Bryan contre le harcèlement

Bryan contre le harcèlement

On parle toujours trop souvent du harcèlement… Dans les témoignages qu’on lit parfois se pose parfois la question de “Pourquoi est-ce que personne n’a réagi ? Pourquoi est-ce que tout le monde a laissé faire ?” Bryan, est celui qui, justement, a décidé de faire quelque chose.   

Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire d’une amie qui a été victime d’harcèlement scolaire. Elle s’appelle Lili et est d’origine chinoise. Nous étions dans la même classe en 2ème secondaire. Le jour de la rentrée scolaire, il y avait cette jeune fille de 15 ans qui était très timide. Mais on est tous un peu timide la première fois dans un groupe de jeunes. Par exemple, moi, j’ai l’habitude de garder ma capuche. Quand je commence à avoir l’habitude de les fréquenter, alors je me lâche. Cette année-là, je me suis fait des amis, on était un petit groupe, on faisait des petites conneries en cours, on embêtait les autres de la classe ou même nos professeurs. 

Bête jeu…

Un jour, on s’est amusé à jeter des bouts de gomme sur les filles. Un de mes potes a touché Lili à l’arrière de la tête. Elle s’est retournée toute énervée et lui renvoya le projectile. Mon pote lui a alors fait une grimace en étirant ses yeux. La prof, qui était remplaçante, a surpris le geste mal placé. Il a été sanctionné. C’est à partir de là que le harcèlement, quotidien, a commencé. Tous les jours, Lili se faisait insulter. Il disait qu’elle mangeait du chien et du chat. Quand on devait faire des groupes pour un travail en classe, Lili se retrouvait toujours toute seule, sans ami. J’avais déjà remarqué qu’elle ratait certains cours comme éducation physique ou encore les présentations devant la classe ainsi que toutes les activités liées à un travail de groupe. 

Je pars à sa rencontre

Le jour de mon anniversaire, j’ai invité toute la classe. Tout le monde était là sauf Lili. Je lui avais envoyé un message pour savoir si elle comptait venir mais pas de réponse. Un jour, je suis arrivé en retard au cours, la prof avait donné comme consigne de faire des groupes de deux mais personne ne s’est mis d’accord. Alors la prof a décidé de choisir elle-même les groupes. Je me suis retrouvé avec Lili. J’ai pris son Facebook pour pouvoir s’arranger pour travailler un jour ensemble. Je lui ai proposé de venir travailler un jour chez moi. Elle est venue mais je sentais qu’elle était gênée.

Tous les jeudis, on avait cours de sport mais elle n’y allait jamais. Le prof de sports m’a appelé dans son bureau pour récupérer la farde des présences. Il était étonné que Lili ne vienne plus au cours. D’habitude, elle était présente. Je lui ai demandé pourquoi elle n’allait plus en cours, elle m’a répondu qu’elle n’aimait pas le sport. Mais je voyais que certains de mes potes la mettait à bout. Elle était déjà sortie en pleurant de la classe. J’avais même dit à un de mes potes qu’un jour, elle pourrait faire la pire bêtise de sa vie et que ça serait de leur faute. Il m’a répondu: “Non mais jamais de la vie, elle va faire ça!” 

Elle est revenue travailler chez moi sur notre présentation. Elle n’était plus timide comme la première fois. À un moment donné, je lui ai demandé ce qu’il se passait avec le reste de la classe. Elle m’a ‘expliqué qu’on se moquait d’elle, que certains jeunes de la classe ont créé des faux comptes Facebook pour venir l’insulter, lui envoyer des vidéos de personnes qui mangent des animaux domestiques comme du chien, des souris, du chat … Je lui ai demandé si je pouvais voir les conversations. Il y avait énormément d’insultes sur sa famille, son physique. Elle recevait aussi des vidéos à caractère pornographique. Certains la suivaient parfois après les cours, lui ont déjà donné plusieurs coups, lui ont craché dessus … Elle m’a dit qu’elle n’en pouvait plus. Elle n’avait jamais rien dit à personne même à la prof. Elle avait vraiment peur de ces jeunes. 

Je ne savais pas vraiment comment faire pour qu’ils arrêtent. Je lui ai proposé de rentrer avec moi en voiture. Elle a demandé à ses parents qui ont directement accepté. Je lui ai également proposé de supprimer son Facebook et de créer un nouveau compte pour qu’on ne puisse plus lui envoyer de message. 

