Qui fait le malin, tombe à l’internat

Qui fait le malin, tombe à l’internat

Pendant des années, Rayan ne faisait pas ses devoirs, ne travaillait pas à l’école, provoquait les professeur·e·s. Il a fait des bêtises assez grosses pour que sa mère n’ait plus qu’une solution, le mettre dans un internat.

Le grand jour

Ca y est, c’est le jour J. Ma mère me dépose à l’internat et repart. À travers les gouttes de pluie qui coulent sur la fenêtre de ma nouvelle chambre, je la regarde partir vers l’arrêt de bus. C’est très difficile, je fonce en pleurant dans la chambre d’un ami à moi, Ricardo, et lui demande pour appeler ma mère. Je retourne à la fenêtre de ma chambre avec le téléphone. Je lui dis : « Maman, c’est Rayan. Tu me manques, je veux que tu viennes me chercher ». En larmes, ma mère répond « Rayan, tu dois rester. C’est pour toi que je fais ça ». Elle raccroche alors que le bus arrive. Elle monte dans le bus et ces dix secondes me paraissent durer dix ans. Je me sens abandonné, je pleure comme jamais je n’avais pleuré avant.

L’herbe n’est pas plus verte ailleurs

À l’heure où je vous parle, je sais que ma mère a fait ça pour moi, elle pensait que j’allais être mieux là-bas. Malheureusement, j’y ai vécu un enfer : les éducateurs nous frappaient. Un jour, à l’étude, un éducateur a jeté mon tout nouveau plumier sur moi parce que je n’avais pas fini mes devoirs. J’ai ramassé mon tipex, mes crayons cassés. J’ai pleuré. Je me sentais humilié. Après que plusieurs jeunes de l’internat aient aussi parlé de ce qui se passait là-bas, l’internat a finalement dû fermer.

L’ailleurs attise le manque du pays

Après cette mauvaise expérience, j’ai heureusement passé les quatre dernières années dans un internat qui me convenait. Là-bas, les éducateurs et les activités étaient très bien. J’ai donc pris du recul. Finalement, l’internat m’a permis d’apprendre à me gérer, à me calmer, à être plus sociable et à faire moins de bêtises. Et surtout, le manque de ma mère m’a fait comprendre qu’il était important de prendre soin des gens qu’on aime.

Auteur : Rayan, 14 ans, Ans

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Un type, un joint et une grand-mère

Un type, un joint et une grand-mère

C’est dans la fumée d’un joint que Lucas a cru oublier la tristesse liée à la disparition de sa grand-mère… Au bout du compte, hélas, il semble qu’il s’est plutôt oublié lui-même.

Premier joint

Je m’appelle Lucas, j’ai 16 ans et depuis que j’ai 12 ans, je suis fumeur de cannabis (1). Depuis 4 ans donc, je fume tous les jours. J’ai commencé après le décès de ma grand-mère. Cela qui m’a fortement aidé, non pas à oublier son départ mais plutôt à me contrôler, je suis quelqu’un de nerveux. Je ne prends aucun traitement mais je fume, et ça calme. Quand j’essaie de ne pas fumer, je deviens plus agressif, le cannabis c’est devenu une addiction. Je ne fumais pas du tout avant son décès mais le manque de ma grand-mère était trop important pour moi et je ne pouvais plus supporter cette douleur. J’ai donc commencé à fumer tous les jours en me disant que la douleur partirait, elle aussi, en fumée.

Un être unique

Le jour où j’ai appris qu’elle était morte, je me suis focalisé sur tous les moments passés avec elle, ils passaient en boucle dans ma tête. Elle était comme ma deuxième mère, cette complicité, je ne l’avais avec personne d’autre. Je garde au fond de moi les moments partagés avec elle. Le moment où j’ai eu le plus mal, c’est à l’enterrement, je ne suis pas du genre à pleurer mais ce jour-là, je suis tombé en larmes quand on a passé sa musique préférée. Un sifflement dans mes oreilles est apparu et l’air est resté dans ma tête pendant des jours, impossible de ne plus rien entendre. C’est à partir de ce moment-là que je me suis mis à fumer… Pour ne plus repenser à ces bruits associés à la souffrance de l’avoir perdue.

