Ce que les scouts m’ont appris !

Ce que les scouts m’ont appris !

”R.”, alias Mustang, a le scoutisme dans le sang ! Cela fait une dizaine d’années que ses weekends sont peuplés de rencontres, de nature, d’amitiés. Depuis tout petit, il est dans le mouvement scout (1) et plus les années passent, plus son implication est grande !

Depuis mes six ans

Je suis un scout de la 3 ème unité de Mouscron . Depuis mes 6 ans, je suis aux scouts. Je vais vous raconter ce que les scouts m’ont appris : des choses que je n’aurais jamais pu apprendre autre part ou par moi-même. On ne nous a pas appris à faire des maths, des sciences ou une autre matière que l’on apprend à l’école. C’est une tout autre forme d’apprentissage ! On nous apprend à forger notre personnalité, ce que j’appelle le “moi intérieur”. Depuis que je suis aux scouts, je n’ai fait qu’apprendre de nouvelles choses sur la vie en général et sur moi aussi.

Apprendre

J’ai appris à faire des brelages et des nœuds (2), à allumer un feu, à coudre et bien plus. Bien sûr, ça ne me servira pas tous les jours de ma vie, mais ça m’a montré que je savais faire de belles choses avec mes mains. Je me souviendrai toujours de mon premier brelage qui était un bricolage. J’en étais vraiment fier. Même s’il était loin d’être parfait, ça m’a motivé et maintenant, je fais des brelages qui supportent toute une structure où huit personnes peuvent dormir ! Il y a aussi eu mon premier feu où j’ai eu du mal à l’allumer, mais j’ai persévéré jusqu’à réussir à allumer des feux de camp de plusieurs mètres de haut. Cela ne sert à rien dans la vie actuelle où on a des chauffages pour nous réchauffer et des cuisinières pour cuisiner, mais ça m’a montré qu’au début de chaque chose, nous sommes des débutants et que si on a envie de s’améliorer, il faut continuer et être fier de soi pour chaque petite avancée.

Se découvrir

Ensuite on m’a montré mon « moi intérieur ». Depuis tout petit, je suis assez timide et les scouts m’ont fait faire des progrès. Maintenant, je suis capable d’aller parler à des inconnus dans la rue pour leur demander des indications. Par exemple, si lors d’un hike (c’est une randonnée se déroulant lors du camp éclaireur), je n’ai plus d’eau, avant je n’aurais jamais osé aller demander de l’eau en faisant du porte-à-porte, maintenant je n’ai plus du tout peur. Les scouts m’ont aussi confirmé qu’il fallait vivre sa vie à fond, ne pas rester sur une défaite et ne jamais regretter ce qu’on a fait. J’ai participé à des évènements comme le BE.scout (3) ou encore les 24 heures vélo du Bois de la Cambre (4) qui m’ont fait remarquer qu’au plus je fais de choses, au plus j’aurai de souvenirs, au plus j’aurai une vie pleine d’expériences. Aux 24 heures vélo du Bois de la Cambre, je n’ai pas voulu dormir ou rester assis à rien faire. Je voulais rester actif parce qu’on était entourés de centaines de scouts. C’était une chance de faire de nouvelles connaissances. Les chefs nous ont motivés à donner le meilleur de nous-mêmes au vélo et aussi de profiter de tout ce que proposait l’évènement ce weekend-là.

Les badges

Aux éclaireurs et aux pionniers, j’ai appris à mettre en place des projets, mais aussi à les tenir et à tout faire pour qu’ils se concrétisent ! Lors de ma deuxième année aux éclaireurs, j’ai dû mettre en place des animations pour remporter des badges. Les badges, ce sont des manières de se perfectionner dans un domaine comme le badge pilote pour apprendre l’orientation, l’intendant pour réaliser un plat… Mon premier badge était le badge campeur où j’ai appris énormément de choses que j’ignorais comme la manière de tenir des outils, monter une tente… J’ai aussi construit, dans la forêt et avec trois amis, un lit de quatre mètres sur deux. On y a “dormi” et je me rappelle que cette nuit-là, on était tous les quatre extrêmement fiers de nous : on avait réussi quelque chose ensemble, sans l’aide de personne. On n’a pas beaucoup dormi cette nuit-là : nous n’avons pas su arrêter de rigoler.

La totémisation (5)

Lors de ma totémisation, j’ai aussi appris que j’étais capable de plus de choses que je ne le pensais au niveau physique, mais aussi mentalement. J’ai appris à ne pas lâcher, mais également que je devais toujours apprendre à me faire mon propre avis sur quelque chose, et à ne pas croire tout ce que l’on me dit. Lors de cette journée, on nous avait donné de faux totems et le mien, c’était fleur. Les chefs nous ont dit que la moitié d’entre nous avait le bon totem. On avait tous très peur d’avoir un totem qui ne nous allait pas. Heureusement, ce n’était pas vrai et aujourd’hui, on m’appelle Mustang.

