Sans papier, sans droit, sans dignité

Sans papier, sans droit, sans dignité

Un jour en me baladant à Louvain-la-Neuve, je rencontre T. Ressortissant tunisien, il me demande une information : il vient d’arriver en Belgique. S’en suit une discussion sur nos vies, la sienne, la mienne. “De toute façon, je n’existe pas, je n’existe plus aux yeux des personnes.” Il m’explique alors son parcours, les craintes, les difficultés qui découlent de son absence de papiers. Je comprends alors qu’un sans papier n’est plus une personne, plus vraiment. Le sans-papier est un humain qui a, souvent, tout perdu ou tout sacrifier dans l’espoir d’une vie meilleure mais c’est surtout quelqu’un à qui on retire quelque chose d’essentiel, une partie de son identité.

Une absence totale de statut.

Pour clarifier mon propos il convient, dans un premier temps, de préciser ce qu’est un sans-papier. Il s’agit d’une personne qui n’a pas, ou plus, de titre de séjour lui permettant de résider en Belgique. Le fait d’être sans-papier constitue, en tant que tel, un délit au vu du droit belge. L’article 75 de loi sur les étrangers de 1980(1), on parle de séjour illégal. Ces termes sont inacceptables dans un état respectant les droits fondamentaux, une personne ne peut être considérée comme illégale en soi.

Ce vocabulaire renvoie à un imaginaire criminel et pousse à l’amalgame. Cette criminalisation systématique et insidieux soulève des questions. Est-il acceptable de nier l’existence juridique et administrative de quelqu’un ? De traiter cette personne comme un criminel alors que son seul tort est de ne pas pouvoir accéder à un statut, celui de réfugié ?

Le terme de sans-papier est presque un oxymore (2). C’est une étiquette qu’on colle à quelqu’un, qui va définir sa place dans la société. On vous retire vos droits jusqu’au plus élémentaire, celui d’avoir des droits. En outre, les sans-papiers sont tous qualifiés de la même façon alors qu’ils représentent une mosaïque d’histoires et de parcours distincts les uns des autres, les unes des uns. Quand on est tous pareils, la richesse de leur différence n’existe plus. On estime qu’il y a en Belgique, aujourd’hui, entre 100 000 et 150 000 (3) humains inexistants d’un point de vue juridique. On tourne autour d’1% de citoyens fantômes. Alors est-il réellement légitime de refuser des droits à certains dans l’optique d’un meilleur contrôle sur les agissements d’autres personnes ? J’espère que non. En fait non, je prie même pour que ce ne soit pas le cas. Dans le cas inverse, notre justice n’aurait vraiment pas de sens… Ne pas reconnaître le droit de tous à exister représente une injustice absolue.

Une volonté politique.


Commençons par quelques chiffres. Il convient de rappeler que 84% des réfugiés sont accueillis dans des pays en voie de développement ce qui constitue en soi une injustice? Selon les chiffres d’Amnesty International, le top 10 des pays accueillant le plus de réfugiés est la Turquie, la Jordanie, le Liban, le Pakistan, l’Ouganda, l’Ethiopie, le Soudan, la République Démocratique du Congo et l’Allemagne. On peut constater assez facilement, par ce classement, que l’UE est loin d’être envahie. De ce fait, il conviendrait davantage de parler de crise de l’accueil que de crise migratoire en Europe.
 
Dans le discours politique actuel, l’argumentaire sur la question migratoire s’axe surtout une logique conséquentialiste : “Que se passera-t-il si on accueille plus ? On ne peut pas accueillir toute la misère du monde quand même,…” Régulariser les sans-papiers et mettre en place des procédures simplifiées et comportant moins de risque serait compliqué et risqué.

Le risque serait de créer un “appel d’air”, un genre de signal d’encouragement pour “les autres”. Malgré de nombreuses études sérieuses à ce sujet (4), cet argument est tenace dans l’imaginaire collectif. On veut bien d’une immigration choisie mais surtout pas d’une d’une immigration subie. Mais qu’en est-il de ceux qui fuient ? Ont-ils choisi de migrer ou subissent-ils des contraintes qui les poussent à fuir leur pays ? Il est temps de se poser la question. Au moins pour respecter les droits fondamentaux de ceux qui en ont le moins.