Accro

Ceci dit, le cannabis n’a pas que le bon rôle de l’histoire. La première fois que j’ai fumé, j’ai attrapé un mal de tête, j’ai été saisi de vomissements. Le pire, c’est cette sensation de mollesse. Quand je fume, je me sens mou, je n’ai plus envie de bouger et j’ai faim. J’ai perdu de l’endurance aussi, et de la rapidité. Aujourd’hui, je n’en ai plus forcément besoin par rapport au décès de ma grand-mère mais c’est devenu une addiction. Cela fait maintenant quatre ans qu’elle est décédée. Ma nervosité vis-à-vis de son absence s’est transformée en douce nostalgie. Penser à elle, aux souvenirs passés ensemble et à l’amour qu’elle me portait a plus d’impact qu’un joint. Bien sûr, j’ai envie d’arrêter de fumer mais je n’ai pas encore trouvé d’autres solutions pour diminuer ma nervosité. Le coup de penser à ma grand-mère ne marche malheureusement pas avec tout ce qui me rend nerveux dans la vie… mais j’en trouverai d’autres.

(1) Le cannabis, est une drogue. Ses effets sur l’être humain varient en fonction de toute une série de données, si le produit est très concentré ou pas, quelle est la consommation… Dans les effets, il y a, par exemple, un sentiment de bienêtre, une impression de planer… Il arrive aussi des effets contraires comme un sentiment de profond malaise, d’angoisse… D’autres effets secondaires existent aussi, Lucas en parle dans son article.

Auteur : Lucas, 16 ans, Amay

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Team papa ou team maman

Team papa ou team maman

Est-ce qu’on doit choisir un camp ? Est-ce qu’on doit être d’une, et d’une seule, tribu ? Entre son père et sa mère, doit-on vraiment opter ? Après avoir grandi à la campagne Sarah se retrouve à Liège. Elle passe d’un univers plutôt monochrome à un univers nettement plus nuancé. Doit-elle, aussi dans cette situation, épouser un monde plutôt que l’autre ?

Tracer ma route entre deux autres

Tu choisirais plutôt maman ou papa ? Probablement l’un des dilemmes les plus célèbres auquel on a tous au moins une fois été confronté. Mais si d’après André Gide (1), choisir c’est renoncer, je renonce pour ma part à faire un choix. Née d’un père marocain et d’une maman belge, j’ai assisté à l’exécution d’un contrat de compromis entre ces deux identités culturelles disparates. Je dis disparates, mais pas incompatibles et j’insiste. La communion est possible. J’en suis témoin. Pour ma part, il a bien fallu me construire une identité propre au milieu de cette diversité. Certaines choses étaient presque prédestinées, car découlant notamment du compromis matrimonial du couple dont je suis issue. Je pense par exemple à mon éducation spirituelle. Un point pour papa : je suis musulmane. À côté de ça, j’ai participé aux fêtes de fin d’année, je recevais moi aussi des friandises dans mes chaussures à l’approche du 6 décembre et je chassais les œufs dans le jardin en avril : un point pour maman. Mais mon identité ne se résume pas aux seules influences parentales. Ma propre expérience de la vie a bien évidemment activement participé à mon développement personnel : attention, entrée en jeu de mes amies.

Quelles amies ?

Mais quelles amies ? Parle-t-on ici d’Aurélie et Fanny – amies d’enfance que le temps et les choix d’études différents ne sont pas parvenus à séparer – ou parle-t-on plutôt de Marwa et Nawal, amitiés nées plus récemment dans le contexte estudiantin de la ville de Liège ? Il faut dire que mon entrée à l’université a changé beaucoup de choses. L’institution porte d’ailleurs bien son nom : université ou florilège de diversités dans lesquelles il s’agit de se faire une place. Je pense pouvoir dire qu’il y a un avant et un après l’université puisque c’est à partir de cette étape que j’ai fait de plus amples connaissances avec une autre partie de moi-même. Considérons ainsi que le premier groupe d’amis représente le côté maman, quand le second renvoie plutôt au côté papa. J’ai, dans un premier temps, passé le plus clair de mon enfance dans l’ambiance « maman ». Originaire de la campagne, je n’ai pas énormément eu l’occasion de côtoyer, en dehors de ma famille, des personnes du team « papa ». C’est ça aussi d’habiter dans les Ardennes : le calme verdoyant propose certes pas mal d’avantages, mais sa faible densité de population n’offre pas énormément d’opportunités en terme d’ouverture sur la pluralité culturelle ou sociale à laquelle on est plus vite confronté au sein d’une ville telle que Liège par exemple. Ainsi, je grandis en faisant du solfège avec Angèle et Romain, en jouant au tennis avec Axelle, en montant à cheval avec Laure, en faisant du basket avec Bruno, en peignant avec Aurélie et j’en passe. Puis vient le grand jour, celui de mon entrée dans la cour des grands. Quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir alors des jeunes filles voilées, des peaux plus colorées… Tout un arc-en-ciel humain duquel je n’ai jusqu’à lors que peu d’acquis.

