Le pouvoir des câlins

Le pouvoir des câlins

Maximilien est tactile… Il aime le contact des autres, les embrassades, les gâtés, les câlins. Son témoignage explique que ce n’est pas qu’un besoin, c’est aussi un besoin vital comme manger et boire.

Je ne me souviens pas de la dernière fois que j’ai pris mes amis ou ma grand-mère dans mes bras. Je ne me rendais en effet pas compte que ce serait peut-être la toute dernière fois. À l’époque, je ne m’attendais pas à un tel bousculement de mon mode de vie et je prenais le droit de faire des câlins pour acquis. Les contacts physiques font partie du passé. Je dois désormais être séparé d’1m50 de tous mes amis et ma famille. Cette distance, relativement courte, se transforme en années lumières(1)  pour la personne tactile que je suis. 

Distance

Si cette fameuse distance d’1m50 n’empêche pas le contact social au sens strict du terme, elle interdit sa dimension physique. Fini les câlins, les bisous. Pas question de prendre sa grand-mère dans les bras, de lui prendre la main ou même de l’effleurer. Je peux courir avec un ami mais je ne peux pas lui taper dans le dos pour l’encourager lorsqu’il s’essouffle. Pas de bise à une connaissance croisée dans la rue en promenant le chien. La discussion prend alors une tournure très gênante et crée des situations cocasses. Nous devons, tous les deux, nous retenir de nous faire la bise. C’est difficile de désapprendre ce que nous faisons depuis notre naissance. Le mètre et demi qui nous sépare rend la discussion, elle aussi, distante et hésitante. Et pourtant, cette distanciation physique est devenue la preuve d’amour ultime : si tu tiens vraiment à telle personne, ne l’approche pas. Mais que c’est difficile.

Toucher 

Les contacts physiques représentent pour moi une forme d’énergie. Je les vois comme un complément alimentaire, introuvable ailleurs, dans mon alimentation. Je m’en nourris. Ce compliment alimentaire s’avère particulièrement important dans les périodes plus déprimantes et les moments de solitude. Il me rappelle que je ne suis pas seul. Les contacts physiques me rassurent sur la qualité, l’importance et la sincérité de ma relation avec l’autre.

C’est la science qui le dit

De nombreuses études démontrent en effet les bienfaits des contacts physiques pour la santé physique et mentale. Plus les câlins sont forts, plus ils jouent un rôle important dans les relations personnelles et la lutte contre les maladies (2). Pour faire court, ils œuvrent à la sécrétion de diverses hormones qui génèrent autant de merveilles pour notre corps et notre esprit : réduction de l’anxiété, du stress et de la pression artérielle, renforcement du système immunitaire.

Le rôle clé des contacts physiques semble être, pour les personnes affectueuses comme moi, encore plus critique. Cela fait désormais presque deux mois que je suis confiné avec ma mère et ma sœur et la situation devient difficile. Je reçois de l’affection sous perfusion par mes deux donneuses qui commencent cependant à sérieusement s’affaiblir. Autant je peux être friand de câlins, autant ma petite sœur arrive très vite à saturation. Ce seuil de tolérance a été franchi et je m’inquiète donc pour le futur à moyen terme.

La distance des vidéoconférences 

J’ai bien essayé de rechercher plus de contact social à travers les fameux appels vidéo mais… L’un ne remplace pas l’autre. Arriver à l’appel vidéo constitue déjà, un parcours du combattant en soi. Il faut se convaincre de rester assis pendant une heure devant son ordinateur après avoir déjà travaillé ou étudié dessus toute la journée, braver les problèmes de connexion internet et prier pour que votre interlocuteur y soit arrivé également. L’appel, une fois enclenché, me comblera bien moins qu’une vraie conversation comme dans la vie d’avant. Le décalage récurrent du son et de l’image génère l’impossibilité d’entendre quoi que ce soit lorsque plusieurs personnes parlent en même temps. Le ton de la conversation n’est pas le même, plus superficiel. On a en effet peu de choses à se raconter au vu du train de vie actuel et identique de chacun. Passé quelques expériences sur Zoom, Skype, Facebook, WhatsApp, House Party et j’en passe, la plupart de mes proches semblent s’être lassés de ces appels vidéo au point d’en préférer le traditionnel appel téléphonique. Qui a dit que le vintage était dépassé ? 

