16 ans et placée en IPPJ

16 ans et placée en IPPJ

J’ai 16 ans, je suis placée en IPPJ. Comment j’en suis arrivée là? Je vais vous le raconter.

Tout à commencé avec mon géniteur. Ce gars est un inconnu, je ne sais même pas comment il s’appelle. Il m’a abandonné le jour de ma naissance. Pire, il s’était arrangé avec quelqu’un pour me refiler à quelqu’un d’autre.

Ma mère adoptive, elle, a toujours voulu un enfant. Elle a décide de m’adopter. En fait, je suis née au Maroc et ma mère adoptive était en Belgique. Pendant deux, trois ans, j’ai vécu au Maroc pendant que ma future mère adoptive faisait des A/R pour gérer les papiers d’adoptions. Pendant ces années-là, je vivais chez des oncles ou des tantes en attendant.

Quand j’étais petite, j’ai toujours eu du mal à m’intégrer. J’ai du très vite me débrouiller seule. En fait, personne ne s’occupait de moi, les gens qui me gardait ne le faisait que pour de l’argent.

Quand je suis arrivé en Belgique, vers 5-6 ans, j’étais super heureuse, j’ai pensé que tout allait s’arranger. Mais non, je suis arrivé dans une école où je me suis faites harcelée. Cela a duré toutes mes primaires.

En 6ème, j’ai alors appris que ma mère n’était pas ma mère. Que j’étais adoptée. Mon idole, la femme parfaite à mes yeux, ma super-héroïne, m’avait menti. Elle n’était pas ma vraie mère. Le monde s’est effondré. C’est à ce moment-là que ma vie est devenue un enfer.

J’ai commencé à fumer à 11 ans, à trainer avec des mauvaises personnes. Je volais de l’argent, je fuguais, je n’allais plus à l’école. Lorsque j’ai eu 14 ans, on m’a agressée sexuellement. Trois garçons m’ont déshabillée et j’ai subi des attouchements. Ils m’ont pris en photo et ont publié tout ça sur les réseaux sociaux. Je me suis alors fait insulter de pute, de puante, partout où j’allais.

C’est en fin de 2ème secondaire que le Service d’Aide à la Jeunesse est intervenu dans ma situation. C’est aussi à ce moment-là que j’ai appris que ma mère avait un cancer pulmonaire. J’ai été placée en centre, c’était horrible. J’ai fugué, je me suis faite renvoyée de mon école. J’avais un traitement lourd pour ma thyroïde et j’ai commencé à ne plus prendre mes médicaments, je suis tombée dans le coma. Quand je suis sortie de l’hôpital, j’avais des trous de mémoire. J’ai continué à fuguer du centre. Finalement, le SAJ a accepté que je rentre chez moi. Mais ma mère a du être hospitalisée. J’étais livrée à moi-même. J’ai commencé à inviter plein de monde chez moi. On faisait la fête, j’ai perdu le contrôle de ma propre maison. Je me suis disputée avec ma meilleure amie, on en est venu au main. Elle a porté plainte.

J’ai de nouveau été placée. J’ai de nouveau fugué. Ma mère est alors décédée une semaine après ma fugue. Elle est partie. Elle m’a laissé. On m’a alors placée en IPPJ, section fermée. Finalement, dans la section fermée, j’ai eu une belle évolution. Après 3 mois, je suis passée en section ouverte. J’essaye de m’en sortir, aujourd’hui, j’essaye de garder la confiance des adultes qui m’entourent. Ce qui me fait avancer et me lever le matin, c’est mon projet d’autonomie.

Auteure : Anonyme

CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.

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En un mot, vivre à l’hôpital, ce sont des hauts et des bas.
Pour moi, il y a des côtés positifs et des négatifs. Je pense qu’il y a cela dans tout ce qui existe. L’hôpital prend soin de toi, tu es ici pour guérir. Mais ce n’est pas parce que tu es à l’hôpital que tout s’arrange et que l’on va mieux juste en marchant droit devant. au contraire, parfois, dans ce genre de moments difficiles, tu dois reparler de choses compliquées et blessantes. On y arrive pas toujours…En même temps, cela serait trop simple : « hop, fini ».

