Si ce n’est pas facile pour tout le monde, c’est parfois beaucoup plus compliqué encore pour certain·e·s. Medhi nous partage un bout de trottoir et un morceau de vie. Pour lui, se projeter, cela définit bien les rêves et sa façon d’aborder les situations qu’il peut rencontrer.

La famille

Ma mère ne s’occupait pas de moi et mon père était truand, fiché au grand banditisme. Il est mort d’une overdose en prison quand j’avais 7 ans. Il a fini attaché à son lit d’hôpital, en légume. Le pire, c’est qu’il est décédé le lendemain de la signature de ses papiers de libération. À partir de ce moment, je ne suis plus l’école et je suis sous la tutelle d’un juge de la jeunesse. À l’époque, j’étais un garçon avec beaucoup de colère, je détruisais tout ce que j’essayais de construire. J’ai découvert ma première drogue, à 14 ans, avec mes potes. Faut dire que j’avais commencé tôt : en troisième primaire, avec deux camarades du quartier, je fumais ma première clope.

La rue

Ma mère a fini par me mettre à la porte. À 17 ans, j’étais à la rue, sans rêve, sans objectif, seul, avec juste un sac à dos contenant quelques vêtements. Je me suis alors mis à chercher un job et c’est ce qui m’a permis de me projeter, de rêver à nouveau, de rester optimiste. Malgré la rue, je suis resté concentré sur ces objectifs. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de ne pas répéter les mêmes erreurs que mon père et que j’ai commencé à travailler dans l’HORECA. Cela m’a permis de quitter la rue, celle que j’aimais plus que tout. Honnêtement, cela m’a forgé et grâce à ces étapes, je relativise facilement. Quoiqu’il arrive, je me dis “bosse, fais-toi des tunes”, et c’est reparti. Cette phrase est la mienne, car à la rue, si tu n’es pas prêt à te démerder pour aller plus loin, tu meurs simplement de froid. J’ai eu mon premier appartement, mes potes, mes premiers voyages. Bref, une vie d’adulte à laquelle je n’étais pas forcément destiné. Le voyage m’a permis de me projeter dans une vie future. J’ai réalisé que moi qui avais tant erré dans les rues de Bruxelles, j’aimais la nature par-dessus tout.

Construire

Aujourd’hui, j’ai une vie paisible, avec mes propres rêves, mon désir de construire une maison autonome en “terre-paille”, mon envie d’y vivre avec mes plantes et de continuer à me battre.

Auteur : Medhi, 21 ans, Bruxelles

Cet article a été produit lors d’un atelier Scan-R

Et d’autres décryptages

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R