Je suis un zèbre

Je suis un zèbre

Un zèbre, ce n’est pas qu’un sympathique petit “cheval” rayé… C’est aussi le nom qu’on donne aux personnes surdouées. Cette appellation a été proposée par Jeanne Siaud-Facchin, une psychologue et psychothérapeute française. Pourquoi ce mot ? Pour ne plus parler de “personnes surdouées”, ces mots impliquant une supériorité sur les autres personnes. Bref, Odile nous invite à découvrir son parcours zébré.

Solitude et ennui

Je me souviens bien de ces moments, en primaire, où je me sentais seule, rejetée. Dès qu’il y avait un jeu d’équipe, je savais que j’allais être la dernière choisie. Le moment de la récréation me paraissait interminable : je n’aimais pas jouer avec les autres, je trouvais leurs jeux nuls … Quand l’institutrice rendait les points des contrôles, je me préparais à recevoir des commentaires des autres par rapport à mes bonnes notes. Le tout avec un sentiment d’ennui pendant les cours, l’impression constante de ne rien apprendre. Plus tard, je me suis rendue compte que je n’avais pas été heureuse durant toutes ces années, y compris au sein de mon groupe d’amis. Inconsciemment, j’ai toujours eu le sentiment d’être différente.

Une explication, enfin !

Un jour, mon père a pris le temps de nous parler à mon frère et moi. Il nous a raconté que comme nous, quand il était petit, il se sentait différent, sans trop savoir pourquoi. Il a ensuite poursuivi son histoire en racontant que récemment, il avait entendu parler d’une chose à laquelle il s’était identifié et à laquelle il nous avait très bien identifiés mon frère et moi. On a discuté de longues heures ce jour-là. Deux mois plus tard, nous avons pris un rendez-vous chez une psychologue spécialisée en la matière. C’est ce jour-là, le jour de mes 14 ans (pure coïncidence que le rendez-vous tombe le jour de mon anniversaire), que j’ai véritablement compris: je suis surdouée, haut potentiel ou zèbre…

Aujourd’hui

Maintenant encore, je me sens différente : comparer à celui des autres, mon humour est parfois particulier. Souvent, je ne comprends pas une phrase de la même façon que les autres, je prends tout au pied de la lettre. Avant, j’étais toute sage à l’école, j’étais « l’intello de la classe ». Maintenant, mes points ne sont plus aussi beaux qu’avant, j’ai besoin d’étudier un minimum pour réussir. Mais j’ai surtout beaucoup de notes, j’ai déjà eu des problèmes avec certains professeurs car je ne comprenais pas que mon comportement pouvait être insolent dans certaines situations et que je dépassais les limites. J’ai toujours l’impression d’être à côté de la plaque.

C’est quoi être surdouée ?

Etre surdouée, c’est simplement penser différemment. Ce n’est pas parce que vous apprenez un jour qu’une personne l’est, que vous devez la voir différemment, elle reste la même personne que le jour où vous l’avez connue. Dans ma vie, le savoir change un peu mon rapport à moi-même, ça a permis d’expliquer beaucoup de choses sur ma manière de vivre. Dorénavant, j’essaye de m’ouvrir aux autres et je ne cache plus vraiment ma personnalité même si je ne crie pas sur tous les toits que je suis haut potentiel.

Auteure : Odile, 16 ans, Huy

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R 

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Un chez moi …

Un chez moi …

Regard blasé et paroles “cash”, Mélissa nous parle comme à un pote, tout en nous faisant comprendre que la boss…. C’est elle ! Elle l’affirme et s’affirme d’ailleurs : elle est adulte. Pas de quoi tromper tout le monde cependant. Sous son maquillage, ses piercings et son attitude, son visage poupin pointe. Un physique qui reflète son sentiment, sentiment d’être parfois prise entre deux mondes : celui des responsabilités, le monde des adultes, et celui où on l’infantilise. Comment se construire et grandir lorsque les fondations s’effritent ? La solution ? Elle vient avec un logement à elle, un « chez soi ».

La cité. Mon terrain de jeu. De jeu, et d’attente. Quand j’avais huit ans, je restais dans la rue jusqu’à 2 ou 3 h du matin. Non, ce n’était pas un choix. Si je restais dehors, c’est parce que ma mère était au café, et que je n’avais pas les clés pour rentrer. Alors je traînais… Chez des amis et surtout dans la rue. Avec ma mère, ça a toujours été dur. Très dur. Les années ont passé, j’ai vécu chez d’autres membres de ma famille, chez des amis… La maison familiale ? C’est « chez ma mère », pas chez moi. À 11, 12 ans, j’ai commencé à faire des conneries.

Maman où t’es ?