Et moi ?

Dans quelle couleur vais-je me ranger ? Je suis à la fois perplexe et excitée quand je vois le panel de possibilités qui s’offrent à moi. Finalement, je décide de laisser les choses se faire naturellement. C’est comme ça que de fil en aiguille, de rencontres en éloignements, je me rends compte que je vais étudier à la bibliothèque avec Nawal, que j’aime manger dans les petits endroits où m’emmène Marwa, que je commence à apprécier cette musique que Mehdi écoute en boucle. Mais il n’empêche que mercredi prochain, je prendrai un chocolat chaud avec Aurélie, qu’on discutera de ce que sont devenues Mathilde, Authone et Justine. On se remémorera les bons souvenirs tout en en créant de nouveaux. Au fond, je ne crois pas qu’il existe de réel vainqueur à ce simulacre de compétition entre « maman » et « papa ». Je les aime autant l’une que l’autre, l’autre que l’un. Mon identité continue simplement d’éclore au rythme de mes expériences. Hier, je rencontrais Aurélie, demain je rencontrerai Marwa. Je considère ainsi ma mixité comme une richesse inestimable et je n’ai de cesse de vouloir l’accroitre. Et si je me perds parfois dans la multiplicité culturelle qui me compose, je sais au moins une chose : je me sens moins belge ou marocaine que musulmane.

André Gide (France, 1869-1951), écrivain, prix Nobel de Littérature en 1947. Pour lui, le but secret de la littérature était de “ lever l’homme au-dessus de lui-même, le délivrer de sa pesanteur, l’aider à se surpasser, en l’exaltant, le rassurant, l’avertissant, le modérant.” Découvrez les textes de cet auteur en cliquant ici.

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Auteure : Sarah, 22 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Rater pour avancer

Rater pour avancer

 

Jusqu’en février 2019, Catherine, 22 ans aujourd’hui, n’avait jamais rien raté. Son parcours scolaire et universitaire était une ligne absolument droite. En février 2019, elle découvre l’échec. Plutôt que de laisser tomber, de baisser les bras et de se dire qu’elle n’arriverait jamais à rien, elle a décidé d’apprendre de cet échec.

 

0/20

Avril 2016, dernière année à l’école secondaire. Le professeur tend un 0/20 à l’élève assis à côté de moi. Déjà, les commentaires fusent : “Mais comment c’est possible ? Une interro si facile ? Si déjà ça, il ne le réussit pas, que va-t-il faire de sa vie ?” J’entends déjà ses parents le disputer le soir en rentrant : “Tu n’es bon à rien, tu dois réussir !” Réussir, voilà le maitre mot de notre société depuis quelques décennies. Tu dois réussir et surtout sans échec. Échec, ce mot glaçant qui me fait mal et que je n’aurais jamais imaginé connaitre.

