L’assiette de pâtes de trop

L’assiette de pâtes de trop

Lucie n’est pas à l’aise du tout avec son corps. Longtemps, elle s’est trouvée grosse, imparfaite… Tenant compte de tout cela, elle s’est demandé comment elle pouvait être aimée. Pour rentrer dans la norme et les standards des magazines, elle s’est fait vomir. Aujourd’hui, elle est dans une tout autre dynamique.

Les bourrelets

Devant le miroir, je m’examine. Je repère le moindre détail. Subitement, je m’aperçois qu’entre mes doigts, je tiens ce qui me rend si mal : mes bourrelets. Je tire et tire encore sur ces fameux surplus de graisse. Espérant de toutes mes forces qu’ils s’en aillent, je tire encore et encore. Malheureusement, ils sont là. Je les vois… Heureusement, mon copain, lui, ne les voit pas.

Un garçon

Il y a un an et demi, j’ai rencontré un garçon. Depuis, on ne se lâche plus. Il est tellement attentionné avec moi ! Il me fait me sentir bien. Tous nos moments passés ensemble me font du bien. Je l’aime déjà beaucoup. Il me rend heureuse, je rigole beaucoup avec lui. Nous avons fait énormément de choses tous les deux. Tout se passe bien. Mais, comment puis-je accepter d’être aimée alors que moi, je me déteste ? Comment peut-il aimer ce corps trop gros et imparfait ? J’ai longtemps combattu ce sentiment qui à chaque instant, me rongeait. Je me posais un milliard de questions.

Vomir

Alors, petit à petit, à chaque repas, j’ai commencé à diminuer les quantités de nourriture que je mangeais pour en venir, au final, à ne plus avaler quoi que ce soit. Après le repas, je me réfugiais dans les toilettes. Je me faisais vomir. Ça me permettait d’éliminer ce que j’avais avalé auparavant, d’évacuer ce sentiment de honte et de culpabilité. J’ai toujours fait en sorte qu’on ne s’en aperçoive pas tant il était impossible, pour moi, de garder ce petit morceau de pain qui pouvait me faire grossir.

Au restaurant

Un jour, entourée de ma famille, je me trouvais au restaurant. Habituellement, j’aurais commandé des pâtes, mais ce jour-là, j’ai pris une salade. Mon papa pensait que j’étais gênée… Il a pris l’initiative de me commander, en plus de ma salade, cette fameuse assiette de pâtes. Pour ne pas le décevoir, je me suis forcée à avaler chaque bouchée sans la recracher. Je me demandais si j’allais avoir la possibilité de me faire vomir. Cette pensée me hantait, chaque bouchée me faisait réfléchir à un moyen de l’éliminer d’aussitôt. Cette heure me paraissait si longue… À la fin du repas, j’ai tenté de dissimuler mon envie d’aller aux toilettes. J’en suis arrivée à me dire que, cette fois, j’allais tout garder. Mais c’était impossible, il fallait que je le fasse ! Sinon j’allais grossir.

Maman absente

Je me suis souvent demandé d’où venait mon manque de confiance en moi. Ma mère m’a abandonnée il y a quelques années. Je me suis sentie seule et depuis, je me demande, souvent, si c’est de ma faute si elle est partie. N’étais-je pas assez bien ? N’ayant aucune réponse, je me suis donc résignée à penser que c’était à cause de ça et donc à cause de moi. Aujourd’hui, j’ai peur que mon copain, lui aussi, ne me trouve pas assez bien non plus et me quitte.

Les filles des magazines

D’accord, il y a tout mon contexte familial mais il y a, peut-être aussi, la société qui entraine un manque de confiance. Qu’est-ce que ces magazines, ces émissions télévisées, ces normes sur le corps féminin ? J’ai remarqué que je n’étais pas la seule qui avait du mal à accepter son corps. Certaines de mes amies répètent souvent qu’elles veulent prendre ou perdre du poids. Avant, je n’y aurais pas forcément prêté attention. J’ai aussi remarqué que, parfois, elles se refusaient une gaufre et tout le monde faisait mine que le problème n’existait pas. “Ce n’est qu’une gaufre”. Mais souvent, derrière, ce sont des petits messages de détresse. Et peut-être qu’il n’y a pas qu’aux femmes que cela arrive…

Ah l’amour…

Au fil du temps, mon copain m’a aidée à prendre confiance en moi. Finalement, tout simplement, peut-être que j’avais juste besoin d’être aimée pour ce que je suis. Je dois bien avouer que j’ai toujours un peu de mal avec mon poids, mais je ne suis plus dans une relation malsaine avec mon corps. Ce qui, je trouve, est un bon début. Je pense qu’on a toutes et tous, au fond, une petite voix qui est là pour nous rappeler qui nous sommes. Écoutons-là. C’est une petite voix qui dit que nous sommes toutes belles, nous sommes tous beaux.

Auteure : Lucie, 16 ans, Liège

Cet article a été écrit lors d’un atelier Scan-R

Et d’autres décryptages

Fleurir l’humanité

Le plus révoltant dans ce monde, c’est toutes les fois où l’on ne donne pas à l’autre ce qu’on aimerait recevoir, où l’on fait subir ce qu’on ne voudrait jamais vivre. Cette attitude a un nom. Plus...

Soufi mon Amour

Nous sommes au début des vacances et dans quelques jours, nous partons au Maroc.Pour m'accompagner durant ce périple, j'ai décidé d'acheter un livre dont une amie m'a parlé : " Soufi mon Amour "...

La descente en enfer

            Lorsque mes parents partent, il y a toujours une certaine excitation. Je fais les courses avec mon papa, pour tenir une semaine sans manquer de rien. J'aide à charger la voiture pour que...

Ne pas se faire du mal

J'ai envie de faire passer un message. Faites bien attention à vous. Ne vous faites pas du mal, cela ne va servir à rien, je vous le promets. Rien ne change, ça va juste vous faire du mal, et faire...

Coeur sombre

Coeur sombre, sombre de conneries, conneries de jeunesse, jeunesse de délinquant,  délinquance de plusieurs années, plusieurs années noires, noires de fréquentation, fréquentation de cité, cité en...

Liberté et solitude

Je vais vous parler de mon histoire par rapport à la solitude. Je suis une personne très timide. Je ne fais pas facilement confiance. J'ai toujours eu peur du regard des autres, des critiques,...

L’abus sexuel

J'ai décidé de parler de l'abus sexuel car j'espère que cela pourra aider des gens ayant vécu une situation similaire que moi... J'ai subi des attouchements vers l'âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus...

L’adolescence

Il y a cinq ans, je changeais d’école pour la première fois. J’entrais en cinquième primaire. C’était donc une petite école. Je me suis directement intégré. Après un mois plus ou moins, je me suis...

Á toi, qui lis ceci.

A toi qui lis ceci, Qui cache derrière son sourire ses soucis, Qui aire rire de tout et de rien, Qui n'expose jamais son chagrin. Qui souhaite tellement faire le bien autour de toi, Qui finit par...

Le regard des autres

J'ai toujours eu peur de l'avis des autres. Depuis toute petite, je suis conditionnée à leur plaire. Je suis une femme. La société nous contraint de respecter certains codes, styles vestimentaires,...

Média d’expressions
Individuelle et collective
Destiné aux jeunes
En Fédération Wallonie Bruxelles

Scan-R est soutenu par

Pour être informé des activités de Scan-R