Le retour des frontières

Le retour des frontières

Originaire d’Alsace, région de France frontalière de l’Allemagne et de la Suisse, pour Anna, la possibilité de traverser les frontières de manière quotidienne et d’avoir un mode de vie transfrontalier et hypermobile semblait acquise et parfaitement naturelle. Durant son année universitaire en Erasmus, elle a usé et abusé de cette possibilité ! En train, en bus, en covoiturage, en avion… toute l’Europe était pratiquement à portée de main sur un week-end ! Tout allait bien jusqu’à …

L’avenir ?

L’avenir, je l’imaginais déjà quelque part entre les frontières françaises, belges, luxembourgeoises, allemandes, suisses, italiennes … Je voyais un terrain de jeux, sur lequel je pourrais travailler et / ou vivre d’un côté ou de l’autre comme je l’entendais. Comme vous pouvez l’imaginer, le « grain de sable Corona » a bien chamboulé ma vie ! Fraichement diplômée de l’école d’architecture de Lille, Bruxelles me semblait l’endroit idéal pour avoir accès à des opportunités professionnelles intéressantes, tout en ayant la possibilité de garder des contacts étroits avec mon cercle d’ami·e·s de Lille, de multiplier les allers-retours même en semaine s’il le fallait. Bien avant que tout cela commence, bien loin d’imaginer que nous vivrions une crise sanitaire d’une telle ampleur, j’ai donc emménagé à Bruxelles avec mon copain.

Bruxelles

Bruxelles, la fausse bonne idée et je m’en suis mordue les doigts… D’une part, vivre cette situation angoissante coupée de mes ami·e·s et de ma famille. D’autre part, ne pas avoir la possibilité de découvrir mon nouveau lieu de vie ou de me créer un nouveau réseau de connaissances a été très difficile. Heureusement, je n’étais pas seule ! À Bruxelles, j’ai eu la chance de trouver un emploi, de le commencer en présentiel, d’y retrouver une amie d’enfance qui y faisait ses études. Mais j’avais la sensation qu’à chaque fois qu’un semblant de vie sociale se mettait en place, tout se coupait net au gré des mesures sanitaires. Je me sentais véritablement assignée à résidence.
À l’approche de la date d’anniversaire du confinement, ma situation personnelle à Bruxelles et la gestion de mes angoisses s’améliorent. Cependant, les conséquences du coronavirus, la durée de cette crise sanitaire et le peu de certitudes que nous avons vis-à-vis de ce virus laissent des traces et de sérieux doutes … Et si nous ne connaissions plus jamais une telle liberté de mouvements ? Et s’il n’était plus possible de voyager aussi facilement ? Et s’il fallait, obligatoirement, s’enraciner quelque part ? Ne choisir qu’un lieu unique où vivre et travailler ?

Tout est flou

Toutes les projections sur mon avenir et mon futur mode de vie s’effondrent. Jusque-là, mes convictions étaient intactes. Moi, l’europhile convaincue, j’en viens à douter de la pertinence de l’UE ! Alors que je doute de tout, il me semble devoir faire des choix déterminants pour mon avenir à long terme : quel lieu me correspond ? Quelle entreprise me correspond ? Qu’est-ce qui a du sens pour moi ? Qu’est-ce que j’aime faire ? Bien loin d’avoir la réponse à toutes ces questions, la crise sanitaire aura peut-être déclenché une remise en question généralisée accélérée.

Auteure : Anna, 25 ans, Schaerbeek

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Il n’y a pas de poésie, pas de beauté dans les autoroutes… ça file tout droit, ça va vite, on s’arrête rarement pour discuter avec quelqu’un·e d’autre que le vendeur ou la vendeuse du restoroute … Pour me rendre d’un point A à un point B, rien de tel que les bandes bitumées mais n’existe-t-il pas aussi, des petits chemins de traverse ?

Le déclic

Après avoir terminé un bachelier en langues et littératures modernes, je me suis rendu compte que ces études ne m’inspiraient absolument pas lorsque je songeais à mon avenir. Le déclic s’est fait lors de mon Erasmus à Madrid. Ce voyage m’a permis de prendre du recul par rapport à ce que je faisais en Belgique. J’ai commencé à réaliser qu’il y avait plein d’autres parcours possibles, il suffisait juste de sortir des sentiers battus. J’ai donc décidé de tout arrêter pendant un an afin de faire le point sur ma vie, sur ce qui m’inspirait réellement. Rien de mieux que les expériences de voyage pour nourrir ma décision ! J’ai longtemps hésité entre le domaine social et environnemental ; entre l’aide humanitaire et l’aide aux animaux. Malheureusement pour les humains, la balance a toujours penché pour le monde animal.