C’est assez 

Un jour, on était en classe. Je voyais qu’ils embêtaient Lili. J’étais déjà un peu énervé. J’ai crié un « C’est bon ! Laisse la tranquille ! ». La prof m’a dit de sortir mais j’ai ajouté : “ Tous les jours, ils ne la laissent pas tranquille. Il faut faire quelque chose sinon ça peut aller loin cette histoire.” La prof m’a dit de sortir et de revenir à la fin du cours. 

J’ai alors tout expliqué à la prof, elle a décidé de convoquer Lili. J’ai prévenu Lili que la prof voulait la voir. Je lui ai dit qu’il fallait qu’elle explique et qu’elle montre tout. Elle ne voulait pas y aller, elle avait vraiment peur. Je l’ai forcée un peu. Elle a fini par aller chez le directeur qui a contacté les parents de Lili. Les jeunes ont été renvoyés définitivement de l’école. Les parents ont également porté plainte contre eux.

Auteur : Bryan, 18 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Pourquoi juger ?

Pourquoi juger ?

Quand une situation de harcèlement survient, c’est intolérable. Aujourd’hui, c’est Lucile qui nous en parle. Elle nous invite à nous interroger sur les jugements, sur le poids qu’ils font irrémédiablement peser sur celles et ceux qui les subissent. 

Aujourd’hui, je vais vous parler du jugement à l’adolescence. Vous allez me dire que c’est un sujet abordé des milliers de fois, que le harcèlement ce n’est pas bien,… On le sait et voilà. Mais les questions que je vous poserais plutôt c’est, comment se fait-il qu’on en soit arrivé là, pourquoi tant de personnes parlent de ces jugements entre adolescents ? Je répondrais à ces questions par d’autres questions comme : à votre avis, sur quels sujets les jeunes entre 12 et 18 ans se jugent ? Imaginez-vous les conséquences désastreuses que peuvent avoir ce genre de critiques sur une personne qui est déjà, dans une période difficile de sa vie ? Il y a toutes sortes de mauvaises façons et de mauvaises raisons de juger quelqu’un. 

Des exemples…

À la fin du primaire, certaines personnes avaient tendance à rire lorsqu’elles me voyaient en maillot à la piscine, il est vrai que j’étais plus enveloppée qu’elles, mais est-ce vraiment une raison valable pour se moquer de quelqu’un ? D’autre part, j’ai déjà entendu des remarques sur les amis que je fréquentais car ils n’étaient pas assez ceci, trop cela. Encore une fois, pourquoi les autres devraient nous dire qui l’on doit côtoyer ou non ? Mon comportement et mes points à l’école ont déjà entraîné certaines idées, totalement fausses, de moi dans l’esprit de mes camarades de classe. Parce que je travaillais énormément pour mes cours et obtenais de beaux points, certains disaient que j’étais trop « intello » pour m’amuser, pour sortir ou pour avoir le même point de vue qu’eux. 

Lorsqu’on est jugé par des personnes, qu’on ne connaît pas, qu’on a déjà vues, voire qu’on apprécie, c’est, dans tous les cas de figures, une douleur immense. On a honte, on s’en veut alors que parfois, nous n’avons rien fait. Alors, on souhaite juste que ça s’arrête, que l’histoire soit oubliée… C’est pour ça que certains ados mettent fin à leurs jours suite à du harcèlement : peut-être que déjà, ils ne se sentent déjà pas bien dans leur peau et on leur ajoute ce poids sur les épaules. 

On s’attaque à tout…

Les jugements émis peuvent être fondés sur tellement de bases. C’est ce qui fait qu’ils sont très (trop selon moi) présents dans notre société et particulièrement en cette période de développement qu’est l’adolescence. On s’attaque à tout : le physique, le comportement, les habitudes, les fréquentations, la sexualité, les photos qu’on envoie, celles qu’on poste sur les réseaux sociaux, le style vestimentaire, … Je trouve cela dommage. Bien souvent, on critique sans savoir les raisons pour lesquelles la personne fait telle ou telle chose, sans connaître véritablement la cible de nos commérages, sans faire attention aux conséquences. Un simple regard méchant, insultant ou moqueur peut faire mal, un bête mot peut blesser, même une bousculade intentionnée peut en dire long. 

