Arrivée de Syrie, il y a sept ans, Kristiane a connu, connaît encore et toujours, quelques difficultés pour lier de nouvelles connaissances, aller vers l’autre. Est-ce que c’est elle qui a un problème ? Est-ce que c’est l’autre ? Comment s’est-elle sentie accueillie à son arrivée ?
première Rentrée scolaire en Belgique
La vie sociale n’est pas toujours facile pour les jeunes dont je suis. L’intégration au groupe est essentielle pour se sentir bien sur les bancs, réduire le poids de l’école. J’avais 12 ans quand j’ai senti, pour la première fois, le rejet, la solitude et l’ignorance de la part de mes camarades de classe. Le 5 septembre était mon premier jour dans une école totalement inconnue. Une expérience totalement nouvelle pour moi. Depuis la maternelle, j’étais à Alep, en Syrie, j’étais dans la même école avec les mêmes personnes. Ce 5 septembre-là, j’ai ouvert les portes vers un nouveau monde, belge celui-là.
Le poids de l’Himalaya
Je ne parlais pas français, ce qui rendait la communication impossible. Quand le prof m’a présentée aux élèves, j’ai trouvé leurs regards très violents et remplis d’incompréhension. Ces regards m’ont profondément blessée. C’était comme si je portais l’Himalaya sur mes épaules. J’avais ce sentiment d’être une personne qui a peur de toutes, de tous, de tout ce qui l’entoure.
étrangère
À midi, tous les élèves de ma classe m’ont entourée, comme s’ils observaient une extraterrestre. Ils rigolaient et se moquaient de moi, devant toute l’école… Ce qui m’a choquée c’est qu’aucun prof n’a réagi. Je n’avais jamais ressenti cela avant… En Syrie, j’étais populaire, je connaissais tout le monde à l’école et tout le monde me connaissait. J’avais une vie sociale facile et agréable. Là-bas, à l’école, on nous apprend la bienveillance, l’écoute de l’autre et le bon accueil des nouveaux. Ce sentiment d’être d’une autre planète a perduré pendant 5 ans.
Cinq années plus tard
Aujourd’hui, ma vie amicale ou sociale est toujours difficile mais, heureusement, de moins en moins. D’après mon expérience, je trouve que certains professeurs doivent faire plus attention à ce problème pour que ce type d’agression scolaire, même si elle est indirecte, diminue, disparaisse. Je parle de ce problème parce qu’il me semble que c’est vraiment le moment de changer les choses, de prêter attention aux sentiments des timides, à ceux des personnes peut-être moins sociales, aux nouveaux, à l’étranger dans la classe… Ce que j’en retire, c’est tout cela, l’accueil, l’écoute et la bienveillance. Ce sont des compétences indispensables pour pouvoir rencontrer l’autre.
Auteure : Kristiane, 17 ans , Bruxelles
Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance
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