Les singes d’Amazonie

Pour autant, cela ne signifie pas que les deux domaines ne pouvaient pas être liés et complémentaires. Après cette année loin des syllabus et des examens, je me suis relancée dans un master en Sciences et Gestion de l’Environnement. Il s’agit de l’étude de l’environnement dans différents aspects de la société, tels que l’énergie, l’agriculture, la politique, le droit, les entreprises ou encore l’économie. Encore une fois, les voyages ont pris une place essentielle dans mes décisions. Avant même de m’inscrire dans ce master, mon objectif était de faire la deuxième année en Équateur afin d’étudier les primates en Amazonie, une idée née lors de mon année de voyage post-bachelier. Aussitôt dit aussitôt fait, après à peine un an en Belgique, j’étais déjà repartie en Équateur pour un échange de six mois. Cet échange de six mois s’est vite transformé en un an, puis en quinze mois : j’y suis restée pour faire mon stage et mon mémoire. Étant donné mon parcours, qui n’était ni spécialisé dans les sciences humaines ni dans les sciences exactes, je n’ai eu d’autre choix que de concilier ces deux disciplines dans mon mémoire qui traitait, sans surprise, de la conservation des primates en Amazonie (1). Ce qui était à la base une contrainte devint un atout, puisque j’ai finalement inclus les populations indigènes dans mes recherches, des acteurs incontournables pour le sort des singes en Équateur.

Retour à la case départ

Alors que j’étais au fond de la forêt Amazonienne et que j’arrivais à l’aboutissement de ce qui m’avait poussé à faire ces études, je me demandais toujours quel était le sens de ce que je faisais. Tous ces questionnements m’ont finalement ramenée en Belgique afin de faire le point sur ma vie et sur ce qui m’inspirait réellement. Ce n’est pas en regardant les offres d’emploi que j’ai trouvé la réponse. En effet, comment se rendre utile dans la protection animale en Belgique alors qu’on parle 4 langues sauf le néerlandais, et que les seules espèces en danger qu’on connaît vraiment sont les singes de la forêt amazonienne ? Après toutes ces années d’études, j’avais les langues, mais pas les bonnes ; un profil de chercheuse, alors que je voulais de la pratique; et des connaissances de la faune équatorienne, alors qu’il me fallait connaître la faune belge.

Le service citoyen

Afin d’arrêter de me poser des questions qui me donnaient mal de tête, j’ai décidé de me lancer dans un service citoyen. Une fois de plus, j’ai hésité entre une mission sociale ou environnementale, à quoi bon ? Une fois de plus, les animaux ont gagné. J’ai commencé ma mission au centre de soins pour la faune sauvage de Bruxelles et je m’y sens comme un poisson dans l’eau !

Morale de l’histoire

Même si ça ne saute pas aux yeux, il y a bien un fil rouge à tout cela ! Il faut voir la vie comme un labyrinthe ; ça part dans tous les sens mais petit à petit, on se rapproche de ce qui a du sens pour nous. On teste, on se prend un mur, on recommence, on change, on évolue, on apprend. Je sais que mes expériences zigzagantes m’ont servi et me serviront, mais pas forcément pour les raisons que j’aurais imaginées.

(1) L’Amazonie est une forêt de 6,7 millions de km2, autrement dit, elle est 218 fois plus grande que la Belgique et 10 fois plus grande que la France. Cette forêt s’étend sur huit pays d’Amérique du Sud (Brésil, Bolivie, Pérou, Colombie, Équateur, Venezuela, Guyana, Suriname et Guyane française). Cette immense forêt est encore et toujours menacée par différents projets : déforestation pour faire pousser d’autres plantes, construction de barrages,… C’est une menace pour les 34 millions qui la peuple et en particulier pour les trois millions d’amérindien·ne·s qui vivent dans 420 tribus différentes. Pour en savoir plus sur cette forêt et ceux et celles qui la défendent, on peut voir ce documentaire de Arte..

