Eunice, un roman que j’aurais voulu lire plus jeune

Eunice, un roman que j’aurais voulu lire plus jeune

Eunice. Une jeune fille de 19 ans, qui, comme nous toutes et tous, fait face aux vagues de la vie. Entre rupture, deuil, amour et quête de soi, réconfort, vérité, Eunice enquête. Elle est en quête de vérité sur la mort de sa mère, qu’elle traitait de ringarde et semblait ne pas comprendre. Avec Eunice, Lisette Lombé, poétesse nationale 2024-2026 et slameuse liégeoise, nous emmène dans une critique crue, osée, et engagée de notre société. Après avoir lu Brûler, brûler, brûler, son recueil de poèmes engagés, qui m’avait déjà bouleversée et inspirée, me voilà ébahie par Eunice, son roman sorti en 2023.

J’ai eu l’occasion de rencontrer l’autrice avant de lire le livre, lors d’une rencontre littéraire, début 2024 à Spa. Une rencontre honnête, puissante, qui m’a encore davantage donné envie de le lire. Mais pourquoi ? Je vous répondrais simplement que j’aurais eu envie de lire ce livre bien plus jeune qu’à 24 ans.

Pour commencer, je me rappelle de notre rencontre. Elle a commencé par dire, qu’à refaire, elle n’écrirait pas le mot « anus » dans les premières pages d’un roman qu’elle voulait moins engagé et accessible à un autre public. À un public qui est peut-être un peu moins adepte de l’écriture forte et engagée. Pourtant, avec Eunice, j’ai trouvé qu’elle continuait de dénoncer. Dénoncer, les violences faites aux femmes, ou tout simplement, la place des femmes dans la société. La place des femmes dans notre société se retrouve au travers du caractère d’Eunice. Une jeune fille qui n’a pas peur de dire, de faire, même si son comportement peut être voué à la critique. Elle nous ouvre aussi à une jeune fille en quête de recherche d’amour et de liberté.

La place des femmes se trouve aussi dans le personnage de sa mère, Jane. En quête de savoir sur ce qu’était réellement sa mère, Eunice se questionne : « Qui s’intéresse à ce que sa mère ressent en tant que femme ? Qui se souvient même que sa mère n’a pas toujours été une mère ? ». Un questionnement qui m’a personnellement marqué lors de ma lecture, qui fait réfléchir à notre lien avec nos mères. L’histoire d’Eunice et de sa relation à sa mère nous invite dans les histoires familiales sombres et palpables qui déchirent.
Un autre thème crucial, c’est le deuil. Le deuil de perdre un être cher, aussi tôt, aussi brutal, durant lequel Eunice regrette ce qu’elle lui a dit ou n’a pas pu lui dire. J’ai lu le livre avant et pendant le deuil d’une personne qui m’est chère. D’un parent parti trop tôt. J’ai trouvé dans Eunice, un répit, une solidarité et une émotion vive que je m’apprêtais à vivre ou que je vivais déjà.

Au-delà de ses thèmes abordés, Eunice est un roman poétique. On y retrouve la plume slam de Lisette Lombé. Peut-être moins ou pas assez engagée pour celles et ceux qui la connaissent. Mais, il s’agit d’une porte d’entrée pour un autre public. Peut-être plus jeune, moins engagé, mais qui est accessible à toutes et à tous. Je le recommande à tout.e professeur.e qui passerait par là, pour qu’il.elle le recommande à ses élèves, qui le recommanderaient à leurs parents… et ainsi de suite.

Auteure : Manon, 24 ans, Liège

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1984 : Contrôlé et emprisonné par sa peur

1984 : Contrôlé et emprisonné par sa peur

Dans le livre 1984, l’auteur Orwell nous plonge dans un monde où « Big Brother » est censé tout voir, tout savoir et tout contrôler. Pourtant, au fil des pages, une réalité bien plus troublante se dévoile : le régime ne gouverne pas par la force absolue, mais par la peur.

