Faut-il être maladroit ou bien préparé ?

Faut-il être maladroit ou bien préparé ?

Suis-je maladroit ou mal préparé ? C’est une question que je me suis longtemps posé ! Dès mon plus jeune âge, j’ai toujours fait énormément de bêtises. Des bêtises sans conséquences, ce n’est pas très grave parce que ça fait généralement rire les plus grands quand on est plus jeune. Mais en grandissant, cette maladresse peut parfois poser problème. Parce qu’en grandissant, on a l’impression qu’on a plus vraiment droit à la maladresse enfantine. Parce qu’un mot choisi à un moment donné n’en n’est pas un autre et qu’il peut blesser. Être maladroit, c’est peut-être un vilain défaut dont on a du mal à se débarrasser. Peut-être que ce défaut vient-il d’un manque de préparation ? C’est possible mais difficile à dire car on ne peut pas toujours tout prévoir ou préparer dans la vie.

La maladresse, ça ne touche pas tout le monde mais parfois ça peut faire mal. J’ai souvent voulu bien faire mais par ma maladresse, j’ai souvent fait plutôt l’inverse. J’ai fait des choix et des actes que je regrette encore maintenant et qui me font mal au fond de moi car l’image que certaines personnes ont de moi n’est pas celle que j’ai voulu donner à travers ce que je leur ai donné de moi-même. Alors si j’avais un conseil pour le moi-même du futur, ou une personne qui lit ce texte, c’est de tirer le plus de force de cette maladresse et ne pas en avoir honte.

Parce qu’être maladroit c’est une source inépuisable d’humour tant que c’est utilisé à bon escient. C’est aussi une source d’aventure, car les erreurs créent des souvenirs inoubliables. Car les occasions ratées sont des opportunités pour s’améliorer. Alors soyons maladroits mais pas trop non plus pour ne pas le regretter.

Auteur : Corentin, 21 ans, Louvain-la-Neuve

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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Entre enfant et adulte

Entre enfant et adulte

Aude baigne dans l’adolescence et les interrogations comme d’autres dans le soleil. La plus grande question qu’elle se pose : pourquoi le passage de l’enfance à l’âge adulte est-il si difficile ? Encore et toujours, elle cherche une réponse en espérant qu’un jour, quelqu’un·e la mette sur une piste…

Pourquoi ?

Pourquoi l’adolescence est-elle si difficile et pourquoi est-ce qu’on ne nous apprend pas à mettre les mots sur cette phase ? Que d’inconnues entre l’enfance où l’on est sous la surveillance de personnes responsables et la vie adulte où nous devons devenir ces êtres responsables. Je me pose souvent cette question, la réponse m’aiderait à avancer, à comprendre et à apprendre de mes erreurs. Comment pourrais-je avoir confiance en moi et être autonome et responsable ? Qu’est-ce que c’est être un adulte responsable ?
Si ça ne tenait qu’à moi, je mettrais un cours de citoyenneté en primaire et un cours un peu plus poussé sur ce qui nous attend, nous “futurs-adultes” en secondaire.

Comment accepter l’erreur et l’échec ?

Comme tout le monde sait, l’erreur est humaine. Tout le monde le sait d’accord, mais c’est toujours difficile à entendre. Généralement, on dit que les erreurs nous font avancer, mais la plupart du temps, nous sommes jugé·e·s sur celles-ci, ce qui ne nous permet pas d’avoir confiance en nous. Après une erreur, je me bloque complètement, ce qui fait que je ne sais jamais apprendre de mes erreurs… Pour moi, ces erreurs provoquent plutôt une sensation de douleur, je me sens honteuse et je n’accepte pas de l’aide des aîné·e·s, du coup, les adultes l’appellent la crise d’adolescence.

Solution ?

