Tout y est sombre

Tout y est sombre

Le plus injuste dans ce monde, ce sont les dirigeants africains.

Je suis née au Congo (R.D.C.). J’aime mon pays plus que tout. Il est l’un des pays les plus riches en minerais. Si riche que nous avons perdu la paix à nos frontières, depuis des décennies.

Plus le temps passe, plus nous nous rendons compte que les autorités de mon pays sont de mauvaise foi, lorsqu’il faut gérer ce beau pays. Il jouit d’une superficie de plus ou moins 2 millions km2 et d’une centaine de tribus.

Pour rester longtemps en exercice, les gens du pouvoir divisent les populations déjà affamées avec le tribalisme. Dans mon pays, nous ne savons pas pourquoi nous allons à l’école, nous ignorons quoi manger demain. On ne sait même pas si on va se réveiller au lendemain.

Régler les problèmes de santé n’a jamais été prioritaire. Les gens partent à l’hôpital quand ils font une crise de paludisme ou une petite grippe… tout le monde est médecin. Tout se passe sous le regard du gouvernement, des autorités.

Comment voulez-vous que nous restions dans ce pays ? C’est malgré moi que j’ai quitté mon pays. Tout y est sombre.

Depuis la colonisation, on nous a apporté la religion. Les autorités sont contentes de la manière avec laquelle les Eglises naissent à chaque coin de rue. Plus les gens croient, plus ils deviennent naïfs. On nous fait croire qu’il y a des élections, mais en réalité, c’est la continuité des associations de malfaiteurs qui gardent le pouvoir. Triste.

Si la justice, la liberté, la démocratie étaient respectées, je pense que je ne serais pas aussi éloignée de ma famille et de mon pays.

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Lucienne, 21 ans, Bruxelles (Origine: RDC)

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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Enfant et soldats

Enfant et soldats

Babacar n’a pas toujours vécu en Belgique. Une partie de son enfance, il l’a passée au Sénégal, un pays francophone d’Afrique de l’Est qui compte un peu plus de 16 millions d’habitants. Ses souvenirs ne sont pas des plus poétiques, ce dont il se rappelle surtout, ce sont des rebelles.

Dans le village de ma grand-mère

Petit, j’ai vécu à Dakar, la capitale du Sénégal, mais aussi dans beaucoup d’autres villes du pays. À 7 ans, mon père m’a envoyé chez ma grand-mère. Son village, situé dans le sud du pays, était assez pauvre. Les premiers mois ont été longs, les gens me semblaient très étranges par rapport à chez moi et puis, évidemment, avec le temps je me suis fait des amis.

Coups de feu

Au bout de quelques jours, les villageois m’ont parlé de groupes armés qui arpentaient la forêt. Ils avaient la réputation d’être cruels et fascinés par le meurtre. Tous les enfants du village étaient mis en garde. Ces groupes armés sont constitués en majorité de déserteurs, d’anciens commandos de l’armée ou d’anciens gendarmes et policiers. Un jour, j’étais en train de jouer avec mes amis sur le petit terrain de football du village quand on entend des tirs de gros calibre. Je reste figé sur place, je sens un bouillon d’émotions en moi. Je veux bouger mais je n’y arrive pas, je veux pleurer mais je n’y arrive pas non plus. La deuxième fois que j’entends ces bruits, je ne ressens plus rien comme si je m’y étais déjà habitué. Je ne ressens plus rien et je comprends que même les habitants se sont habitués aux rebelles.

Les rebelles

Ma première rencontre avec les soldats se passe dans la forêt, je suis avec trois ou quatre amis. Nous marchons à travers cette forêt qui parait interminable. Un de mes amis s’arrête subitement. Il nous dit : “Arrêtez-vous !”. Devant nous, une centaine de personnes marche dans notre direction. Elles ne font presque aucun bruit. Presque toutes portent des armes énormes, aussi grandes qu’un homme. Jamais je n’ai vu de telles armes. Beaucoup ont le visage troué, ils ne clignent pas ou peu des yeux. Mes amis et moi reprenons notre route. On est à côté des rebelles et on ne prononce pas le moindre mot. Ce village que nous venons de quitter s’appelle Tambacounda, il se situe non loin de la Casamance, une province du Sénégal. Je n’ai jamais parlé de ça à personne. Mais cet épisode de vie m’a appris que peu importe le degré de danger, il faut toujours continuer à avancer pour finir le chemin.

