De Belgique à l’Amazonie, mes chemins de traverse

De Belgique à l’Amazonie, mes chemins de traverse

Il n’y a pas de poésie, pas de beauté dans les autoroutes… ça file tout droit, ça va vite, on s’arrête rarement pour discuter avec quelqu’un·e d’autre que le vendeur ou la vendeuse du restoroute … Pour me rendre d’un point A à un point B, rien de tel que les bandes bitumées mais n’existe-t-il pas aussi, des petits chemins de traverse ?

Le déclic

Après avoir terminé un bachelier en langues et littératures modernes, je me suis rendu compte que ces études ne m’inspiraient absolument pas lorsque je songeais à mon avenir. Le déclic s’est fait lors de mon Erasmus à Madrid. Ce voyage m’a permis de prendre du recul par rapport à ce que je faisais en Belgique. J’ai commencé à réaliser qu’il y avait plein d’autres parcours possibles, il suffisait juste de sortir des sentiers battus. J’ai donc décidé de tout arrêter pendant un an afin de faire le point sur ma vie, sur ce qui m’inspirait réellement. Rien de mieux que les expériences de voyage pour nourrir ma décision ! J’ai longtemps hésité entre le domaine social et environnemental ; entre l’aide humanitaire et l’aide aux animaux. Malheureusement pour les humains, la balance a toujours penché pour le monde animal.

Les singes d’Amazonie

Pour autant, cela ne signifie pas que les deux domaines ne pouvaient pas être liés et complémentaires. Après cette année loin des syllabus et des examens, je me suis relancée dans un master en Sciences et Gestion de l’Environnement. Il s’agit de l’étude de l’environnement dans différents aspects de la société, tels que l’énergie, l’agriculture, la politique, le droit, les entreprises ou encore l’économie. Encore une fois, les voyages ont pris une place essentielle dans mes décisions. Avant même de m’inscrire dans ce master, mon objectif était de faire la deuxième année en Équateur afin d’étudier les primates en Amazonie, une idée née lors de mon année de voyage post-bachelier. Aussitôt dit aussitôt fait, après à peine un an en Belgique, j’étais déjà repartie en Équateur pour un échange de six mois. Cet échange de six mois s’est vite transformé en un an, puis en quinze mois : j’y suis restée pour faire mon stage et mon mémoire. Étant donné mon parcours, qui n’était ni spécialisé dans les sciences humaines ni dans les sciences exactes, je n’ai eu d’autre choix que de concilier ces deux disciplines dans mon mémoire qui traitait, sans surprise, de la conservation des primates en Amazonie (1). Ce qui était à la base une contrainte devint un atout, puisque j’ai finalement inclus les populations indigènes dans mes recherches, des acteurs incontournables pour le sort des singes en Équateur.

Retour à la case départ

Alors que j’étais au fond de la forêt Amazonienne et que j’arrivais à l’aboutissement de ce qui m’avait poussé à faire ces études, je me demandais toujours quel était le sens de ce que je faisais. Tous ces questionnements m’ont finalement ramenée en Belgique afin de faire le point sur ma vie et sur ce qui m’inspirait réellement. Ce n’est pas en regardant les offres d’emploi que j’ai trouvé la réponse. En effet, comment se rendre utile dans la protection animale en Belgique alors qu’on parle 4 langues sauf le néerlandais, et que les seules espèces en danger qu’on connaît vraiment sont les singes de la forêt amazonienne ? Après toutes ces années d’études, j’avais les langues, mais pas les bonnes ; un profil de chercheuse, alors que je voulais de la pratique; et des connaissances de la faune équatorienne, alors qu’il me fallait connaître la faune belge.

Le service citoyen

Afin d’arrêter de me poser des questions qui me donnaient mal de tête, j’ai décidé de me lancer dans un service citoyen. Une fois de plus, j’ai hésité entre une mission sociale ou environnementale, à quoi bon ? Une fois de plus, les animaux ont gagné. J’ai commencé ma mission au centre de soins pour la faune sauvage de Bruxelles et je m’y sens comme un poisson dans l’eau !

