Il y a bien des années, c’était en primaire, Estelle a partagé quelques temps et quelques mots avec une fille. Aujourd’hui, les rapports avec cette ancienne connaissance sont beaucoup plus compliqués… Estelle est harcelée.
”Sale connasse”
Je suis sur le terrain de sport, ma future harceleuse est énervée contre moi pour la simple raison que je suis une bonne sportive. Elle a eu le besoin de se défouler sur moi et de me faire tomber, dans les deux sens du terme : Sale connasse ! Tu fais chier ! Arrête de courir partout. Et d’un coup d’épaule: Et puis arrête de faire ta victime, t’es qu’une menteuse. Après cette altercation, elle a commencé à parler dans mon dos, utilisant mes propres mots contre moi. Ces mots, je les lui avais dits en primaire. Aujourd’hui, elle en déformait le sens : Estelle, elle dit qu’elle est sensible mais elle exagère juste. Mes amies m’ont dit d’oublier, qu’elle ne mérite pas que je lui porte tant d’attention. Mais c’est comme pour tout, plus facile à dire qu’à faire. Malheureusement, ce n’était pas fini…
Discréditée partout
C’est pendant le cours de français qu’est tombée la goutte de trop. Celle qui a fait déborder le vase déjà rempli des larmes des soirées précédentes. Il a suffi qu’elle raconte des bobards à ma classe, à ma professeure. Quand ma prof a dit : Estelle, je ne pensais pas ça de toi, j’ai senti le sol s’effondrer. Pour moi, le regard des adultes, celui de la justice incarnée par ma prof, était le seul élément qui me permettait de tenir le coup.
Parler pour s’en tirer
Ce soir-là, j’ai tout raconté à ma maman, en pleurs, ce fut la chose la plus difficile à faire, en parler et mettre des mots sur ma souffrance. Elle a alors appelé mon éducateur. Le lendemain, j’étais dans son bureau, ma harceleuse sur la chaise d’à côté. Elle a nié les faits tout en rejetant la faute sur ses amies : Ce que j’ai dit en classe ? C’est ma voisine qui m’a donné cette phrase. Mais je n’ai rien fait ! C’est elle qui invente tout ! C’est une menteuse de toute façon. Après cet épisode dans le bureau de l’éducateur, toute cette histoire s’est, peu à peu, estompée. Plus tard, par la suite, tout s’est arrangé, on ne se parlait pas et c’était la meilleure solution.
Arrêter l’enfer
Discuter de tout cela avec ma maman a été la chose la plus difficile. Pourtant, c’est la seule solution pour que l’enfer s’arrête. J’ai eu la chance d’être entourée d’oreilles attentives, mais je n’aurais jamais réussi à m’en sortir si je n’avais pas osé en parler. En parler, c’est permettre de ne plus être seule face aux problèmes. Je souhaite à tout le monde d’avoir cette bouée de sauvetage.
A écouter aussi en podcast ici
Auteure : Estelle, 20 ans, Liège
CET ARTICLE A ÉTÉ écrit LORS D’UN ATELIER SCAN-R À DISTANCE.