Auteur : Babacar, 19 ans, Gilly

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance

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« Je » est multiple

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J’ai toujours été intriguée par tout ce qui se rapportait aux origines au sens large du terme. Selon le dictionnaire Larousse, il a comme sens « Classe sociale, milieu, groupe, pays, dont quelqu’un est issu ». Je suis belge  d’origine éthiopienne et cela m’a toujours paru important de savoir d’où on venait, composante ineffaçable de notre identité.

Avec du recul, je me rends compte que notre identité se compose de tellement de facettes ; savoir nos origines est une chose mais ce n’est pas forcément ce qui nous reflète le plus. Le fait de ne pas avoir vécu en Ethiopie me rend étrangère à cette culture même si celle-ci m’intéresse… énormément.

L’ÉTHIOPIE

Pour vous décrire ce pays, que vous ne connaissez peut-être pas ou peu, il se situe en Afrique de l’est. Il fait presque trois fois la taille de la France et a une histoire énormément riche. C’est le seul pays d’Afrique à n’avoir jamais été colonisé ! Il a juste été occupé quelques années par l’Italie qui n’y est pas restée longtemps suite à la bataille d’Adoua qui fut remportée par les Éthiopiens. Cette victoire  limita les ambitions coloniales de l’Italie. L’Éthiopieon l’appelle aussi le berceau de l’humanité : on y a retrouvé le squelette de Lucy, “le premier homme”.  On l’associe souvent à la famine qui l’a frappée il y a plusieurs années mais ce pays reste avant tout un lieu riche de traditions, d’histoires et d’habitants fiers de leur mère patrie . 

SUR PLACE

Lors de mon premier voyage là-bas, en 2010, les gens étaient intrigués par le fait que mon frère et moi étions avec des Européens. Ils avaient du mal à comprendre le concept d’adoption. Pour certains, c’était inconcevable que des enfants de leur pays aillent grandir ailleurs, même s’il n’y a pas tant d’adoptions d’enfants éthiopiens par des habitants du pays. Ils nous « reprochaient » de ne pas parler l’amharique,  première langue du pays. Ils nous regardaient souvent avec des yeux curieux et essayaient de comprendre pourquoi nous étions partis. Parfois, ces personnes avaient un comportement désagréable avec nous. Un peu comme si elles nous en voulaient de vivre ailleurs.  

D’UNE CULTURE ?

Avec du recul, je me demande si ce n’était pas comme admettre une faiblesse de leur pays, mettre en lumière certaines réalités comme la pauvreté. Une fois en abordant ce sujet avec un Éthiopien réfugié en Belgique. Il m’expliqua que ce n’était pas des reproches tournés vers nous mais plutôt l’inquiétude que nous perdions notre culture. On a aussi  rencontré des personnes qui étaient fières que l’on revienne dans « notre pays ».  Voilà une des premières réflexions que j’ai eues sur l’identité, sur le fait “d’appartenir” à une culture. Ce qui est difficile dans le concept d’identité, c’est d’avoir l’impression de devoir négocier avec chacune de ses différentes composantes. Régulièrement, on nous y renvoie. Selon un dictionnaire “L’identité est le fait qu’une chose, ou un être vivant est le même qu’un autre. C’est le fait de pouvoir regrouper plusieurs de ces choses ou êtres vivants sous un même concept, une même idée. » 