Je propose deux solutions qui pourraient permettre de se libérer de s’exprimer sans être jugé.e. ! La première, ce serait d’écrire dans des carnets intimes. Les carnets sont un peu les jardins secrets où l’on peut parler de tout, que ce soit les épreuves réussies, les jugements auxquels on a fait face la journée, un point de vue sur une amitié… C’est une manière de faire le point sur qui on est, ce qu’on ressent. Deuxième proposition de solution, il faudrait, comme mentionné plus haut, des cours à l’école pour répondre à toutes nos questions existentielles, où les professeurs pourraient nous guider dans nos futurs choix d’adultes, comment gérer des comptes, comment écrire une lettre de motivation et un cv…

Cet article me tenait à cœur. Je trouve important de mettre des mots sur ce que je ressens, car ce sont des réflexions importantes sur la vie future en tant qu’adulte.

Auteure : Aude, 17 ans, Esneux

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Covid : quelle influence sur les enfants ?

Covid : quelle influence sur les enfants ?

Luca a 19 ans, il est bruxellois. Cette année, il réalise son service citoyen. Depuis qu’il a six ans, il fait aussi partie des mouvements de jeunesse. Cette année, il en est à sa seconde deuxième année d’animation. Ce chef louveteaux s’occupe donc de garçons âgés de 8 à 12 ans, il adore le contact, l’échange avec les plus jeunes et se pose souvent cette question : quel effet le Covid aura-t-il sur le développement social des enfants et des préadolescents ?

Difficile de comprendre

Pendant mon stage du service citoyen, j’ai pu constater que les plus jeunes, âgés entre 3 et 5 ans, ne comprennent malheureusement pas la gravité que cette maladie peut avoir sur certaines personnes. Je pense qu’ils ne savent pas non plus que ce virus peut se transmettre très rapidement. Je dis ça parce que, souvent, ils essayent de retirer mon masque en pensant que c’est un jeu, je me dis que leur cerveau n’est pas encore assez développé pour comprendre l’ampleur de ce virus. De plus, le port du masque crée parfois une barrière. Difficile de reconnaître les émotions seulement par le regard, les enfants ne se sentent pas toujours en sécurité lorsqu’ils rencontrent une personne, pour la première fois, et qu’elle porte un masque. Je ne pense pas que la vie extérieure soit très différente pour eux. Certains passent encore des après-midis chez leurs copains, copines et certaines activités extra-scolaires sont maintenues.

Où sont les loups ?

Aux réunions louveteaux, nous avons pu observer que le nombre d’enfants présents avait diminué. Malheureusement, certains parents ne veulent pas prendre de risque ou parfois juste pour une question d’équité entre frère et sœur. Disons qu’à l’heure d’écrire ces lignes, les plus grands (12 ans et plus) n’ont plus le droit aux réunions. Perso, je pense que si les enfants n’ont plus que le cadre scolaire pour s’évader un peu de chez eux et que cette situation ne s’améliore pas, à long terme cela pourrait avoir un impact sur leur développement social. Il est important que les plus jeunes aient l’occasion de se changer les idées pendant cette période compliquée. Pour certains, se changer les idées en restant à la maison, ce n’est pas facile. Surtout que, dans la société actuelle, ils sont parfois exposés aux écrans et le confinement n’a pas aidé. Il ne faut pas que cette pandémie rende des jeunes déjà accros à la technologie avant même d’arriver dans l’adolescence. Pour moi, cela pourrait amener une peur d’aller vers les autres, certains pourraient, dès leur plus jeune âge, se renfermer sur eux-mêmes. Il faut espérer que cela n’ait pas trop d’impact sur leur vie sociale future.

Patience, patience et patience

Pour conclure, je pense que plus longue sera cette pandémie, plus l’impact sur le développement social des plus jeunes sera fort. Ils sont encore trop innocents pour comprendre les conséquences que cela pourrait avoir sur eux. Notre rôle à jouer dans cette épidémie est donc de tout mettre en œuvre pour pousser nos enfants à retourner à l’école et à recommencer toute autre activité extra-scolaire dès que la vie aura repris son cours. Et dans tout ça, mon rôle à moi sera de les accueillir à bras ouverts, dès que tout reviendra à la normale.