Petit message

Alors, de ma part mais aussi de celle de plein d’autres jeunes, j’invite à ce qu’on réfléchisse à ce que chacun et chacune fait et dit. Pourquoi dire du négatif alors que l’on pourrait, au contraire, relever le positif ? Si quelqu’un est heureux, pourquoi le rendre mal dans sa peau ou triste en le rabaissant ? De mon point de vue, le système de conformité à un groupe, à une classe sociale ne devrait pas amener à de la discrimination, à des insultes ou à un rejet brutal. Soyons attentifs, il y a des différences entre ce qu’on est et ce que les autres pensent voir, entre ce que l’on paraît être et ce que les autres veulent croire.  

 

Auteur : Lucile, 15 ans, Stoumont

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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« C’est todi les ptits k’on spotche »

« C’est todi les ptits k’on spotche »

C’est todi les ptits k’on spotche, c’est un proverbe wallon qu’on peut traduire par, c’est toujours les petits qu’on écrase. Ce proverbe a, longtemps, été une réalité pour Roman. Alors, malgré le risque de tomber sur un cliché, voici son histoire, un parfum de cour de récré, un témoignage sur ce qui se passe dans toutes les écoles du monde et dont tout le monde pourrait être victime.

En primaire, en secondaire, j’étais plus grand que la moyenne, maigre, des cheveux longs jusqu’aux épaules et un humour particulier. À cet âge, mon profil est ce qu’on peut considérer comme celui d’une proie, celui de quelqu’un qui sort de la norme imposée par le groupe des enfants du même âge. Lorsque l’on s’écarte du troupeau, la menace des loups devient plus grande. J’ai maintenant 21 ans, j’ai coupé mes cheveux, pris du poids, de la maturité et ma carrure s’est développée de façon à ce que les gens se découragent de me prendre pour cible. Une certaine façade qui m’est utile pour qu’on me laisse tranquille : m’adapter au groupe de personnes dans lequel je suis, aptitude durement apprise lors de mes années d’adolescence.

Harcelé

Dans nos années d’école, il y a toujours plusieurs catégories de personnes : les gens sans problèmes, et qui n’en causent pas, puis les leaders et les emmerdeurs. Les deux derniers sont souvent la même personne. Dans cet environnement cruel, semblable à une jungle, pour pouvoir être un leader, il faut savoir faire ses preuves. Diverses méthodes sont possibles pour atteindre ce statut : être quelqu’un de drôle et charismatique ou écraser ce qui est plus petit que soi, et établir une forme de « règne de terreur ». Ceux qui établissent ce règne marchent sur les plus faibles pour démontrer qu’ils sont au-dessus des autres. Malheureusement, dans leur chemin, il y a les gens comme moi, jeunes, éduqués à respecter leur prochain et sans défense face à ces prédateurs. L’adolescent est cruel. À cet âge, les failles des gens sont plus évidentes à déceler et, donc, plus faciles à exploiter. Dans mon cas j’étais bien évidemment une cible facile au vu de mon physique et de mon attitude de blagueur. Ces années ont été les plus dures de ma courte de vie, j’étais captif de ce cycle proie et prédateur et je rentrais presque chaque jour chez moi en pleurant. 

Choux-fleur, Romanichel, Gitan, Jésus…

En primaire, j’étais la cible de plusieurs personnes, et surtout de deux frères qui correspondaient bien à mon descriptif de l’emmerdeur. J’ai eu les remarques incessantes sur le physique, les surnoms pénibles (Choux-fleur, Romanichel, Gitan, Jésus…). Je me souviens d’un grand nombre d’altercations avec eux. En voici quelques-unes : le plus vieux des deux frères avait réussi à me pousser à bout avec ses remarques tout au long de la journée, si bien que, par rage, je l’ai frappé au visage alors qu’on faisait la file pour rentrer en classe. Avec ma force de brindille, il n’a bien entendu pas senti grand-chose, mais mon intention était passée. Il a dû me dire quelque chose dans le style de « t’es mort ». Le cours passe arrive la récréation. En arrivant dans le préau, deux de ses amis me saisissent par les bras et me clouent contre un mur. Immobilisé, je ne pouvais rien faire d’autre que de me laisser faire. Les adultes, chargés de surveiller la surveillance n’étaient pas là. Le grand frère s’en donnait à cœur joie pour me taper dessus pendant que les deux autres me tenaient. Lorsque l’éducateur est arrivé, ils m’ont lâché et sont partis comme si de rien n’était. Bien entendu, comme on dit en anglais, « snitches get stitches » (littéralement : les cafteurs prennent des points de sutures), je ne pouvais pas en parler sous peine de représailles. Dans la réalité, ça s’est arrêté là. Pas moyen de se défendre, pas de moyen d’en parler sauf sous peine de représailles. Par la suite, alors que j’avais osé aller me plaindre au proviseur de l’époque (comparable, à mes yeux, à une loque humaine tant son impact sur les élèves était inexistant), les coupables du dernier événement s’étaient pris une demi-journée de retenue chacun et avaient fini par me laisser tranquille pour le reste de l’année.