NOIRE EN BELGIQUE

En dehors de ce conflit identitaire par rapport à l’Éthiopie. Il y a tout l’enjeu d’être Noire en Belgique. Car même entre personnes d’origine africaine, il peut y avoir des disparités. Il y a un appellation qui m’a toujours perturbée, c’est le terme “Bounty”, mot peu élégant utilisé par certaines personnes exprimant le fait d’être noire à l’extérieur mais blanche à l’intérieur. Comme la barre de noix de coco enrobée de chocolat. Comme si on pouvait être une fausse noire. Je trouve ce terme rabaissant. D’abord, il attribue aux personnes noires certains comportements. Exemple, les Noirs ont le rythme dans la peau…  Contre exemple, les Noirs ne s’intéressent pas à la culture, ils ne vont pas dans les musées. Parler de “Bounty”, c’est aussi dénigrer une origine au profit d’une autre culture.  Ce terme m’a longtemps laissé croire qu’on était soit l’un soit l’autre et que c’était incompatible d’être une Noire sans culture africaine. Ce qui est contradictoire car Noir ne veut pas dire que l’on évolue forcément dans un milieu africain. C’est une façon vicieuse de faire passer plein de stéréotypes. Dernier exemple : l’homme noir est juste bon en sport, il ne pourrait pas préférer des activités intellectuelles, si c’est le cas c’est pour agir comme un homme blanc.  

« Je » est multiple

Je crois qu’il est important de comprendre qu’on n’est pas une identité, ni une origine mais une personne avec de multiples identités ! Et que personne, personne, ne doit nous demander de choisir entre elles … Elles sont indissociables.

Auteure : LIDIA, 20 ans, LIèGE

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Et le reste alors ?

Et le reste alors ?

À voir tous ces articles sur le coronavirus, sur le confinement imposé à ceux qui le peuvent, et à me mettre moi-même en télétravail, je pense à tous les misérables qui sont encore plus laissés pour compte avec ce virus de merde. À la réflexion, je me dis que de nombreuses personnes ne sont pas trop mal… On est vraiment bien dans nos petits appartements, avec nos petites courses, notre wifi et nos livres. Mais les autres ? 

Merde quoi, ce sont encore les plus pauvres qui vont crever pendant qu’on se la coule douce dans notre canap’, à manger des trucs sains et à se remettre au sport ou au dessin. Et ça me met terriblement en rogne !! Franchement, l’humanité me déçoit, et je ne peux m’empêcher – même si je respecte les règles du confinement – de penser qu’encore une fois, ce virus nous montre à quel point notre système est pourri et décadent. Quand un virus peut te tuer directement, toi ou tes proches, tout le monde fait des efforts et respecte les consignes, le gouvernement met en place un système d’urgence, les supermarchés privés font des actions civiles, tout le monde donne du sien et remercie ceux qui sont en première ligne …


“on” a tous des oeillères

En temps normal cependant, quand il s’agit de vivre sa petite vie pépère alors qu’il y a la famine, les guerres, les réfugiés, le réchauffement climatique et j’en passe, là, personne n’est plus là… On en parle peu, on n’y fait pas attention, on consomme et tout va bien parce qu’on ne regarde pas. Quelle hypocrisie ! Des centaines de personnes meurent tous les jours, mais tant que ce n’est pas notre voisin, tout va bien. Et si tous ces maux étaient des virus qui pouvaient nous tuer, seraient-ils alors en voie de résolution ?


Une crise, vraiment ?

Oui, le coronavirus tue, des proches, des voisins, des personnes de notre pays et dans le monde. Le 7 avril, au niveau mondial, la carte de l’université John Hopkins affichait 1 348 628 personnes contaminées et 74 834 décédées. Et tout ce déploiement médiatique, pour un ratio de personnes touchées si moindre comparé à d’autres « crises ». Oui oui, parce que…

Famine

Savez-vous que la famine touche une personne sur neuf dans le monde ? Deux milliards de personnes sont en proie à une grave insécurité alimentaire. Et ce même si nous produisons plus de nourriture que ce qu’il faut pour nourrir les 7,7 milliards d’êtres humains. Et ce même si les principales victimes de la faim sont les populations paysannes, qui produisent donc la nourriture que l’on mange… (1)