Auteur : Luca, 19 ans, Bruxelles

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De l’enfant Objet à l’enfant Sauveur, chevalier blanc malgré lui

De l’enfant Objet à l’enfant Sauveur, chevalier blanc malgré lui

Se sentir perdu, inutile, insatisfait. Se demander à quoi on sert, pourquoi on est là, pourquoi on existe. Douter. Hésiter. Ne pas oser. Ne pas se connaitre, ne pas savoir quoi faire de sa vie, ne pas connaitre sa place tout en ayant le fort sentiment que sa place, ce n’est pas ici. C’est compliqué…

La naissance de l’enfant-Objet

Regarder les choses comme elles sont ou semblent et ne pas oser s’en aller. Rester là. Figé. Comme si des forces invisibles vous empêchaient de bouger. Puis se rendre compte, un jour, que ces forces ne sortent pas de nulle part. Elles existent réellement dans ce monde et se traduisent dans mon esprit par la responsabilité-coupable que mes parents, non, que ma mère, avait inconsciemment fait peser sur moi, son enfant-objet. À ses yeux, j’étais l’enfant qui allait réaliser tous ses rêves brisés, qui allait réussir là où elle estimait avoir échoué. J’allais faire de grandes études, devenir quelqu’une, quelqu’une d’importante, élégante, sophistiquée et respectée de tou·te·s, faire partie de l’élite, des personnes hautes placées. J’allais réussir.

Ma mère

Mais pour mieux comprendre, permettez-moi de vous présenter, brièvement, son histoire. Ma mère est originaire d’un pays du tiers-monde, une ile située dans les Caraïbes. L’ainée d’une famille de quatre sœurs. À l’âge de six ans, elle cuisinait déjà pour toute la famille, sa mère, son père adoptif et ses trois petites demi-sœurs. À cette époque, l’eau courante n’existait pas encore là-bas. Elle se levait aux aurores, parcourait 14 kilomètres pour aller chercher de l’eau : 7 kilomètres à l’aller, un jeu d’enfant et 7 kilomètres au retour, un parcours de combattante ! Les années passent, les jours se ressemblent, la joie est un sentiment rare. La facilité, ça n’existe pas. Le confort est un luxe inabordable. La solution, c’est l’Europe, un Eldorado (1) des temps modernes. C’était sa destination. Elle allait réussir sa vie, envoyer de l’argent au pays, pour sa mère qu’elle aimait tant, pour ses sœurs. À ce moment-là, elle ne savait pas que c’était la dernière fois qu’elle les voyait.

Ma naissance

Un an plus tard, elle rencontre mon père, donne naissance à mon frère, puis je fais mon entrée dans ce monde. Deux semaines plus tard, sa mère, ma grand-mère, meurt. Ma naissance a inconsciemment été associée à cette mort. Si bien que 19 ans plus tard, lors d’une dispute entre ma mère et moi parce que j’avais loupé un partiel, je crois, ou alors un devoir qui me prenait la tête et que je n’avais pas envie de terminer, je ne sais plus trop mais peu importe… Elle avait fini par me crier ces mots au visage : « Et ça tu me le dois. Pour tout ce que j’ai sacrifié pour toi. Pour ma mère. J’ai sacrifié ma mère pour t’avoir, elle est morte pour que je puisse te mettre au monde, alors tu me le dois. Tu vas réussir, tu vas aller loin et ça, même si je dois t’étrangler pour que tu y arrives. Tu me dois de réussir ta vie pour tout ce que j’ai sacrifié pour toi ».
C’est ce jour-là que j’ai compris que mon malêtre ne venait pas de nulle part. Il ne s’agissait pas de forces invisibles. Je me sentais tout simplement, depuis des années, depuis le début peut-être, coupable d’exister. Responsable d’apaiser les blessures, les regrets et les rêves brisés d’une mère en mal de vivre. De ma mère. Panser des blessures qui ne m’ont jamais fait saigner. Réaliser des rêves qui ne sont jamais apparus dans mon sommeil, accepter des actes manqués. À nouveau, je me sentais coupable : je n’étais pas à la hauteur, j’étais décevante. Pourtant, je me suis construite en Sauveur né. Mais je n’étais pas un bon thérapeute pour ma mère. Je n’arrivais pas à la sauver.