Morale de l’histoire

Même si ça ne saute pas aux yeux, il y a bien un fil rouge à tout cela ! Il faut voir la vie comme un labyrinthe ; ça part dans tous les sens mais petit à petit, on se rapproche de ce qui a du sens pour nous. On teste, on se prend un mur, on recommence, on change, on évolue, on apprend. Je sais que mes expériences zigzagantes m’ont servi et me serviront, mais pas forcément pour les raisons que j’aurais imaginées.

(1) L’Amazonie est une forêt de 6,7 millions de km2, autrement dit, elle est 218 fois plus grande que la Belgique et 10 fois plus grande que la France. Cette forêt s’étend sur huit pays d’Amérique du Sud (Brésil, Bolivie, Pérou, Colombie, Équateur, Venezuela, Guyana, Suriname et Guyane française). Cette immense forêt est encore et toujours menacée par différents projets : déforestation pour faire pousser d’autres plantes, construction de barrages,… C’est une menace pour les 34 millions qui la peuple et en particulier pour les trois millions d’amérindien·ne·s qui vivent dans 420 tribus différentes. Pour en savoir plus sur cette forêt et ceux et celles qui la défendent, on peut voir ce documentaire de Arte..

Auteure : Anne, 24 ans, Gembloux

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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J’ai seulement 18 ans

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Il n’est pas toujours facile pour ma génération de prendre conscience de ce qui se joue face à l’avenir de notre planète. Jeunes et responsables c’est ce que nous devrions tous être, et pourtant…  J’ai seulement 18 ans et je pose, et je me pose, pas mal de questions…

Ne pas se taire

Les copains jettent des trucs par terre, dans les bois, … Ailleurs que dans une poubelle… Malgré l’intention de bon nombre d’entre nous, le fait d’intervenir, concrètement et réellement quand une situation comme cela se produit, ce n’est pas toujours aisé… On peut faire des remarques à l’un ou l’autre par rapport à ce comportement mais, bien souvent, cette remarque est freinée par la peur d’être ridicule aux yeux de nos copains. Pour ma part, étant plutôt blagueur de nature j’aurais plutôt tendance à utiliser une formule humoristique plutôt que « pourrais-tu jeter ton chewing-gum à la poubelle s’il-te-plaît ».

La masse et le boss

Je suis également convaincu que l’effet de masse reste un atout si l’on veut faire évoluer les ressentis. En effet, je constate qu’au fil des années, chaque rassemblement d’adolescents comprend systématiquement un « leader ». Ce « meneur » peut, à lui seul, entraîner tout un groupe dans une spirale positive et cela sans avoir besoin de persuader qui que ce soit.  Il n’aura, de ce fait, aucun mal à faire adopter à ses proches des gestes adéquats ayant sur le long terme un effet bénéfique sur la planète.  

C’était mieux avant ?

Enfin, j’ai souvent l’impression qu’il est compliqué de se projeter dans le futur. Les adultes de demain vivent au jour le jour, uniquement dans le moment présent, sans se soucier de l’impact qu’un geste irrespectueux pourrait avoir sur notre vie future. Peut-être que les générations précédentes anticipaient plus rapidement leur parcours en se mariant ainsi qu’en ayant des enfants beaucoup plus tôt, ce qui est loin d’être notre cas… et ce qui rend malheureusement une partie de la population inconsciemment égoïste et irresponsable. « Pourquoi devrais-je me sentir concerné par l’environnement des prochaines années alors que ce qui m’importe pour le moment c’est les sorties et l’amusement ? », « Comment m’impliquer dans des démarches qui profiteront à mes enfants alors que je ne m’imagine même pas en couple ? »… toutes ces questions que je me pose et qui pourraient interpeller la plupart d’entre nous sont tout à fait naturelles et compréhensibles, mais à mon sens, elles ne doivent pas pour autant nous empêcher de penser plus loin afin que le monde de demain puisse continuer à respirer pleinement. Non, ce n’était pas mieux avant, c’était différent. J’ai déjà 18 ans et comme la plupart de mes copains, je voudrais inverser les tendances…

Auteur : William, herve, 18 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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