Dans Les origines du totalitarisme, Hannah Arendt (5) analysait notamment le concept du droit d’avoir des droits. Elle analysait dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Les constats d’enseignements qu’on peut tirer de ce livre peuvent étrangement s’appliquer aux sans-papiers. Le sans-papier, c’est presque Jean-Baptiste Clamence (6) dans La Chute coupable de tout jusqu’à sa propre existence. Être sans-papier, c’est être coupable de fuir. Si on écoute le discours politique actuel et qu’on relève tous les problèmes et complications inhérentes à la procédure de régularisation, on peut se demander si une volonté politique existe. Les procédures de régularisation peuvent durer des années entières comment ne pas y voir une volonté de décourager ? 

Être sans papier, c’est être sans dignité, sans avenir, sans présent. Être sans-papier c’est avant tout être sans. Combien de fantômes ? 100 000 ou 150 000 ? C’est beaucoup et un seul, c’est déjà de trop. Je refuse de me laisser hanter par une politique migratoire inhumaine et j’espère ne pas être le seul.

(1) “Art. 75. Sous réserve de l’article 79, l’étranger qui entre ou séjourne illégalement dans le Royaume est puni d’un emprisonnement de huit jours à trois mois et d’une amende de vingt-six francs à deux cents francs ou d’une de ces peines seulement. Est puni des mêmes peines l’étranger à qui il a été enjoint de quitter des lieux déterminés, d’en demeurer éloigné ou de résider en un lieu déterminé et qui se soustrait à cette obligation sans motif valable. En cas de récidive dans le délai de trois ans d’une des infractions prévues aux alinéas 1 et 2, ces peines sont portées à un emprisonnement d’un mois à un an et à une amende de cent francs à mille francs ou à une de ces peines seulement.”

(2) Un oxymore est une figure de style… D’autres exemples : une guerre tranquille, la jeune vieillesse, jouons sérieusement,… 

(3) Voir cet article de l’organisation caritative catholique Caritas International pour en savoir plus.

(4) Avant de devenir président du parti Défi, François De Smet était le directeur de Myria, Centre Fédéral Migration. Il s’exprime sur le trou d’air dans un article publié sur le site de l’organisation. 

(5) Hannah Arendt est née Allemande en 1906 et morte Américaine en 1975. Juive, elle fuit le nazisme en 1933. Après avoir habité en France et au Portugal, elle rejoint les États-Unis en 1941. En 1951, elle donne des conférences dans différentes universités. Philosophe, elle travaille sur les réalités de son époque. En 1951 toujours, elle publie Les Origines du totalitarisme. Dans cet ouvrage, elle place un même niveau le stalinisme et le nazisme et fonde le concept de totalitarisme. Selon elle, un système totalitaire, c’est une dynamique pour anéantir réalité et structures sociales. Pour elle, c’est un mouvement « international dans son organisation, universel dans sa visée idéologique, planétaire dans ses aspirations politiques ». Pour en savoir plus sur cet extraordinaire personne, découvrez la sélection de France Culture. Pour lire quelques passages de ce livre, cliquez sur ce lien.

(6) Jean-Baptiste Clamence est le personnage principal du livre, La Chute publié par Albert Camus (1913-1960, Français, Prix Nobel de littérature). Dans La Chute, Jean-Baptiste Clamence, ancien avocat parisien parle de sa vie et de ses bouleversements. Pendant quelques années, il a été un brillant et grand séducteur et il s’aime beaucoup… Tout allait bien jusqu’au moment où il n’apporte aucune aide à une jeune femme sur le point de se noyer. C’est le début de la chute. Il se rend tout doucement compte de ses erreurs passées, il se rend compte qu’il a été une belle ordure et il est dégoûté de lui-même. Voici une version du livre pour smartphone ou tablette.

 

Auteur : Mounji, Louvain-la-neuve, 22 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R. 

