Lors d’un atelier d’écriture à l’Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola, les jeunes ont dû se prêter au jeu d’écrire un texte avec des mots imposés. Voici leurs textes.
Mots imposés : différence, train, inspiration, désespérance, homme, chocolat, démocratie, 3h du matin, autotune, jeunesse, brioche
Enfin moi
Lucie, 25 ans, Bruxelles
Hier j’ai pris le train vers une direction inconnue. Je suis un homme ou plutôt une femme, enfin, je ne sais pas. Je me suis toujours sentie différente des autres… Ce jour-là, il était 3h du matin quand j’ai décidé de tout plaquer et partir loin. Je suis seule dans la rue, écouteurs aux oreilles écoutant ces
vieilles musiques bourrées d’autotune. Je n’aime pas forcément ces chansons mais pour autant elles m’inspirent. En effet, toute ma jeunesse n’a été que froid et désespoir.
C’est donc pour cela que j’ai décidé de m’envoler pour une vie meilleure . Je rêve d’un monde où les gens sont libres, heureux d’être ce qu’ils sont et contents d’affronter la vie. Je rêve d’un monde où la démocratie prime et où tout le monde est entendu ?
Je suis seule, avec, dans mes poches, qu’un petit bout de chocolat et un morceau de brioche. Je suis prête maintenant, prête à affronter le monde et vivre ma vie.
Une nouvelle page se tourne, je suis enfin moi.
Vers l’inspiration
Anonyme
Hier, j’ai pris le train direction : vers l’inspiration.
Me voilà à 3h du matin avec de la musique, pleine d’autotune, dans les oreilles. Ça me rappelle ma jeunesse, les bons vieux temps avec des brioches au chocolat faites par mes parents.
Mais, maintenant, c’est différent, je suis un homme et c’est pas aussi facile de fuir la désespérance.
Mais me voilà en route vers le pays de l’inspiration.
Le démocratie ne m’arrêtera pas cette fois.
C’est moi qui décide.
De mon avenir.
Musique
Anonyme
Un jour, j’ai pris le train en mangeant de la brioche et du chocolat à 3h du matin. Je me sentais différent et désespéré sans que je n’aie la raison du pourquoi. Je pensais, dans ma tête, quel homme et pourquoi la démocratie existe ou bien serait-il grave si la démocratie n’existait pas ?
J’avais de l’inspiration pour chaque album de musique mais ce n’est pas si facile que cela en a l’air. Soudain, j’ai eu une pensée de ma jeunesse, ça me manque beaucoup.
Une fois que je suis descendu du train et je me suis rendu, à mon lieu de travail, dans mon studio, j’ai trouvé mon inspiration. Il a allumé l’autotune et le reste, et j’ai chanté.
Un jour…
Khusi, 15 ans, Bruxelles
Un jour, en fait non, c’était la nuit. Il faisait noir et je ne savais plus quoi faire, j’étais débordée par mes émotions. Désespérée, je suis montée dans le dernier train aux alentours de 3h du matin. Dans le train, un homme, je le vis grand et fatigué, je m’approchai de lui et lui demandai où allait ce train. Il prit une grande inspiration et me répondit, avec une voix assez étrange, je dirais même plus autotunée : « Je ne le sais guère, jeune femme ».
Puis le train se mit en route et nous avons roulé pendant des heures. Je n’avais pas prévu de nourriture, et lui non plus apparemment, car sa seule chance de se nourrir était une pauvre petite plaquette de chocolat que nous avions partagée, dans une petite brioche un peu dure. Mais, après réflexion, c’était mieux que rien.
En voyant le temps passé, dans le train, nous nous mettions à parler, très souvent, de tout et de rien. Mais, souvent, de nos différences, dues à notre époque. A son époque, il y a quelques années, la démocratie n’existait pas. C’était juste une question de pouvoir et, donc, je lui expliquai que ça n’avait pas changé. Partout, dans nos bâtiments, ça ne marchait toujours pas comme cela.
Après des heures et des jours, nous sommes arrivés à bon port. C’était une grande plage avec des gens, je dirais même plus des jeunes. C’était une plage où régnait la jeunesse folle, où toutes les personnes pouvaient se rendre là pour vivre leur vie qu’ils ont raté ou oubliée…