 Conflits

Savez-vous qu’en 2017, ce sont 65,6 millions de personnes qui ont dû quitter leur foyer à cause d’un conflit ? Que la guerre et la violence armée est en cours dans plusieurs régions, comme la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, la République Démocratique du Congo, le Nigeria, le Yémen, la Somalie, la République centrafricaine, les Philippines, le Myanmar, la Palestine, le Soudan, la Libye, l’Afrique subsaharienne, le Cameroun, le Sahel, … et que beaucoup de ces régions sont sujettes à de l’ingérence européenne, américaine, russe, chinoise et j’en passe. Juste pour rappel, notre chère FN de Herstal produit des armes qui se retrouvent dans des conflits au Yémen.(2)

Toute cette violence, ce sont les civils qui en sont les premières victimes : hommes, femmes, enfants.

Réfugiés

Savez-vous que nous comptons 22,5 millions de réfugiés dans le monde, dont 1,2 millions ont besoin d’une réinstallation maintenant, et que 84 % d’entre eux sont accueillis par des pays en développement…pas par nous donc. Crise migratoire, oui, mais pour nous ou pour eux ? Le droit d’asile prévu par la Convention de Genève de 1951 ne semble plus d’actualité : les coopérations policières et militaires des états européens à leur frontière, la mise en place de Frontex (Agence européenne de gestion des frontières extérieures) et le discours politique sécuritaire général qui vise à stigmatiser les réfugiés, à banaliser leur cas et à leur rendre la tâche la plus compliquée qu’il soit pour obtenir le droit d’asile, ne font que démontrer la politique commune d’éloignement des étrangers arrivant en situation irrégulière. (3)

Réchauffement climatique

Savez-vous que le réchauffement climatique va entraîner un nombre incalculable de dégâts en tout genre : augmentation du niveau de la mer, ouragans et cyclones en masse, épisodes caniculaires et épisodes de froid polaires, multiplication des feux de forêts, flambée des prix alimentaires dus aux phénomènes météorologiques extrêmes, impact sanitaire, disparition des espèces animales, détérioration extrême de la grande barrière de corail, etc. Et vous pensez que tout ça n’aura aucun impact sur nos vies ? Pensez- vous que l’avancée technologique nous permettra de tout palier ? Et pensez-vous que l’on s’en sortira sans pertes écologiques et humaines désastreuses ? Que nos démocraties à bout de souffle tiendront le coup et géreront ce « collapse » ?  Que l’on continuera à vivre comme on le fait maintenant ? (4)

Je rigole.

Ce coronavirus n’est qu’une petite blague face à l’immensité de l’effondrement civilisationnel qui nous attend. On n’est pas dans un film post-apocalyptique de mauvais goût, on est dans une réalité logique et analytique. Pour preuve ? Simplement la lecture des rapports du GIEC – Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. 

Ce n’est (encore) tout !

Et encore, ce ne sont que quelques exemples parmi les centaines qui existent et cohabitent dans cette humanité malfaisante : cancer, déploiement de la 5G (5), violences familiales et domestiques, criminalité organisée, extrémisme, menace nucléaire, perturbateurs endocriniens, bulle économique, extinction des espèces animales et végétales, amenuisement de l’eau potable, destruction massive des espaces naturelles, acidification des océans, pollution atmosphérique, déclin du pétrole, hyper-globalisation, inégalités effarantes, corruptions, délocalisation, ultralibéralisme, etc. etc. etc. Seulement, tous ces maux-là, tous ces problèmes, on y prête peu ou pas attention. C’est plus facile, ça permet de vivre tranquille, et puis surtout, ça ne se passe pas chez nous ou ça ne se vit / ne se voit pas directement, donc pourquoi s’inquiéter ? Notre confort, nos voyages, notre consommation passent bien avant le souci et la préoccupation de toutes ces vies, qui ceci-dit en passant, sont détruites par notre conduite.  

