Scan-R, dès le départ, essaye de donner la parole à chacune, à chacun, à tout le monde ! Parmi les textes que nous recevons, certains sont trop brefs pour faire l’objet d’un témoignage. On a donc décidé d’en rassembler plusieurs. Voici les témoignages de Nour, Boris, Mimi, Eva et Maryem.
Discrimination liée au voile par Nour, 18 ans de Bruxelles
D’après une enquête française menée en novembre 2019, quatre musulmans sur dix estiment avoir été victimes de discrimination. Autour de moi, j’entends plein de gens qui parlent de l’islamophobie et qui, contrairement à moi, ont été touchés par cela. Personnellement, je n’ai jamais eu de problème. Il y a quelques jours, à Bruxelles, une manifestation était organisée. Pourquoi ? Parce que, dans l’enseignement supérieur et à l’université, les femmes ne peuvent désormais plus porter leur voile. Une amie à moi m’a dit que, en tant que femme voilée, elle devait être là. Les discriminations, elle les vit quotidiennement. Une amie à moi dit qu’elle n’a pas eu un emploi parce qu’elle était voilée. Triste et déçue, elle a terminé par quitter le pays. Parfois, les journaux relatent aussi différentes affaires comme celle d’un restaurant situé sur les Champs-Élysées qui a
refusé un groupe d’amies qui n’a pu s’installer parce que l’une d’entre elles portait le voile. Pour conclure, je pense qu’il faut habituer les gens à nous accepter comme nous sommes.
Moi, dans 10 ans par Boris, 14 ans de Grivegnée
Je sais, précisément, où j’en serai dans dix ans ! Je vois des choses que personne ne sait voir. Côté travail, je serai devant ma planche de cuisine en train de décortiquer des gambas avec les couteaux gravés de mon papa. Sur le plan familial, mes parents seront toujours dans la même maison, celle où j’ai grandi. L’un de mes frères aura une femme et un fils, l’autre vivra avec son mari et ses sept chats persans. Moi, depuis sept ans déjà, je serai seul, en cuisine, pour gagner ma vie, travaillant les produits de la mer et de la terre. Ce sera comme ça jusqu’au jour où je pourrai, peut-être, trouver l’amour !
Méningite par Mimi, 16 ans de Vaux
Ce jour-là, au matin, je ressens des douleurs. J’en parle à mes parents mais mon père ne me prend pas au sérieux. Il est midi. Je sors de l’école avec mes amies pour aller chercher à manger. Tout à coup, je commence à avoir super mal à la tête, j’ai des douleurs partout et je suis prise de vertiges. Mes amies me disent de rentrer directement. Tout en essayant de joindre mes parents, elles m’accompagnent sur le chemin du retour. Mon père répond et pense que j’ai juste un petit mal de tête, rien de très grave. Peu de temps après, tout devient sombre autour de moi. Je quitte ma place et je retrouve mon père. Il est quand même venu me chercher. Arrivés à la maison, mes parents me donnent des antidouleurs. Mon état s’empire et quelques jours après, je me retrouve à l’hôpital dans un état très pénible. Mes douleurs étaient celle d’une méningite (1), une maladie qui, parfois, peut être mortelle, surtout chez les enfants et les adolescents.
La méningite est une inflammation des méninges, une sorte d’enveloppe qui protège notamment le cerveau. Il faut entre trois et quatre jours pour que la maladie se déclare. Elle est caractérisée par des maux de tête, une fièvre élevée, des nausées, des vomissements…
Être l’ainée par Eva, 12 ans de Vaux
Dans ma famille, je suis l’ainée. Mon frère et ma soeur sont de faux jumeaux. Mon frère a plus tendance à être contre moi, ma soeur avec moi. C’est super cool d’être l’ainée, je peux interdire certaines choses et donner des ordres. Parfois, c’est aussi très énervant. Quand je leur demande d’aller ranger leur chambre, elle et il ne font rien et me répondent ! Un jour, je venais de rentrer et je suis montée dans ma chambre. Ma maman a crié mon prénom après cinq minutes. Elle m’a dit que j’étais trop sur mon téléphone, j’ai donc arrêté. Directement, mon frère et ma soeur m’ont demandé mon téléphone. Je leur ai dit non, évidemment. Ma mère m’a sorti : « Allez, donne-le-leur, tu ne partages jamais, toi ! » Je lui ai dit : “C’est une blague ?!” Mais j’ai fini par le leur donner. Une autre fois, je rentrais de l’école et je suis allée dans ma chambre. Ils jouaient sur mon ordi. J’ai pété un plomb et je les ai virés. C’est bien d’être l’ainée, mais qu’est-ce que c’est énervant !
Trop petite pour me marier ? Maryem, 20 ans de Bruxelles
C’était censé être un jour important pour moi. J’allais choisir ma robe de mariée et j’étais si heureuse, j’espérais trouver la robe de mes rêves. Arrivée dans la boutique avec ma grande sœur et ma mère, je commence à regarder autour de moi quelques robes. Je donne mon avis sur certaines. La vendeuse va vers ma sœur, lui demande comment elle voit sa robe de mariée. Un peu gênée, avec ma petite voix, je lui fais comprendre que c’est moi qui me marie. Surprise, elle me demande mon âge. Je lui réponds timidement « 20 ans ». La vendeuse s’excuse et m’explique qu’avec ma petite taille, elle pensait que je n’étais qu’une très jeune adolescente. Intriguée, elle me demande combien je mesure. Je réponds « 1m51 ». Je deviens rouge de honte en voyant sa réaction. La vendeuse est choquée. J’ai quatre grandes sœurs et un petit frère. On pense souvent que je suis la dernière de la fratrie car même mon petit frère est plus grand que moi. Ma petite taille m’a souvent complexée.
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