Engagé parce que roux

Engagé parce que roux

Toutes les mauvaises blagues, toutes les humiliations petites et grandes, il les a connues… Sa rousseur aurait pu être un fardeau, aujourd’hui, Quentin, se rend compte qu’elle a eu un impact considérable sur son parcours !

Je suis étudiant à l’Université de Louvain-La-Neuve. Du haut de mes 20 ans, je me porte plutôt bien. Entouré, accompagné d’une adorable copine, de plein de potes, de belles réussites et de petits échecs, je ne me plains pas. Ces années d’étudiant ont été riches en rencontres,  en découvertes de nouveaux projets pour moi. D’abord investi dans de nombreux comités de toutes les sortes, touchant de près ou de loin à des activités ludiques, j’ai aujourd’hui la chance de m’impliquer dans un projet entouré de nombreuses et bonnes personnes. Force est d’admettre que, entre investissement personnel et guindaille, je n’ai pas énormément eu l’occasion de penser aux raisons pour lesquelles j’en suis là. Cette volonté de participer constamment dans des projets n’émane pas, sans doute, uniquement de ma personnalité, il y a peut-être une raison plus pragmatique, plus tangible… Laquelle ? Après réflexion, je ne trouve qu’une réponse à cette question. Je suis roux.

Nous savons que l’école secondaire met fortement en doute la confiance qu’on peut avoir en nous. Entre moqueries de toutes les sortes, tapes dans les couloirs et doigts pointés,… Mieux vaut être dans la team des winners pour ne pas être trop embêté. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de prendre les choses en mains, je me suis donc investi dans un tas de projets différents, j’y ai gagné une reconnaissance de tous les autres. Quel meilleur moyen que de devenir sportif, drôle et d’organiser petits et grands événements. C’est en tout cas la réflexion que je m’étais faite… On ne taquine pas celui qui est toujours accompagné et qui est le copain du copain du copain. 

Arrivé à l’Université, j’ai poursuivi sur cette lancée… Mais, aujourd’hui, cela me mène tout de même à me poser d’avantages de questions. Est-ce réellement ce que je suis, moi qui me complaît souvent dans mes propres pensées plutôt que dans celles des autres ? N’est-ce pas une démarche un rien artificielle que de passer par des projets avec d’autres individus plutôt que d’en mener de plus personnels ? Sous question, où serais-je si je n’avais pas pris cette voie ? Peut-être que mon organisation et mes rencontres n’aurait jamais été aussi fructueuses. Il m’arrive même de me demander jusqu’où ma confiance personnelle serait tombée si je ne m’étais pas engagé comme je l’ai fait comme je le le suis toujours aujourd’hui.  

Toutes ces questions, qui resteront sans réponse, me ramènent aux faits : je suis engagé, et ce, parce que je suis roux. Et c’est précisément pour cette raison que je me suis forgé un cercle d’amis divers et variés, c’est pour cette raison que je suis impliqué, que je travaille à un futur solide, que j’ai développé une certaine assurance, une certaine confiance en moi. Face à la violence des autres, je me suis pris en main et un élan de puissance me parcoure actuellement l’échine. 

Auteur : Quentin, Louvain-La-Neuve, 20 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R. 

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Depuis que Jérôme a écrit son article, il y a eu des changements en Italie. Le gouvernement ne réunit plus l’extrême-droite de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles, parti antisystème, de Luigi Di Maio. Le partenaire a changé, l’allié c’est désormais le Parti Démocrate, un parti de centre-gauche.  

Depuis son enfance, la grand-mère de Jérôme lui transmet les us et coutumes de l’Italie où elle est née. Il trouve cela riche et passionnant… Jusqu’au jour où la grand-mère explique qu’elle est convaincue par la politique anti-immigration de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur Italien.  Comment réagir lorsque notre grand-mère, immigrée, soutient la politique anti-immigration de son pays d’origine ? Jérôme explique… 

Régulièrement, je suis invité, avec mes frères et sœurs, chez ma grand-mère italienne pour manger un délicieux repas traditionnel qu’elle nous a préparé ! Chez elle, la machine est bien rodée, et, à l’heure exacte, elle change de chaîne pour regarder le JT. Je me souviendrai toujours du 28 juin 2019 et d’un reportage en particulier. 

Ce jour-là, le journaliste expliquait que Carola Rackete, la capitaine du bateau “Sea Watch 3”, avait été arrêtée dans le port de Lampedusa, petite île du sud de l’Italie. Depuis 14 jours, elle était en mer avec 40 migrants à son bord.  Alors qu’elle n’en avait pas l’autorisation, cette jeune femme de 31 ans avait décidé de les débarquer dans ce port italien en Mer méditerranée. Cette Allemande a donc choisi de braver l’interdiction ministérielle italienne pour le bien des gens qu’elle transportait. 

Ma grand-mère me parle alors de la capitaine comme d’un pirate qui n’a aucun droit de voguer sur ces mers. Elle me dit qu’il est normal elle ait été arrêtée. Je suis étonné… Je constate par ces propos que cet acte fort suscite l’intérêt des Italiens et que, bien évidemment, le ministre de l’Intérieur du pays n’a pas attendu pour en faire un sujet de propagande auprès de son peuple en Italie et des Italiens qui vivent ailleurs dans le monde. C’est plutôt réussi car ses idées ont fait leur chemin, y compris jusque dans la tête de ma grand-mère, immigrée italienne résidant en Belgique… 

Les propos de ma grand-mère me surprennent. Le père de ma grand-mère est arrivé en Belgique, comme bien d’autres Italiens à l’époque, pour travailler à la mine. Il est venu avec sa famille. En Belgique, ma grand-mère s’est mariée avec un autre Italien, mon grand-père. L’immigration, ma grand-mère, elle sait ce que c’est. Je suis moi-même le produit de cette immigration. 

Depuis que je suis petit, ma grand-mère me parle beaucoup de l’Italie et de son village comme si elle y vivait toujours. Elle s’intéresse de très près à l’actualité italienne et va souvent dans le sens du pouvoir en place, et ce malgré les différentes mouvances populistes qui se suivent (et se ressemblent) !

Ce soir-là, après le sujet du JT, le débat fut ouvert. Je lui demande si elle trouve normal qu’il soit interdit de sauver des gens en mer ? Je la questionne pour savoir si elle aurait aimé devoir risquer sa vie pour rejoindre la Belgique ou si elle aurait trouvé ça normal que si quelqu’un l’avait aidée à rejoindre la Belgique il soit arrêté ? Je constate qu’elle ne me répond pas vraiment. Elle me dit que Matteo Salvini, le ministre italien de l’intérieur, parle bien et qu’il caresse le peuple dans le sens du poil, qu’il sait rameuter les foules. Pourtant, moi je ne vois en lui qu’un nouveau Mussolini, un fasciste !

Je lui ai alors dit que le problème, selon moi, ce n’était pas que les gens en sauvaient d’autres en mer mais bien que des autorités aient décidé qu’il serait désormais interdit de sauver les vies des migrants. Ce qui me tracasse, m’interroge aussi, c’est la question de savoir comment les informations sont traitées, en Italie, en Belgique et partout ailleurs…

Auteur : Jérôme, Charleroi, 20 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R avec le Service Citoyen

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