Frappé, épisode 2

La dernière partie de la phrase précédente est fausse, c’est con hein ? À cette période, on approchait du marché de Noël. Le jour même du marché de l’école, mes parents devaient venir me chercher vers dix-huit heures en raison de l’occasion spéciale. Entre le laps de temps de la fin des cours (16h) et de l’arrivée de mes parents (18h,) le même groupe, rappelle la meute de potes. Je suis fait attaqué, traîné dans la neige et roué de coups. Dans un état de panique totale, j’essayais de me défendre comme je pouvais en tapant dans tous les sens. Au bout d’un moment j’étais parvenu à toucher quelqu’un. Malheureusement, aveuglé par la neige et la rage, j’avais frappé la cuisinière de l’école qui était venue m’aider. Je l’avais atteinte en plein visage. Après m’être excusé très rapidement, ne pensant qu’à fuir, je me suis précipité pour rentrer dans le bâtiment avec trois des emmerdeurs à mes trousses. Mon objectif : le bureau du proviseur. J’avais une longueur d’avance, donc j’allais atteindre le bureau bien avant eux pour me mettre en sécurité grâce à la protection d’un adulte.  Malheureusement, il n’est pas arrivé. À cette heure tardive, il était chez lui, aucun adulte n’était dans le bâtiment, pas un prof, personne. C’est ainsi que je me suis retrouvé devant une porte fermée, acculé par trois enfants prêts à me faire mordre la poussière parce qu’ils me considéraient comme inférieur. Pris de panique, je me suis mis à fouiller dans une armoire située à l’extérieur du bureau du proviseur, à la recherche d’un objet, d’une arme pour me défendre. À force de fouiller, je finis par trouver un tournevis avec lequel j’ai menacé les trois agresseurs. Je pense que la détermination d’en planter un s’il osait m’approcher s’était bien lue sur mon visage, si bien qu’ils finirent par reculer et partir. Je suis probablement resté là, immobile avec mon tournevis en main, aux aguets, prêt à me défendre, de peur qu’ils ne soient pas réellement partis, un piège pour que je me sente tranquille. Heureusement, j’ai pu attendre sans risque que mes parents arrivent pour dégager de cet endroit. Le harcèlement ne reçoit pas assez d’attention et peut briser mentalement ses victimes. Le corps enseignant n’est pas du tout formé à ce sujet, donc la majorité des professeurs sont soit impuissants soit indifférents. 

Que ne fait pas ma prof ? 

Avant de rentrer en classe, il fallait se mettre en rang. Assez standard comme pratique. J’étais moi-même en train d’attendre que mon prof arrive lorsqu’un membre de ma classe, une des racailles de l’école, passe à côté de moi pour se mettre dans le rang, et m’envoie gratuitement un direct dans l’estomac. Peut-être trouvait-il ça drôle ? Me voilà donc à terre, avec du mal à respirer, plié en deux. Quelle ne fut pas la réaction de ma prof lorsqu’elle m’aperçut dans cet état ? “Bon, lève-toi, hein, j’ai pas que ça à faire”. Elle n’en avait rien à foutre.

Après tout cela…

Aujourd’hui, j’essaye encore de me détacher de ce passé qui me hante, je tente de faire la paix avec mes démons, mais ce n’est pas chose facile. Le système scolaire est mal foutu. Il est inadapté aux enfants sans défense. Ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas en parler, à nos parents, nos amis ou même encore aux professeurs pour qui le bien-être de leurs élèves a de l’importance. Je pourrais encore m’étendre très longtemps sur ce sujet, mais il y certains détails que je préfère garder pour moi.

A écouter aussi en podcast ici

Auteur : Roman, 21 ans, lambermont

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance

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