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Dans les témoignages qu’ils et elles nous confient, les filles et les gars nous expliquent qu’ils et elles ont parfois le sentiment d’être terriblement commun·es, d’avoir une vie nulle et complètement conforme… Le rêve le plus fou d’Alexandre, notre invité du jour, c’est tout le contraire… Il rêve d’être comme tout le monde. 

Sur la touche depuis toujours…

Durant toute ma scolarité, dès l’école primaire, j’ai été harcelé à l’école. J’ai aussi retourné, plus d’une fois, les instits et les profs contre moi. En cinquième primaire, cela a pris de l’ampleur. J’ai catégoriquement été mis sur le côté. J’étais un élève considéré comme trop différent. Progressivement, exclu, je suis devenu insignifiant pour les autres dans la classe. À 10 ans, sans trop savoir pourquoi, j’ai donc capté qu’il y avait les enfants normaux et les autres, dont moi. Mon école avait choisi de fermer les yeux sur ma différence et me laisser dans mon coin. Depuis lors, les interactions sociales sont devenues particulièrement pénibles et difficiles.

12 ans 

En école secondaire, les situations d’exclusion et de rejet se sont répétées. J’avais très souvent envie de m’énerver sur les autres mais je devais me contenir. J’avais très peur d’aggraver ma situation. J’étais aussi inquiet à l’idée de me faire virer de la « grande école ». Si j’ai tenu bon, c’est grâce à quelques rares professeurs qui ont cru en moi et m’ont accepté tel que j’étais. Ces rencontres, inattendues, m’ont incroyablement motivé.

MaLAde

Lorsque j’ai eu 14 ans, les médecins ont découvert que j’étais épileptique (1). Le diagnostic posé, tout est devenu plus clair pour moi. Je comprenais mieux pourquoi je présentais parfois des troubles de la mémoire, du langage et parfois de l’attention. Je ne suis pas neurologue mais j’ai bien compris que cela n’arrangerait rien à mes problèmes scolaires.  À cette époque-là, plusieurs professionnels ont aussi mis des noms à mes troubles spécifiques d’apprentissage. Je fais partie de ces personnes présentant des troubles dys, vous savez : la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, la dyspraxie, la dysgraphie ou encore la dysphasie (2). Niveau santé, je ne suis pas épargné.

Passage en technique de qualification

Malgré ces constats, mon mal-être et mes difficultés scolaires ne se sont pas arrangés. En 3ème secondaire, j’ai quitté l’enseignement général pour poursuivre ma scolarisation en techniques de qualification. Dans ce nouvel établissement, à nouveau, j’ai eu des frictions avec certains de mes professeurs. Il faut dire que mes situations scolaire et familiale étaient particulièrement compliquées. Je ne trouvais pas ma place dans l’école. J’ai toujours mené ma barque à ma manière. Je pose beaucoup de questions, j’interpelle, je questionne. Cela dérange parfois. Mais rien n’était fait pour m’aider. Ma seule issue était toujours l’exclusion… Toutefois, je n’ai jamais rien voulu lâcher. À ma grande satisfaction, je suis parti en voyage de rhéto alors que la direction de l’école a essayé de m’en dissuader. Après, à 19 ans, j’ai décroché le CESS en technique de comptabilité. J’en suis très fier.

assistant social ?

Après, je me suis lancé dans des études d’assistant social. J’ai raté ma première année pour seulement 4 cours. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Je m’étais pourtant donné à fond et les résultats de mon stage étaient très bons. Socialement, ce n’était pas forcément mieux qu’avant. À ce moment-là, j’étais dans un kot à projet pour personnes « différentes ». Pour intégrer ce logement partagé, je devais avoir montré clairement à l’équipe pédagogique que j’avais vraiment envie de m’en sortir et de réussir des études. J’étais particulièrement motivé mais les contacts avec les éducatrices n’étaient pas faciles. Mon problème est qu’il me faut toujours beaucoup de temps d’adaptation et les éducs changeaient tout le temps. On me mettait la pression et on me demandait de changer mon comportement. C’était trop pour moi surtout que je traversais une période difficile au niveau de ma santé. J’ai dû être évacué plusieurs fois de mon logement en ambulance suite à des crises d’épilepsie. Cela impressionnait tout le monde mais j’ai toujours gardé la tête froide et la motivation.

