Ce soir, on se perd dans le métro

Ce soir, on se perd dans le métro

 

Les routes qu’on prend sont parfois des chemins difficiles, compliqués, cabossés, tortueux. Pourquoi préférer cet itinéraire ? Mystère… Ella a pris ses chemins, elle y a rencontré bien des démons. Première étape de cette longue route vers elle-même : le métro.

La porte du dealer

Ce soir on se perd dans le métro. Pas forcément parce qu’on est nuls et qu’on ne sait pas lire une affiche. On se perd plutôt parce qu’on n’a pas envie de chercher le chemin, il viendra tout seul, il vient toujours. Qu’on le perde, qu’on cherche à le fuir, on finit toujours par être là où on doit être. Et puis dans notre cas, la porte du dealer, du revendeur de drogues… on la trouve toujours.

La nuit

Mon histoire à moi est à part, c’est pour ça que je ne la raconte jamais. Très peu de personnes sont à même de comprendre sans changer le regard qu’ils me portent, alors, je danse… Du monde de la nuit, j’ai subi des violences et j’ai transgressé la seule règle : celle de ne pas se perdre soi-même en étreignant les ombres. Je n’ai jamais regretté, ce fut exquis, je pense que c’est en descendant dans les profondeurs qu’on apprend, vraiment, à se connaitre, dans toute son entièreté. Le noir avec le blanc, la douleur au milieu du bonheur. C’est grâce à ça que j’avance dans l’attente de devenir la femme dont j’avais besoin étant petite fille.

Fleur empoisonnée

J’étais seule et la drogue m’est apparue comme une fleur empoisonnée au milieu du cimetière. Je n’ai pas su résister, je n’ai pas su gérer, j’ai cueilli cette fleur et j’ai été emportée. Personne, jamais personne, putain jamais personne ne s’est senti responsable des choses qui pouvaient m’arriver et qui arriveront. J’en ai oublié certains mois de ma vie. Quand on atteint un certain seuil de douleur, l’esprit se bloque et c’est exactement ce qu’a fait le mien. Je me suis volé mes souvenirs toute seule, pour les enfermer lorsque j’ai atteint le fond des abysses.

Impossible oubli

Il y a encore tant de choses encore que j’aurais voulu oublier. J’en ai vu trop, trop jeune. J’ai grandi trop vite. J’ai gagné une force, mais je traine aussi une douleur, une colère immense et des secrets lourds à porter. Alors je m’évade, je m’échappe, je m’enfuis, me laissant de côté durant une nuit. Comme celle-ci, comme ce soir. Ce soir, je reste embaumée de cette mélancolie. Puisque je suis le calme d’un ouragan et la noirceur du soleil. C’est le noir total, il me tient là, dans ses bras. On sent la foule en effervescence. Je sens que ça monte, on est venu pour la même chose ; on attend l’extase. La pression monte, l’attente se fait longue. La musique s’est éteinte et je ressens l’étreinte du produit. Je ressens sa prise. J’aimerais qu’il me touche, que tout explose, que le son me traverse, tapant sur mon être, s’accordant aux battements de mon cœur, ne me laissant aucun répit face à mes peurs. Que le dj se surpasse, que la foule se lâche. C’est mon moment, pas de déception.

Métro

J’ai pris le métro. Je me suis déplacée pour cette ambiance noire où les gens se frôlent dans une intimité rare, qu’ils ne connaissent nulle part ailleurs. Parait que le cœur tremble à un certain degré d’extase, parait que l’esprit s’efface. Laissant place aux corps qui se tordent au gré de l’émotion. On se bouscule sur la musique, l’art d’un inconnu. Alors on danse, les heures défilent, les clopes, les verres et les substances aussi. Peu de paroles, beaucoup de regards. Peu de pensées beaucoup de sensations. On oublie le temps et pourtant, les problèmes restent.

Auteure : Ella, 17 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance

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Scan-R, dès le départ, essaye de donner la parole à tout le monde… Parmi les textes que nous recevons, certains sont trop courts pour faire l’objet d’un post sur notre site. On a donc décidé d’en rassembler plusieurs. Voici les témoignages de Bryan, Boris, Andy et Jordan.

Mon cerveau et moi par Bryan, 18 ans de Bruxelles

Aujourd’hui, je vais vous raconter mon histoire avec mon cerveau. Je suis assez différent des gens qui m’entourent. J’ai une mémoire qui retient tout et n’importe quoi. Durant toute ma scolarité, j’ai eu énormément de difficultés. À la maternelle, j’étais un enfant qui avait du mal même pour retenir une suite de chiffres. Durant les années passées à l’école, je n’avais pas de mémoire. On a fini par me mettre dans une école spécialisée. Un jour, je suis tombé malade et je n’ai plus pu travailler que, enfin, j’avais commencé à travailler ma mémoire. Aujourd’hui, les choses sont différentes, dès que je vois un mot ou un autre, je le retiens sans même le vouloir. Parfois, je vais chez un ami et on parle d’un sujet et je peux tout retenir par coeur. Depuis que je suis petit, je pense beaucoup et je parle tout seul. Les gens disent que c’est de la folie et moi, je croyais être fou. Il m’arrive aussi d’être avec des amis et qu’on me parle sans que je n’écoute rien du tout. Je parle, seul, d’un sujet qui me passe par la tête. On dit que les personnes qui sont bêtes ou pas intelligentes le seront à jamais mais pour moi, ce n’est pas vrai.

