Quand elle était encore petite, les parents de Lisa ont cru qu’elle avait un problème à l’oreille. Elle ne réagissait pas à certains bruits. À cause de ce problème, l’institutrice maternelle ne voulait pas s’occuper d’elle. Après une visite chez le docteur, ses parents se sont rendu compte que tout allait bien avec les oreilles et que les problèmes ne venaient pas de là mais du syndrome d’Asperger (1), une des formes de l’autisme.
Pas comme tout le monde
Quand mes parents m’ont annoncé que j’étais autiste, je n’ai pas compris ce que cela voulait dire. Maintenant, je comprends que je n’agis pas toujours comme tout le monde. Mes parents ont dû choisir entre me mettre dans une école spécialisée ou dans une école ordinaire. Pour que j’aie les mêmes chances que les autres enfants, ils ont choisi la deuxième solution. À l’école, j’étais accompagnée par le SUSA (2), une association qui vient en aide aux enfants autistes. Au début, les autres enfants me trouvaient bizarre. Ensuite, ils ont appris à me connaitre et à me prendre comme je suis. Les professeurs disaient que je faisais trois pas en avant et un pas en arrière … donc j’avançais ! Les deux pas en avant, ils comptaient !
Des activités à la pelle
J’ai fait ma première secondaire dans une école mais j’ai dû changer d’école. Ils n’ont pas accepté ma différence. Pendant mon enfance, mes parents m’ont inscrite à plusieurs activités. Parfois ça fonctionnait, parfois moins. J’ai fait de l’aïkido, de la plongée et du hip- hop. Pendant mes deux premiers cours d’aïkido, je ne comprenais pas les exercices mais avec le temps, j’ai su les maitriser. J’ai essayé de faire du théâtre à l’académie mais ils étaient trop exigeants pour moi. J’ai eu un super prof de piano mais je n’ai pas tellement accroché et j’ai arrêté. J’aime la plongée. Certaines personnes m’ont déconseillé d’en faire car j’étais autiste mais cela ne m’a pas arrêtée.
Rêver plus loin
Je suis actuellement en formation pour devenir animatrice pour les enfants. J’aime tellement ça que, l’année prochaine, je vais intégrer la section “technique sociale”. C’est un grand défi pour moi. J’ai les mêmes sentiments que tout le monde mais j’ai du mal à les gérer et à les exprimer. Ma petite sœur Darla me considère plus comme une personne normale qu’une personne autiste. Mon père me fait souvent des mauvaises blagues pour m’apprendre à réagir à celles des autres. Je vous donne un exemple : je demande à mon papa où est mon chat car je ne le vois plus et que je sais qu’il ne sort jamais. Mon papa me fait croire qu’il est sorti sur la terrasse. Ça m’énerve car, parfois, je pense que c’est vrai. J’ai conscience du fait que les autres font des efforts pour m’aider mais il faut comprendre que je dois aussi faire énormément d’efforts de mon côté. Comme pour toute chose, il faut considérer la différence des deux côtés, envisager les deux points de vue. Je suis différente pour les autres mais ils sont aussi différents pour moi.
1. D’après, www.passeportsante.net, le syndrome d’Asperger est un trouble de la famille de l’autisme. Concrètement, les personnes atteintes par ce syndrome ont des difficultés à se sociabiliser et à interagir avec les autres. Les enfants atteints sont souvent intelligents, perfectionnistes et exigeants. Ils donnent une importance particulière aux détails pouvant échapper à la majorité. Ils ont des centres d’intérêt précis qui sortent parfois de l’ordinaire pour des enfants de leur âge, par exemple la conquête spatiale ou les trains. Ils sont doués d’une mémoire remarquable et la logique est le fondement de leur raisonnement. Ils possèdent également une grande lucidité et une bonne capacité d’analyse.
2. Depuis 1991, le Susa est une fondation qui a pour but principal d’accompagner les personnes autistes tout au long de leur vie.
Auteure : Lisa, 17 ans, Woluwé Saint-Lambert
Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R à distance
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