Média(scep)tique

Média(scep)tique

Guilherme nous le dit très clairement, il ne s’intéresse pas aux médias. Même si on peut se demander ce qu’il met exactement derrière ce mot, il nous écrit quand même qu’il ne lit pas le journal, ne regarde pas le JT et n’écoute pas la radio. Voici donc, après les échos de LauraLaura, de Clémence et de Bastien, celui d’un autre jeune Bruxellois de 22 ans.

 

Déconnecté de l’actualité

Les nouvelles abordées sont souvent sans impacts directs sur ma vie quotidienne ou du moins, je n’arrive pas à percevoir leur influence sur celle-ci. Je ne suis pas libre de choisir les articles qui me sont proposés. Certes, je peux choisir le média que je souhaite consulter mais le contenu qu’il propose ne répond pas à mes attentes concernant l’actualité. Il vise un public cible mais ce qu’il propose n’est pas propre à chacun.

Toujours des mauvaises nouvelles !

De plus, je ressens que le choix des médias se porte sur un contenu pessimiste. Ils se tournent plus vers ce qui va mal et ce qui fait du « drama » plutôt que d’être neutres dans le choix du sujet. Ils privilégient le choquant pour générer de l’audience, pour gagner plus, plutôt que de se concentrer exclusivement à transmettre des faits.

Une piste, une solution ?

Comment résoudre tout cela ? Je n’ai pas de réponse magique, mais je peux vous présenter ce qui serait, pour moi, le média idéal. Je voudrais que les infos offertes me soient propres. Elles seraient classées par thème et je choisirais celle(s) que je souhaite consulter. Il devrait être disponible sous application mobile, en format vidéo, audio et écrit. Je vois ce média idéal comme une plateforme qui regrouperait les contenus de divers médias pour obtenir un contenu neutre et véridique. Via la collecte de données anonymes des utilisateurs, il pourrait apprendre au fur et à mesure ce qui est le plus pertinent pour chacune ou chacun. Ensuite, il faudrait qu’il me confronte également à des idées que je n’approuve pas. J’estime qu’un média doit aussi avoir le rôle de m’ouvrir l’esprit. Enfin, il ne devrait exister que dans le seul but de m’informer car tout autre objectif biaiserait les infos offertes.

La forêt est-elle si épaisse ?

Je ne m’intéresse pas à l’actualité mais peut-être que je pourrais m’y intéresser. Le mécontentement face aux médias actuels va peut-être pousser les gens à se tourner vers autre chose. La démocratisation d’internet offre aujourd’hui plus que jamais la possibilité de s’exprimer et d’offrir des alternatives. Mon média idéal n’est peut-être pas si compliqué à réaliser tout compte fait.

Auteur : Guilherme, 22 ans, Auderghem

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Plaidoyer pour le jeu vidéo

Plaidoyer pour le jeu vidéo

Basile aime les jeux vidéo dans son texte, pour lui, en période de Covid, plus encore qu’en tant normal, c’est un lien avec les autres, un moyen de s’évader de la morosité ambiante.

Souvent décriés, considérés par une partie plus âgée de la population comme “abrutissants et sans intérêt”, les jeux vidéo sont un point de divergence entre les générations. En janvier 2018, l’Organisation mondiale de la santé, reconnaît même l’addiction aux jeux vidéo comme étant un trouble mental au même titre que la dépendance à la cocaïne. Il convient cependant de voir ce qu’il en est suite à l’explosion de l’industrie susnommée en période de confinement. Pour vous donner une idée, la croissance du secteur est passée de 142 à 180 % par rapport à l’année dernière.

Avant 2020

Combien de fois ai je entendu ma famille dire que les jeux vidéos m’apporteront rien, qu’ils ramollissent mon cerveau ou encore que les mondes virtuels ne valent en rien le monde réel. Cependant chaque année, de plus en plus de personnes jouent, occasionnellement ou quotidiennement, et ce malgré les avis négatifs que cela peut susciter dans leur entourage.(1)

Covid Time

Force est cependant de remarquer l’explosion qu’a subi le milieu vidéoludique au cours de l’année 2020 ; les étudiants, une partie des travailleurs, autant de personnes coincées chez elles sans pouvoir voir qui que ce soit ni aller au cinéma, au théâtre ou n’importe où ailleurs afin de se changer les idées. Je crois que le jeu vidéo a permis, durant le confinement, à une importante part de la population de tenir le coup, de maintenir le lien avec les proches tout en s’amusant avec eux. Ce qu’une simple visioconférence ne permet pas toujours. Il existe en effet une telle offre de jeux que n’importe qui y trouve son compte.

