J’adore la lecture à tel point que je me suis fait tatouer un hommage à la lecture sur le dos : la plume d’un écrivain entourée de 2 roses, une fermée, l’autre ouverte. Le tout parsemé d’épines rugueuses et piquantes, de feuilles plus douces et accueillantes. Quelques taches d’encre ponctuent le tout. J’accorde beaucoup d’importance et tout une symbolique à ce dessin d’artiste sur ma peau. Il me rappellera, à jamais, et au delà de ma mort, à quel point la lecture et l’écriture sont deux choses fondamentales pour moi, qui font de moi celui que je suis devenu. Comment en suis-je  arrivé-là ? Laissez-moi vous conter mon histoire.

 Je veux lire

 Je me vois encore pleurer, alors que, âgé de 5 ans, je n’arrivais pas à lire mon histoire tout seul, avant d’aller au lit. C’est à ce moment précis que, ma mère, a pris la décision de m’apprendre à lire avant mon entrée à l’école primaire. J’adore lire. Je pourrais dire que je maîtrise l’art de la lecture. J’irais même jusqu’à me qualifier d’expert si j’étais devenu critique littéraire. 

Ma vie serait totalement différente si je n’avais pas appris à lire si tôt. Peut-être que ma maîtrise de néerlandais serait tout autre. J’ai habité quelques années à Ostende. Ressortissant Wallon, j’ai été forcé de suivre un cours spécifique pour améliorer ma compréhension du néerlandais. L’ennui frappa bien vite à ma porte. Je l’accueillis avec joie, cela signifiait que j’allais me plonger dans un livre. Jusqu’au jour où, la dame qui s’occupait de ce cours particulier m’a proposé un livre dans la langue de Vondel (1). Intéressante cette idée mais avec tout ça, je n’ai pas progressé dans ma connaissance du vocabulaire. Je me suis rendu à la bibliothèque pour sélectionner des livres pour les enfants de 7, 8 ans… Et c’était d’un profond ennui. À 10 ans, devoir lire des histoire enfantines alors que je voyageais dans les univers de Tolkien (2) et de Nothomb (3)… Tout cela a fait que ma maîtrise du néerlandais est restée au point mort. 

D’autres facteurs sont à prendre en compte : mon goût prononcé pour les nuances de la langue française ou un choix de lecture pas toujours, pas souvent, en lien avec mon âge. Si je devais modifier quelque chose dans ma vie, ce serait l’apprentissage de la lecture en même temps que l’apprentissage d’autres langues.

De la lecture à l’écriture 

Quoiqu’il en soit, bien des années plus tard, j’ai commencé à écrire à gauche à droite des vers, de la prose, … Le tout inspiré par des auteurs et des artistes de toutes les sortes. La poésie est devenue un exutoire (4) à tous mes problèmes d’adolescent et de futur adulte. Rat de bibliothèque, complètement isolé et coupé du monde dès qu’il ouvre un livre, j’étais pourtant sociable et ouvert aux rencontres… Disons que mon cercle d’amis était instable et les amis proches assez peu nombreux. J’ai quand même fini par écrire des poèmes avec un ami qui avait les mêmes centres d’intérêts, les mêmes sources d’inspiration que moi.

C’est à cette époque que je me suis dit qu’il fallait que je rende hommage à tous ces poètes qui m’ont inspiré au cours de ma vie. En rhéto, j’ai donc décidé de baser mon TFE sur les poètes du XIXème siècle et plus particulièrement les Romantiques (5) et les Symbolistes (6) comme Baudelaire (7) et William Butler Yeats (8)… Dont j’ai retrouvé le style mélancolique dans les textes de Saez (9), un chanteur actuel que je qualifie, sans aucun doute, de romantique.

Le temps passant, j’ai suivi des études où j’ai pu exercer, très ponctuellement, mon style d’écriture. Une fois diplômé, j’ai très vite trouvé un travail et perdu, en même temps, du temps pour lire. Le temps est un facteur non négligeable dans la lecture. On en dispose en grande quantité à l’adolescence, après, ça se complique.