S’embrasser bientôt

Mes relations se nourrissent de contacts physiques que le confinement a réduits à néant : la bise du matin, les poignées de main de première rencontre, l’embrassade en revoyant un ami pour la première fois depuis longtemps, les caresses pour réconforter un proche blessé. Imaginer un monde sans ceux-ci est très difficile voire impensable pour moi et j’espère chaque jour un peu plus qu’un vaccin viendra nous libérer de cette distanciation qui nous prend en otage. En attendant, je me contenterai d’un « check » du pied.

1. Une année lumière, c’est égal à 9 460 730 472 580,8 km et donc 9 460,730 milliards de kilomètres. Si en plus, comme pour Maximilien, il y en a plusieurs… Cela fait loin, très très loin. 2. Cet article de Santé Magazine l’affirme : Se tenir par la main, se faire des câlins ou des massages, se serrer dans les bras… tous ces gestes ont un effet certain sur l’organisme et permettent au corps de se détendre.

A écouter aussi en podcast ici

Auteur : MAXIMILIEN, 24 ANS, WATERLOO

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R  à DISTANCE

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Oumaima a 19 ans et elle est Bruxelloise. De la galère de la Covid, elle a décidé de faire autre chose : un temps pour les autres !

Pour moi, tout a commencé le 15 janvier 2020. Ce jour-là, j’ai décidé d’arrêter l’école… Pourquoi ? Tout simplement je n’aimais plus mon option. Quelques jours plus tard, je me baladais sur les réseaux sociaux, surtout Instagram, et booom, je tombe sur une annonce « Engage-toi pour un service citoyen, inscris-toi à une séance d’information à Bruxelles ».

L’histoire

Comment ne pas foncer ? Je me suis inscrite pour la séance du 27 janvier 2020. Là, à ce moment-là, j’ai rencontré la femme de ma vie… non je rigole. C’était Sophie, la responsable de promotion. Elle m’a expliqué en quoi consistait un service citoyen. J’ai pu choisir une mission dans une crèche à Schaerbeek. Pourquoi un crèche ? Parce que quand j’étais en 3ème et 4ème secondaires professionnelles service sociaux, j’avais déjà une idée du métier que j’exercerai plus tard : travailler dans une pouponnière. Malgré moi, on m’a mis des bâtons dans les roues. En résumé, j’ai été réalisé un stage en maternelle alors que je voulais aller dans une crèche. Le premier jour de mon stage s’est mal passé… Ce que je voulais, c’était des bébés, pas des enfants. Je n’étais pas du tout épanouie, j’en ai parlé à ma professeure. Elle m’a tout simplement dit qu’il fallait que je fasse autre chose, que je n’étais faite ni pour les bébés ni pour les enfants. Pensant qu’elle ne me voulait que du bien, que c’était une professionnelle qui s’y connaissait, j’ai suivi son conseil et j’ai totalement changer d’option.

Aujourd’hui

Maintenant, quelques années plus tard, me revoilà, enfin, dans une crèche pour mener ma mission ! Je suis enthousiaste à l’idée de commencer sauf que voilà, ce fichu coronavirus a pointé le bout de son nez et le gouvernement prend des mesures radicales mettant la Belgique en quarantaine. Oui, les crèches restent ouvertes mais sans bébé et 3 puéricultrices passent la journée à se regarder dans le blanc des yeux… Il n’y a rien d’autre à faire. Du coup tout s’arrête pour moi. Et voilà donc, que ma mission de rêve prend fin… Sauf que je suis assez active et que rester à la maison, c’est presque impossible pour moi. Que faire ? Bonne question ! Attendre c’est tout… jusqu’au jour où Sophie m’a proposé de devenir bénévole et de donner un coup de main dans une maison de repos qui a besoin de renforts pour l’accueil (répondre au téléphone, ouvrir aux livraisons et prendre la température des personnes,…). Bien évidemment, j’ai dit oui tout de suite ! Enfin de quoi me faire changer d’air et me rendre utile ! Pourquoi dirais-je non ? Donc maintenant je suis bénévole chaque week-end depuis le 21 mars 2020 et jusqu’à nouvel ordre. Trop chouette ! Jaloux ? Je sais !