Accepter l’échec

Février 2019, je suis dans mon kot à Gand et viens de recevoir un message annonçant l’arrivée des résultats. J’ouvre. Gros coup de massue, je n’ai même pas réussi la moitié de mes examens. À ce moment-là, plein de questions fusent dans ma tête : “Que dois-je faire ? Continuer à étudier à Gand ou revenir à Liège ?” Étant plutôt du style « bonne élève », voulant toujours me donner à fond dans toutes mes entreprises, je m’étais pourtant préparée au mieux à cet Erasmus(1) à Gand. « On récolte toujours le fruit de son travail », me répète-t-on souvent… alors comment est-ce possible ? Et surtout, comment accepter cela dans notre société de la performance ?
Après plusieurs mois de réflexion intense sur moi-même, j’ai fini par comprendre qu’accepter un échec n’est pas chose simple, mais est en tout cas chose très utile. Comme l’a si bien dit Nelson Mandela (2) : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». Apprendre de ses échecs… Là est la clé de la réussite. Prenons un exemple simple : un enfant apprend à marcher. Au début, il est tombé plusieurs fois avant de savoir marcher. C’est parce qu’il est tombé qu’il a su marcher. C’est parce qu’il est tombé qu’il a compris qu’il devait placer ses pieds d’une manière plutôt que d’une autre. Dans la vie de tous les jours, c’est la même chose ! Qu’on ait 15, 30, 60 ans, nous sommes tous des enfants qui devons apprendre à marcher sur le chemin de la vie, malgré les obstacles. Alors, d’autres questions se posent : pourquoi considérer que c’est mal ? Trébucher ne fait-il pas partie, au fond, de la nature humaine ?

Une société étrange

Nous vivons en fait dans une société de performances où tout est calculé, anticipé. Le défi d’aujourd’hui semble donc être de déconstruire ce schéma, d’apprendre à vivre malgré cette vitesse permanente de la société. Mais comment y parvenir ? En ce qui me concerne, j’ai lu beaucoup de livres sur le développement personnel. Le rayon « psychologique » de la Fnac ayant seulement une fonction « marketing » pour beaucoup, s’avère parfois assez utile. Mais, si ces livres peuvent servir de source d’inspiration, faut-il encore appliquer tous ces enseignements concrètement? C’est un travail de tous les jours qui, je pense, n’est jamais acquis pour personne et ce, surtout qu’on ne vit pas dans une sphère professionnelle propice à ce genre de raisonnement. Instaurer des heures de sieste au sein en entreprise (3) par exemple ne semble pas encore être un sujet à débattre… C’est non.

Mon image et moi

Septembre 2020, je suis là, assise à la table de mon salon en train de rédiger cet article. Dans quelques jours, je rentre en master 1 en droit et je remercie presque la vie d’avoir eu à connaitre cet échec. Avant Gand, j’avais le profil de la fille qui a toujours son plan en tête. Je voulais, en quelque sorte, valider une liste avec des cases à remplir et j’étais persuadée que remplir ces cases m’amenait, quoi qu’il arrive, vers la réussite. Maintenant, j’ai appris à prendre du recul, à mieux réagir aux imprévus et à me recentrer sur moi-même, à faire mon petit bonhomme de chemin sans toujours prêter attention à l’image renvoyée à la société. Cette société dont la réussite est le maitre mot.

Affronter l’échec

Que voudrais-je dire à mon collègue de classe aujourd’hui ? Je voudrais lui dire que ce n’est pas grave, car le plus important est de se poser les bonnes questions, de comprendre qu’un échec peut surement être un message pour changer quelque chose en nous. Pourquoi a-t-il raté son interro de maths et qu’est-ce qu’il devrait changer pour la réussir la prochaine fois ? Voilà la bonne question. L’important est surtout, selon moi, de ne pas faire le chemin inverse. Il ne faut pas avoir peur de son échec, mais l’affronter. Pourquoi ai-je échoué lors de mon Erasmus à Gand ? Parce que j’avais peur de l’échec, tellement peur que je m’étais collée, toute seule, une pression énorme. Pression qui a causé du stress, des insomnies et au final, qui m’a fait perdre les pédales et échouer mon année. La peur de l’échec a été la cause de mon échec …

Avancer, même si on croit reculer

Alors, à vous, jeunes et peut-être moins jeunes qui lisez mon article, je voudrais vous dire de commencer à adopter la culture de l’échec, de ne pas le craindre parce qu’il permet de se surpasser. Peu importe ce qu’en pensent les autres, peu importe qu’ils vous cataloguent sans vergogne dans la case des raté·e·s, vous devez être fières ou fiers de ce que vous êtes et de ce que vous avez surmonté et surtout ne jamais arrêter d’oser malgré tout. Tel l’a écrit Victor Hugo (4), « le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre ».