Pourquoi le jeu vidéo ?

Pendant bien des années, il a été un loisir plus ou moins bien vu par le commun des mortels. À mon sens, il sert de défouloir après une dure journée, d’échappatoire à notre monde parfois si gris et triste. En effet, si les jeux peuvent être violents (comme le sont Grand Theft Auto, Call of Duty ou le très récent Cyberpunk 2077 (2)), notre monde parsemé de guerres inutiles, de famine et de misère l’est bien plus. De plus, comme les livres, ils permettent de se vider la tête en plongeant dans un monde fictif, mais à la différence des livres ou des films, les jeux vidéos nous rendent acteurs à part entière de ce que nous voyons, chaque joueur aura sa propre version du jeu.

Jouons

Si je devais résumer, je dirais qu’il faut arrêter de diaboliser le jeu vidéo et réfléchir à tous les bienfaits qu’il peut accorder. Par exemple, j’ai perfectionné ma lecture et mes tables de multiplications par l’intermédiaire de jeux tels que la série des Lapin Malin et d’Adibou; les vétérans utilisent des jeux de guerres comme thérapie pour le stress post-traumatique. Certains jeux permettent de nous mettre face à des situations inédites ou dangereuses sans courir de risque, comme soigner des tigres dans un zoo. Et tout cela se vérifie tout particulièrement dans un monde où la technologie nous envahit de plus en plus. Il a déjà été démontré qu’un enfant (mais je vous l’affirme, cela s’applique tout autant à un adulte) apprend mieux lorsqu’il est intéressé et s’amuse. Enfin, une récente étude de l’Université d’Oxford a découvert une corrélation entre l’utilisation des jeux vidéo et le bien-être. Enfin, l’OMS elle-même a conseillé l’utilisation du jeu vidéo afin de préserver sa santé mentale en temps de confinement ; alors mon conseil : que vous soyez étudiant, travailleur, parent, enfant ou adulte, jouez, jouez avec vos amis, vos enfants, vos parents ou même seul mais laissez-vous absorber par la beauté et l’histoire des œuvres du Xème Art.

Basile, 22 ans, Bruxelles

(1) D’après cet article de la RTBF, du 5 novembre 2020, une personne sur deux joue. Cela signifie évidemment que le jeu n’est plus la primauté des jeunes … Certains jeux, notamment sur smartphone, attirent un public qui, jusque-là, n’y consacrait aucun temps, on peut notamment penser aux grands classiques des jeux de société comme le scrabble mais aussi à Candy Crush et autres titres du même genre.
(2) Dans Grand Theft Auto, (GTA), le joueur incarne un truand et doit mener toute une série de missions, souvent peu charitables, pour grimper l’échelle menant de la petite délinquance au crime très organisé. Le réalisme du jeu, par exemple au niveau de l’environnement traversé par le joueur, est le sujet de très nombreuses discussions. Call of Duty est une série d’une petite vingtaine de jeux dont le premier est sorti en 2003 et le dernier en 2020 ou le joueur incarne un soldat. Dans un univers pseudo-historique ou futuriste, il doit éliminer ses ennemis. Cyberpunk 2077 se passe dans un futur où les technologies ont pris le pouvoir et c’est au joueur de lutter contre tout cela.

Auteur : Basile, 22 ans, Bruxelles

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Une maison de jeunes … sans jeune

Une maison de jeunes … sans jeune

Voici le texte d’Ambre, animatrice de la Maison des Jeunes (MJ) de Banneux, petit village de la commune de Sprimont situé dans la province de Liège. Son texte est le premier que nous avons reçu lors de la campagne Parle nous de ta MJ.

Avant, ici, à la Maison des jeunes (MJ) de Banneux, ça bougeait d’enfer ! Des activités, des projets, de la culture, de la danse, de la musique, des voyages, des débats et j’en passe. Une belle équipe de jeunes bien présente ! À l’école des devoirs, dans l’accueil, dans les projets, dans les activités, les voyages et j’en passe encore … Tous les jours ça tournait. On s’parlait, on s’consolait, on s’écoutait, on jouait, on riait, on s’éveillait, se soutenait, se taquinait, on mangeait ensemble. Le parfait mélange d’humain et d’éveil.