Système paradoxal, là où un virus nous renvoie à la tronche ce que les plus misérables, les moins bénéficiaires du système vivent tous les jours : la mort qui peut survenir à tout moment. Seulement, les plus pauvres eux, ils ne s’en soucient même plus. Parce que les plus pauvres, eux, ne pensent qu’à survivre malgré toutes les atrocités qu’ils vivent.

Récemment, je lisais d’ailleurs à ce propos le texte de Nesrina Slaoui (6), dans lequel elle expliquait que son père, entrepreneur ouvrier, ne pouvait pas télétravailler et qu’il continuait donc son travail. Pendant que certains se la coulent douce, moi y compris, d’autres continuent à abattre du travail, obligés par leurs conditions socio-économiques. Bah oui, le report des charges sociales, ce n’est pas ce qui va lui sauver la mise en tant que petit indépendant. Madame Slaoui concluait très justement « pour ces privilégiés, le confinement est une accalmie. L’occasion de profiter de leur grande maison en dehors des vacances d’été. L’occasion d’être en famille (…) Ils vous diront que c’est une quête spirituelle, le moment idéal de lire plein de livres, l’opportunité de se remettre au dessin, d’apprendre une nouvelle langue… Ils se sentent, eux, épargnés par la mort ». La boucle est bouclée donc, même si on ne veut pas les voir, les pauvres, les précaires, les misérables, sont eux touchés de pleins fouet par ce système capitaliste et son extrême instabilité, et ce n’est pas un virus qui les épargnera, que du contraire. Pendant que les grosses richesses continuent à s’en mettre plein les poches en détruisant toute forme de vie sur leur passage. 

Réveil, effondrement ?

Quand allons-nous nous réveiller, je vous le demande ? Parce que ce n’est pas avec le peu qu’on fait qu’on y arrivera. Et ce coronavirus n’est sûrement pas « un mauvais moment à passer », mais bien le début du pire. Il faut nous préparer à l’effondrement. En se préparant psychologiquement et matériellement à l’après-croissance, à la post-civilisation thermo-industrielle – s’il y en aura une. En apprenant la décroissance, en créant des espaces de résilience paysanne et socio-culturelle, en abandonnant nos privilèges consuméristes et en respectant notre premier habitat, la Terre. Mais pour l’instant, tout ce que je vois, tout ce que je ressens, c’est que ça fait bien longtemps qu’on nage dans la merde. Et qu’on n’est pas prêt de s’en sortir, virus ou pas virus. Inch’allah j’irai au paradis après cette vie. 

Et juste pour le plaisir, quelques paroles de Dominique Bourg (7) « On ne va pas sortir de la crise, c’est ce qu’il faut bien comprendre. On ne va pas revenir comme avant. (…) On rentre dans une dynamique de changement extrêmement profond et on y entre en fanfare. Il n’y aura pas d’après, il y aura un rappel permanent des difficultés, de la fragilité, du caractère non durable de notre société. Je ne vois pas du tout un retour à la normale. » 

(1) Sources : Nous sommes responsables de la plus grande famine de l’Histoire qui frappe actuellement l’Afrique Australe et des drames à venir,  29 janvier 2020, par la docteure Dorota Retelska de l’Université de Lausanne, Suisse – Source : En 2020, des millions de personnes seront confrontées à la faim, notamment en Afrique subsaharienne, 31 décembre 2019, sur le site des Nations Unies – Source : L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde – rapport 2019, 31 décembre 2019, sur le site des Nations Unies – Source : Pour la troisième année d’affilée, la faim progresse dans le monde, 15 juillet 2019, Mathilde Gérard, sur le site du journal Le Monde, Paris.

(2) Sources : Plus d’enfants meurent dans les pays en guerre que de combattants, 15 février 2019 ATS, sur le site du journal Le Temps, Lausanne – Source : Conflits armés et populations, sur le site d’Amnesty International France  – Source : Quelles sont les principales crises mondiales? La réponse en carte, 23 septembre 2016, Ximena Sampson sur le site de Radio Canada, Montréal.