Auteure : Anne, 24 ans, Gembloux

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Antillais – Belge – Germanophone, je suis plusieurs

Antillais – Belge – Germanophone, je suis plusieurs

Quand on le croise dans la rue, si on manque d’imagination, on ne peut pas imaginer qu’Alexy est belge. Il est métis : moitié Antillais, moitié Belge. Son texte nous emmène vers cette contrée lointaine et d’innombrables questions.

Métis

J’ai la peau couleur caramel, des yeux noirs et des cheveux foncés. C’est étrange, alors que je ne suis encore jamais allé aux Antilles (1), j’ai l’intuition profonde que je me sens plus proche du peuple antillais que de la population belge… Mais je ne sais pas expliquer pourquoi je ressens cela au plus profond de moi. Peut-être parce que, étant belge dans la région germanophone (voir vidéo), il n’y a pas beaucoup de personnes qui me ressemblent alors qu’aux Antilles, tout le monde a la même couleur de peau que moi.

Qu’est-ce que la Communauté germanophone ?

Les Antilles

Je suis fasciné par les Antilles. Je me suis toujours posé des questions sur cette ile : “Y a-t-il beaucoup de personnes de ma famille qui y habitent ?” ou encore “Quand irai-je là-bas ?” Je ne connais vraiment rien de là-bas mais je sens qu’il y a plein de choses à découvrir. La seule chose que mon papa m’ait dite sur cette île, c’est qu’elle est petite mais une fois dessus, elle parait très grande ! Cela m’a toujours frustré de ne pas avoir beaucoup d’informations sur cet endroit. Lorsque je parle avec mes ami·e·s dans la cour et qu’on en vient à discuter de notre famille, de nos origines, je n’ai pas beaucoup de choses à dire, je ne peux que parler du côté de ma mère, c’est la partie que je connais le mieux. Du côté de mon père, je ne connais que mes grands-parents, une tante et un oncle. Je ressens beaucoup de frustration de ne rien pouvoir dire sur mes origines antillaises.

La promesse du voyage

Dans quelques années, j’irai là-bas, mon père me l’a promis. J’imagine souvent ce premier voyage, je pense aux paysages qui doivent être magnifiques, aux personnes qui sont colorées comme moi et sympathiques, comme mon père ! Je me réjouis également de découvrir l’autre partie de ma famille ! J’avoue avoir certaines questions que j’aimerais poser à mon père mais je n’ose pas comme c’est quoi la culture là-bas ?

50% d’origine inconnue

Dans la vie, je me sens parfois triste. Ma tristesse vient du fait d’avoir très peu d’information sur ma famille, de n’avoir que des images floues sur une partie de mes racines… J’arrive à le supporter. Ignorer des détails de ma vie ne fait pas de moi quelqu’un de malheureux, j’arrive à me concentrer sur le moment présent.

1. Les Antilles font partie de la France. Situées dans la mer des Caraïbes, dans l’océan Atlantique, à l’est de l’Amérique centrale, ces iles rassemblent, en 2008, un peu plus de 840 000 habitant·e·s. Parmi les iles des Antilles, on retrouve la Martinique, la Guadeloupe, les Saintes…Nombreuses sont les personnalités antillaises… On peut parler d’Aimé Césaire, homme politique et poète, du champion olympique Teddy Riner, de l’actrice Firmine Richard, du footballeur Thierry Henry.

Auteur : Alexy, 14 ans, Plombières

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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R.I.P. Erasmus 2019-2020

R.I.P. Erasmus 2019-2020

« Le plus difficile, ce sont les adieux. » C’est la phrase que ma prof de langue m’a dite lors de ma proclamation en parlant de mon année future à Amsterdam. L’année 2019-2020 sera mémorable. C’était certain.

Zuiderzeequoi?