Certaines périodes, tu as des coups de mou, des difficultés, c’est trop long…

Mais le positif dans tout cela? Le positif, c’est les personnes présentes. Elles sont là pour t’aider à comprendre ce qui se passe, à te booster dans des moments de difficultés. Je ne suis pas seule face à ma maladie.

Dans un monde idéal, dans cinq ans, je serai une femme comblée et entourée de bonnes personnes. Il vaut toujours mieux être accompagné de gens envers qui nous avons confiance et qui peuvent nous tirer vers le haut lorsqu’on en a besoin.
Une « femme comblée », pour moi, c’est l’accomplissement et la réalisation de mes rêves. Je me donnerai à fond pour que plus tard, dans ma vie, je ne parle plus d’hôpital, de maladie, mais de choses qui me tiennent à cœur.

Auteure : Charline, 12 ans, Bruxelles

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

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Résigné par résilient par Pierre, 18 ans, Barvaux-sur-Ourthe

Je ne suis pas quelqu’un de résilient. Je suis quelqu’un de résigné. J’ai vu et vécu un moment qui est resté dans ma mémoire, qui me remplit de haine, de colère et d’un impossible pardon envers la personne qui a causé cet acte.

Pour commencer, je vais vous parler de cette jeune fille remplie de joie, de bonne humeur et d’amour. Une fille avec un grand avenir. Pourtant derrière cette fille, il y avait une zone d’ombre. Un grand vide à cause d’un homme qui la harcelait et la détruisait moralement. Il lui disait qu’elle ferait mieux de se suicider, qu’elle était moche, qu’elle ne servait à rien. Elle n’en parlait jamais, jusqu’au jour où elle est passée à l’acte.

Ce jour-là, j’étais avec sa mère. On faisait les courses pour manger ensemble le soir. Sauf que, quand on est arrivé·e·s devant la porte, le sol était rouge de sang. On a ensuite vu cette fille. Un couteau dans la main, la gorge tranchée, son corps inanimé. Elle avait 13 ans et toute la vie devant elle. L’homme qui a tout causé n’a pas été jugé et jamais je ne pourrai lui pardonner cet acte immonde. À cause de lui, j’ai passé une partie de ma vie à haïr les gens. Mais ça m’a fait grandir et apprendre que la vie est un cadeau. Et qu’à tout moment, on peut nous reprendre ce cadeau. Pendant de nombreuses années, j’aurai cette boule au ventre que je dissimule. Plus jamais, je ne serai comme avant. J’ai grandi avec des choses que je n’aurais jamais dû voir.

La résilience par Amélie, 14 ans, Berchem-Sainte-Agathe

Comment arriver à trouver la résilience quand la peine d’être soi nous amène à tellement de traumas quotidiens ? C’est la question que je me pose aujourd’hui. Le moment est venu pour moi de lâcher la main de ce confort constant, bien qu’épineux. D’arrêter de prendre tous ces chemins qui ne mènent à rien, de construire mon destin. Comment trouver la résilience dans une existence assombrie ? C’est ce combat que j’ai envie de mener aujourd’hui. Peut-être que cette vie noircie m’aidera à avancer. En acceptant les épines de la vie passée. Qu’est-ce que la résilience au-delà du combat ? C’est une capacité qui s’acquiert au fil du temps. Une vertu qu’il faut amadouer avec patience.

