Au cours de sa pourtant courte vie, Alicia a vécu plusieurs situations d’abandon. Entre histoires familiales compliquées, voire très compliquées, grandes tristesses et équilibre enfin trouvé, Alicia nous parle d’elle, de sa mère, de son père et de son espoir !
Je suis un peu partout
La première fois que je me suis sentie abandonnée, c’est au moment de la séparation de mes parents. J’étais très jeune, je ne me souviens pas de tout mais ce que je sais, c’est que mon père, à un moment, n’a plus voulu me voir. Après cette première séparation, mes parents se sont retrouvés et j’ai aussi retrouvé mon père. Cet aller-retour a été très pénible pour moi et ce n’était pas le dernier voyage … Après cela, c’est ma mère qui est partie pour un long trip de six ans dans l’alcoolisme. Pendant cette période, je n’ai pas arrêté de bouger : j’allais chez ma grand-mère paternelle, chez mes grands-parents maternels ou chez mon père quand il ne travaillait pas la nuit.
Ma mère
De temps en temps, il arrivait que je retourne chez ma mère durant de courtes périodes, de quelques jours à quelques semaines. Mais à chaque fois, elle continuait de boire. À cette période-là, elle avait un copain, le seul que j’ai réellement considéré comme mon « beau-père ». Plusieurs fois, il m’a même protégée de ma mère. C’est lui qui m’emmenait à l’école et qui préparait le souper quand je rentrais. Pendant ce temps-là, ma mère dormait, sortait, se battait… Bref, elle faisait n’importe quoi. Vers mes 12 ans, ma mère a décidé de se faire soigner. Pendant deux ou trois mois, je suis allée habiter chez elle. Au début, tout allait bien. Puis les disputes ont commencé avec son nouveau copain, un autre donc que celui que j’aimais bien… Ce second, je l’ai toujours détesté. Je suis donc restée avec eux plusieurs mois jusqu’au moment où une violente dispute a éclaté entre eux. Je n’étais pas présente, mais je sais qu’ils étaient drogués et alcoolisés, et qu’ils se sont battus. Pour finir, la police est intervenue et a embarqué le compagnon de ma mère. Il a fait quatre mois de prison. Ma mère était dans un piteux état… Pendant cette période passée avec ma maman, j’ai peu à peu perdu contact avec mes grands-parents maternels. Pour eux, comme j’étais retournée chez ma mère, le « travail » était terminé. Je me suis sentie abandonnée par eux et je n’ai plus pris beaucoup de leurs nouvelles car ils n’en prenaient pas non plus.
Grand-mère
À la fin du mois de juin 2020, la maison de ma mère était tellement en désordre, remplie d’un tas de choses, qu’elle a fini par venir vivre temporairement chez ses parents. De mon côté, je suis allée chez ma grand-mère paternelle pendant deux semaines, puis je suis allée rejoindre ma maman. Ça m’a permis de reprendre un peu contact avec mes grands-parents. Mais cela n’a pas duré, car lorsque je suis à nouveau repartie avec ma maman, en juillet 2020, je n’ai plus eu de nouvelles d’eux. Entretemps, j’ai aussi rencontré un garçon. On parlait beaucoup, mais lui aussi a fini par partir. Je suis retournée plusieurs fois vers lui, notamment au décès de mon papa en novembre 2020. Là, j’ai ressenti un immense sentiment d’abandon, comme s’il avait décidé de partir, alors que ce n’était absolument pas sa faute.
Un chez moi ?
Maintenant, plusieurs mois plus tard, tout va beaucoup mieux. J’ai posé définitivement mes bagages chez ma grand-mère paternelle, après une énième dispute avec ma maman. Un jugement est d’ailleurs en cours pour que ma grand-mère puisse avoir ma garde. J’ai aussi fait de nouvelles rencontres et finalement, j’ai trouvé un chez-moi et bien avancé dans ma vie.
Auteure : Alicia, 13 ans, Sclessin
Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R
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