La politique en Guinée, en tant que militant de parti, est un piège pour tous les jeunes, surtout si votre parti politique est dans l’opposition contre le pouvoir en place.
En 2018, mon grand-frère et moi assistions à une manifestation contre la proclamation des résultats des élections locales et communales de février. Après la publication des résultats, le constat était clair : des fraudes immenses ont été enregistrées. Tous les partis politique de l’opposition demandèrent à leurs militants de manifester.
C’est ainsi que mon frère et moi-même nous sommes retrouvés dans cette manifestions. Le 14 mars 2018. Arrivés au rond-point d’Hamdalaye, nous remarquons la présence de militaires. Ils nous ont encerclés, avant de commencer à tirer sur la foule. Nous nous sommes retrouvés à terre, en essayant de fuir. J’ai pris un coup sur mon pied, nous avons été trainés par terre sur des dizaines de mètres avant d’être embarqués par les militaires.
En prison, c’était la torture et la fièvre, à cause du coup reçu sur mon pied. Nous refusions de plaider coupable en tant que mercenaire de notre parti et d’accuser officiellement notre parti politique comme étant responsable de la tuerie le jour de la manifestation. C’était horrible pour nous. Notre santé se dégradait tellement que nous avons été transférés à l’hôpital pour recevoir des soins. C’était le moment ou jamais. Nous avons réussi à fuir et rejoindre notre village, où nous avons passés 3 mois cachés.
Un jour, après un appel de notre mère nous avertissant de l’arrivée de militaires, nous avons dû fuir une nouvelle fois. Nous avons pris la décision de quitter la Guinée pour survivre. Nous sommes allés au Mali, grâce à un oncle. Ce n’était pas la fin du cauchemar.
Le Mali, Ensuite, en Iran. Nous avons été arrêtés et emprisonnés pendant deux semaines par la police iranienne. Nous avons été ensuite abandonné dans la « brousse » où, sans savoir où nous étions, nous avons marchés pendant deux semaines avant de rejoindre la Turquie. En Turquie, nous avons été exploités et victime de racisme et de discrimination. Grâce à un grand frère africain, nous avons réussi à quitter la Turquie, par la mer, pour rejoindre la Grèce. Selon notre ami, nous y serions en sécurité.
En Grèce, nous avons suivi la procédure d’asile pour enfin recevoir un titre de séjour. Nous étions fatigués et notre santé était dans un état lamentable. Malgré tout, nous voulions nous intégrer et nous avons suivi les cours de langue grecques. Le problème en Grèce, c’est que lorsqu’on reçoit un titre de séjour, l’état nous coupe toute assistance financière ou sociale. Sans aucune aide, la vie est devenue un enfer. L’état de mon pied s’est dégradé. Depuis le coup reçu lors de la manifestation, j’ai été victime d’une infection. J’ai connu, au sein des hôpitaux grecques, l’angoisse et le racisme. C’était trop. J’ai décidé de quitter ce pays, avec mon frère. Nous avons travaillés dur dans une usine de transformation de produits de shampoing. Nous étions exploités, sous-payés. Nous avons de nouveau connu la discrimination et la honte. Nous n’en pouvions plus. Mon frère avait en plus, cette maladie incurable qu’on appelle diabète. Nous étions en difficulté pour nous procurer de l’insuline.
C’est ainsi que nous avons pris la décision de rejoindre la Belgique. Grâce à notre titre de séjour grecque, nous avons pu prendre l’avion. Nous devons recommencer notre procédure à 0 mais ici, nous recevons des soins appropriés. La santé, c’est notre priorité. Mon frère soigne son diabète et moi, je suis pris en charge par un chirurgien. Nous reprenons espoir…
Auteurs : Lamine et Aboubakar
CET ARTICLE A ÉTÉ PRODUIT LORS D’UN ATELIER SCAN-R.
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