Etre une fille en 2022

Etre une fille en 2022

Le plus grand moment de malheur de ma vie a été quand je me suis rendue compte de la vérité. Celle-ci n’est autre qu’être une fille en 2022, c’est un calvaire. J’ai souvent entendu dire qu’une femme est moins intelligente qu’un homme, que la femme doit rester dans la cuisine, que la femme ne sert qu’à faire des enfants, qu’à s’occuper du ménage, etc. Les gens sous-estiment les femmes comme si elles étaient moins que rien.

Nous les femmes devons nous battre au quotidien pour être respectées. Pour ma part, c’est un combat que je mène tous les jours. Je me bats pour que mon père m’écoute ou que mon grand-père me traite de la même façon que mon frère. Tout ce que je leur dis va dans le vent et n’est pas écouté.

Il y a aussi le harcèlement en rue. Je me suis faite sifflée plein de fois et ça, dès l’âge de mes 9 ans. Les hommes pensent que s’ils nous disent des choses du genre « T’es bonne ! », ça nous fait plaisir. Alors qu’au contraire, ça crée une sorte de phobie sociale.

A écouter aussi en podcast ici

Auteure : Anne-Gaëlle, 16 ans, Tubize

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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Corps

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Après tout, c’est quoi un corps ? Pour certaines personnes, c’est un outil de travail, pour d’autres, un moyen de locomotion. Encore d’autres vous diront que c’est la maison de leur âme. Mais pour moi, c’est synonyme de douleur.

Mon corps me fait mal, je lui fais mal et notre relation a toujours été conflictuelle. Nous nous disputons souvent, mais nous sommes d’accord sur une chose : le monde extérieur est plus toxique que notre relation.

En réalité, notre cohabitation à être difficile à cause du monde extérieur. J’aimais bien quand on jouait au foot ensemble, qu’on grimpait aux arbres. Puis, il a évolué et on m’a dit que je ne pouvais plus faire ce que j’aimais car mon corps avait choisi un autre avenir.

C’est là qu’on a commencé à ne plus s’écouter. Je le laissais dépérir car je ne voulais plus en prendre soin. Pour se venger, il me faisait souffrir en évoluant. Pendant ce temps, le reste du monde aussi s’attaquait à nous, nous montant l’un contre l’autre.

Plus les années passaient, plus je développais une haine envers mon corps. Puis un jour, il a abandonné. Ce jour m’a fait prendre conscience qu’on avait besoin l’un de l’autre, malgré nos divergences. Je ne pouvais pas vivre sans lui, et il était inutile sans moi.

Cet épisode m’a fait prendre conscience qu’on souffrait tous les deux. Même si la cohabitation est compliquée, nous formons un tout à deux. Nous avons été insultés, frappés, touchés, tout comme nous avons été câlinés, complimentés et aimés ensemble.

Je ne suis toujours pas en accord avec lui, avec ce qu’il est, ce qu’il fait mais j’ai compris que ce n’était pas sa faute. Notre relation n’est pas la plus saine et sereine, mais c’est la nôtre.

Auteur : Alex, 16 ans

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Libre de m’habiller comme je le souhaite

Libre de m’habiller comme je le souhaite

Je trouve que le code vestimentaire, surtout pour les filles, est un problème à l’école. Depuis un siècle, c’est toujours la même chose et je trouve ça ridicule et sexiste. Les garçons ont le droit de porter des shorts, mais pas les femmes. Ils ont le droit de porter des débardeurs, mais les femmes ne peuvent en porter que si les bretelles sont larges. Dans certaines écoles, le maquillage et les bijoux sont autorisés, dans d’autres pas. Dans certaines, il y a un uniforme obligatoire… Dans tous les cas, c’est une limite à notre liberté, à notre expression, à notre identité. Dans tous les cas, c’est souvent plus injuste pour les filles que pour les garçons.

Si on ne peut pas s’habiller comme on veut, c’est parce que nos jambes, nos ventres, nos épaules nu·e·s perturberaient les garçons. On apprend donc aux filles à cacher leur corps plutôt qu’autre chose… Ce sexisme n’est pas présent qu’à l’école, mais l’école pourrait, devrait, être à la base pour changer les choses. Si on apprenait aux hommes à respecter les femmes plutôt que de dire aux femmes de faire attention, les choses se passeraient mieux !
Le code vestimentaire devrait être pareil pour tout le monde, les hommes, les femmes, les personnes non-binaires. En partant de là, chacune, chacun se sentirait mieux et des problèmes qui existent ne se poseraient plus pour les personnes non-binaires. Je l’écris encore une fois, ce problème existe ailleurs qu’à l’école, mais si, dans ces murs, on pouvait déjà le régler, ce serait un premier pas. Quand j’ai été convoquée dans le bureau de la direction parce que ma tenue n’était pas adéquate, on m’a posé une question : “T’imagines ce que les garçons vont penser ?”… J’ai dit que c’était ridicule et j’ai reçu deux heures de retenue.