Auteure : OUmaïma, 19 ans, Woluwé-Saint-Lambert

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Le choix de l’optimisme

Le choix de l’optimisme

Le confinement arrive, lentement, à son terme ; les dates s’enchaînent, chacune étant une étape supplémentaire vers le déconfinement, chacune agrandissant le sourire de ceux qui y étaient contraints. Le confinement n’est pas une situation aisée à vivre. Elle incite davantage à la plainte qu’à la joie. Je suis moi aussi confinée, c’est un constat sans équivoque. Cependant, je suis aussi consciente d’une chose ; l’opportunité que nous avons tous et toutes de voir dans ce confinement un moment de remise en question, de remise en place, d’acquisition de nouvelles compétences. C’est de ce point de vue-là que j’ai choisi d’analyser ce passage déconcertant.

Le contexte.

Il appartient à chacun d’entre nous, êtres singuliers d’une humanité aux pluriels variés, un monde propre, intérieur. Un monde dans lequel les seules voix qui retentissent sont celles créées par nos propres soins, celles que nos innombrables connexions neuronales décident de faire surgir d’on ne sait où. Ces voix, nous les ignorons la plupart du temps. On les délaisse au profit d’autres mondes, des mondes conçus par d’autres personnes, des mondes conçus dans le but – le plus souvent – de nous divertir, de nous « évader », de nous faire oublier le quotidien, ce quotidien si souvent réduit à cette simple et impitoyable locution : métro-boulot-dodo. Ces mondes sont bruyants, voraces en attention, chronophages et énergiquement vampirisants.

Je m’interroge

À quel moment prenons-nous le temps d’écouter notre monde interne ? Laissons-nous, parfois, ces voix surgir de notre esprit, si soigneusement barricadées au fil de nombreuses années d’efforts passés à le former, à l’assagir, à limiter les expressions de notre subconscient ? Au contraire, tentons-nous souvent de les faire taire, et pire parfois, en avons-nous peur ? Il est vrai que ces dites voix, ces expressions sans filtres de l’être de chair et de sang que nous sommes, ne sont pas des poètes menteurs, loin de là ! Elles nous disent les plus simples et pures vérités, elles n’ont jamais peur de vexer ou brusquer leur hôte ; nous ne pouvons absolument rien leur cacher ! Un dialogue avec nous-même, avec ces miroirs internes, peut se révéler utile, apaisant, voire même nécessaire à l’extinction d’un conflit interne, de ceux qui nous incendient le cœur sans aucune pitié, et le réduit, petit à petit, à une carcasse dure et froide. 

Une prison ? Non, une chance et des défis

C’est pour tout cela que j’ai choisi, de voir en ce confinement imposé, une occasion unique. Je dirais même… une chance ! J’ai pu terminer le long processus de connaissance de moi-même démarré il y a quelques années. Quelle joie de découvrir l’immense jardin qu’abrite mon esprit. Espace infini qui ne connaîtra plus aujourd’hui, je le sais,  aucune limite ! Je me suis aussi lancé le défi d’arriver à un niveau B2 en néerlandais. Parmi mes autres décisions : devenir scriptural-ambidextre (1) d’ici 3 ans, ma main gauche découvre qu’elle ne servira désormais plus de simple assistante. J’améliore ma pratique de la guitare, j’écoute le chant des oiseaux, suis mes cours en ligne – que cela est difficile de garder ma motivation intacte ! Je suis des tutos pour apprendre à danser la samba ou à danser du ventre, et je marche tous les jours une heure sur le tapis électrique de ma mère.

Lire, lire, lire

Je lis plus, beaucoup plus, dors plus, tellement plus, passe tant de temps avec ma maman, elle aussi, partiellement confinée. Et puis j’écris, de plus en plus… je pense vouloir, entre autres, devenir écrivaine. Peut-être que cela est un rêve fou, mais plus je lis, plus j’ai l’impression que ces auteurs – Virginia Woolf, Oscar Wilde, Jack London, Colette (2), pour ne citer qu’eux – je les connais, je les comprends, j’ai l’impression qu’ils me comprennent. J’ai l’impression que si j’avais pu dîner avec eux ne serait-ce qu’un soir, j’aurais vécu le plus beau des moments de ma vie. J’ai l’impression qu’ils me disent tous « lance-toi ! N’aie pas peur ! ». L’avenir me dira s’ils auraient eu raison d’y croire. À part cela, il est une autre chose que j’ai réalisée, une chose dont je prends conscience un petit peu plus chaque jour ; 24h ce n’est vraiment pas assez pour tout faire, je me sens même débordée parfois !


