On est le 25 mars. J’ai arrêté de compter les jours de confinement. En Belgique on a ordonné aux gens de rester chez eux pour quelques semaines. Cela faisait déjà plusieurs jours que je restais chez moi, par précaution.
Il est clair que c’est une nécessité pour éviter la propagation du virus qui circule actuellement autour du monde. Mais voilà, je suis malade. Non, je n’ai pas le coronavirus mais je souffre de dépression depuis des années.
Il m’est arrivé de nombreuses péripéties psychologiquement douloureuses, je me suis battue avec moi-même des années durant. Je m’étais isolée, je ne côtoyais plus mes amis. Depuis quelques mois, je commence à remonter doucement la pente, justement grâce aux amis que j’ai retrouvés. Je les vois très souvent, et ces moments passés avec eux sont, pour moi, un vrai traitement contre la bête noire qui sommeille en moi.
Au début, je me disais, un peu comme tout le monde, que je profiterai de cette période de confinement pour méditer, lire, prendre le temps de développer mon art. Mais… je me berçais d’illusions. Ma santé mentale est revenue au plus bas. Être cloîtrée chez moi est une vraie torture. Je ne suis pas seule, je vis avec mes parents. Ma mère me soutient beaucoup moralement. Mais ça ne suffit pas, ça ne suffit plus.
Le seul échappatoire que j’avais m’a été enlevé. Je sais, c’est pareil pour tout le monde. Tout le monde est confiné, tout le monde reste chez soi. Mais je crois qu’on ne pense pas assez aux personnes pour qui le contact social est une chose indispensable à leur bien-être. Je retombe dans les abysses de ma dépression, mes angoisses reprennent de plus belle. Je ne peux que difficilement exprimer ce que je ressens. Je pourrais dire que mes amis me manquent, mais c’est un euphémisme comparé au trou béant que j’ai dans la tête. Comment gérer cette solitude? Comment faire pour garder le moral? Occupe ton esprit, me dit-on. Facile à dire. Je n’ai plus goût à rien. Je n’ai pas envie de faire quoi que ce soit. L’art qui pour moi est une passion, est devenu une tare. Ma motivation a disparu. Tout me semble insipide. Je ne me nourris presque plus, je pleure tous les jours.
J’ai peur de ce que je pourrais faire si ce confinement dure plus longtemps. Je ne tiens plus, je ne tiendrai plus. À tous ceux qui souffrent en silence du manque de contact social, je vous entends. Je vous entends hurler au secours, je vous entends pleurer, je vous entends souffrir. Je n’ai pas le coronavirus, non. Mais je suis malade.
Auteure : Elisabeth, 20 ans, Tournai
Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R à distance.
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