Stanislas s’exprime sur un trouble qui le touche et touche de nombreuses personnes dans tous les moments du quotidien : dans leurs relations professionnelles, sociales … Il écrit aussi sur lui. Cela pourrait nous paraitre simple ou basique, mais croyons-le, ceci est bien plus qu’un petit texte pour lui !

Longtemps silencieux

Je suis né en mars 1999, à Ath, une ville du Hainaut. Trois ou quatre ans plus tard, je prononce mes premiers mots, tard me direz-vous… Et je vous répondrai que j’ai pris mon temps, du moins c’est ce que je pensais. J’ai eu du mal à m’exprimer… Mais, question, quel enfant n’a jamais eu de mal à dire ce qu’il veut ou ce qu’il ressent ?

Tout allait bien ?

Ma vie a suivi son cours. Malgré certaines difficultés, pour les cours de français ou d’expressions, je continuais mon parcours scolaire. Le tout, sans vouloir me vanter et de manière générale, avec de très bons résultats. C’est durant ma 4ème primaire, que ma professeure fit remarquer que malgré une lecture régulière (via les devoirs, les livres demandés … ), j’avais encore des difficultés à m’exprimer oralement et une difficulté certaine à écrire correctement. Ce n’est pas que je ne savais ni parler ni écrire mais parler à haute voix, sans bugguer sur des mots ou me répéter, ou encore écrire des phrases claires, sans fautes d’orthographe, de grammaire, de syntaxe, se révélait être un gros souci pour moi… En tenant compte de tout cela, elle conseilla à mes parents que je consulte une logopède.

La rencontre

Peu de temps après, je rencontrai cette dernière, elle s’appelait Madame Chawaf. Je me souviens avoir fait divers exercices avec elle. Mon père m’a même expliqué qu’au retour, j’avais boudé : j’avais eu l’impression de passer un examen, plus que de simples exercices, comme elle me l’avait dit. Après, le diagnostic est tombé : « Votre fils est dyslexique » a-t-elle dit à mes parents, lors de notre troisième visite. Elle les aurait rassurés, rajoutant que c’était une dyslexie « faible » et que cela ne m’empêcherait pas de suivre des cours normaux ou de faire des études. Elle avait raison ! En ce qui me concerne, je rentrais dans l’inconnu : Qu’est-ce que la dyslexie ? En quoi cela m’impacte ? Cela va-t-il empirer ? Comment pourrais-je améliorer ma situation ? Toutes ces questions n’ont pas trouvé une réponse immédiate. Pour certaines, j’ai pris plus de temps. Pour d’autres, je n’ai pas encore totalement la réponse.

Message à mon passé

Si je pouvais parler au petit garçon que j’étais, à mes dix ans, je lui dirais : « Ne t’en fais pas, même si pour le reste de ta vie, tu éprouveras du mal à communiquer et à t’exprimer… Tu t’en sortiras. Surtout ne te tracasse pas pour les difficultés que tu rencontreras, elles ne sont rien par rapport aux progrès que tu feras ».

On m’aide, j’aide

Dès le jour où on m’a diagnostiqué, deux fois par semaine, durant trois ans, jusqu’à mon entrée en secondaire, j’ai suivi des séances, avec cette logopède. Je me souviens avoir fait beaucoup d’exercices sous formes de jeux (par exemple : un jeu de l’oie basé sur les différentes « sections » du français comme l’orthographe, la conjugaison, le vocabulaire, etc.).
Pour l’anecdote, j’ai réutilisé certains exercices pour aider une jeune fille que je connaissais qui était aussi atteinte de dyslexie. Cela me semblait important de la soutenir et d’apporter mon aide. J’invite toutes les personnes atteintes d’un trouble « dys » à en aider d’autres atteintes elles-aussi. Cela m’a aussi permis de changer de cap. Je suis passé de ce que je qualifierais de « je subis ce trouble » à « je vis avec ». Je ne vais pas vous mentir, cela m’a fait plaisir d’apprendre qu’elle faisait des progrès et qu’encore maintenant, elle utilisait certaines astuces que je lui ai apprises.
Mais revenons à ma petite histoire, comme la logopède avait pu le dire, cela ne m’a pas empêché de réussir toutes mes années en une fois. Je peux m’estimer heureux d’avoir été un bon élève dans les autres matières, me permettant de rattraper les cours de français et de langues modernes.

C’est, sera, toujours un peu compliqué

Tout ça pour dire, que malgré les aides que j’ai reçues et les efforts fournis, j’ai encore pas mal de difficultés lorsque je m’exprime ou lorsque j’écris. Quand j’imagine mon futur, je me dis que le plus dur est fait, que je dois m’accrocher à mes progrès. Je sais que ça me posera problème dans d’autres situations, que ce soit dans mon futur travail d’éducateur, dans mes relations amicales ou amoureuses. Oui, avoir du mal à s’exprimer et à faire comprendre ce que l’on ressent, ce qui nous tracasse à sa moitié n’est pas toujours facile ni chouette, et je parle par expérience. Je ne suis pas à plaindre (au contraire). Je sais très bien que d’autres personnes sont et seront touchées davantage que moi par ce trouble. Je leur envoie une pensée ainsi que tout mon soutien.

Auteur : Stanislas, 20 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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