Les conneries, c’est voler un peu, fumer beaucoup et zoner à la folie. Et tout est vraiment parti en vrille quand mon parrain est mort. Il comptait énormément pour moi. Quand je n’étais pas bien, il était le seul à m’écouter. M’écouter et me comprendre. Il était toujours là pour moi. Quand les autres me rabaissaient, lui, il me soutenait. Quand il est parti, j’ai eu comme un vide. Je me suis mutilée. Et puis je me suis rendu compte que ça ne servait à rien. Je me suis fait virer de l’école. J’étais mal dans ma peau. Je ne faisais plus rien. Et puis j’ai décidé de me battre. Me battre pour m’en sortir. Ça a été dur, mais j’ai finalement trouvé la solution, et j’ai obtenu ce dont j’avais besoin et voulais pour m’en sortir.

Un toit à moi

J’ai réussi à avoir un kot. Une chambre, une cuisine et une salle de bain. Pas de colocataires. J’ai toujours dû me débrouiller toute seule, alors ça ne change pas grand-chose pour moi, mais au moins je ne me prends la tête avec personne. Je peux inviter des amis, sortir. Il y a des éducs pour nous surveiller parce qu’on est plusieurs jeunes à avoir un kot dans le même bâtiment, mais ils sont sympas et nous laissent vivre notre vie. Je ne parle plus à ma mère. Elle m’a empêché d’aller à l’enterrement de mon parrain à l’époque. Je ne l’accepte pas. Mais c’est de sa faute, si elle avait joué son rôle de parent, je n’en serais pas là.

Aujourd’hui, je suis responsable de mes actes. Avoir mon kot, ça m’a rendu plus mature.

AuteurE : Melissa, 16 ans

Cet article a été réalisé lors d’un atelier Scan-R AU SAS DE VERVIERs.

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Entreprendre, du ridicule à l’évidence

Entreprendre, du ridicule à l’évidence

Certaines et certains rêvent de longs voyages autour du monde, de devenir professionnel·le du jeu, d’être couvert·e d’or, de sauver le monde, de 325478 abonné·es sur Tik Tok, d’avoir une licorne ou une voiture de luxe… Le rêve d’ Odemis est tout autre : il veut innover, entreprendre, monter sa petite entreprise !

Tout homme productif n’est pas forcément épanoui mais tout homme épanoui sera productif. Pour entreprendre, il faut être clair dans sa tête. Savoir où on va, savoir ce que l’on veut. Un homme épanoui aura, toujours, la possibilité d’entreprendre autant au niveau professionnel que dans sa vie privée.

Au niveau d’entreprendre, au niveau des idées, je pense qu’il ne faut pas avoir peur : toutes les grandes idées, toute les révolutions sont toujours passées par trois grandes étapes : ridicule, dangereux, évident. Cela ne veut pas dire que chaque idée ridicule aboutit à une évidence mais que pour cela le devenir. Un exemple ? Non trois exemples !

Vers 1840, il n’existait pas de chaussure droite ou de chaussure gauche… Il était ridicule de penser autrement pour nos pieds. Pour changer cette état des choses, il fallait produire autrement et c’était dangereux puisqu’il faut serait aussi nécessaire de procéder, ce qui coûterait trop, trop cher mais aujourd’hui,… C’est évident. (1)

Lors de la naissance de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, à la révolution française, en 1789, il était ridicule de penser que les femmes auraient les mêmes droits que les hommes. Quand les hommes ont commencé à réfléchir, ils se sont dits que ce serait dangereux de leur donner ces droits … Est-ce que les femmes étaient assez intelligentes pour s’occuper d’argent, de droits, de devoirs ? Aujourd’hui, c’est une évidence presque partout, hélas, mais presque partout  tout de même. (2)


Dernier exemple, une idée révolutionnaire qui a été lourdement critiquée en son temps : le courant alternatif. Pour prouver sa dangerosité, Thomas Edison (3) est allé jusqu’à exécuter, via le courant alternatif, des animaux. Y compris une éléphante nommée Topsy, en plein New-York… Aujourd’hui, ce courant est évident.(4)

Pour conclure, mon exemple… J’ai dans l’idée de créer une marque de vêtements élégants en utilisant le plus de matériaux biodégradables. Cette idée peut paraître ridicule, sûrement que des grandes enseignes l’ont déjà fait, ridicule de vouloir se frayer une place dans cette industrie. Dangereux, car je pourrais perdre beaucoup d’argent et de temps. Mais peut-être que, dans quelque temps, le vêtement biodégradable sera une évidence pour tout le monde.

Alors n’ayons pas peur d’entreprendre quoi que ce soit ! L’erreur est la meilleure des écoles pour apprendre.

(1) Un article pour en savoir plus, le paragraphe “La révolution industrielle a complètement changé la société et les exigences en matière de chaussure” sur le site du fabricant de chaussures Sioux.