Mars

Mais voilà mars. On nous annonce : « confinement ce vendredi soir … »
Tous les jeunes et les éducateurs et les éducatrices se sont retrouvé·e·s à l’accueil pour une soirée qui a des airs de fin du monde. On s’est dit à … à quand ? À on ne sait pas quand !
Paf ! En une semaine nous voici passés en MJ virtuelle, voilà le peu que nous pouvons offrir à nos jeunes. Plus d’école, plus de copain·pine·s, plus d’MJ. À défaut, un petit pansement par des ateliers virtuels, des jeux en ligne, des visios. Le petit pansement qui permet de ne pas perdre le contact mais c’est bien peu. Nos jeunes résidant dans des homes sont coincé.e.s, sans ordi, eux et elles sont encore plus seul·e·s.

Juin, septembre …

On déconfine « un peu mais pas trop », on espère, on organise le maximum de choses possibles, on peut partir en bulle ! Ah quelle chance ! Go Go Go : mer du Nord, bulles de 35, elle est pas belle la vie ? C’est reparti, quelle joie de pouvoir se dire bonjour, jouer, consoler, rire, expliquer, échanger… La vie quoi ! Puis septembre, on est content, on repart, bon avec les masques d’accord mais quand même. On réaménage toute la MJ, sens de circulation, gel hydroalcoolique, ma collègue Laurence et moi on coud, on coud des masques pour ceux et celles qui n’en ont pas. Soirée ciné, débats, soirées masquées mais soirées quand même ! Et puis voilà, on reconfine, ok un peu moins, un peu pas pareil. Projet Pologne auquel nous avons consacré des heures et des heures de préparation… : BIM ! Annulé. Projet podcast, BIM ! Postposé, pareil pour la musique, les musées, les cinés… pareil pour tout, pareil tout le temps.

Faire et refaire c’est toujours travailler …

Tu passes plus de temps à désorganiser qu’à organiser. Et go ! On repasse en visio, quoi trouver, quoi proposer pour les jeunes ? Elles et ils sont déjà scotché·e·s sur leurs écrans avec l’école à distance. Cette fois-ci c’est mieux, on a les moins de 12 ans, ouaaais ! On fait des stages, on crée mais seulement pendant les vacances scolaires, c’est peu pour un·e éduc’, c’est peu pour les jeunes. Heu… Les violences à la maison on en parle ? Les enfants enfermés, sans contacts ? À un moment, on se pose des questions ? Bon on est créatif·ve·s, on pallie, on met des petits pansements sur des grandes blessures.
On se sent impuissant, on ne comprend pas. En même temps, c’est pas évident : une file de 100 personnes devant Primark et nous, nous ne pouvons pas accueillir un·e seul·e jeune de plus de 12 ans ? Quick et Mcdo ouverts, salles de concerts fermées ? Voilà la triste réalité de 2020, la culture, le socioculturel se meurt. Mais on reste là, on organise le futur, on a espoir, en tous les cas on sera là, on n’abandonne pas ! Pour le beau métier que nous faisons mais surtout, surtout pour les jeunes.

Auteure : Ambre, Maison des Jeunes de Baneux

Cet article a été écrit lors de l’action Raconte-nous ta MJ

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Information, le poids des mots

Information, le poids des mots

Laura, elle aussi, a participé à nos ateliers autour des médias, de l’information. Aujourd’hui, elle pose une question très intéressante, est-ce qu’un mot est tellement neutre ? Est-ce que le choix des mots que font les journalistes pour faire passer une information ou l’autre ne change pas aussi le contenu de cette information ?

À mes yeux, ça va de soi : personne ne peut être totalement objectif. Je pense que, bien souvent, ce qui nous dévoile l’angle de vue auquel est soustrait un média, c’est le langage employé et la façon dont il est utilisé. Les termes choisis renferment beaucoup de données sur la direction que prendra le débat, quel public est visé, et à qui cela profite. Je pense qu’il y a un bénéficiaire derrière chaque article traité.

Pour le même fait divers, disons un vol à main armée, je peux cibler le débat en précisant ou pas : l’ âge de l’auteur, ses origines, son sexe, l’âge de la victime, l’arme employée, une partie du contexte, etc. Mais en fonction du terme que je choisirai pour définir l’auteur dudit crime, je ne ciblerai pas le même public et je ne susciterai pas le même débat.