Scoutisme et Covid

En cette période de Covid-19, nous ne pouvons malheureusement pas nous voir, mais ça ne nous empêche pas de faire des réunions via d’autres moyens comme par face-cam. Nous apprenons peut-être moins, mais ça reste un de nos objectifs. On se demande, par exemple, comment on pourrait faire des défis pour apprendre aux plus jeunes à faire des nœuds ou on leur propose de passer un badge.

Transmettre

Aux scouts, on ne fait pas qu’apprendre des choses, on en apprend aussi aux autres et des autres. Chacun a eu des expériences que d’autres n’ont pas forcément vécues. Par exemple, quand je suis arrivé aux éclaireurs, les chefs de patrouilles m’ont beaucoup appris. L’année passée, c’était à mon tour d’apprendre aux premières années à couper des buches, à s’orienter grâce à une boussole et j’espère que, quand ils en seront à leur 4ème année chez les scouts, ils feront de même. C’est un peu comme le patrimoine familial de la grande famille scoute et je trouve dommage que certains disent que le scoutisme est une secte alors que je le vois plus comme une école de la vie.

La vie autrement

En conclusion, le scoutisme a été pour moi, et sera encore longtemps, une source de savoirs incomparables à d’autres. On nous montre la vie sous un nouvel angle. Les scouts nous apprennent aussi à être autonomes. Les scouts ont réussi à aborder une autre manière d’apprendre, qui n’a rien à voir avec l’école. Si un jour j’ai des enfants, je les inscrirai dès les baladins aux scouts pour qu’ils apprennent à avoir une vie remplie de joies et d’amis, mais aussi à réussir à transformer les mauvais côtés de la vie en bons souvenirs pour avancer, car comme disait Martin Luther King (6) « l’obscurité ne peut chasser l’obscurité, seule la lumière peut le faire ».

Notes de la rédaction

(1) Dans le mouvement scout, mais cela change parfois un peu, il y a un nom par tranche d’âge. Entre 6 et 8 ans, on est aux Baladins, de 8 à 12, ce sont les louveteaux pour les garçons et les lutins pour les filles, de 12 à 16, ce sont les scout·e·s, les éclaireurs ou encore les guides, de 16 à 18, ce sont les pionniers. À chaque âge, mais cela change parfois aussi selon le groupement dans lequel on se trouve, il y a des objectifs.

(2) Sans clou, sans visse, les brelages et noeuds permettent, quand ils sont bien faits, de fixer des morceaux de bois, des troncs et de réaliser des constructions absolument incroyables ! Le tout est toujours démontable et réutilisable !

(3) BE.scout est LE très grand rassemblement qui, en 2018, a réuni des milliers de baladins, louveteaux, scouts, éclaireurs, pionniers… à Louvain-La-Neuve.

(4) Depuis 1985 sont organisées les les 24 heures vélo du Bois de la Cambre. Chaque année, autour d’une thématique, elles rassemblent des milliers de scouts venus de toute la Belgique.

(5) Souvent, lors de son premier camp, le scout reçoit un totem c’est-à-dire le nom d’un animal reflétant parfois le physique, parfois le caractère d’une personne.

(6) Martin Luther King, (USA, 1928 – 1969) était un pasteur américain qui voulait, par la non-violence, faire changer la situation des Noir·e·s aux USA. Il réclamait l’égalité de tous, que chacune, que chacun puisse avoir les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes libertés. Prix Nobel de la paix en 1964, il a été assassiné. Aujourd’hui, son message demeure et inspire toujours.

Auteur : R. alias Mustang, 16 ans, Mouscron

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Scoutisme confiné

Scoutisme confiné

Pour Morgane, 19 ans, les choses sont claires … Être dans le scoutisme, c’est une expérience, tout simplement, fabuleuse. Gambader dans la ville, dans les bois avec ses ami·e·s quand le Covid frappe à nos portes, qu’on se retrouve masqué voire muselé, c’est pas évident. Morgane nous explique comme sa troupe a conjugué le tout.

Un grand jeu

Être scout·e, c’est super important mais pas que pour moi… En Belgique, 180 000 jeunes vivent cette aventure. Une aventure mais aussi une leçon de vie parce que le scoutisme c’est se développer, des valeurs, des rencontres ou comme Baden-Powell (1), fondateur du scoutisme, le concevait : un grand jeu. Malheureusement, la crise sanitaire a obligé grand nombre à arrêter leurs activités, mais le scoutisme ne s’est pas laissé faire. Le scoutisme s’est réinventé durant cette période car les jeunes en avaient besoin. C’est une bulle d’air dans le confinement où l’on a plus d’autres activités, plus l’ombre d’un contact.

