Pourquoi juger ?
Quand une situation de harcèlement survient, c’est intolérable. Aujourd’hui, c’est Lucile qui nous en parle. Elle nous invite à nous interroger sur les jugements, sur le poids qu’ils font irrémédiablement peser sur celles et ceux qui les subissent.
Aujourd’hui, je vais vous parler du jugement à l’adolescence. Vous allez me dire que c’est un sujet abordé des milliers de fois, que le harcèlement ce n’est pas bien,… On le sait et voilà. Mais les questions que je vous poserais plutôt c’est, comment se fait-il qu’on en soit arrivé là, pourquoi tant de personnes parlent de ces jugements entre adolescents ? Je répondrais à ces questions par d’autres questions comme : à votre avis, sur quels sujets les jeunes entre 12 et 18 ans se jugent ? Imaginez-vous les conséquences désastreuses que peuvent avoir ce genre de critiques sur une personne qui est déjà, dans une période difficile de sa vie ? Il y a toutes sortes de mauvaises façons et de mauvaises raisons de juger quelqu’un.
Des exemples…
À la fin du primaire, certaines personnes avaient tendance à rire lorsqu’elles me voyaient en maillot à la piscine, il est vrai que j’étais plus enveloppée qu’elles, mais est-ce vraiment une raison valable pour se moquer de quelqu’un ? D’autre part, j’ai déjà entendu des remarques sur les amis que je fréquentais car ils n’étaient pas assez ceci, trop cela. Encore une fois, pourquoi les autres devraient nous dire qui l’on doit côtoyer ou non ? Mon comportement et mes points à l’école ont déjà entraîné certaines idées, totalement fausses, de moi dans l’esprit de mes camarades de classe. Parce que je travaillais énormément pour mes cours et obtenais de beaux points, certains disaient que j’étais trop « intello » pour m’amuser, pour sortir ou pour avoir le même point de vue qu’eux.
Lorsqu’on est jugé par des personnes, qu’on ne connaît pas, qu’on a déjà vues, voire qu’on apprécie, c’est, dans tous les cas de figures, une douleur immense. On a honte, on s’en veut alors que parfois, nous n’avons rien fait. Alors, on souhaite juste que ça s’arrête, que l’histoire soit oubliée… C’est pour ça que certains ados mettent fin à leurs jours suite à du harcèlement : peut-être que déjà, ils ne se sentent déjà pas bien dans leur peau et on leur ajoute ce poids sur les épaules.
On s’attaque à tout…
Les jugements émis peuvent être fondés sur tellement de bases. C’est ce qui fait qu’ils sont très (trop selon moi) présents dans notre société et particulièrement en cette période de développement qu’est l’adolescence. On s’attaque à tout : le physique, le comportement, les habitudes, les fréquentations, la sexualité, les photos qu’on envoie, celles qu’on poste sur les réseaux sociaux, le style vestimentaire, … Je trouve cela dommage. Bien souvent, on critique sans savoir les raisons pour lesquelles la personne fait telle ou telle chose, sans connaître véritablement la cible de nos commérages, sans faire attention aux conséquences. Un simple regard méchant, insultant ou moqueur peut faire mal, un bête mot peut blesser, même une bousculade intentionnée peut en dire long.
Petit message
Alors, de ma part mais aussi de celle de plein d’autres jeunes, j’invite à ce qu’on réfléchisse à ce que chacun et chacune fait et dit. Pourquoi dire du négatif alors que l’on pourrait, au contraire, relever le positif ? Si quelqu’un est heureux, pourquoi le rendre mal dans sa peau ou triste en le rabaissant ? De mon point de vue, le système de conformité à un groupe, à une classe sociale ne devrait pas amener à de la discrimination, à des insultes ou à un rejet brutal. Soyons attentifs, il y a des différences entre ce qu’on est et ce que les autres pensent voir, entre ce que l’on paraît être et ce que les autres veulent croire.
Auteur : Lucile, 15 ans, Stoumont
Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R
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