Tomber et se relever encore et encore…

Malgré tout cela, j’ai recommencé ma première année d’assistant sociale. Je l’ai réussie. La deuxième année s’est faite sans trop d’encombres jusqu’au stage de fin d’année qui a porté préjudice à ma réussite. Je comprenais tout et je connaissais bien la théorie mais « l’humain » ne suivait pas, m’a-t-on dit sur mon lieu de stage. C’est un nouvel échec. J’ai tout arrêté. Je suis entré en dépression. J’ai eu des médicaments pendant un moment. Durant cette période, j’étais seule chez mère.

Les troubles dys et l’épilepsie m’ont conduit à ma perte. Pour me reconstruire, je suis aujourd’hui contraint de me tourner vers d’autres perspectives d’avenir. C’est là que la vraie galère commence. Moi qui rêvais de devenir journaliste, je dois être réaliste, je ne le deviendrai jamais. Mais surtout, je me demande ce que je peux encore devenir maintenant que je suis reconnu en incapacité de travail à 100%. Tout le monde me dit que c’est une manière légale d’être protégé – et de bénéficier d’une allocation financière – mais moi j’y vois surtout un obstacle pour pouvoir entrer sur le marché du travail et devenir « normal ».

Je crois que trouver un travail me permettra progressivement de devenir autonome. Pourtant, je ne suis pas certain que la société veuille vraiment que je le devienne. L’AVIQ (3) vient tout juste de me reconnaître, pour les 10 prochaines années, comme une personne ayant besoin d’un service d’accompagnement spécifique car je manque d’autonomie. L’objectif à long terme est que je puisse devenir autonome. Mais sans un travail, comment puis-je le devenir ? Je ne sais pas mais. Je constate qu’on m’empêche de travailler.

Mon cerveau est littéralement compressé. Je ne suis pas bien avec ça. Je ne comprends pas ce qu’on me veut.

Bref, je suis de plus en plus exclu. J’aimerais peut-être devenir ouvrier manutentionnaire. Je n’ose même pas y rêver. Lors des entretiens d’embauche, il y a toujours quelque chose qui ne va pas chez un patron. J’essaye pourtant. J’ai envie. Tous me disent que je manque d’autonomie que pour pouvoir décrocher un job. C’est vrai, il y a des choses que je ne pourrai pas faire comme conduire à cause de l’épilepsie mais qu’on m’apprenne ce que je puisse faire alors ! Je suis motivé. Je crois que l’autonomie je peux l’acquérir par le travail.

Bénévole ou rien…

Du coup, je dois me tourner vers le bénévolat ou, en tout cas, vers des formes de travail qui ne sont reconnues légalement. Dans ces endroits-là, on veut bien de moi ! Et on ne me parle plus sans cesse de mon autonomie. Les gens voient bien que je peux l’être pour certaines activités. Pour moi, je dois l’avouer, c’est génial le service à la personne là-bas ! Et le travail en équipe, cela me plait vraiment. Pour la première fois, on me fait confiance et surtout j’ai de la reconnaissance pour le travail que j’accompli. J’ai des « mercis » après chaque action. C’est très « puissant » pour moi. J’ai trouvé des valeurs fortes comme la solidarité, l’entraide et le respect.

Mais demain…

L’avenir, il est obscur. Je ne sais pas si je vais me diriger vers de l’emploi ou de la formation… Tout ça va dépendre aussi de ma santé. Mon traitement fonctionne bien. J’ai moins de crises. C’est une bonne chose !

Maintenant, j’ai juste envie qu’on me laisse mener ma vie comme je l’entends. J’ai besoin d’avancer et d’exister.

(1) L’épilepsie est une maladie neurologique qui touche plus de 50 millions de personne dans le monde. Pendant une crise d’épilepsie, le cerveau ne fonctionne pas normalement et entraîne des convulsions, des contractions involontaires et musculaires violentes. La personne qui fait une crise d’épilepsie n’est pas consciente de ce qui se passe sur le moment. Pour en savoir plus, voyez le site de la Ligue francophone belge contre l’Epilepsie.