Jalousie, haine et préjugés par Boris, 21 ans de Bruxelles

Les regards et les paroles des autres me font peur. Cela me fait perdre la confiance que j’ai en moi. « Je ne te fais pas confiance car on m’a raconté des choses sur toi ». C’est la première fois que j’entends ça. La personne qui vient de me sortir cette phrase est la fille avec qui je sors… Si je ne peux pas dire que je suis amoureux, je suis bien attaché quand même. Un jour, elle entend des rumeurs. On lui dit que j’ai fait de mauvaises choses envers une fille, que je suis sorti avec plusieurs filles en même temps. Mensonges, bien sûr, mais elle décide de mettre fin à notre relation. Je n’ai pas pu m’expliquer. Je ne comprends toujours pas cette haine et cette jalousie… Jalousie, haine et préjugés me rendent triste… C’est un peu la même chose avec le football… Je suis fort au football pourtant, plusieurs personnes m’ont dit que je n’avais pas le niveau et que je ne pourrais pas aller plus loin, monter plus haut, que c’était trop pour moi. Quand la saison s’est terminée, on jouait notre dernier match et j’ai très bien joué. Tellement qu’un recruteur d’une équipe de haut niveau m’avait repéré. Pourtant, les critiques ont fusé. Ça m’a énormément blessé et je ne parviens plus à croire en moi. Les gens qui me rabaissent, parlent mal de moi, c’est quelque chose qui me touche vraiment. Je ne comprends pas pourquoi cette haine existe. Ce qui me sauve et me redonne de l’espoir, c’est qu’il y a toujours de belles personnes.

C’est avec le cœur déchiré que je vous écris ce texte par Andy, 19 ans de Châtelet

À 57 ans, ma mère a eu son troisième cancer(1). Ce fut son dernier combat contre cette maladie. C’était un cancer du poumon(2), elle s’est battue pendant deux ans, elle a dû faire quatre chimiothérapies(3). À un moment donné, elle a commencé à perdre, petit à petit, ses cheveux (4). Elle a décidé alors d’aller chez coiffeur pour se les raser. J’étais à ses côtés ce jour-là. Je me suis senti mal pour ma maman. Je lui ai pris la main, je l’ai regardée droit dans les yeux et je lui ai dit: “Ne t’en fais pas maman, je suis là pour toi”. Des larmes ont coulé sur ses joues. Durant toute la période de sa maladie, je l’ai accompagnée. Il y a eu des hauts, des bas mais elle s’est toujours battue. Un an après le début de son dernier cancer, elle est rentrée à l’hôpital. J’allais la voir tous les jours. Je lui apportais à boire, à manger. À chaque fois que je sortais de sa chambre, j’avais le cœur brisé … Je voyais, de jour en jour, son état s’empirer. Elle s’est battue chaque jour comme une grande guerrière. Aujourd’hui, je n’ai plus de maman. Le cancer a pris ma mère, elle m’a quitté à tout jamais mais son plus beau sourire reste gravé dans mon cœur.

1. Le cancer est une maladie qui survient quand les cellules qui composent le corps humain deviennent anormales et se multiplient. Elles finissent par se regrouper et former une tumeur. 2. Les poumons permettent aux humains et aux animaux de respirer. Ils distribuent dans le sang, l’air que nous inspirons. 3. Une chimiothérapie est un traitement médical lourd. Il permet d’éliminer les cellules cancéreuses de l’organisme. Ce traitement entraine aussi la perte des cheveux.

Mon joint ma souffrance par Jordan, 20 ans de Liège

Le matin, je dois fumer mon joint. C’est une addiction. Si je ne fume pas, je tremble, je ne me sens pas bien. C’est mon quotidien, c’est devenu une habitude. Il y a longtemps, j’ai commencé à fumer. J’étais naïf, je ne savais pas que ça allait changer ma vie. La drogue m’a poussé à changer de comportement et je n’en suis pas fier. Ça ne m’a rien apporté de bon, les personnes, dans la rue, me dévisagent. Je sens qu’ils me jugent. C’est très dur à vivre. Je voudrais que tout s’arrête mais je n’y arrive pas. Je consomme parce que je culpabilise, pour oublier que ça ne va pas. Je consomme des substances parce que c’est une échappatoire et ensuite je me sens sur la lune, jusqu’au lendemain où le réveil est horrible. Comme une sale gueule de bois. Je me sens obligé de reprendre, ça détruit psychologiquement. C’est un cercle vicieux. Cela fait longtemps que je fume, 4 ans que je prends de la drogue dure, en soirée. Ma mère reste disponible pour m’aider mais les liens familiaux ne sont plus ce qu’ils étaient. Je voudrais m’en sortir … Je voudrais fonder une famille.

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