Abandonner hier, faire confiance à une énigme et vivre sans lendemain.
Les armes ont remplacé les fleurs. Les enfants qui riaient sont devenus des cadavres.
Quitter son pays, sa fratrie en quête d’un exil insécurisé, suivre une onde salvatrice pour échapper au pire. Survivre. S’émanciper.
Être immigré c’est quitter ceux qui nous aime, le sol ou l’on est né. Fuir nos racines et s’accrocher à l’inconnu. C’est échapper aux bombes et se retrouver dans une prison dorée.
Les préjugés nous mitraillent, la xénophobie nous guette. Alors que le même sang coule, les regards fusillent le nouvel étranger « Qui est-il ? D’où vient-il ? Que veut-il ? »
Alors que les pensées s’entrechoquent, l’immigré cherche à se réfugier « Que trouverai-je ? Ma vie sera-t-elle sauve ? »
Perdre tant de gens, tant de souvenirs pour se plonger dans l’obscurité, la peur et le rejet.
Le bateau tangue, le moteur gronde péniblement sous le coup des vagues.
Dans le bateau, les vies s’entassent.
Les cœurs meurent.
Les corps tremblent.
Quitter son pays parce que l’autre l’a décidé ou se soumettre à une dictature insensée.
L’invasion et la division ont tué le peuple. Tout être vivant a péri au nom de la gloire et de l’argent. Le gouvernement, allié de la démocratie, a poignardé les droits. L’homme, la femme et l’enfant ont vu leur identité souillée par les obus, leur famille meurtrie, pour que l’autre s’enrichisse et s’autoproclame roi.
Coulent le sang et les larmes.
La tempête en pleine mer dévaste tout. Effraie sans pitié. Mais je reste accroché à la carcasse du bateau. Pensant que le bois me sauvera.
Dieu m’entends-tu ? Me vois-tu ?
Le temps semble se figer, les secondes deviennent des heures et les heures des jours.
En quête d’un futur meilleur, mais une prospérité incertaine. Je suis terrifié.
Finalement à quand viendra la paix ?
Puis un jour, les gouttes de pluie perlent sur mon visage suis-je arrivé à la terre promise ou est-ce le songe du paradis ?
Enfant d’immigré, je m’appelle Soha. Je n’ai jamais connu ce combat, mon père l’a fait avant moi.
Aussi, j’ai eu besoin d’écrire après une exposition réalisée au Musée de la Migration à Bruxelles.
De là, je me devais de poser les mots et me délester des cailloux qui pesaient sur mon dos.
Il s’agit donc d’un hommage aux témoignages, aux œuvres et aux émotions traversés ce jour-là.
L’origine de l’histoire.