Benjamin connait bien Scan-R. Il a été un des premiers à participer à un atelier. Dans son premier texte, il nous expliquait comment, après un passage par l’IPPJ (1), sa vie s’était transformée. Aujourd’hui, avec la même liberté de ton, il nous parle de sa sexualité.

J’aime

Récemment, je me suis découvert bisexuel. Je suis attiré par les personnes des deux sexes : hommes et femmes. Dernièrement, un peu par hasard, j’ai eu des expériences sexuelles avec des hommes et, à ma grande surprise, c’étaient de belles expériences ! Au départ, c’était soft mais très vite, cela a évolué vers du concret et ça me plaisait. Au début, je ne l’ai pas accepté, je me disais que c’était juste une phase. Je pensais que je me cherchais. Puis, avec la réflexion, j’ai réalisé que je me voilais la face. Je me suis fait à l’idée que, finalement, j’étais bisexuel. Cela ne s’est pas fait sans mal. Je me suis posé tellement de questions ! Aujourd’hui, je ne suis pas sûr d’assumer complètement. Finalement, je me suis dit que je pouvais aimer des femmes autant que des hommes. Au fond, ce n’est pas si grave. C’est naturel. C’est mon désir et ce n’est pas, pour moi, quelque chose d’anormal. Je suis humain, j’ai des sentiments, j’ai des envies, j’ai le droit de ressentir des choses pour d’autres personnes. Une vie sans plaisir n’existe pas.

Se trouver

À la base, je suis un gamin de la cité. Là-bas, il me semble que la logique ou ce qu’il me semble être de l’ordre du mode d’emploi, c’est qu’un homme est avec une femme. Cette représentation me semble bien ancrée. Quand il y a transgression, cela peut entrainer de graves problèmes à ces personnes : harcèlement moral, viol… C’est ce que j’ai pu, je crois, constater dans certaines cités. Pour le moment, je n’ai pas vécu tout cela : personne n’est au courant de mes préférences. Cela ne fait qu’un mois que je me suis découvert bisexuel. J’ai quand même peur de la rumeur des quartiers, j’ai peur qu’on l’apprenne. Une moquerie, je m’en tape, ce n’est pas grave, mais si on en vient à me frapper parce que je suis pédé, je me battrai aussi. Vu mon parcours, je sais que la justice est toujours à privilégier et j’y crois mais… parfois…

Coming out ? (2)

Un moment important, ce sera d’en parler à ma mère. Je crois qu’elle me soutiendra : elle m’a toujours dit qu’elle m’acceptait tel que j’étais. Elle respectera aussi mon orientation sexuelle. Je la sais, toutefois, sensible. Lorsque j’étais en IPPJ, je l’ai vue pleurer pour la première fois. C’est d’ailleurs ça qui a été le déclic pour me calmer et arrêter les, plus ou moins grosses, conneries. C’est important pour moi de me dire que je suis bisexuel. J’ai besoin de me sentir moi, tel que je suis. J’ai besoin que les gens que j’aime le sachent aussi, je ne veux pas me cacher… Ceci dit, pour savoir qui je suis vraiment, j’ai encore à apprendre sur moi.

(1) Selon la loi, une IPPJ est un centre fermé pour personne délinquante de moins de 18 ans. Tout en protégeant la population de ces jeunes, ces centres doivent permettre à leurs pensionnaires de se reconstruire, de se réinsérer dans la société, dans leur famille, dans leur école. La vision des jeunes qui y passent – et parfois plusieurs mois et parfois plusieurs fois – n’est pas celle-là. Elles et ils y voient plutôt une prison. (2) On parle de coming out lorsqu’une personne décide d’annoncer à d’autres son homosexualité.

Auteur : Benjamin, 20 ans, Herstal

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R 

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