(2) Les troubles dys, sont des troubles des apprentissages. La dyscalculie – concerne les troubles dans les apprentissages numériques. La dysgraphie, c’est la difficulté à accomplir les gestes de l’écriture. La dyslexie concerne les troubles de la lecture. La dysorthographie concerne l’acquisition de l’expression écrite. La dysphasie est une difficulté liée à l’apprentissage du développement du langage oral. La dyspraxie concerne la capacité à exécuter des mouvements précis. Tout ceci est terriblement résumé… Pour en savoir plus sur ces troubles, voyez le site de l’APEDA – Association belge de Parents et Professionnels pour les Enfants en Difficulté d’Apprentissage.

(3) L’AVIQ est l’Agence pour une Vie de Qualité. Cette agence a été créée par le  Gouvernement wallon. Elle est responsable pour les politiques liées au Bien-être, à la  santé, au Handicap et à la Famille.

Auteur : Alexandre, Tournai, 23 ans

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Engagé parce que roux

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Toutes les mauvaises blagues, toutes les humiliations petites et grandes, il les a connues… Sa rousseur aurait pu être un fardeau, aujourd’hui, Quentin, se rend compte qu’elle a eu un impact considérable sur son parcours !

Je suis étudiant à l’Université de Louvain-La-Neuve. Du haut de mes 20 ans, je me porte plutôt bien. Entouré, accompagné d’une adorable copine, de plein de potes, de belles réussites et de petits échecs, je ne me plains pas. Ces années d’étudiant ont été riches en rencontres,  en découvertes de nouveaux projets pour moi. D’abord investi dans de nombreux comités de toutes les sortes, touchant de près ou de loin à des activités ludiques, j’ai aujourd’hui la chance de m’impliquer dans un projet entouré de nombreuses et bonnes personnes. Force est d’admettre que, entre investissement personnel et guindaille, je n’ai pas énormément eu l’occasion de penser aux raisons pour lesquelles j’en suis là. Cette volonté de participer constamment dans des projets n’émane pas, sans doute, uniquement de ma personnalité, il y a peut-être une raison plus pragmatique, plus tangible… Laquelle ? Après réflexion, je ne trouve qu’une réponse à cette question. Je suis roux.

Nous savons que l’école secondaire met fortement en doute la confiance qu’on peut avoir en nous. Entre moqueries de toutes les sortes, tapes dans les couloirs et doigts pointés,… Mieux vaut être dans la team des winners pour ne pas être trop embêté. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de prendre les choses en mains, je me suis donc investi dans un tas de projets différents, j’y ai gagné une reconnaissance de tous les autres. Quel meilleur moyen que de devenir sportif, drôle et d’organiser petits et grands événements. C’est en tout cas la réflexion que je m’étais faite… On ne taquine pas celui qui est toujours accompagné et qui est le copain du copain du copain. 

Arrivé à l’Université, j’ai poursuivi sur cette lancée… Mais, aujourd’hui, cela me mène tout de même à me poser d’avantages de questions. Est-ce réellement ce que je suis, moi qui me complaît souvent dans mes propres pensées plutôt que dans celles des autres ? N’est-ce pas une démarche un rien artificielle que de passer par des projets avec d’autres individus plutôt que d’en mener de plus personnels ? Sous question, où serais-je si je n’avais pas pris cette voie ? Peut-être que mon organisation et mes rencontres n’aurait jamais été aussi fructueuses. Il m’arrive même de me demander jusqu’où ma confiance personnelle serait tombée si je ne m’étais pas engagé comme je l’ai fait comme je le le suis toujours aujourd’hui.  

Toutes ces questions, qui resteront sans réponse, me ramènent aux faits : je suis engagé, et ce, parce que je suis roux. Et c’est précisément pour cette raison que je me suis forgé un cercle d’amis divers et variés, c’est pour cette raison que je suis impliqué, que je travaille à un futur solide, que j’ai développé une certaine assurance, une certaine confiance en moi. Face à la violence des autres, je me suis pris en main et un élan de puissance me parcoure actuellement l’échine. 

Auteur : Quentin, Louvain-La-Neuve, 20 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R. 