Les gens

En ce qui concerne les contacts sociaux, eh bien ma famille me suffit amplement ! Nous sommes 6 à vivre dans un logement pas très grand, je ne manque donc pas très souvent de contacts sociaux. Je n’ai pas beaucoup d’amis, dès lors il est plus facile pour moi de vivre correctement le confinement, les contacts téléphoniques me suffisent encore pour l’instant. Ce qui me manque par contre, ce sont mes sorties, mes tête-à-tête avec moi-même : un petit restaurant repéré quelques jours, semaines, mois auparavant lors d’une de mes pérégrinations solitaires dans Bruxelles, ou sur un site. Après le restaurant, une séance cinéma, le film ayant été soigneusement choisi quelques heures plus tôt, ou le plus souvent sur un coup de tête, durant le repas. Ce qui me manque ce sont les rencontre faites en rue, avec de beaux jeunes hommes, ces rencontres menant souvent dans un café ou nous commandons des boissons, ou nous flirtons sans certitude pour lui d’obtenir le précieux et convoité numéro de téléphone. Ce qui me manque, c’est de me balader au centre-ville, l’après-midi ou le soir – surtout en cette période de l’année, où le printemps s’est installé et nous déverse sa chaleur douce et ponctuée de coup de vent frais – voir les rues pleines de mondes, de sourires, de rires, de discussions tantôt calmes et sereines, tantôt passionnées et tumultueuse. Ce qui me manque c’est de m’asseoir sur un banc sans avoir à observer de distanciation sociale, sans avoir à poser un regard compréhensif sur cette maman qui me jette un regard inquisiteur lorsque je commets l’erreur de m’asseoir trop près de son enfant. J’aimerais retirer ce masque qui m’étouffe, m’encombre les lèvres et les narines, me gratte le haut du nez, fais glisser mes lunettes de leur piédestal, afin de sourire à cet enfant. 

Et après ?

Après cet épisode étrange et perturbant de nos vies, de l’année 2020 – d’ailleurs, ne pourrions-nous pas la recommencer l’année prochaine ? – que retiendrons-nous de tout cela ? Que déciderons-nous de garder, de célébrer, d’exhiber fièrement ? Et que déciderons-nous, ou plutôt tenterons-nous d’oublier, quels sont les sentiments, les pulsions, les peurs et craintes que nous tenterons par tous les moyens d’exorciser ? Ce sont dans ces questions que je choisis désormais de tourner mon regard.

1. Ce néologisme – faussement savant – signifie que je veux pouvoir écrire de façon fluide et sans aucune hésitation, sans aucun tremblement, avec mes deux mains.

2. Dans ses romans, l’Anglaise Virginia Woolf (1882-1941) traitait des impressions et des sentiments plutôt que d’intrigues. Oscar Wilde (1854-1900) était un homme de plume irlandais. Son oeuvre la plus célèbre, Le portrait de Dorian Gray, raconte l’histoire d’un jeune homme fasciné puis détruit par sa propre image. Jack London (1876, 1916) a publié de très nombreux romans et encore plus de nouvelles. Dans ses thèmes préférés, l’aventure, la nature. Les plus populaires de ses oeuvres ont été adaptées au cinéma. En 2015, le rappeur Nekfeu, a chanté Martin Eden, un des romans de London. Colette, (1873-1954) elle a été une des plus grandes auteur·es de France. Claudine (à découvrir ici sur les bancs de l’école) est son héroïne principale, qui lui ressemble quand même beaucoup, est éprise de liberté et se moque de ce qu’on en pense.  

Auteur : Zala, 24 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance 

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« L’un·e “fait” la fille, l’autre le mec », « Les femmes deviennent lesbiennes parce qu’elles ne plaisent pas aux hommes », « Les homos sont plus infidèles que les hétéros ». Voici quelques préjugés qu’on peut entendre sur les amours homosexuelles. Natacha, le prénom a été changé, a 16 ans et elle est fatiguée de ces préjugés, de ces comportements homophobes.

Société plus ouverte ?