Inventer, toujours

Les animateurs ont redoublé de créativité pour que l’esprit et les valeurs scout·e·s demeurent sans cesse. Nous avons gardé le contact via des jeux en ligne, des appels en vidéo, des défis lancés à chacun et encore pleins d’autres idées innovantes. Avec mon staff (2), nous avons lancé une liste de défis à réaliser à tous nos animés comme faire une danse, faire un tour de magie, raconter une blague… Il fallait en réaliser le plus et de façon la plus drôle, créative et originale possible. Le gagnant recevait une récompense durant le grand camp (3), ce qui ajouta de la compétitivité. Dès qu’un défi était réalisé il fallait nous envoyer une photo ou vidéo d’eux en train de le réaliser, par exemple faire un tour de magie (je peux vous dire qu’il y en avait plus qu’un de raté). C’était vraiment top car cela nous a permis de garder contact, d’avoir des nouvelles d’eux, de rire, de s’amuser, de garder cet esprit du scoutisme avec les jeux. Le côté compétitif a rajouté du piment dans le jeu car cela poussait les autres à faire encore plus de défis et ça a permis une activité continue. On mettait souvent la liste de défis à jour pour continuer la compétition entre nos animés. C’était une très chouette expérience et ça laisse des souvenirs via les photos et vidéos.

Positif ? Toujours !

Alors oui, être scout, guide, louveteaux, lutin, etc. pendant le confinement c’est compliqué car on ne se réunit pas dehors, dans la nature, on ne se voit pas en vrai, on ne peut plus se faire de câlin d’amitié. Mais être scout c’est aussi être positif et le virus ne nous a pas empêché de garder nos valeurs comme le partage, l’entraide, la solidarité et d’ailleurs elles se renforcent dans des situations pareilles. Malgré tout ça, on reste motivé, on garde le smile et on espère pouvoir refaire des réunions en plein air le plus vite possible.

Scout·e toujours prêt·e !

(1) Robert Baden Powell (Royaume-Uni, 1857, Kenya 1941) était un militaire anglais. En 1907, de retour en Angleterre, après avoir été sur différents fronts, il organise un premier camp qui rassemble une vingtaine de garçons issus de populations pauvres et moins pauvres, riches et moins riches. D’autres camps suivront, d’autres garçons aussi. En 1909, sa soeur Agnès lance les guides, équivalent féminin des scouts.
(2) Le staff c’est d’abord un bâton de commandement, un peu comme un sceptre royal qui confère une autorité à celui qui le porte (voir Le Sceptre d’Ottokar de Tintin). Dans le prolongement de cette idée, c’est, dans le langage scout, l’équipe qui réunit les animateurs et animatrices d’un groupe.
(3) Le grand camp : Séjour d’une dizaine de jours avec des journées à thème, grand jeu, veillée le soir, etc. Si on parle du grand camp, c’est aussi parce qu’il y en a des plus petits, des plus courts de deux ou trois jours.

Auteure : Morgane, 19 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Mes grands jours du guidisme

Mes grands jours du guidisme

En Belgique, elles et ils seraient, environ, 400 000 jeunes âgé·es de 6 à 20 ans à participer à un mouvement guide ou scout (1). Depuis 1915, en Belgique, existent aussi les Guides, le pendant féminin du mouvement. Lilou en est membre. Lors d’un atelier Scan-R, elle a décidé de nous raconter un grand moment du camp.

Réveil en douceur

Je dors dans ma tente sur pilotis (2) quand les cheffes guides viennent nous réveiller au son des casseroles. Quel réveil en douceur ! Je comprends alors que le jour que j’attends depuis mon arrivée dans ce champs est enfin là… Le hike (3) ! Je me réjouis de ces trois jours où je vais pouvoir apprendre aux plus jeunes de ma patrouille (4) comment lire une carte, comment être responsable. En plus de ça, je sais, par expérience, que le hike renforce grandement les liens entre les filles de la patrouille. Cette année, on en a bien besoin ! Mais des doutes m’envahissent très vite. Je me demande si je vais être à la hauteur de mes responsabilités et surtout, j’ai la pression parce que ma patrouille et moi voulons gagner le fameux fanion (5). Je m’empresse de faire mon sac, d’enfiler des habits confortables et mes baskets. Je m’assure de prendre la trousse de secours, au cas où une des filles se blesse. J’adore devoir penser à tout. Je me sens utile, c’est une sensation géniale.