(3) Sources : Où la guerre fait-elle rage dans le monde ?, 14 juillet 2018,  Ximena Sampson sur le site de Radio Canada, Montréal. Source : Conflits armés, sur le site d’Amnesty International France  – Source : Les réfugiés dans le monde, en chiffre, sur le site d’Amnesty International France  – Source : Le monde compte plus de 70 millions de déplacés, un record selon l’ONU, France 24, 19 juin 2019, sur le site de France 24, Paris.

(4) Source : 13 conséquences concrètes du réchauffement climatique, Emilie Jardin, 26 janvier 2020, sur le site de CNEWS, Paris.

(5) Le déploiement de la 5G par Proximus ces derniers jours réveille des questions auxquelles il n’y a pas encore de réponse. Le principe de prudence voudrait qu’on ne prend aucun risque et qu’on attend des études avant de déployer ce nouveau système. Hélas, ce principe n’est pas respecté.

(6) Nesrine Slaoui (Maroc, 1994), journaliste franco-marocaine à France Télévisions et à Bondy Blog

(7) Dominique Bourg (France, 1953), philosophe franco-suisse et candidat écologiste aux élections européennes de 2019 en France. 

Auteure : Céline, 24 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Ma couronne

Ma couronne

Il y a des couronnes pour les reines, pour les rois. Pour les grands d’Angleterre et d’ailleurs, elle est sertie de diamants, de pierres précieuses. Pour Moctezuma, souverain des Aztèques, elle était à plumes. Pour le Pape, elle se fait tiare et ne sort plus du Vatican… Pour l’épiphanie, elle se fait galette des rois… Mais l’histoire de la couronne de M’mah est d’une tout autre dimension ! 

Il y a bien longtemps maintenant, j’ai pris une décision étonnante : j’ai décidé de porter une couronne… permanente. Avant de porter cette couronne, de l’assumer et de la chérir, de la choyer, ma couronne était : « Chè pas comment tu fais avec des cheveux comme ça. », « Mouai, chè pas. J’préfère quand même les filles aux cheveux lisses » , « C’est dur, c’est sec, on dirait un balai à chiotte. » , « Wow ! Faudrait un peu les dompter, on dirait Tarzan »

Ma couronne faisait ressortir mon côté sauvage, sacrilège ! Il me fallait alors la civiliser, « hallelujah » s’écriaient donc mes camarades, professeurs et même… ma mère. Chaque mois donc, j’aimais appliquer cet acide qui se faisait le plaisir de brûler chaque millimètre carré de ma peau, de mon cuir chevelu. Ca piquait, ça brûlait, ça grattait, parfois même, ça saignait. Mais bon, il faut souffrir pour être belle, n’est-ce pas ? Ce n’est que quand ils tombaient en morceaux que j’ai compris. Le déclic s’est alors produit: Pourquoi laisser les autres me définir ? Comment se fait-il qu’il n’y ait personne, absolument personne, autour de moi pour célébrer la diversité du monde ? Pourquoi devrions nous tous ressembler à Barbie ? Vous savez, Mince mais quand même bien chargée, décoiffée mais soignée, bronée mais attention …. pas trop bronzée tout de même.

Vous voyez ma couronne ? Je l’aime parce qu’elle ne ressemble à celle de personne d’autre, et quand j’écris que j’aime ma couronne, je veux dire que J’AIME ma couronne. Je l’aime quand elle s’appelle « Crépus », « Sauvage », « Fatou », « Balai à chiotte », comme vous préférez,… Moi je m’en fous !!!!!

Ma couronne raconte mon histoire, M’mah Barthélémy Bangoura 21 ans, étudiante en Sciences politiques à l’Université Saint-Louis à Bruxelles. Ma couronne est mon symbole d’émancipation, Ma couronne me permet de me défaire de ces règles fictives que vous essayez de m’imposer, ma couronne est libre d’être et moi, je suis libre aussi. 

Attention encore aujourd’hui je reçois des commentaires désobligeants, Mais maintenant je sais pourquoi, Bah oui ! Comment ne pas être jaloux de ces cheveux qui défient même la gravité?!? 

Auteur : M’Mah, 21 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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