L’(in)existence de l’enfant-Sauveur

Quand vous n’avez jamais vécu par vous-même, pour vous-même ; quand vous avez toujours mené votre vie en fonction des autres, de votre entourage ; quand vos choix, vos prises de décisions ont toujours été guidés par les envies, les désirs et les besoins des autres afin de les assouvir, il est difficile de soudainement vivre pour soi.
Décider, un jour, par une prise conscience fortuite, mais qui – en réalité – s’est construite silencieusement depuis de nombreuses années, de mettre fin à ce schéma malsain, ce n’est pas facile. Quand vous avez grandi, que vous vous êtes construit comme objet, il est difficile de devenir sujet de sa propre vie. Il est difficile de vivre pour soi. De vivre tout court. Car si on prend le temps de regarder un instant en arrière pour y réfléchir, dans ces conditions, il n’a jamais été question de vivre. Il ne s’agissait là que de survie. Des années passées à subir le tictac de l’horloge de la vie en espérant, qu’un jour, les aiguilles qui défilent sur un cadran vide s’arrêtent. Qu’un jour elles cessent de faire retentir ce tictac assourdissant pour laisser place au calme silence du néant.

L’(in)existence de l’enfant-Sauveur

Quand vous vous êtes construite en fonction des autres, quand vous avez toujours vécu à travers eux, il est aussi difficile de se connaitre, de savoir ce que l’on veut, aime, désire, ce à quoi on aspire. Combien de fois ne m’a-t-on pas demandé quel était mon film préféré, mon livre ou auteur préféré, ma musique préférée ? Si j’étais plus sucré ou salé ? Vin ou bière ? Tes œufs tu les aimes comment ? Au plat, brouillés, en omelette ? Et combien de fois ces questions sont restées sans réponses ou alors suivies d’un « Euh… j’sais pas. Peu importe, comme tu préfères toi ». Ainsi habituée à être ce que l’autre veut que l’on soit, à être tout ce dont l’autre a besoin, à combler tous ses manques, assouvir tous ses désirs, il est difficile d’être soi. Difficile d’exister par soi-même. Seule, indépendamment de tout autre. Ce comportement adopté pendant tellement d’années en devient un réflexe compulsif, une mauvaise habitude érosive qui vous ronge de l’intérieur. Un nectar empoisonné dont vous vous délectez pourtant si bien, mais dont vous savez pertinemment qu’il vous tue lentement. Ce poison vous fait vous oublier. Oublier que vous existez que vous êtes quelqu’un, un être humain. Mais rien n’y fait. Vous êtes accro.

Un chevalier Blanc sans son armure.

Être un Sauveur ne veut pas dire que vous êtes en permanence en souffrance. Il y a des jours heureux. De la joie, de l’amour, de l’amitié. Toutes ces bonnes choses de la vie. Elles arrivent bien souvent lorsque la victime, soudain, n’est plus. On compense. À un certain moment, on finit par se dire que ça y est, le malêtre a disparu. Jusqu’à ce que tout à coup, sans crier gare, une nouvelle victime croise notre chemin. Et qu’en bon chevalier blanc on ressort l’armure, on brandit l’épée et galopant sur notre fidèle destrier, on se met en route pour la sauver. Au bout de la quatrième fois où je me suis surprise à revivre ce même schéma, cette question est venue me heurter en pleine face : est-ce qu’ enfin, j’étais vraiment en train de vivre pour moi lors de ces jours heureux ? Ou simplement de subir à nouveau, sans même ne plus m’en rendre compte, le tictac assourdissant des aiguilles ? J’ai compris alors que je serai toujours un Sauveur. Toujours accro. Cela fait partie de moi. Mais je peux me désintoxiquer. M’abstenir de sauver.