Par exemple, les réactions ou les commentaires seront différent·e·s si je le nomme comme étant « une jeune personne » plutôt que de le qualifier  » d’un garçon de 17 ans  » ou encore « d’un lycéen »… En résumé, un ensemble d’informations véridiques peut aussi devenir en soi un mensonge lorsqu’une maigre facette des faits est exploitée. C’est pour cette raison que je trouve que l’information est avant tout à prendre avec du recul, une recherche complémentaire, lorsque c’est possible, et un libre arbitre.

Auteure : Laura, 26 ans, Huy

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Scoutisme confiné

Scoutisme confiné

Pour Morgane, 19 ans, les choses sont claires … Être dans le scoutisme, c’est une expérience, tout simplement, fabuleuse. Gambader dans la ville, dans les bois avec ses ami·e·s quand le Covid frappe à nos portes, qu’on se retrouve masqué voire muselé, c’est pas évident. Morgane nous explique comme sa troupe a conjugué le tout.

Un grand jeu

Être scout·e, c’est super important mais pas que pour moi… En Belgique, 180 000 jeunes vivent cette aventure. Une aventure mais aussi une leçon de vie parce que le scoutisme c’est se développer, des valeurs, des rencontres ou comme Baden-Powell (1), fondateur du scoutisme, le concevait : un grand jeu. Malheureusement, la crise sanitaire a obligé grand nombre à arrêter leurs activités, mais le scoutisme ne s’est pas laissé faire. Le scoutisme s’est réinventé durant cette période car les jeunes en avaient besoin. C’est une bulle d’air dans le confinement où l’on a plus d’autres activités, plus l’ombre d’un contact.

Inventer, toujours

Les animateurs ont redoublé de créativité pour que l’esprit et les valeurs scout·e·s demeurent sans cesse. Nous avons gardé le contact via des jeux en ligne, des appels en vidéo, des défis lancés à chacun et encore pleins d’autres idées innovantes. Avec mon staff (2), nous avons lancé une liste de défis à réaliser à tous nos animés comme faire une danse, faire un tour de magie, raconter une blague… Il fallait en réaliser le plus et de façon la plus drôle, créative et originale possible. Le gagnant recevait une récompense durant le grand camp (3), ce qui ajouta de la compétitivité. Dès qu’un défi était réalisé il fallait nous envoyer une photo ou vidéo d’eux en train de le réaliser, par exemple faire un tour de magie (je peux vous dire qu’il y en avait plus qu’un de raté). C’était vraiment top car cela nous a permis de garder contact, d’avoir des nouvelles d’eux, de rire, de s’amuser, de garder cet esprit du scoutisme avec les jeux. Le côté compétitif a rajouté du piment dans le jeu car cela poussait les autres à faire encore plus de défis et ça a permis une activité continue. On mettait souvent la liste de défis à jour pour continuer la compétition entre nos animés. C’était une très chouette expérience et ça laisse des souvenirs via les photos et vidéos.

Positif ? Toujours !

Alors oui, être scout, guide, louveteaux, lutin, etc. pendant le confinement c’est compliqué car on ne se réunit pas dehors, dans la nature, on ne se voit pas en vrai, on ne peut plus se faire de câlin d’amitié. Mais être scout c’est aussi être positif et le virus ne nous a pas empêché de garder nos valeurs comme le partage, l’entraide, la solidarité et d’ailleurs elles se renforcent dans des situations pareilles. Malgré tout ça, on reste motivé, on garde le smile et on espère pouvoir refaire des réunions en plein air le plus vite possible.

Scout·e toujours prêt·e !

(1) Robert Baden Powell (Royaume-Uni, 1857, Kenya 1941) était un militaire anglais. En 1907, de retour en Angleterre, après avoir été sur différents fronts, il organise un premier camp qui rassemble une vingtaine de garçons issus de populations pauvres et moins pauvres, riches et moins riches. D’autres camps suivront, d’autres garçons aussi. En 1909, sa soeur Agnès lance les guides, équivalent féminin des scouts.
(2) Le staff c’est d’abord un bâton de commandement, un peu comme un sceptre royal qui confère une autorité à celui qui le porte (voir Le Sceptre d’Ottokar de Tintin). Dans le prolongement de cette idée, c’est, dans le langage scout, l’équipe qui réunit les animateurs et animatrices d’un groupe.
(3) Le grand camp : Séjour d’une dizaine de jours avec des journées à thème, grand jeu, veillée le soir, etc. Si on parle du grand camp, c’est aussi parce qu’il y en a des plus petits, des plus courts de deux ou trois jours.

Auteure : Morgane, 19 ans, Bruxelles

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