Cinq tasses de thé dispersées dans le salon-cuisine, des matelas, coussins et couvertures sur le sol, l’ordinateur prêt à lancer un film de mauvais goût, une guitare dans les mains de l’une ou l’autre, une parfum pop-corns, biscuits et chocolat. Voilà ce qui caractérise généralement le quotidien des 24 mètres carrés qui me servent de logement dans un immeuble pour étudiant d’Amsertdam. On se croirait dans le début d’une blague : « Deux espagnoles, un norvégien, une française et une belge regardent High School Musical (1) en fredonnant sans gêne les musiques du film, qui renverse son thé en premier ? »

Après seulement quelques semaines à vivre dans cet endroit, il est devenu ma maison, mon chez moi. Le plus marrant sur ce bâtiment, rempli principalement d’étudiants internationaux, c’est qu’il se situe sur une île au nom imprononçable pour la plupart d’entre eux : Zuiderzeeweg. Imaginez une Espagnole essayer de dire ce nom ! 

« À toi de prendre la décision »

Ce qu’il faut savoir sur l’Erasmus (2), c’est que plus le temps passe, plus il est précieux et plus on le chérit. Il est aussi interdit d’imaginer la fin avant l’heure. Profiter (et étudier aussi… un peu) c’est le maître-mot ! Mon Erasmus se termine le 8 juillet. Je finis mes examens le 15 juin. Parfait ! Ça me permettra de finir cette aventure en beauté avec tout le monde. Pourtant, le 17 mars au soir, mon téléphone sonne. Ce sont mes parents. On met le film sur pause et je vais dans la salle de bain. « La Belgique passera en lockdown complet à partir de demain midi, on s’inquiète de cette situation tu sais, ça semble réellement tourner en vrai crise sanitaire ». Je parle encore quelques minutes avec eux, ils me donnent des dizaines de raisons de rentrer et terminent par un timide « Mais c’est à toi de prendre la décision au final ». Je raccroche, je reviens en souriant et relance le film. Seulement, je ne chante plus. 

Des explications

Quand le générique de fin commence, j’explique à mes amis la situation et les enjeux de rester ou de rentrer. La situation n’est évidemment pas à mon avantage. Le gouvernement belge et les institutions scolaires font pression et sont claires : si je décide de rester à l’étranger durant le confinement, c’est à mon entière responsabilité. Je me retrouve à devoir choisir entre mon envie de garder mon indépendance, rester avec mes amis et tout ce que j’ai construit depuis sept mois ici tout en étant consciente que mes proches en Belgique se feront un sang d’encre à mon sujet ou bien renoncer aux trois derniers mois d’Erasmus, choisir la sécurité en rentrant vivre chez mes parents pour ainsi rassurer mes proches.

La nuit porte conseil

On en discute longuement tous ensemble, il est tard. Je propose que chacun aille dormir, que j’y réfléchisse seule et que je prenne une décision sans être influencée par un parti ou l’autre. Tout le monde semble d’accord, on s’embrasse tous et ils rentrent chez eux, à l’autre bout du palier. Cette nuit-là, je ne dors pas. Je réfléchis, je pleure, j’en veux au monde. Je suis frustrée et démunie. Il y a la décision que je veux prendre et celle que je devrai prendre.

Lendemain

Le lendemain matin, Eric, le norvégien, entend quelqu’un frapper à sa porte. Il ouvre. Je me tiens devant lui, un sourire triste, des larmes dans les yeux, une valise pleine à craquer dans la main. Un fuck s’échappe tristement de sa bouche et il me prend dans ses bras sans rien dire de plus. C’est le dernier à qui je dois dire au revoir. À cet instant précis, je repense à ma prof et à ses paroles des mois précédents. Si le plus difficile, quand le séjour se termine comme prévu, ce sont les adieux, alors qu’en est-il de l’impact d’une fin aussi abrupte ? Je continue de me poser cette question durant tout le trajet entre Amsterdam et Liège, sans me douter que les émotions qu’elle provoque auront de l’impact sur moi encore des semaines après. Je suis convaincue que si une fin programmée fait mal, une fin imprévue est d’autant plus douloureuse. 

(1) High School Musical est une série de plusieurs comédies musicales étatsuniennes de Disney. Dans le premier film, sorti en 2006, le jeune et populaire capitaine de l’équipe de basket de l’école et une jeune scientifique, nettement plus réservée, se rencontrent en préparant un concert pour la fin de l’année au lycée East High d’Albuquerque.
(2) Créé en 1987, le programme
Erasmus permet aux étudiant·es et professeur·es d’aller étudier ou travailler dans un autre pays membres de la Communauté européenne.   

Auteure : Katy, 22 ans, Chaineux

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.

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