Où est passée ma liberté ?
Pour Aminata, être jeune en 2021, ce serait se sentir libre. Libre de faire un choix d’études. Libre de se sentir éloignée de toutes les responsabilités liées à la vie d’adulte. Libre d’imaginer presque l’entièreté de sa vie. Libre de s’affranchir des diktats des « vieux ». Ce serait tant de choses … Comment est-ce qu’elle voit, comment est-ce qu’elle vit tout cela ?
Où est passée ma liberté ?
Moi, je ne me sens pas libre. Je suis prisonnière d’une situation économique qui me dira si oui non j’ai le droit de partir faire un voyage pour relâcher la pression entre le secondaire et les études supérieures. Prisonnière d’une situation économique qui me dira si oui ou non je peux obtenir un kot et partir en Erasmus. Prisonnière d’une situation économique qui me dira si oui ou non je peux manger local et bio pour poser un choix respectueux et responsable.
Je n’ai rien choisi
Attention, ce n’est pas fini… Je suis aussi prisonnière d’une société que je n’ai pas choisie et dont le changement me semble soit impossible soit trop lent. On dit que la jeunesse est irresponsable et qu’elle ne se préoccupe pas de son avenir alors que lorsqu’elle manifeste, interpelle les politiques, dénonce sur les réseaux sociaux, on lui rit au nez et lui affirme qu’après tout, elle ne connait rien à la vie.
Où est la justice ?
Nous parlons d’un État de droit alors qu’une personne peut se faire refuser un emploi pour une couleur de cheveux. Nous parlons d’un État de droit alors qu’une femme en jupe peut se faire légitimement suivre, fixer ou agresser. L’éducation est la clé, mais elle est aux abonnés absents. Elle ne se limite pas à l’apprentissage « intellectuel ». Les lois ne suffisent pas. L’enseignement et la justice doivent également répondre aux cris de détresse de toutes les minorités.
Mon corps est à moi
À l’inverse, je me sens libre dans mon corps, libre de l’habiller comme je le souhaite, libre de le tatouer, de le modifier. Mon poids, mes cheveux, ma taille, mes piercings, ma silhouette ne me définissent pas. Même malgré cette conviction personnelle, je me sens accaparée par le regard des autres. Les rondeurs sont associées à des soucis de santé. Les cheveux bouclés et la peau basanée sont associés à l’exotisme. Les dents pas parfaitement droites sont associées à de la laideur. Le non-port de soutien-gorge est associé à de la vulgarité. Les tatouages et piercings ne sont pas « professionnels ». Un seul mot pour tout cela : ridicule.
Pistes ? Idées ? Solutions ?
Il faut donner aux jeunes engagés et volontaires un accès plus facile à la politique. À la jeunesse engagée et volontaire, il faut faciliter l’accès à la politique ! Comment ? En la sensibilisant à la politique avec d’autres jeunes issus de différents partis politiques, en arrêtant de diaboliser la politique, en ne tombant pas dans la dépolitisation des hommes et femmes politiques comme on a pu le voir avec Mcfly et Carlito et Macron. Comment encore ? En organisant des séances dans les différents parlements lors de grandes prises de décisions (adoption des décrets, ordonnances, lois…) et enfin, en prouvant aux jeunes que le changement (de préférence rapide) existe et est possible.
Des pistes ? J’en ai un paquet ! À l’école, dans l’enseignement, il faut accueillir la différence avec bienveillance et la voir comme une force. Il faut offrir aux futurs enseignants des formations pertinentes et utiles pour accueillir cette différence. Que ces futurs profs soient formés à la déconstruction des stéréotypes sur les minorités, que la formation soit davantage meilleure, plus longue. L’apprentissage des valeurs comme le respect doit aussi figurer au programme des écoles.
Pour la justice, j’ai aussi mes petites idées ! Il me semble qu’on devrait prendre au sérieux les cas de harcèlement, de menaces… Il faudrait des peines plus lourdes et que le sursis pour une agression sexuelle ne soit pas possible. Dans ce que je préconise, il y a aussi ce qu’on pourrait appeler un retour à la terre. Il y a de trop grandes différences entre les réalités des villes et des villages. Il faudrait promouvoir les métiers de la terre. Travailler à la décroissance, à se souvenir de l’importance de la terre nourricière.
Auteure : Aminata, 20 ans, Ath
Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R de la Caravane des assises de la jeunesse.
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