Bien qu’on vive dans une société plus moderne, que le mariage pour tous soit possible depuis 2003, beaucoup sont encore fermés, mal à l’aise face à la différence, à côté d’une personne qui a une sexualité autre. On a encore beaucoup de progrès à faire.

La normalité de l’insulte

Pourtant ce sont nos différences qui deviennent souvent nos forces. Pour beaucoup de jeunes, il est encore difficile d’assumer leur sexualité, peur d’être insulté·es ou jugé·es par ses ami·es ou même ses parents… Ce qui, quand on entend les insultes que les ados se lancent, est normal : “pédé, tapette, sale gouine…” et j’en passe. Je ne comprends même pas pourquoi cela choque encore, ce n’est que de l’amour et en plus c’est personnel, intime. 

Liberté

Je pense qu’on devrait en parler plus librement et que ça ne devrait plus être un sujet tabou. Les religions ne disent pas autre chose, une relation homosexuelle, ce n’est pas naturel. C’est ce mépris qui explique que parmi les jeunes qui se suicident ou qui font une tentative de suicide, il y a entre 2 et 7 fois plus de jeunes homosexuel·les ou bisexuel·les.

Un autre regard

Si on changeait notre regard sur ce sujet, on aurait peut-être un monde meilleur, ce monde que je souhaite à nos prochaines générations. Pour l’instant je pense que notre société est surtout basée sur le regard des autres et l’importance que l’on porte à celui-ci. L’homosexualité n’est pas, pour moi, quelque chose de sale et personne ne devrait en avoir honte. On est tous différents mais tous égaux.

Auteure : Natacha, 16 ans, Frameries

Cet article a été écrit lors d’un atelier  Scan-R à distance.

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L’avenir sera à nous

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Cela fait déjà deux mois que nous sommes en confinement. Depuis son commencement, le sentiment qui me domine est la nostalgie ainsi que de légers regrets mélangés à de la culpabilité. Je m’en voulais d’avoir attendu une pandémie pour comprendre que sortir voir mes amis, aller à la danse, jouer au tennis, voir un film au cinéma, aller à l’école (je l’admets) sont des privilèges.

Je pense

À l’heure actuelle encore, mes journées se résument à manger, dormir, lire et écrire. Deux mois auparavant, on m’a annoncé que j’avais raté le concours d’entrée de l’école où je rêvais d’aller, je me souviens, j’avais le cœur brisé, un peu comme lors d’une rupture. Je culpabilisais à l’époque et maintenant, me voici prisonnière de mes pensées. Je pense tout le temps, je ne pensais qu’à ça, je pense à tout, je ne pense à rien, je pense aux phrases et actes que je regrette, je pense à mon dernier mcdo, je pense à n’importe quoi à … 2000 à l’heure.

Coupable

Je regrette tellement de ne pas avoir assez profité de mes derniers instants avec mes proches. Je m’en veux d’avoir pris les banalités du quotidien pour acquises. Aujourd’hui, ce début de déconfinement me semble presque irréel, j’ai presque du mal à y croire, il m’effraie parfois, j’ai peur que ça aille trop vite. Pourtant, je me souviendrai toujours de l’émotion dans le regard de ma grand-mère, la moitié de son visage étant couverte par son masque, lorsque je l’ai vue pour la fête des mères.

Pas complètement inutile 

Après toutes les opportunités qu’elle nous a retirées, je concède à cette pandémie, le fait qu’in fine, elle nous donne la plus belle de toutes à mes yeux, celle d’effectuer une réelle introspection, réaliser de quoi est-ce que j’ai besoin, ce que je veux vraiment ou le plus ? Comment est-ce que j’aspire à réintégrer, à nouveau, le monde réel ? Celui-ci désormais a été, à jamais, chamboulé, mais l’une des vérités qui m’a le plus frappée est qu’au bout du compte rien n’existe, rien n’est stable.

Faut le subir pour le croire

Si l’on m’avait dit, il y a 1 an, que nous allions vivre tout ce que nous avons vécu et vivons encore à l’heure actuelle, je ne l’aurais jamais cru. Cette nouvelle décennie s’annonce comme un changement plus grand que ce que l’on aurait pu imaginer, elle nous donne l’occasion de tout réécrire.

Auteure : Victoria, 16 ans, Liège

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

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