l’hypocrisie du monde envers la situation des demandeurs d’asile internationaux, n’ayant pas les mêmes faveurs que les Ukrainiens.

Ou bien un cas assez récent me passe par la tête, la mort de la jeune fille Iranienne, Mahsa Amini. Et le soudain réveil des gens du Nord pour le droit d’enlever (ou de porter) le voile. Mais on note une indifférence face à la situation des femmes qui veulent porter le voile/burqa en France, en Myanmar et dans plein d’autres pays dont on ne parle jamais.

Pourquoi les gens qui se disent être soi-disant contre l’injustice choisissent soigneusement leur combat ? Pourquoi le monde du Nord ne se réveille que lorsqu’il s’agit de défendre un droit qui ne les concerne qu’eux ? Pourquoi se dire être ambassadeur de paix mondiale, mais dormir quand il s’agit de combat qui n’est pas dans notre intérêt de défendre ?

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Khadija, 23 ans, Bruxelles

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Parentification

Parentification

Je ne sais pas vraiment si ce que je vais écrire sera intéressant pour qui que ce soit mais c’est quelque chose qui me tient à cœur et que je voudrais partager, dans le but, peut-être, de permettre à certaines personnes de se reconnaître, de se sentir moins seules.

Je suis née dans une famille très bienveillante, mes parents se sont toujours démenés pour mes sœurs et moi. Quand j’étais petite, nous n’avions pas beaucoup d’argent. Ma mère faisait plusieurs petits boulots et mon père, je ne me rappelle pas exactement s’il travaillait.

Je n’ai pas énormément de souvenirs positifs de mes parents et il m’arrive d’ailleurs de m’en vouloir à ce sujet car ils ont fait de leur mieux. Ma mère est dépressive depuis ses 13 ans, je ne pense pas qu’elle soit déjà réellement sortie de ses dépressions. Elle a toujours été en décalage avec les autres. Elle a eu ma grande sœur à 21 ans avec un homme que je ne connais pas. Ensuite, elle m’a eue à 27 ans, puis ma petite sœur, un an et demi plus tard.

Mon père, lui, a eu une enfance difficile. Il n’a pas connu son père et il a quitté son foyer à 16 ans. Il est tombé dans la drogue et la scarification. Mon père a un trouble borderline.

Maintenant que j’ai planté le décor, je voudrais parler du rôle que j’ai eu dans ma famille. Quand ma sœur est née, on avait à peine un an et demi de différence et je me suis rapidement attachée à elle. Plus on grandissait, et plus on devenait inséparables. Nous étions pourtant complètement opposées : ma sœur avait un fort caractère et a toujours eu beaucoup de colère en elle. Elle piquait souvent des crises. Moi, j’étais plutôt une petite fille discrète, calme, dont personne ne s’inquiétait. On me répétait souvent que j’étais trop sensible.

Quand j’ai eu 7 ans, mes parents ont divorcé. Un peu avant cela, ma mère avait changé de travail et devait donc partir assez tôt et rentrer assez tard. Á partir de là, je suis devenue le parent responsable de ma petite sœur. On devait se réveiller toutes seules et aller à l’école. J’étais la plus grande, donc je devais faire à manger à ma sœur, vérifier que les portes étaient fermées, éteindre les lumières, etc. Toutes ces tâches ne me dérangeaient pas, j’étais la seule à pouvoir le faire. Mais ma sœur a commencé à avoir de plus en plus de crises de colère. Elle se défoulait sur moi. Ce qui était au début des crises de petite fille se sont transformées en coups, en violence. J’étais bien trop petite pour gérer une enfant.

Mais je ne voulais pas créer de problème, je ne disais rien. Je ne voulais pas les embêter parce qu’ils étaient fatigués. J’ai fini par m’habituer aux crises de ma sœur et j’ai commencé à me renfermer sur moi-même. Je n’ai plus été sociable, sans me faire de vrais amis. C’est à la rentrée en secondaire que ma vie s’est compliquée. Je continuais à m’occuper de ma sœur sans savoir que j’étais moi-même. Je voulais seulement être invisible.

Ma sœur, elle, avait une amie. Elles se moquaient de moi, de mon apparence, de mes habits, tout en continuant à piquer des crises de colère. Elle pouvait, d’un moment à l’autre, changer complètement de visage, avoir une vraie rage, me frapper, puis oublier.

Je voudrais dire à tous les enfants qui comme moi, ont dû prendre une place qui n’est pas la leur : vous êtes légitimes. Vous avez le droit de ne pas prendre ces responsabilités parentales, vous avez le droit de dire que vous avez trop à supporter. Vous ne devez pas être les parents, ce n’est pas votre rôle.

Auteure : Suzon, 16 ans

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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