L’auteur décrit une société où les individus s’auto-censurent, et s’auto- soumettent, persuadés d’être constamment observés. Winston, le protagoniste, croit se rebeller contre un pouvoir omniprésent, mais, il réalise que Big Brother n’est peut-être qu’une illusion ! 1984 est rempli de scènes marquantes, révélant une vérité glaçante : le contrôle absolu ne s’impose pas par la force, mais par la domination des esprits. Il suffit de répandre la peur pour anéantir toute pensée désobéissante. Les citoyens deviennent eux-mêmes des gardiens de l’ordre, se surveillant, jusqu’à se trahir eux-mêmes. Et si cette peur était aussi la nôtre ? Orwell ne décrit pas qu’une dystopie extrême, mais une réalité qui résonne encore aujourd’hui. Sommes-nous aussi, prisonniers de nos propres craintes ? La peur façonne-t-elle nos décisions et nos comportements ? Et si par peur des conséquences, on se limitait, on se soumettait, on renonçait sans même s’en rendre compte ?

Ce livre choque, bouscule, interroge, mais c’est justement ce qu’il faut pour ouvrir les yeux sur une vérité qu’on préfère, peut-être, ignorer : celle du contrôle, non pas imposé, mais accepté. Je recommande vivement ce livre : pour ne plus avoir peur… ou peut-être pour en être terrifié.

Auteure : Sara, 22 ans, Liège

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Messagères de guerre. L’histoire se déroule durant la Seconde Guerre mondiale. Des femmes de couleur noire deviennent des militaires pour être considérées comme l’égal des femmes blanches ainsi que des hommes. Des hommes blancs donnent des missions presque impossibles sauf pour elles ! Elles réussiront même la mission plus tôt que prévu.

C’est un film tiré d’une histoire vraie se déroulant en février 1945, où 855 femmes noires prouvent qu’elles valent autant qu’un homme blanc. Elles font partie des troupes américaines envoyées en Europe afin de distribuer le courrier bloqué des soldats. Ce film est apparu en 2024 et est réalisé par Tyler Perry. Je dirais que ce film est toujours d’actualité car il dénonce les inégalités raciales ainsi que l’injustice entre les hommes et les femmes. Ce sont des sujets encore bien d’actualité.

Ensuite, je dirai que j’ai adoré cette œuvre. Elle est remplie d’émotion et d’amour. Elle est aussi remplie de la rage des soldats qui attendent juste l’égalité. Il nous en apprend plus sur l’histoire de la guerre ainsi que sur les conditions de vie des soldats.

Auteure : Lola, 17 ans, Liège

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Can’t hurt me

Can’t hurt me

Le livre de David Goggins Can’t hurt me est un mélange de biographie et de développement personnel dans lequel l’auteur se met à nu. Il nous raconte ses expériences personnelles et les leçons de vie à en tirer. Goggins est un ancien Navy SEAL et marathonien et il nous raconte son vécu depuis son enfance (marquée par la violence, le racisme et la pauvreté) pour finalement devenir l’un des hommes les plus endurants avec un mental d’acier.

En quoi j’ai aimé l’œuvre ? Tout d’abord l’auteur s’est mis à nu devant son lecteur, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. Il nous parle des responsabilités personnelles, du fait d’assumer qui on est et de l’importance de se cracher la vérité en face. Il y a la règle des 40%. Elle consiste à vous dire que lorsque vous êtes à bout, vous n’êtes en réalité qu’à 40% de votre potentiel. Il y a également le fait d’affronter ses peurs (je pense qu’il n’y a pas besoin de plus détailler ce point). Il y a aussi la discipline mentale et l’éthique du travail. A travers des défis physiques extrêmes, il montre que l’esprit peut surpasser le corps et qu’aucun talent ne peut dépasser le travail acharné et la persévérance.

Je conseillerais ce livre à toutes et à tous car il n’y a pas d’âge pour se dépasser. Comme le dirais Goggins : « Stay hard ».

Auteur : Rofiq, 16 ans, Liège

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L’humour de Pratchett

L’humour de Pratchett

La série Discworld de Terry Pratchett nous plonge dans un monde fantastique et, comme le nom l’indique, plat. Derrière des histoires de trolls, de nains, d’elfes et d’autres, ainsi qu’une narration hilarante, Pratchett fait des parallèles avec la réalité et explore des thèmes comme l’avancée technologique, la désinformation ou la discrimination. L’auteur a plutôt des idées progressives, mais, malheureusement, sa tendance à employer l’humour partout ne sert pas toujours ses objectifs, d’après moi.