Auteur·e·s : Pierre et Amélie

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Arriver à la résilience par Arthur, 18 ans, Bruxelles

L’énervement peut détruire toute une vie, même plusieurs ou alors, aussi dur que cela puisse être, on peut choisir de laisser ça derrière nous. C’est important pour avancer. Ce qui a été difficile pour moi, c’est de ne pas écouter ma tête, de gérer les sentiments qui me traversaient l’esprit : la haine, l’agressivité et la violence envers certaines personnes. Ce sont des sentiments et des émotions qui compliquent la résilience. Le devoir de protection, la compréhension et l’empathie envers d’autres devraient primer pour réussir à être résilients. La résilience m’est tombée dessus, je n’ai pas pris la décision de passer par ces différentes phases. C’est simplement le temps qui en a décidé ainsi. Le temps peut être bon comme mauvais, mais ici c’est lui qui m’a aidé.

Rêve ou réalité ? par Stéphanie, 16 ans, Barvaux-sur-Ourthe

J’avais 10 ans quand c’est arrivé. Un jour comme les autres, j’ai marché pour rejoindre mon arrêt de bus. Je me souviens très bien du temps : ciel bleu et vent froid. Mes bottillons laissaient passer l’air et rendaient mes chevilles rigides. Mon vieux manteau était mouillé de la veille, j’ai emprunté la vieille veste jaune moutarde de ma grand-mère. Je détestais cette veste… Elle avait une odeur qui me donnait envie de vomir.
Quand je suis montée dans le bus, il était plein de monde, j’ai pris place à côté d’un garçon endormi. Je me suis dit qu’au moins, j’aurais la paix. Durant le trajet, j’avais l’habitude de regarder le paysage et la couleur des arbres. Ce jour-là, je n’en avais pas la force, je luttais contre le sommeil. Dix minutes, c’est le temps que j’avais avant d’arriver à l’école. J’ai fermé les yeux. Et là je l’ai vue. Noire, courant à vive allure, les crins aux vents, elle donnait l’impression de voler. Cette magnifique jument courait à toute vitesse dans le même sens que le bus. Elle me semblait si proche et en même temps si loin. C’est en regardant au loin que j’ai compris pourquoi elle courait si vite. Elle a tourné la tête et j’ai compris.
Mon voisin m’a secoué le bras. Nous étions arrivés. “Désolé mais ton pied écrase mon sac.” Je ne m’en étais même pas rendu compte mais j’ai dû m’agiter car toutes mes affaires étaient tombées. Le garçon poursuit : “Ah et au fait, ça va ? Parce que tu avais l’air de faire un drôle de rêve.” Pardon lui demandais-je … “Oui oui, tu as bien entendu. Tu n’arrêtais pas de crier ce nom… Jazz.” Descendant du bus, j’ai repensé à cette scène … Tout cela m’avait l’air tellement vrai …

Bref, j’ai oublié mes écouteurs par Thomas, 18 ans, Bruxelles

Il est 16 heures. Je marche jusqu’à l’arrêt de métro pour rentrer chez moi après une journée de cours. J’ai oublié mes écouteurs chez moi. Ça me soule. Mon trajet va passer beaucoup plus lentement. Écouter de la musique, ça me fait oublier où je suis. Le temps passe tellement vite quand j’écoute de la musique. Que je sois triste, heureux ou en colère, il y aura toujours un type de musique qui correspond à mon état d’esprit. Putain ! La musique c’est un don du ciel !

En ces temps compliqués où nos libertés sont fortement restreintes, je me rends compte que le simple fait de pouvoir écouter de la musique est une chance. La musique me permet de m’échapper, de me sentir libre même enfermé dans ma petite chambre. C’est fou à quel point la musique peut changer le cours de ma journée. J’ai oublié mes écouteurs et ça me soule, ça me soule car je suis fatigué et que j’ai envie de me vider la tête. J’aurais écouté une petite musique ambiante qui m’aurait rendu la bonne humeur et le smile.
Bref… J’ai oublié mes écouteurs.

Auteur·e·s : Stéphanie, Arthur & Thomas

Ces articles ont été écrits lors d’ateliers Scan-R 

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