À côté de ça, des hommes – évidemment, je ne les mets pas tous dans le même paquet – trouvent ça normal de juger de la façon de s’habiller des femmes qui, pour la plupart, ont peur de s’habiller comme elles le souhaitent. Est-ce que je m’éloigne de mon sujet ? Pas vraiment, la discrimination commence dans un lieu où tous et toutes devraient apprendre… Qu’est-ce que je dois en penser ?

Auteure : Chloé, 17 ans, Tournai

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Scan-R a pour objectif de donner la parole à tous les individus, sans différence et discrimination, dans le but de sensibiliser et améliorer le vivre ensemble.

Un jour, je changerai mon corps. Je suis née fille, mais je suis et j’ai toujours été un garçon. Je n’aime pas ce corps. Ce n’est pas moi. Quand je me regarde dans un miroir, le corps que je vois n’est pas moi. Je dois porter et voir ce corps tous les jours de ma putain de vie. Je le déteste.

Pour me sentir mieux, j’ai acheté des vêtements de mec et en plus, je porte un binder pour m’aider à avoir le torse que j’ai toujours rêvé d’avoir. Tous les matins et tous les soirs, j’imagine sur moi le corps de mes rêves, celui qui me donnerait satisfaction en étant torse nu ou en maillot. Pas ce corps qui n’est pas le mien.

Ce corps me rappelle que nous ne pouvons pas toujours avoir le corps que nous voulons. Mais je ne perds pas espoir.

Auteur : Anonyme, 14 ans.

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R.

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Fille ? Gars ? Homme ? Femme ? Qui est Ash ? Est-ce qu’il faut lui coller une étiquette ? Est-ce qu’on doit se forcer à rentrer dans une case parce que la société, le monde l’attend, l’exige ?

Petite définition

Pour commencer, je voudrais vous proposer cette définition que j’ai trouvée sur Google : « La non-binarité est le terme générique utilisé pour désigner la catégorisation des personnes, dites non-binaires ou genderqueer, dont l’identité de genre ne s’inscrit pas dans la norme binaire, c’est-à-dire qui ne se ressentent ni strictement homme, ni strictement femme, mais entre les deux, un mélange des deux ou aucun des deux »

Je me sens pas bien

Quand je suis arrivé en secondaire, j’ai commencé à me sentir vraiment mal à l’aise avec les cours de sport. Jusqu’à il y a quelque temps, je ne comprenais pas pourquoi. Ce n’était pas le cours en lui-même (quoique le sport, ce n’est vraiment pas mon truc) mais c’était cette notion de séparation entre « les filles » et « les garçons ». Le fait qu’on nous met dans ces cases, avec certaines obligations. J’avais l’impression de ne pas être à ma place avec les filles autour de moi. Ce n’était pas pour autant que je voulais être dans le groupe des garçons, ça non. Mais le sentiment d’inconfort a persisté, il était de plus en plus fort. La société continuait à me catégoriser, à mettre une étiquette sur moi, ce que j’étais ou censé être. Une étiquette basée sur ce que j’avais entre les jambes.

Pas seul …

J’ai fini par comprendre, en entendant parler de la non-binarité, que je n’étais en réalité pas le seul à ressentir ça. J’ai aussi découvert qu’il y avait plus que « juste » la non-binarité. J’ai appris qu’il y avait des dizaines d’identités de genre, et qu’il y avait des gens qui se sentaient entre femme et homme, aucun des deux, un peu des deux ou même les deux plus le neutre (et bien plus) ! J’ai mis du temps à comprendre ma relation avec le genre, et je suis passé par beaucoup d’identités pour finalement comprendre que le terme non-binaire, à lui seul, me convenait très bien. Ma réponse aux gens qui disent que c’est un effet de mode ? C’est qu’il y a quelques milliers d’années, dans beaucoup de cultures et même si les mots n’étaient pas les mêmes, ces questions se posaient déjà. (1)

Les choses changent

Pour moi, il y a de plus en plus de personnes qui s’identifient comme non-binaires (ou toute autre identité de genre qui ne fait pas partie de la catégorie binaire) parce qu’avec les réseaux sociaux et tous les nouveaux moyens de communication, on en entend beaucoup parler. Les gens ont donc un moyen de trouver, peut-être, qui ils sont à ce niveau-là. Avec toutes ces nouvelles plateformes, on a finalement les moyens de s’exprimer et de lutter contre cette oppression et contre tout ce que la société actuelle nous impose, qui est basé sur ce qu’on avait entre les jambes au moment de notre naissance. Et personnellement, je trouve que c’est une très bonne chose.

Note de la rédaction

Quelques exemples… En Inde, depuis 4000 ans, existent les Hirjas, un troisième genre. Parmi les peuples nord-américains, on parlait de bardache, une personne qui ne se considère pas comme un être féminin ou masculin mais qui appartient à un troisième sexe. Aujourd’hui, on utilise plutôt le mot 2S pour bispiritualité. Dans certaines de ces tribus, il y a quatre genres : hommes masculins ; femmes féminines ; hommes avec tendance féminine et femmes avec tendance masculine. Pour d’autres tribus, il y en a bien plus ! Voir ce documentaire. Dernier exemple, pendant la période la Grèce Antique, qu’on situe entre – 800 et 200, Hermaphrodite était à la fois homme et femme.

Auteure : Ash, 15 ans, Verviers

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