 Le pouvoir des pages

Je ne viens pas, en tant que jeune qui souhaite partager son histoire mais en temps que jeune adulte qui veut transmettre un message à la nouvelle génération : ne sous-estimez pas la force et la puissance des livres. La lecture à cette puissance de pouvoir vous transporter dans un univers immense et riche où tout est possible. La lecture enrichit le vocabulaire et aiguise le sens critique, développe les capacités d’analyse. Choses qui me sont précieuses et utilisées au quotidien. Choses qui se perdent, jusqu’à disparaître, chez de nombreux jeunes et qui, pourtant, sont plus que bienvenues dans certaines situations.

Quoi de mieux qu’écrire une lettre d’amour avec son coeur plutôt qu’un sms avec ses doigts ? Quoi de mieux que de réfléchir au sens d’un texte pour se positionner et forger son propre avis parce que nous sommes bouleversés par ce que nous avons lu plutôt que d’écouter des paroles sans fondement et sans engagement ?

Je souhaite que le monde entier ait accès à la lecture ! Mon coeur saigne lorsque j’apprends que, quelque part dans le monde, des gens avides de pouvoir brûlent des livres par bibliothèques entières (10). Honte aux intolérants, honte à ceux qui enfreignent l’accessibilité à la lecture, à la culture, trace du passage en ce monde de tout ce que l’humanité a pu faire de mal mais surtout de bien, de très bien.

 

(1) En Belgique francophone, on utilise l’expression langue de Vondel pour parler du néerlandais. Joost van den Vondel, (1587-1679) écrivain, poète et dramaturge, il est à la plume ce que son contemporain Rembrandt est au pinceau, un maître absolu.

(2) John Ronald Reuel Tolkien, (1892-1973) cet anglais n’a pas été qu’expert en langue et professeur d’université. Il est l’auteur du Seigneur des Anneaux et du Hobbit.

(3) Amélie Nothomb (1966), est la plus reconnue des auteur-es belges. À ce jour, elle a publié une trentaine de romans parfois autobiographiques. Voir son site

(4) Exutoire : ce qui permet de se débarrasser de ce qui gêne, de sa colère.

(5) Le Romantisme est un mouvement artistique de la fin du XVIII siècle. Il est caractérisé par l’expression souvent mélancolique de ses sentiments. Avec le Romantisme, ces sentiments prennent le pas sur la raison.

(6) Le Symbolisme est un mouvement artistique de la fin du XIXème siècle. L’idée de base est qu’on ne peut pas réduire ce qu’on voit à la raison. Que derrière les mots, derrières les choses, il y a encore des histoires peut-être supérieures à ce que je peux percevoir.

(7) Charles Baudelaire, (1821-1867) l’oeuvre la plus importante de ce poète français s’appelle Les Fleurs du mal, elle a révolutionné la poésie.

(8) William Butler Yeats, (1865-1939) est un poète et dramaturge irlandais. Il recevra le prix Nobel de Littérature en 1923. Pour le comité Nobel qui lui offre ce prix : “Sa poésie toujours inspirée, dont la forme hautement artistique exprime l’esprit d’une nation entière.

(9) Damien Saez, (1977) a des identités multiples. Son univers est à la fois politique, révolutionnaire et blasé. Il est présenté comme influencé par Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Noir Désir, Léo Ferré, Barbara.

(10) Le fait de brûler un livre s’appelle un autodafé. À l’origine l’expression est latine et signifie Acte de Foi, aujourd’hui, elle désigne l’action de détruire par le feu. Au cours de l’Histoire ancienne ou récente, il y a eu plusieurs autodafés. Lorsque les colons espagnols arrivent au Mexique au 16ème siècle, ils brûlent les manuscrits des civilisations qui, jusque-là, habitaient ces territoires. Lorsque Hitler arrive au pouvoir en Allemagne et en 1933, les livres qui contredisent sa vision du monde sont brûlés. En 2015, à Mossoul, 2000 livres sont brûlés par l’État Islamique brûle à Mossoul. Dernier exemple, et ils ne manquent pas, le 31 mars 2019, des prêtres polonais brûlent au beau milieu de la rue d’Harry Potter et de Twilight. Ils étaient sacrilèges !

Auteur : Lyam, Namur, 22 ans

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

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