(2) En 1791, Olympes de Gouges (France, 1748-1793), considérée comme la première féministe, publiera la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne. C’est un des éléments qui, en 1793, lui coûtera la tête.

(3) Dans la Guerre des courants, article disponible sur Wikipedia, on explique que Thomas Edison (USA, 1847 – 1931) a tout fait pour ridiculiser Nikola Tesla (Croatie 1856 – USA 1943) et George Westinghouse (USA, 1846 – 1941). Le premier défendait donc le courant continu, les deux autres le courant alternatif.

(4) Ce lien pour en savoir plus sur cette sordide histoire.

 

Auteur : Odemis, Liège, 25 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R. 

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De l’isolement à la béatitude

De l’isolement à la béatitude

De l’isolement à la béatitude

Barek est heureux : une famille aimante, un travail et un lieu de vie qu’il aime. Pourtant, il s’est longtemps isolé des autres. Pour vivre heureux, je vis caché ? Comme le chantait Renaud ? Il raconte comment il s’est rendu compte que le partage et l’écoute des autres l’ont amené vers le vrai bonheur.

Je me suis isolé des autres sans m’en apercevoir. C’est arrivé progressivement, juste ce qu’il faut pour ne pas le comprendre. C’est en faisant ce texte que la pièce est tombée comme une simple évidence. Je voulais écrire sur la recherche du bonheur, et un des animateur de l’atelier m’a demandé « De quels malheurs veux-tu t’échapper, qu’est-ce qui ne te convient pas dans ta vie ? » Cela m’a profondément troublé : je parle de bonheur, et lui, à cause de la formulation « à la recherche de », il entend malheur. J’ai fait mon examen de conscience, la question était juste : une partie de moi ne reçoit pas assez de vie.

Et pourtant, je suis heureux ! Depuis toujours, je me suis écouté et j’ai agi en conséquence. Je me suis donné les moyens de réaliser mes rêves et mes envies, j’ai vécu ma jeunesse, j’ai voyagé. Je travaille actuellement avec les demandeurs d’asile, ce travail sans routine que j’adore – empli de rencontres et d’humanité – donne du sens et de l’énergie. De plus, j’aime profondément mes collègues. À la fin de chaque mois, je gagne toujours plus d’argent que je n’en dépense. L’endroit où je vis est mon paradis sur terre : du vert, de l’espace, du calme et des bons voisins. Je fais ce qui me passionne. Je suis une personne optimiste et quand quelque chose me dérange dans ce monde, j’agis à mon échelle. J’ai une famille aimante et des amis fidèles. J’ai vaincu ma dernière addiction qu’étaient les écrans. Mais alors, que me manque-t-il pour avoir un bonheur entier et incommensurable ? Plus de relations de meilleures qualités.

La connaissance de soi et mon envie de Vrai, étonnament, m’ont amené vers une phase d’isolement. Toucher intérieurement et réellement son être s’accompagne du fardeau de la lucidité car chaque instant d’authenticité qui est vécu – seul ou en groupe – pousse, la fois d’après, à ressentir la futilité des anciens moments que nous pensions supers… mais qui en fait ne sont rien. De fait, j’ai progressivement préféré rester seul plutôt que de m’ennuyer en écoutant des descriptions interminables de soirées aux émotions superficielles, de relations de faux-semblant, ou pire, de parler en ramenant tout à soi. La problématique, ce n’est pas le manque d’intelligence ou le niveau d’éducation, ce n’est pas le choix des sujets de conversation ou ce que nous faisons, non, c’est l’incapacité à se lier à nos émotions profondes, à être suffisamment honnête pour avoir mal, à avoir assez de lâcher-prise pour s’émerveiller, c’est de ne pas s’aimer assez pour aimer autre chose.

J’ai fait silence pour m’écouter et je suis arrivé dans une impasse, à l’isolement. À présent, je comprends qu’encore mieux écouter ce que les autres ont à dire peut devenir un passage vers une vie mouvante, pleine de force et de partage. N’était-il pas écrit intégralement sur le fronton de Delphes : « Connais-toi toi même et tu connaîtras le monde, connais le monde et tu te connaîtras toi-même » ? Le moment m’est venu de revenir plus fortement dans ce monde avec les autres, merci pour cette question qui marque un tournant sur mon chemin.

Pour atteindre la béatitude, nos âmes ont besoin de toutes les lumières possibles qui sont en chacun de nous. Pour sortir de l’isolement émotionnel, acceptons cette idée et baignons-nous dedans car j’ai la conviction que c’est là que se trouve le suc de la vie avec ses plaisirs simples.

Auteur : Barek, 32 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à la Maison des Jeunes de Tournai (Mazure 14) pendant un atelier Actu & philo. 

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