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Depuis que Jérôme a écrit son article, il y a eu des changements en Italie. Le gouvernement ne réunit plus l’extrême-droite de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles, parti antisystème, de Luigi Di Maio. Le partenaire a changé, l’allié c’est désormais le Parti Démocrate, un parti de centre-gauche.  

Depuis son enfance, la grand-mère de Jérôme lui transmet les us et coutumes de l’Italie où elle est née. Il trouve cela riche et passionnant… Jusqu’au jour où la grand-mère explique qu’elle est convaincue par la politique anti-immigration de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur Italien.  Comment réagir lorsque notre grand-mère, immigrée, soutient la politique anti-immigration de son pays d’origine ? Jérôme explique… 

Régulièrement, je suis invité, avec mes frères et sœurs, chez ma grand-mère italienne pour manger un délicieux repas traditionnel qu’elle nous a préparé ! Chez elle, la machine est bien rodée, et, à l’heure exacte, elle change de chaîne pour regarder le JT. Je me souviendrai toujours du 28 juin 2019 et d’un reportage en particulier. 

Ce jour-là, le journaliste expliquait que Carola Rackete, la capitaine du bateau “Sea Watch 3”, avait été arrêtée dans le port de Lampedusa, petite île du sud de l’Italie. Depuis 14 jours, elle était en mer avec 40 migrants à son bord.  Alors qu’elle n’en avait pas l’autorisation, cette jeune femme de 31 ans avait décidé de les débarquer dans ce port italien en Mer méditerranée. Cette Allemande a donc choisi de braver l’interdiction ministérielle italienne pour le bien des gens qu’elle transportait. 

Ma grand-mère me parle alors de la capitaine comme d’un pirate qui n’a aucun droit de voguer sur ces mers. Elle me dit qu’il est normal elle ait été arrêtée. Je suis étonné… Je constate par ces propos que cet acte fort suscite l’intérêt des Italiens et que, bien évidemment, le ministre de l’Intérieur du pays n’a pas attendu pour en faire un sujet de propagande auprès de son peuple en Italie et des Italiens qui vivent ailleurs dans le monde. C’est plutôt réussi car ses idées ont fait leur chemin, y compris jusque dans la tête de ma grand-mère, immigrée italienne résidant en Belgique… 

Les propos de ma grand-mère me surprennent. Le père de ma grand-mère est arrivé en Belgique, comme bien d’autres Italiens à l’époque, pour travailler à la mine. Il est venu avec sa famille. En Belgique, ma grand-mère s’est mariée avec un autre Italien, mon grand-père. L’immigration, ma grand-mère, elle sait ce que c’est. Je suis moi-même le produit de cette immigration. 

Depuis que je suis petit, ma grand-mère me parle beaucoup de l’Italie et de son village comme si elle y vivait toujours. Elle s’intéresse de très près à l’actualité italienne et va souvent dans le sens du pouvoir en place, et ce malgré les différentes mouvances populistes qui se suivent (et se ressemblent) !

Ce soir-là, après le sujet du JT, le débat fut ouvert. Je lui demande si elle trouve normal qu’il soit interdit de sauver des gens en mer ? Je la questionne pour savoir si elle aurait aimé devoir risquer sa vie pour rejoindre la Belgique ou si elle aurait trouvé ça normal que si quelqu’un l’avait aidée à rejoindre la Belgique il soit arrêté ? Je constate qu’elle ne me répond pas vraiment. Elle me dit que Matteo Salvini, le ministre italien de l’intérieur, parle bien et qu’il caresse le peuple dans le sens du poil, qu’il sait rameuter les foules. Pourtant, moi je ne vois en lui qu’un nouveau Mussolini, un fasciste !

Je lui ai alors dit que le problème, selon moi, ce n’était pas que les gens en sauvaient d’autres en mer mais bien que des autorités aient décidé qu’il serait désormais interdit de sauver les vies des migrants. Ce qui me tracasse, m’interroge aussi, c’est la question de savoir comment les informations sont traitées, en Italie, en Belgique et partout ailleurs…

Auteur : Jérôme, Charleroi, 20 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R avec le Service Citoyen

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Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
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Destiné aux jeunes
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