Un des thèmes les plus explorés dans Discworld sont les préjugés et les stéréotypes. Dans cet univers, il existe beaucoup de tensions entre les nains et les trolls, les uns pensant que les autres sont sans cervelle et les autres pensant que les uns sont meurtriers. Pratchett s’est clairement basé sur les conflits humains et je trouve qu’il a bien maîtrisé son sujet. L’assassinat d’un nain démagogue sert d’un prétexte à ses camarades pour déclarer la guerre aux trolls. Chaque camp a modifié l’histoire au fil des générations pour démoniser l’autre camp.
Fidèle à la complexité de la plupart des conflits humains, Pratchett a crée une situation à l’origine de l’hostilité dans laquelle ni les nains ni les trolls n’avaient totalement tort. Il souligne l’inutilité de ces conflits, d’abord avec Cuddy et Detritus, un nain et un troll, qui rejettent leurs préjugés après avoir travaillé ensemble et, ensuite, avec la révélation que l’hostilité à l’origine était fondée sur un énorme malentendu. L’humour qu’il emploie aide ses lecteurs à digérer ses thèmes sans être insensible.

Cependant, Pratchett semble parfois plus concentré sur la subversion de nos attentes que les problèmes que certains groupes marginalisés connaissent. Par exemple, dans le roman Men at Arms, Angua, une femme loup-garou, se fait recruter par les protagonistes (ils sont des policiers). Le commandant, qui est le personnage principal, ne l’apprécie pas. À un moment, il ignore son hypothèse, malgré le fait qu’elle a raison. Pratchett joue avec le fait que ‘femme’ et ‘loup-garou’ commencent par la même lettre en anglais et nous fait penser que le commandant est sexiste, car il n’est pas supposé connaître la lycanthropie d’Angua. Finalement, dans un tournant qui se veut comique, on apprend que le commandant savait qu’il avait engagé une louve-garou. C’était cela qui l’embêtait dans sa nouvelle recrue, et non son genre. Il me semble que Pratchett voulait nous provoquer en disant : « Vous avez vraiment cru que j’ai créé un protagoniste sexiste ? ». Je trouve insensible de rappeler l’expérience que certaines femmes dans son audience ont probablement connue juste pour nous surprendre.

À une autre reprise, dans Jingo, Pratchett montre clairement qu’un de ses protagonistes, Fred, est raciste. Alors qu’il doit s’infiltrer parmi un peuple dont le style de vie est inspiré des musulmans et des arabes dans certaines parties du monde, Fred exagère tous les stéréotypes qu’il connaît de ce peuple. Pratchett se moque de lui : ceux que Fred doit tromper savent immédiatement qu’il est un espion, mais prétendent ne rien savoir pour le ridiculiser. Un autre personnage, souvent vu comme bête, fait même remarquer que les préjugés de Fred sont insensés. Malheureusement, Fred ne retrouve pas la raison sur ce sujet-là dans l’histoire, et continue à être protagoniste. Heureusement, il n’est pas écrit comme un personnage que l’on doit aimer. Cependant, il est insensible, d’après moi, de souligner son problème avec de l’humour, mais de ne rien changer dans le personnage. Lire son point de vue continuera à être désagréable pour certaines personnes victimes de racisme.

L’humour et la satire sont clairement des éléments fondamentaux dans l’écriture de la série Discworld. La plupart du temps, Terry Pratchett aborde des thèmes lourds et communique des messages d’actualité sans perdre son humour. Cependant, si j’apprécie ce style, je trouve que l’on ne peut rire de tout. Rien ne nous empêche de rire des combats des groupes marginalisés, mais le faire leur ajoute des difficultés. Je suis perplexe face à certains choix de l’auteur, car il a prouvé qu’il pouvait traiter d’un sujet sans risquer d’être insensible, notamment dans Feet of Clay, où il met en scène, sans humour particulier, une naine qui affirme sa féminité dans une société monogenre où les activités traditionnellement masculines dominent.
Toutefois, malgré l’humour parfois foireux, je pense que les vétérans de fantaisie pourraient apprécier cette série qui offre des moqueries de tropes familiers insensés, des nouvelles perspectives sur des créatures typiques du genre et des commentaires pertinents sur des sujets d’importance. Je trouve juste que les lecteurs doivent être avertis de l’humour potentiellement insensible de la série avant de la lire.

Auteur/e : Anonyme, Liège

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