(1) Erasmus – du nom d’Érasme, (Pays-Bas, +/-1466 – 1536), prêtre et philosophe et grand voyageur qui a parcouru l’Europe pour découvrir et apprendre les différentes cultures du continent – est un programme européen qui permet aux étudiant·es des écoles supérieures ou de l’université de suivre une partie de leur dernière année ailleurs, dans un autre pays, dans une autre langue. (2) Nelson Mandela (Afrique du Sud, 1918-2013), homme d’État sud-africain. Jusqu’en 1991, ce pays fonctionnait sous les principes de l’apartheid, mot sud-africain ou afrikaans, qui signifie séparation ou mise à part. On parle ici de la séparation des Noirs et des Blancs. Les Blancs se donnant tous les pouvoirs et les Noirs n’ayant que pour seul droit celui de sous soumettre. Ce régime raciste, Nelson Mandela l’a toujours combattu et cela lui a couté cher : il a passé 27 années en prison. À sa libération en 1990, l’homme lutte pour que toutes et tous, peu importe leur couleur, aient les mêmes droits. En 1993, il recevra le prix Nobel de la Paix. En 1994, il deviendra président d’Afrique du Sud. Nelson Mandela est une personnalité absolument inspirante. Voir ce documentaire pour en savoir plus. (3) Tout le monde n’est pas d’accord sur le sujet des siestes en entreprise. Selon cet article, certaines entreprises ont remarqué que cela ne fonctionnait pas, selon cet autre article, c’est intéressant mais il vaut mieux faire une sieste de 20 minutes seulement. (4) Victor Hugo (France, 1802-1885), couteau suisse de l’intelligence et de la poésie, Victor Hugo a éclairé la France et le monde de ses romans, de ses poèmes et de ses idées. Aujourd’hui, il inspire encore et toujours d’autres artistes… Deux exemples parmi de très nombreux autres, quand Disney sort le long-métrage, “Le Bossu de Notre-Dame”, c’est à partir d’un de ses romans. C’est ce même roman qui a servi de base pour la comédie musicale “Notre-Dame de Paris”… Cette courte vidéo vous éclairera sur sa vie.

Auteure : Catherine, 22 ans, Nandrin

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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6 mois, on fait le bilan

6 mois, on fait le bilan

D’habitude, c’est plutôt les « jeunes » qui écrivent pour les « vieux » que nous sommes ou serons bientôt. Ici, c’est le contraire : les membres de l’équipe Scan-R adressent un message aux jeunes qui ont participé aux ateliers, les remercie et invite.

Chère toi, cher tu,

Te demander comment tu vas en cette période particulière ? Grotesque, nous le savons. On le sait parce qu’avec toi, comme avec 330 autres jeunes, depuis six mois, nous échangeons, construisons, polissons les miroirs du kaléidoscope infini de la jeunesse à la fois multiple et unique de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Comme d’autres, tu as peut-être participé à un atelier Scan-R. ASBL jeunesse incontournable du paysage francophone pour dire et écrire les parcours de tout une chacune, de tout un chacun. À toi, aux autres et à celles et ceux qu’on espère rencontrer dans les temps à venir, nous disons déjà merci. Merci pour la confiance que tu nous as donnée, merci aux responsables des 65 structures qui nous ont accueillies pour des ateliers virtuels et réels.

Par la magie de la plume et plus souvent celle du clavier, on a travaillé dans des petites bulles, d’intimités et de confiance. Entre toi et nous, on a bâti le pont que les professionnels appellent : le lien social.

Plus besoin de te l’expliquer, l’originalité de notre méthode est qu’elle repose sur l’expression écrite. Tu as couché sur papier ton vécu, tes sentiments et tes préoccupations. Tu as écrit en « je ». Ensemble, nous avons lutté contre le décrochage social, même sociétal. Autant de grands mots qui constituent le cœur de la vie en société.

80% d’entre vous ont écrit un texte à l’issue d’un atelier et 95% ont été publiés sur notre site ou sur celui de nos partenaires. Plus que des témoignages, les uns après les autres, les un à côtés des autres, sur notre site web et sur celui de nos médias partenaires, dont La Libre et la RTBF, ces textes donnent à lire un incroyable récit sur ces jeunesses différentes. Toi et les autres, vous écrivez, vous nous l’avez dit, pour que nous, les adultes, on puisse mieux vous comprendre dans cette société de plus en plus polarisée, cristallisée, méfiante. Vous écrivez aussi, et peut être, pour que nous puissions mieux vous comprendre. Pour accompagner ce processus éditorial inédit, une trentaine d’experts ont rejoint nos comités (éditorial, pédagogique et scientifique). Elles et ils portent et accompagnement ce projet unique dans toute la FW-B.