Sauveur abstinent

Je m’appelle Kyra, c’est faux, j’exerce mon droit à l’anonymat. C’est le seul mensonge que vous lirez ici. Je suis un Sauveur abstinent. Un chevalier blanc qui ne porte plus son armure, qui a renoncé à son épée, libéré son fidèle destrier. J’ai compris que je construisais mes relations de manière malsaine afin de nourrir le Sauveur né en moi. J’étais un prédateur, non pas en quête de proies à torturer, mais à la recherche de victimes à sauver. Et avec elles, je voulais réussir là où j’avais échoué avec ma mère. Mais c’est fini tout ça. Je n’essaie plus de la sauver. Ce n’est pas ma responsabilité. Ce n’est pas de ma faute. Je ne suis pas coupable. Moi, je n’ai rien demandé, mais j’ai quand même fait de mon mieux. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. J’ai tendu la main de nombreuses fois, j’ai sincèrement voulu la sauver, l’aider à aller mieux. Mais c’est à elle de s’aider. Tout comme moi, j’ai décidé, un jour, de m’aider. De me sauver moi et de ne plus céder à la tentation de l’armure. Je m’appelle Kyra, vous savez déjà que c’est faux. J’ai 23 ans. Je suis né Objet, j’ai survécu Sauveur, je vis Abstinent.

Le mythe de l’Eldorado – de l’espagnol el dorado autrement dit « le doré » – est une contrée imaginaire d’Amérique du Sud qui déborde d’or. Quand les conquistadors – de l’espagnol toujours « les conquérants » – débarquent sur le continent, ils y croient dur comme fer ! Cette légende se base sur une légende plus ancienne, celles des Cités d’or.

Auteur : Kyra, 23 ans, Bruxelles

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Sans parent

Sans parent

Pierre, comme quelques milliers d’autres enfants en Belgique, n’a pas grandi dans sa famille. Son histoire est donc particulière. Il la partage avec nous.

Abandonné

À l’âge de 2 ans, j’ai été abandonné par mes parents et placé à l’internat par le SPJ (1), j’en déduis donc qu’il s’est passé quelque chose de grave. Mes frères et soeurs, du côté de ma maman, ont été également placés. La vie en internat m’a apporté beaucoup de choses positives comme des sorties extraordinaires, paintball, visite du musée de l’armée, celui des tracteurs, j’ai appris à faire du vélo, vacances… J’ai dû aussi faire des choses moins chouettes comme le nettoyage ou la vaisselle. J’ai appris à vivre en communauté avec d’autres jeunes, je me suis fait des ami·e·s.

Une rencontre

Durant mon enfance, le directeur de l’internat a été une personne très importante pour moi. Je ne me sentais pas seul, il a toujours été là pour m’écouter. J’allais dans son bureau, je lui demandais pourquoi ma mère m’avait abandonné. Il n’a jamais voulu me répondre mais il m’a aidé quand j’en avais besoin. Il m’a appris à ne pas garder cette colère et tous ces questionnements en moi. Je savais qu’il gardait tout ça pour lui, que c’était une personne de confiance. Avec lui, je pouvais vider mon sac et me sentir mieux. Si j’avais gardé tout cela en moi, cela aurait pu dégénérer. Si je n’en avais pas parlé, j’aurais vraiment pu devenir méchant.

Questions sans réponse

C’est très compliqué de vivre sans un papa ni une maman. Essayer de savoir la vérité sur mon histoire est impossible. Je n’ai jamais vraiment su la raison pour laquelle mes parents m’ont abandonné. J’ai toujours eu deux sons de cloche différents et je n’ai jamais su qui croire. Aujourd’hui, à l’âge de 20 ans, je ne sais toujours pas quelle est la vraie version. Je ne me pose même plus la question. J’aurais préféré avoir une autre mère et un autre père mais on ne choisit pas sa famille.

(1) Quand un mineur est en danger, si sa santé ou sa sécurité est gravement menacée, un juge de la jeunesse doit prendre la décision de le retirer à sa famille, autrement dit, de lui trouver un autre toit que celui de sa famille. C’est le Service de Protection de la Jeunesse (SPJ) qui intervient alors pour, concrètement, mettre en oeuvre la décision prise par le juge.

Pour en savoir plus

Le site questions-justice.be traite de toutes les questions, mais surtout des réponses qui se posent par rapport au fonctionnement de la justice, des tribunaux. Dans cette interview la juge du tribunal de la jeunesse et de l’enfance, Loan Burton, explique son métier, ses missions.

Auteur : Pierre, 20 ans, Charleroi

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