Saut dans le vide

Une fois les sacs faits, c’est l’heure des aurevoirs. C’est parti, on attrape notre dagobert (6) et nous voilà, livrées à nous-même. On marche des heures et des heures qui passent aussi vite que des secondes étant donné qu’on s’amuse, se taquine, rigole, se livre les unes aux autres. Un bon nombre de fous rires arrive, le genre de fou rire dont on se souvient toute sa vie ! Par exemple, un jour, à un feu rouge, on a dansé le lac des cygnes. Une dame a cru qu’on faisait la manche ! Une fois l’heure du repas arrivée, c’est le moment du chifoumi (7) pour savoir qui sont les deux filles qui vont devoir aller sonner chez des habitants du village pour chauffer nos raviolis en conserve.

La grande soif

Après une bonne nuit de sommeil, c’est reparti pour un jour de marche. Sauf qu’au bout de quelques heures, la chaleur devient vraiment pesante et on ne peut pas se mettre à l’ombre. Le chemin que l’on doit emprunter se situe au milieu d’une multitude de champs. Nos gourdes sont vides, il n’y a aucune habitation autour de nous. Certaines des petites commencent à faiblir et moi aussi mais je ne montre rien car je suis la C.P. (7) C’est à moi de les motiver donc je les booste. Elles continuent à marcher malgré cette chaleur étouffante. Je commence à me sentir vraiment mal et ma tête tourne et me semble super lourde, tout mon corps me semble lourd… Après une heure de marche supplémentaire j’aperçois une maison, je n’ai jamais été aussi heureuse de voir une habitation. À ce moment-là, je me dis: “C’est bon, on va arriver au bout de ce hike, on remplit toutes les gourdes et on repart de plus belle!” Il n’y a plus de stress que quelqu’un tombe dans les pommes, l’angoisse laisse alors la place à une joie immense de pouvoir continuer et de voir les autres filles heureuses. Le dernier jour se passe sans aucun problème, mise à part cette chaleur toujours aussi pesante .

Le fameux fanion

Après 6 heures de marche, j’aperçois enfin le champs. On se regarde toutes et la fierté nous envahit car, en plus d’avoir fini notre hike et de s’être rapprochées, on est arrivée les premières, ce qui veut dire que le fanion hike nous revient ! C’est une grande fierté ! Après cette fameuse remise de fanion, je m’isole quelques instants. Je me rends compte que, pendant ces camps, on vit des moments très intenses de notre vie. Je suis triste que ce soit déjà ma dernière année aux guides mais je suis heureuse. Heureuse d’avoir pris mes responsabilités pour ma patrouille, heureuse des rencontres que j’ai pu faire et surtout heureuse d’avoir vécu tous ces moments qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire ! Ca m’a appris beaucoup de choses sur moi et sur le monde. Un camp est toujours enrichissant et même si il y a parfois des moments difficiles, on ne garde, à la fin, que le positif au final et dès qu’on part de cette prairie, on est déjà survoltées à l’idée de revivre cette expérience l’année suivante.

  • 1. Le Scoutisme est un mouvement de jeunesse inventé par le lord et militaire anglais Baden Powell (1857-1941), aujourd’hui contesté parce qu’accusé, suite à l’assassinat de Georges Floyd (1973-2020) de racisme, d’homophobie et de liens de complaisance avec le régime nazi.

    2. Pilotis, un pilotis est une cabane construite sur une série de piliers appelés pilotis. Le but de la manoeuvre est d’avoir, avec ces piliers, une surface plane pour installer les lits.

    3. Le hike est un moment de deux ou trois jours durant lesquels les guides – et les scouts – sont laissé·es en autonomie, elles et ils doivent se débrouiller pour boire, manger et dormir avant de retourner au campement.

    4. Une patrouille est composée de six à huit personnes. Les plus jeunes sont encadré·es par les plus vieux et ont à transmettre des valeurs et des compétences. Dans une patrouille, il y a un·e CP, pour chef·fe de patrouille et un SP, pour second·e de patrouille. Elles et ils sont souvent les plus âgé·es.

    5. Le fanion est un drapeau honorifique. Il attribue à celles et ceux qui l’ont obtenu de prouver certaines qualités : autonomie, débrouillardise,…

    6. Le dagobert n’a rien à voir avec le roi de la chanson ni avec le scoutisme ! À Liège, à Namur et ailleurs, c’est le mot qu’on utilise pour désigner une baguette garnie de jambon et de fromage.

    7. Chifoumi est un autre nom pour le jeu de pierre-papier-ciseaux. Chifoumi est le nom japonais du même jeu. Notons que la traduction de ce jeu, en français n’est pas pierre-papier-ciseaux mais un-deux-trois.

Auteure : Lilou, 17 ans, Liège

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