Tes textes ? Toujours très riches et prenants. Certain·ne·s ont confié les situations difficiles qu’ils et elles traversaient : la violence physique, morale, conjugale, intrafamiliale, scolaire, personnelle. La violence sous toutes ses formes, nous avons pu la lire, la violence oui et les amours aussi, bi, trans, homo, hétéro, elle est loin la Belgique de papa qu’on ne devrait plus, d’ailleurs, écrire comme cela. Après avoir couché les mots sur le papier, nous avons tenté de mettre en place des solutions en facilitant l’échange avec les structures qui t’accompagnent. Nous sommes un outil pour toi et les professionnel·le·s qui t’encadrent pour avancer et faire des individus une société.

Enfin, et tu ne le sais probablement pas mais notre travail est multidimensionnel. Se raconter fait du bien, mais nous allons un peu plus loin. Se dire, cela aide parfois à avancer, à aller de l’avant. Scan-R, donc c’est bien plus qu’un projet socio-culturel d’expressions, c’est un projet de société qui trouve aujourd’hui toute sa place et sa légitimité dans l’espace public belge francophone. À la base, tu ne le sais pas, nous avons en effet deux mandats. Après t’avoir permis de te raconter sur des sujets dont tu es acteur, actrice ou témoin, on fait résonner tes mots et raisonner vieilles et vieux de plus de 30 ans. À travers la société tout entière, en valorisant les témoignages bruts dans des médias traditionnels ainsi qu’en travaillant avec diverses institutions, associations ou encore des élu·e·s. Nous nous portons garant de ta voix dans la société.

Hier dans notre boite mails, plus de 150 jeunes souhaitaient, à leur tour, voir débarquer la rédaction de Scan-R dans leur MJ, école, hôpital, commune, service social, AMO, centre culturel, etc. Pourtant, la subvention de notre projet pilote s’est arrêtée le 18 septembre dernier. Il s’agissait d’un projet de 6 mois sur Liège et Bruxelles avec la vision et surtout l’ambition politique de nous accompagner dans le déploiement et la pérennisation de ce projet dans toute la FW-B.

Aujourd’hui, en dépit de nos preuves, la poursuite de ce projet semble compromise. Tu le sais, chaque atelier est animé par un·e journaliste professionnel·le et une personne qui anime. Tous deux mettent plus de 20h00 d’expertises cumulées au service de chacun des groupes accompagnés pendant un minimum 6h00. Ensuite, le rédacteur en chef de Scan-R repasse sur l’ensemble des productions. Nous ne pouvons pas sous-estimer le travail mené par ces différent·es professionnel·le·s. Scan-R se retrouve donc dans une posture 100% bénévole. Cela limite nos possibilités d’action et de déploiement… On le sait, dans l’état actuel des choses, Scan-R ne pourra aller à la rencontre de toutes, de tous. Est-ce que cela a du sens pour Scan-R ? Non ! Scan-R se veut être toujours une caisse de résonance de toutes ces histoires singulières… ô combien universelles.

Si, toi aussi tu crois en Scan-R, alors nous te donnons rendez-vous le 24 octobre pour participer à notre grand laboratoire social et médiatique. Cela se déroulera au Delta, à Namur. Dans le respect des règles d’hygiène et de sécurité sanitaire, nous t’accueillerons avec une centaine de jeunes venu·e·s, comme toi, d’un des quatre coins de la FW-B. Ce qu’on te propose ? Réfléchir et écrire autour de grandes thématiques sociétales. Comme l’année passée, des invité·e·s t’apporteront leur savoir pour nourrir cette réflexion. Accompagnant cette réflexion et l’écriture, animatrices, animateurs et journalistes de l’équipe Scan-R, t’épauleront dans l’écriture de ton article, de ton témoignage. Au bout de la journée, une centaine de textes seront prêts à être publiés sur Scan-R. L’objectif est toujours le même : rapprocher, par l’écriture, la jeunesse de différents acteurs et institutions, de la société en général. Cette édition sera axée sur la contestation, la pensée critique, voire la désobéissance. Covid, environnement, Black Lives Matter, politique, emploi, avenir…

À très bientôt !

Auteure : l’équipe Scan-R

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